Allo ?!! Les urgences psychiatriques ? Il faut venir vite, j'ai un patient pour vous …
Il s'appelle
Jérémy Fel, il est en pleine crise psychotique.
Oui, ça dure depuis un moment, il a quand même réussi à écrire 507 pages d'affilée dans son trip.
Je ne suis pas sûre qu'il parvienne à se calmer, il est tout rouge, a un couteau dans la main et tient des propos délirants. Vous vous dépêchez hein, il me fait un peu peur là…
J'étais avertie que ça n'allait pas être une petite promenade de santé avec Jérémy, que je devais m'attendre à des moments trashs, gores, et ce dès le début. Ce qui est sûr, c'est que je n'ai aucune envie de m'en faire un pote. J'aurais trop peur qu'il mette une drogue dans mon verre, ou m'attende avec un couteau dans la cage de l'escalier pour me faire la peau.
Je vous préviens que si vous avez une cave chez vous et des trucs à y faire, allez-y avant d'ouvrir le bouquin, sinon ça risque d'être plus difficile d'y descendre ensuite.
Après une scène inaugurale qui vous plonge direct dans un bain d'horreur, vous pouvez prendre aussitôt vos jambes à votre cou, profitez-en d'ailleurs, tant que tous ces membres sont encore bien attachés et fonctionnent à peu près comme il se doit…
Comme je suis un peu maso, j'ai décidé de rester en compagnie de 4 filles parisiennes, Juliette, Manon, Thaïs et Chloé. Si une est tout juste majeure, les 3 autres ont entre 16 et 17 ans. Pour se prouver qu'elles sont grandes, elles décident de partir seules en vacances, à l'autre bout du monde sans leurs parents, en Afrique du Sud.
Mais le voyage retour, l'une d'entre elles le fera entre quatre planches, sauvagement assassinée dans une cave d'un squat sordide d'un township du Cap.
Dans la première moitié du roman, j'ai dévoré les pages ventre à terre, avide de savoir qui était la jeune fille tuée parmi les 4 écervelées bobos, naïves et friquées, mais tellement touchantes. Et là incompréhension, peu après la moitié du roman, je comprends qui est l'auteur du meurtre. Si cela me ravit, dinde que je suis, je m'interroge, que va donc bien pouvoir me raconter ce cher Jérémy dans l'autre moitié de son bouquin ?
Stupeur, le polar bascule alors dans une autre dimension, bien plus psychologique celle-là, en m'immergeant dans la famille immorale et amorale de l'assassin, m'amenant à comprendre ce qui l'a poussé à son terrible passage à l'acte.
C'est machiavélique et haletant. J'ai eu l'impression de lire avec un géant qui me tenait par le col, un revolver sur la tempe, les pieds ballants pédalant faiblement dans le vide…
J'ai cependant nettement préféré la première partie, avec une plongée dans les pensées de différents personnages, qui se succèdent, livrent leur vérité, qui n'est pas forcément celle du narrateur précédent.
Un tour de force, une construction impeccable, les pièces du puzzle s'emboitent, les rebondissements s'enchainement sans temps mort, à l'exception de quelques scènes un peu gratuites.
Un auteur que je viens de découvrir avec cette lecture et que je ne suis pas près d'oublier …
Tiens, je vais me prendre une tisane et un petit Lexomil pour m'endormir ce soir …