AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Sayuki74


15 août 2021
La vérité tue - Agatha Christie et la famille par Sonia Feertchak

Le plaisir de lire un Agatha Christie l'été. Comment s'y prend-elle la Reine du Crime pour tous nous enchanter ?

Dès le sortir de l'enfance, nous ouvrons un de ses livres et nous voilà accro pour toujours. Je me souviens que j'avais 10 ans et qu'elle a été la transition entre la Bibliothèque Verte et la Rouge et Or vers les lectures adolescentes et adultes.
Le premier de ma collection a été le crime de l'Orient Express". C'était une véritable collection, partagée avec une amie.
Et cela perdure les années passant ; nous sommes si nombreux à goûter le plaisir de relire un Agatha Christie, à trouver refuge dans l'atmosphère
hors du temps de ses romans.

" Alors dans cet espace familier entre le crime et le coupable, on se construit un univers douillet. Ces cottages anglais ont tout de l'auberge espagnole : on y apporte des rumeurs de la gare Victoria, des ennuis balnéaires à coups d'ombrelle au long de l'estrade de Brighton et jusqu'aux lugubres couloirs de David Copperfield" (Philippe Delerm "La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules" - Un roman d'Agatha Christie - 1997).

Sonia Feertchak n'a pas échappé aux sortilèges de l'auteure : "(...) j'avais neuf ans et je venais d'être ensorcelée par les romans d'Agatha Christie.
Quelques années plus tard j'ai remarqué que leur lecture m'apaisait. L'effet était si saisissant qu'en cas de mélancolie, adolescente, je me précipitais pour lire, relire "un Agatha"".

Elle nous propose ici une lecture de ses oeuvres à travers le thème de la malveillance familiale et du rapport des familles à la vérité. Elle est partie d'une anecdote rapportée par AC dans sa biographie : le jeu de la soeur aînée (glaçant).

L'étude se lit comme un roman et repose sur des références psychanalytiques et philosophiques telles que La Boétie, Hannah Arendt, Gaston Bachelard...
Elle est découpée en dix chapitres thématiques dans desquels elle décortique comment ont lieu au sein de la famille la plupart des crimes.
Les chapitres que j'ai trouvé les plus intéressants sont ceux qui traite de l'Âme des Maisons et de l'Intoxication des Mots.
Dans la maison, les pièces les plus périlleuses y sont la bibliothèque
(lieu représentant ordre social, savoir, patriarcat {à l'époque victorienne seuls les hommes y ont accès} mais aussi raison et raffinement) et la chambre à coucher qui incarne "l'intériorité sacrée". La maison, le foyer, c'est là que tout commence. Les maisons abritent la famille et les secrets du passé qu'elles font ressurgir par le phénomène de l'inquiétante étrangeté. Elles abritent le mal, sont le théâtre de passions tristes, le lieu de jeux de pouvoirs où la tyrannie peut s'exercer notamment par les mots, par l'argent, par l'amour ou le manque d'amour et où règne la loi du silence. Dans ce vase clos, le mal est chose banale.
Les mots quant à eux peuvent s'avérer être de véritables poisons. le discours à double entente et le mensonge par omission, le sens caché des mots....
Comme le note l'auteure, AC "a écrit il y a 50, 70 voire 100 ans tout ce qu'il est toujours délicat de dire encore aujourd'hui, a fortiori en famille, dans la sienne".
Les sujets abordés par AC sont toujours d'actualité à la lumière des #MeToo, des tabous qui se libèrent enfin.
Agatha Christie est célèbre dans le monde entier, sans cesse rééditée, a fait l'objet de nombreuses études, thèses universitaires, adaptations cinématographiques et télévisuelles. AC est toujours moderne et l'auteure rend hommage à la femme indépendante financièrement et aventureuse qu'elle a été en consacrant un chapitre à ses héroïnes : "Portraits de femmes libres."



Commenter  J’apprécie          10



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}