Ce polar est un paradoxe, il se situe dans les années 50 mais est écrit en 2018, du coup, il est complètement rafraîchissant. Pourquoi ? Tout simplement parce-que le cadre posé est fifties, façon film en noir et blanc alors que l'écriture est très moderne, sèche et concise !
L'auteur nous la joue à l'ancienne avec un privé aimant le scotch, des femmes fatales, des caïds, des flics véreux et du bon jazz…
Le pitch en deux mots :
USA, années 50, dans une ville qui pourrait être New York mais que l'auteur nomme la Ville, travaille Jeff Ferguson, la cinquantaine, ancien flic désabusé qui a préféré quitter la police plutôt que de fermer les yeux sur les pratiques de certains collègues ripoux. Il bosse désormais comme détective privé dans son agence et fait le maximum pour boucler les fins de mois. Il aime le scotch, le jazz et aider son prochain moyennant rétribution.
Cela tombe bien car une belle plante du nom de Véra Llerellyn, veut qu'il retrouve son petit frère David, un bon à rien et un truand à la petite semaine. Jeff Ferguson ne résiste pas longtemps à cette blonde voluptueuse et à ses yeux de biche apeurée, d'autant plus qu'elle lui propose une grosse somme d'argent pour le job. le fameux David a disparu mystérieusement depuis plusieurs jours. Rapidement, le privé se rend compte que d'autres, bien moins intentionnés que lui et sa soeur, sont sur ses trousses aussi. le frangin de la belle semble avoir joué avec des plus gros et des plus méchants que lui au jeu du plus malin…
Entre caïds, flics ripoux et affaire de diamants volés, Jeff Ferguson va devoir y voir clair et avoir le nez creux pour le retrouver et ne pas se faire refroidir par une balle perdue.
Ce qui m'a plu:
Jeff Ferguson, of course !! Pour ceux qui ont été bercés par les séries américaines de Mike Hammer dans les années 80 dans lesquelles on retrouvait ce détective old school, je vous conseille cette lecture. Vous vous vous régalerez. Jeff Ferguson a tout du privé d'antan, le look, le phrasé, les habitudes : scotch et jazz. Les autres personnages secondaires sont également très bien décrits et s'inspirent du cinéma des Affranchis de Scorcese et de Scarface de de Palma.
L'intrigue: ici, pas d'ADN, pas de police scientifique ni de bornage des portables qui n'existent pas… Pas de profilage ou de méthode scientifique, juste de la bonne vieille enquête policière avec les ingrédients qui ont fait les succès des polars des années 50/60 avec des femmes fatales et en fourrure, porte-cigarettes à la main, des belles pontiac, des boîtes de jazz enfumées, des salles de boxe avec de la bonne vielle castagne et des calibres qui canardent vite fait bien fait.
La description de la Ville, enfin qui semble avaler tous ceux qui s'y perdent. Noire, urbanisée, enfumée, pluvieuse et oppressante, elle constitue un personnage à part entière de ce polar.
Ce qui m'a le moins plu :
Rien ne m'a déçu dans ce polar car en le commençant, je savais dans quel univers je me plongeais pour quelques heures. Je reconnais toutefois que l'ambiance unique de cette Ville a pris le pas sur l'intrigue qui est passée presque au second plan pour moi.
Parfois je me demande bien sur quels critères se fondent les maisons d'édition pour sélectionner les manuscrits ?
Pensent-elles que les lecteurs sont centrés exclusivement dans un genre déterminé dans lequel il doit forcément y avoir de la technologie, de la surenchère d'hémoglobine et de scènes trash ?
En ayant lu
Diamants sur macchabées de
Michael Fenris, je ne comprends pas que ce polar n'ait pas été édité. Comme quoi, il faut lire les auto-édités, il y a parfois des beaux diamants à découvrir, c'est le cas pour celui-ci que je vous conseille de lire entre deux polars stars de l'édition traditionnelle.