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Je suis passionnée de Camille Claudel depuis mon plus jeune âge, et quand j'ai appris qu'un nouveau livre à son sujet sortait, je l'ai bien évidemment honoré. J'ai quasiment tout lu à son sujet, ses lettres comme ses biographies, ses catalogues raisonnés comme les rapports médicaux la concernant. Ce livre est remarquable, tant sur le fond que sur la forme. Cet ouvrage est découpé en petits chapitres ; tant de mini poèmes et un style d'une beauté sans nom. C'est une véritable ode à Camille que nous offre Mme Fellous. L'auteure nous narre Camille comme si elle l'avait connue. Quelle somme de travail (études de la correspondance, des rapports médicaux, des oeuvres, des critiques...). Ce livre magnifique se devait d'être publié, il est un de mes opus préfèré sur l'artiste. Sa vie aura été une véritable tragédie ! Quelles oeuvres elle aurait pu nous laisser encore si elle n'avait pas été internée, ou plutot devais-je dire enfermée, abandonnée, réduite au silence puisque même ses lettres, sur ordre de sa mère, ne quittaient pas l'asile. Quel gâchis ! Et dire qu'elle a détruit une grande partie de ses oeuvres. Oui, c'est vrai elle avait un regard étrange, voilé, au-delà des autres, les autres qui ne l'ont guère compris. Oui c'est vrai l'attitude de sa mère et de son frère Paul est effroyable, d'une brutalité inouïe. Oui c'est vrai, Camille est née après la mort de l'aîné, Charles -Henri à deux semaines. Cette mère terrible, haineuse, incroyablement détestable n'a pu donner à Camille ce qu'elle n'avait pas reçu car orpheline de mère à trois ans, son frère Paul (celui de la mère) se suicidera d'ailleurs à vingt ans par,culpabilité d'avoir causé la mort de sa génitrice en venant au monde. Il y a là une fatalité que Camille, sans le vouloir, a pris sur elle. Elle a focalisé tout le chagrin des uns et des autres, jusqu'à la folie. C'est ce qu'on nomme la transgénérationalité. Les névroses, les psychoses, les secrets de famille, les choses trop lourdes, les tragédies, les fautes des ancêtres peuvent détruire un être. Ce fut le cas de Camille. Ces sanies dégoulinantes que l'on porte, le dos brisé, la nuque et l'échine ployés, tant les valises sont lourdes. Mme Fellous ne prend pas vraiment parti ni pour sa mère ni pour Paul Claudel. Elle tente d'ailleurs, sans les condamner (et pourtant...) d'expliquer leurs comportements. Pour elle, la mère de Camille avait peur de sa fille qu'elle jugeait toxique, funeste ; il fallait la détruire, coûte que coûte. Elle lui rappelait trop la blessure familiale du petit frère mort. Quand à Paul, j'ai des difficultés à l'absoudre totalement. Il s'est protégé lui aussi de la personnalité pathologique de sa soeur pourtant tant aimée dans son jeune âge. J'ai appris quantité de choses intéressantes que j'ignorais, comme l'existence de l'enfant unique de Rodin, Auguste, pauvre petit être falot, et écrasé par la personnalité de son père, fils qu'il a eu avec sa fidèle compagne Rose Beuret. Quid d'un enfant de Camille et de Rodin ? Apparemment, Camille aurait avorté de ce petit être, même cela elle se l'est interdit, avoir un enfant... Elle s'est consolée avec la magnifique et sublime "Petite Châtelaine". Camille, ce génie de la sculpture, a été détruite par son amour pour Rodin, mais, pas que. D'après l'auteure, elle couvait une psychose depuis de nombreuses années, même peut être depuis l'enfance. Elle a cristallisé ses haines, sa Haine sur Rodin pour protéger sa mère et son frère, on appelle cela la cristallisation hostile, terme employé à la base par Stendhal qui, lui, parlait de cristallisation amoureuse. Bien sûr, il est question de ses oeuvres, mais j'ai regretté l'absence de documents, photos ou reproductions de ses oeuvres majeures. Pour cela, je me suis référée à son catalogue raisonné, même si je les connais par coeur, il me fut très agréable de les revoir encore et encore. Elles me bouleversent tant. Ceux qui me suivent ou me connaissent savent que je parle souvent de ma vie personnelle à travers les livres qui m'ont particulièrement émus et touchés. Ici, je ne ferai pas exeption. Camille, mon double, ma soeur, encore un bel ouvrage sur toi. Repose en paix ma belle, goûte enfin la tranquillité, la sérénité et la paix de l'âme, en somme tout ce qui t'a cruellement manqué dans ta vie si tragique. Merci Mme Fellous, votre livre est un si bel hommage à Camille... Peut être le plus beau. + Lire la suite |