Je t’attends…
Je t’attends
Tu seras cet homme
rongé de fièvre et d’errance
Tu graveras mon paysage
de mots impartageables
Je te dirai mes chutes
mes bousculades
mon interminable ardeur
Le jus des mirabelles
coulera de mes lèvres
Leur pulpe déjà
danse sur ma langue
C’était le temps
d’avant nous-mêmes
La terre nous aimait
Nous chevauchions
l’échine des ruisseaux
J’étais sourcière
Tu regardais bouger
mes robes de vapeur
pendant que je trempais
mes pieds dans l’eau
Les rives s’ensorcelaient
de nos enjambées de joie
Je me souviens…
Je me souviens
les rues étaient
des lits de rivière
à remonter
Tu m’attendais léger
le corps plein de saveurs
Je naviguais à vue
puis pêchais
ce qui ruisselle
coule encore
du cœur du haut des jambes
la perle imaginée
Partage de poèmes de " Les chevaux de Tarkovski", Pia Tafdrup, éditions Unes, par Estelle Fenzy.