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Citations sur Le frère impossible (22)

Je comprends qu'exister juste pour soi-même est une erreur qui peut être fatale.
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Mal nommer un objet, c'est ajouter au malheur de ce monde.
Albert Camus
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Samir me poussait toujours plus loin vers les terres lointaines de l'abstraction. Je me retranchais à l'intérieur de mon corps. En tentant de me faire disparaître, il me détruisait en même temps qu'il me rendait vivant.
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Il m'arrivait de lancer des prières en l'air afin de devenir moi-même un personnage de fiction, qu'on me transforme me définitivement en mots, que je sois accueilli par des milliers de lecteurs, hébergé dans leur cerveau, irrigué de leur intelligence et bercé par la voix intérieure. Je continuais de rêver à ce voyage infini qui, à chaque lecture, me ferait renaître dans un dénouement heureux.
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La folie c'est l'absence de mémoire. Chaque jour, je fais du souvenir de mes enfants un évènement. Le visage de mes enfants résiste au temps.
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Quelques voisins étaient sortis pour observer notre débandade, incrédules. Nos parents n'avaient prévenu personne. La honte suintait de mes yeux comme d'une blessure ancienne. Nous passions pour des fuyards. Je m’enfonçais autant que je pouvais sur la banquette arrière.
Je garde de ce jour un fort sentiment d’injustice. J'abandonnais des amitiés qui m’avaient aidé à supporter la fureur de Samir et les dysfonctionnements du père. Sans eux, je ne savais pas comment j'allais pouvoir affronter la suite de la débâcle.
Une image ne m'a pas quitté: mes sœurs côte à côte sur le trottoir nous faisant des signes de la main. Elles étaient en larmes, des sacs de vêtements bourrés à la hâte encerclaient leurs chevilles. Elles avaient fini par se taire, la voix coupée par la cruauté. Pendant que nous les abandonnions, les jumelles, elles, se tenaient par les épaules. p. 127
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[...] la violence des hommes, à défaut de leur sexe, ne retombe jamais, ils craignent de ne plus être le sujet principal du désir. Ils ont beau dresser leur hampe et inonder les bassins de leurs maigres espoirs, ils n'éteignent jamais le feu des entrailles. Quelle que soit la cause de leurs assauts, ils finissent toujours en berne.
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C'était l'omniscience de ce père, toujours absent de nos vies et terriblement présent dans la plupart de nos interrogations, de nos doutes et de nos projets. Nos pensées restaient incomplètes, bâtardes, sans respiration et sans verbe. Et, à force de langue stérile et de tombes muettes, il subsistait pour Samir comme pour moi une seule question: Pourquoi naître ?
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Le père essaie de rattraper par la force ce qu'il a laissé filer par l'absence.
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Ce jour-là, je n’ai pas vu l’heure tourner, la menace de Samir avait cessé de palpiter en moi ; j’avais même fini par oublier mes mains endolories. Il était près de 20 h quand nous avons arrêté de jouer. Je devais traverser la ville pour retourner chez moi. J’ai fait tout le chemin en courant. Mes poumons étaient en feu. Avant d’entrer dans le lotissement, il fallait traverser une artère. J’étais terrorisé à l’idée que mes parents soient en train de me chercher partout. C’était la première fois que je rentrais si tard. J’entendais déjà les terribles remontrances que j’aurais à subir. Empêtré dans mes pensées, j’ai traversé au feu rouge piéton, juste devant le nez d’une voiture : celle de mes parents. Mon père a freiné, m’évitant de justesse, puis il est reparti en douceur. Il ne s’est pas arrêté pour me prendre à bord, il a continué sa route.
Quand je suis arrivé à bout de souffle, mes parents déchargeaient les courses. Ma mère m’a rappelé de ne pas rentrer si tard, mon père m’a simplement dit de ne pas rentrer les mains vides et m’a tendu un sac de provisions. Je n’ai même pas eu droit à une engueulade. Mon père avait failli m’écraser, mais pas un mot n’est sorti de sa bouche à ce sujet. Longtemps je me suis demandé ce qui aurait bien pu animer quelques sentiments chez eux. Que je m’écrase sur le pare-brise pour leur obstruer la vue ? Qu’ils traînent mon corps sur une centaine de mètres pour enfin se rendre compte de ma présence ? Que la morgue leur rappelle mon identité ? Je jugeais ma mère avec autant de dureté que mon père pour la simple raison qu’elle acceptait d’être sa passagère.
Tout le temps où je m’étais enfui pour échapper à Samir, mon cartable était resté sur le trottoir, essuyant quelques averses. Deux cahiers étaient trempés et bons à mettre à la poubelle. Le pire je crois, c’est que le reste de la fratrie était rentré en passant devant mon cartable, avait dîné sans s’inquiéter une seconde de mon absence.
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