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Critique de Thyuig


Quatre soeurs, non, cinq soeurs, quatre tomes, quatre saisons. Malika Ferdjoukh livre avec ces quatre romans une somme plutôt égale sur la vie de famille "sans les parents". le parti-pris est intéressant avec un postulat finalement assez fréquent en littérature jeunesse : l'orphelinisme comme piège à enfant. En effet, comment savoir où situer la barrière légale sans le garde-fou parental ? Ferdjoukh s'amuse avec cette notion mais va très vite la brouiller en faisant intervenir stratégiquement l'image spectrale des parents lors de situations particulières.
Du coup, c'est un peu facile, tous ces enfants livrés à eux-mêmes mais qui ne font réellement jamais trop de bêtises, protégés par leurs bons fantômes. Il faudra à Ferdjoukh l'addition de personnages secondaires -les cousins, les copines, les petits-copains- pour que le danger guette enfin la Vil'André.
C'était là seulement la partie ouvertement critique du livre, motivée par un quatrième roman, Geneviève, pas vraiment au niveau des trois précédents et qui pioche dans la facilité en rendant chaque situation abracadabrante. Sans vouloir en dire trop, une chute d'échelle, une chute d'immeuble, une prison, un enfant qui parle aux animaux...., tout ceci éloigne sensiblement de la gentille cacophonie realistico-fantastique des premiers tomes.
Alors pourquoi c'est si bien, quand même ?
D'abord parce que Ferdjoukh se régale avec ces cinq nanas dont les caractères de base ont été soigneusement pensé pour en faire des archétypes faciles à manipuler. Il y a Enid, la petite soeur. Ca suffit à la définir, elle est la plus petite dans tout et la candeur va donc accompagner chacun de ses choix. Hortense l'intello, mais aussi l'ultra-sensible. Elle est celle qui va faire le plus progresser le groupe par ses rencontres, ses émotions et son intelligence. Betina, la gentille adolescente idiote. L'archétype le plus hilarant dans les deux premiers livres; Elle est méchante, vacharde, terriblement humaine. Ferdjoukh se servira magnifiquement de ce caractère faussement désinvolte en stigmatisant parfaitement l'adolescence "méchante" chez les filles. Geneviève est la bonne âme, dévouée, parfaite en tout : belle sans le savoir, attentive sans y attacher d'importance, finalement, Ferdjoukh ne l'utilisera pas si bien que ça dans le quatrième tome où elle l'égarera du droit chemin un peu facilement.
Enfin Charlie, l'aînée, magnifique personnage qui doute, d'abord parce qu'elle sacrifie sa jeunesse à ses soeurs, ensuite parce qu'il faut faire bouffer tout ce monde, et enfin parce que l'amour commande parfois les choses les plus imbéciles et les moins évidentes. Il y a un peu confusion avec Geneviève dans le dernier tome si bien que le rapport des deux aînées se brouille à charger deux personnages des mêmes problématiques.
Alors, pourquoi c'est si bien ?
La langue, belle, précise, vive, qui rythme et qui chante superbement ces petites histoires. Ferdjoukh prend un soin malin à refermer chaque porte qu'elle ouvre et fait ainsi de ses récits des modèles de cohérence narrative. le vocabulaire est riche, les évocations belles et sensibles, nul besoin d'aller chercher midi à quatorze heures, les phrases courtes font mouches et les dialogues sont justes.
En bref, trois tomes parfaits et un quatrième qui déraille, qui n'est plus tout à fait dans le ton, qui méritait autre chose, d'autres personnages et de laisser ces cinq soeurs en dehors de cette fantasmagorie.
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