Citations sur Les enquêtes de Jeff Fergusson : Diamants sur macchabées (7)
Dure loi de l’existence, mais ici, dans la Ville, c’est monnaie courante. On nait, on vit, on meurt, et parfois on meurt plus vite qu’on ne nait
Tu as toute la vie devant toi, April. Moi aussi quand j’avais ton âge, je rêvais d’être plus âgé. Et aujourd’hui j’aimerais que ce soit l’inverse.
Au fil des années, j’ai pu constater combien la Ville s’étend, tel un monstrueux cancer, rongeant peu à peu le paysage pour le remplacer par du béton. Le vert a cédé la place au gris. À l’ouest, le fleuve étouffe sous la pollution. Le sud n’est qu’un no man’s land mais qui ne le sera pas éternellement. L’est, où je vis, reste le seul vestige de ce que fut notre cité avant son essor. Et le nord est le secteur des nantis, des entreprises prospères, des bonnes écoles.
La jeune droguée ne me remarque même pas, tout entière absorbée par les mouvements de sa cuillère dans la tasse. On dirait qu’elle vient de découvrir la mécanique des fluides. Je passe au salon, dans l’espoir d’y trouver quelque chose de plus intéressant.
L’alcool est dur, râpeux dans la gorge jusque dans mon estomac. De la lave en fusion. Je croyais ne jamais me souvenir de ce tord-boyau.
Dure loi de l’existence, mais ici, dans la Ville, c’est monnaie courante. On nait, on vit, on meurt, et parfois on meurt plus vite qu’on ne nait.
Il a trainé dans tous les petits trafics, jamais rien de bien méchant. Vera a eu beau le défendre, je ne me fais pas d’illusions. C’est un rat d’hôtel. Il porte sur son visage ingrat le poids de ses petits larcins et de ses rêves de grandeur. Il n’a pas le physique du caïd, pas celui du meneur, mais je le crois suffisamment malin pour passer entre les mailles du filet lorsque la police effectue ses descentes dans les bas-quartiers.