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Un monument littéraire... Une claque au visage... Un bouleversement qui me secoue encore des pieds à la tête...
Leslie Feinberg a réussi à mettre dans son livre (paru initialement en anglais 1993 et admirablement traduit par des volontaires en 2018) tout ce qu'elle est en tant que personne. Voici donc un roman antiraciste, prolétaire, LGBT, féministe, révolutionnaire et communiste. Un roman de luttes sociales, qui nous emmène dans les couloirs glacants des usines des années 1950 aux Etats unis, un roman de luttes pour nos droits d'être différent•e•s qui nous fait frissonner de voir le parcours de LGBT à la même époque... Enfin, un roman que j'ai lu comme un voyage en moi-même, un roman qui me fait réfléchir à mes privileges de blanches, mais aussi de lesbienne au 21e siècle, là où les luttes ont déjà été menées... Tout en me rappelant fort que certaines luttes sont encore à venir et que le courage de celles/ceux qui nous ont précédé ne doit pas être oublié. Un roman qui appelle à la communauté et à ces liens, dans une période pénible comme celle qu'on vit actuellement, qui nous permettent "de tenir ensemble et de survivre à la violence de ce monde". Un roman à lire sans hésiter si l'on s'intéresse à la politique, au syndicalisme, aux questions de genre et de sexualité, mais aussi simplement si on est amateur ou amatrice de livre poignant où l'amour, la solidarité et l'amitié ne sont pas édulcorés sous des couches de platitude et de fadasserie. Petit coup de coeur également pour les nombreuses notes en bas de pages qui se proposent de recontextualiser le contexte historique de plusieurs événements et qui nous permet ainsi de traverser près de 50 ans d'histoire américaine.
Une de mes plus belles et fortes découvertes de ces dernières années.
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Ça commence avec une lettre qui pose l'amour en soin brutal
« T'es un garçon ou une fille » berce l'enfance alors la solitude préférable et la nature de « serrer contre elle sans défaut ».
« le monde n'a plus de patience envers moi » dit terrorisée la fille qui ne sait pas ce qu'elle est. Faut-il une étiquette ?
L'horreur de l'enfance dans un brouillard qui ne détermine jamais et subit la colère la violence le manque d'amour de compréhension. Ça abime tu sais.
J'ai envie de dire pardon à tous ces enfants qui ne se sentent pas au bon endroit et qui n'ont pas de replis et personne pour leur dire qu'ils comptent, que leurs vies méritent considération.
De l'importance des modèles ou puiser pour l'avenir, des êtres qui disent ce que l'on peut devenir.
Poser les yeux sur sans reproches derrière pupilles. Ce que l'autre voit est égale si protection.

Une lecture vraiment éprouvante qui étreint prend aux tripes. Une envie viscérale de protéger de dire ne t'assumes pas pour ne pas subir ces ignominies permanentes. La vie sordide décortiquée.
Que faisons-nous de nos différences ?
A nu l'extrême vulnérabilité de ceux payant cher de s'assumer autre.

C'est l'entraineur qui siffle la fin du viol collectif comme une fin de match puis crache salope sur la victime.
C'est la police qui rafle systématiquement avec sadisme et viol pour remettre en place pour assouvir pour briser
Ces hommes jusqu'à l'os pourrissent de sordide tête contre étron corps poubelle à pénis tordus
C'est l'indignité
Le pouvoir démesuré d'anéantissement des uns sur les autres.
Chaque viol chaque torture un bout d'âme

C'est aussi la solidarité face famille inventée délitement face abandon face risque
Plusieurs faces à la même pile de débris et parfois un trésor d'allégresse ressaisit pour encore.
C'est l'impuissance.
L'initiatique chemin de croix mâchoire cassée et les désirs de ravaler.
C'est la lutte
L'organisation du travail dans ces années-là aux États-Unis le fonctionnement des syndicats si spécifiques l'industrialisation qui ravage.
C'est l'amour et l'amitié, le désir et les blocages aux corps.
C'est douloureux
les sévices subis permanents ça remplit la gorge de désespoir.
Pour autant les descriptions de violences ne sont jamais gratuites, jamais voyeuristes mais elles présentent le monde subit. J'aime les précautions pour être le plus exhaustifs possible le plus compréhensible à la différence (culture genre…) que l'autrice et la traduction prennent.
C'est un livre qui ouvre le monde, qui pousse dans les retranchements qui cherche au fond nos préjugés pour les piétiner c'est un livre digne et important
Lisez- le !
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Leslie Freinberg nous emmène dans la ville de Buffalo dans les années 50, dans la peau de Jess, un/e il/elle qui se débat pour comprendre qui elle est et comment survivre, dans une Amérique profondément homophobe et transphobe.
On y rencontre la communauté butch/fem, les violences policières, les luttes syndicalistes ouvrières, antiracistes, féministes, LGBT...
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Un des plus beaux livres que j'aie jamais lues. Tout simplement un chef d'oeuvre coup de poing ! Urgent à faire connaître pour plus de tolérance.
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Stone Butch Blues est resté dans ma liste à lire quelques années avant que je franchisse le cap. C'est une citation d'elle en exergue d'un recueil d'Andrea Gibson qui m'a donné envie de finalement me lancer dans cette lecture. Ça m'a semblé significatif de mener ces deux lectures en parallèle, l'une suivant un personnage qui s'interroge tout au long du roman sur son genre, l'autre étant un-e poéte-sse non-binaire.
Je m'attendais à ce que Stone Butch Blues parle de communauté LGBTQI, mais avant de m'y plonger je ne savais pas que ça abordait aussi le racisme, la condition ouvrière et l'engagement syndical, et j'ai trouvé très intéressant de voir toutes ces questions soulevées (même si elles ne sont pas toujours toutes exploitées à fond). Mon autre surprise, ça a été la part belle accordée aux amitiés du personnage principal. Jess passe beaucoup de temps à regretter d'anciennes amantes, mais au fond l'amour qu'elle porte à ses ami-e-s prend tout autant de place, sinon plus. La force des liens qu'elle tisse avec certain-es au cours de sa vie, et la façon dont toutes ces personnes font communauté et prennent soin les unes des autres pour survivre ensemble m'ont bouleversée. Sa rencontre avec Ruth surtout, dans le dernier tiers du roman, m'a bien fait monter les larmes au yeux. de manière générale, malgré la violence, l'écrasant sentiment de solitude et/ou la tristesse de certains passages, ce qui m'a peut-être le plus marquée dans cette lecture c'est la tendresse, et comment elle peut être nourrie et cultivée dans l'amour que l'on porte à ses proches et dans son engagement militant. Andrea Gibson écrit : "I decided I was too soft to last/And then I decided to be even softer".
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Dans sa postface, l'autrice dit "j'ai écrit ça, non pas comme une expression artistique individuelle "élitiste", mais comme un tract imprimé par un•e syndicaliste prolétaire - comme un appel à l'action."

Ce roman est bouleversant, je ne sais pas comment le décrire tellement c'était beau... Incontestablement ma meilleure lecture de cette année.

Ce récit raconte la vie d'une femme butch dans les années 50-70 aux États-Unis. Entre les personnages, la solidarité se développe naturellement, parce qu'elle est vitale pour faire face au monde transphobe et tellement injuste qu'ils devront affronter.

La révolte est le sentiment qui prédomine au début du livre. S'en suivent des questionnements essentiels sur l'identité et le genre, pour finir par de l'espoir et de la nostalgie.

Ce récit individuel est très ancré dans son époque. C'est l'occasion pour l'autrice de revenir sur les principaux combats qui ont marqué cette période aux États-Unis.

TW : Au début du livre, il y a des descriptions de scènes extrêmement violentes (qui m'ont littéralement données la nausée). Cette violence n'est pas gratuite mais elle est à signaler.

"- Je ne saurais pas dire si c'est l'aube ou le crépuscule que tu as peint.
Elle a souri en regardant le plafond.
- Aucun des deux. Les deux. Est-ce que ça te perturbe ?
J'ai hoché la tête doucement.
- Ouais, c'est bizarre, mais d'une certaine manière ça me perturbe.
- Je m'y attendais. C'est une partie de moi que je dois apprendre à accepter. J'ai pensé que peut-être toi aussi tu avais besoin de faire ça. [...] Ça ne sera jamais le jour ou la nuit, Jess. Ça restera toujours ce moment de possibilités infinies qui les relie."
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A lire.
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Dans ce très beau et émouvant livre, à travers le personage de Jess, Leslie Feinberg témoigne de la vie des lesbiennes dans les années 50- 60, aux États-Unis.
On y suis Jess, lesbienne butch, qui depuis sont plus jeune âge se questionne sur « qui suis-je ? un homme ou une femme ? ».
Au fil de l'histoire, elle nous amène dans les couloirs de nombreuses usines, dans des réunions syndicales, dans des bars lesbiens, dans des bras aimants de fems, dans des cellules froides de commissariats de polices. On y découvre une terrible violence et ça fait frissonner , ça prend aux trippes. Mais on y trouve également beaucoup de solidarité, d'amitié, de partage, d'amour.

En France on peut lire ce magnifique roman grâce au travail de traduction du collectifs Hystériques et AssociéEs et il est vendu à prix coûtant, car cela fut la volonté de l'autrice.

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Roman culte paru aux États-Unis en 1992, Stones butch blues a été traduit en plusieurs langues et son édition française a été réalisée de manière bénévole 🙌🏻 Leslie Feinberg, auteurice trans et lesbienne, défendait de nombreuses causes, dont le racisme et l'anticapitalisme.

J'ai enfin pu le lire après qu'une amie me l'a prêté ! Tout le monde le dit mais je le répète : certaines scènes sont très difficiles à lire (passage à tabac, viol, violences policières...). le personnage de Jess naît en 1949 à Buffalo. On lae suit dès l'enfance et à travers son parcours à la fois intime, collectif et syndicaliste.

Et c'est l'alliance de tous ces aspects qui fait de Stone butch blues un roman exceptionnel. Les questions de genre et de précarité, parmi tant d'autres, y sont abordées avec beaucoup de profondeur.

Avec en toile de fond la famille choisie, les luttes pour une vie meilleure et l'espoir, toujours.

Bravo à hystériques et associées pour tout ce travail, notamment toutes les notes après le roman. Très instructif, on en redemande !
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Ce roman inspiré de la vie de l'autrice est un bijou. Il raconte la vie de Jess, dont le corps et le comportement ne conviennent jamais à l'entourage, qui n'arrive pas à l'assigner, la faire coller aux normes.
Elle est d'abord une femme lesbienne butch, puis un homme trans qui prend des hormones pour sortir de la violence par un passing, puis qui arrête les hormones pour redevenir un il•elle, assez indéfini pour être repérable et vulnérable.
Cet itinéraire particulier permet de montrer tous les enjeux et questionnements autour du genre, de façon très pratique, prosaïque : quelles toilettes utiliser ? (Une question récurrente) Comment aller à l'hôpital avec des papiers que les soignants croiront faussés ? Parvient-on à se laisser toucher ou non pendant l'amour ?
Le personnage principal est incroyablement attachant. Il subit des violences psychiques, physiques, raconte les violences policières et les descentes de police en bars et boîtes de nuit lgbt+, et malgré tout ce qu'il subit il garde un regard plein de tendresse voire de candeur sur le monde. Il est ouvert à la rencontre et en fait de merveilleuses, relatant son parcours amical et amoureux avec grande beauté.
Mais ce n'est pas tout. Ce livre est un roman de luttes, dans lequel l'autrice a mis toutes ses tripes. Dans un cadre de vie prolétaire dans les années 50-70, elle narre les luttes syndicales, féministes, antiracistes, LGBT+... sans oublier de montrer les divergences au sein de sa propre communauté. C'est un roman intelligent et sensible, qui m'a fait réfléchir et m'a énormément touchée.
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