Parlant de Bernadette : "Quand elle l'approuve, ce n'est pas pour le flatter. Quand elle conteste son avis, ce n'est pas pour le déstabiliser. Elle n'est ni une courtisane ni une ennemie. Elle lui dit ce qu'elle pense, avec franchise et désintéressement. C'est pourquoi elle lui est si précieuse".
D'ordinaire, le rôle d'un collaborateur efficace consiste à régler les difficultés avant même que son patron n'en apprenne l'existence. Villepin, lui, semble sorti major de l'école des pyromanes. Il amplifie les problèmes, quand il ne les crée pas à dessein, dans le seul but de se rendre indispensable.
Sur Bernadette : "Elle a plus de chances de battre Usain Bolt au 100 mètres que de paraître plus sympa que son mari".
Par sa seule maladresse, Villepin a donc réussi l'exploit de régler l'affaire politiquement en érigeant l'épouse de Chirac en ennemie à vie. Une sorte de Gaston Lagaffe de l'alchimie, capable de transformer l'or en plomb...
Autant dire que, dans le couple Chirac, on est bien éloigné du duo caricatural opposant une réac de droit à un rad-soc aux penchants libertaires. Il est même permis de penser que, si le ménage a tenu bon, c'est aussi parce que, sur certains point fondamentaux, ses deux membres sont moins opposés qu'ils n'en ont l'air.
Bernadette Chirac ? Un grand sens de l'humeur...
S'il arrive à tous les ménages de se quereller, les Chirac ont néanmoins élevé cette tradition au rang des beaux-arts et, contrairement à ce que voudraient faire croire leurs panégyristes, leurs disputes ne sont pas exclusivement empreintes de complicité et d'humour. Il y a régulièrement de véritables altercations entre eux, et pas seulement celles, parfois pitoyables, auxquelles on a assisté avec le grand âge.
Car c'est là l'un des nombreux paradoxes de cet homme beaucoup plus complexe qu'il ne cherche à le faire croire : lui aussi est viscéralement attaché à sa famille. Elle est son socle, son ancrage, son port d'attache. Cela n'empêche pas, au quotidien, de courir le cotillon et d'ajouter sans cesse une réunion à une journée qui en comprend déjà vingt-sept...
Il ne faut pas s'y tromper. Si Chirac est ambitieux, Bernadette ne l'est pas moins, à ceci près que, dans l'esprit d'une jeune fille de sa génération et de son milieu, sa propre réussite ne peut passer que par celle de son mari.