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Critique de DreamBookeuse


Un grand merci à Gulf Stream Editeur pour l'envoi de ce court roman, seconde la collection Echos et qui donne de l'espoir, de la fierté et du courage.

Mon résumé

Armelle a 17 ans. Cela fait trois ans désormais qu'elle sait qu'elle aime les filles, trois ans qu'elle se confie à Blue, son journal intime où elle y expose ses doutes, ses joies, ses peines, des questions sur la vie, le sens qu'on lui donne et l'image que l'on renvoie. Mais ça fait également quelques temps, au lycée, qu'on la harcèle, c'est parti d'un rien, d'un regard, d'un baiser qu'il ne fallait pas donner et toute sa vie a basculé. Mais il aura fallu que ses parents le découvre, qu'ils la mettent dehors et qu'elles regardent la porte se ferme sous son nez pour qu'elle explose.

Mon avis

Il y a ces romans qui sont des prises de conscience, qui sont des claques, des remises en question, des romans qui vous font vous sentir connectés. Les maux bleus c'est un de ceux-là. Il y a des réalités que l'on connaît mais que l'on refuse de voir, d'entendre, d'écouter. Un peu comme des informations qui vous viendraient de très loin, ce pays d'Afrique qui meurt de faim mais que vous ne savez pas situer sur une carte. Pour l'homophobie, ce que les homosexuels peuvent subir, la rue, le rejet, la haine, je sais que ça existe, j'en entends parler, j'en comprends les enjeux. Les livres vont toujours plus loin, surtout lorsqu'ils sont exceptionnellement bien écrits et immersifs comme celui-ci. Ils vous emportent. Vous êtes le personnage. Et là, moi, j'incarnais Armelle, cette héroïne de 17 ans, pas si éloignée de moi, pas si fictive. Et j'ai eu mal.

Armelle est une adolescente qui ressemble à beaucoup d'adolescente : elle ne se trouve pas particulièrement jolie, croit que toutes les autres filles sont plus belles, plus « femmes » qu'elle, elle aime la littérature et les mots et préfère changer de place en classe plutôt que de rester toujours sur la même chaise, au même bureau avec le même regard sur ses camarades. Oui mais Armelle n'est pas normale du moins c'est ce qu'elle pense, ce qu'elle ressent : elle n'entre pas dans les cases gentiment préparées pour elle, évite les questions de mariage avec sa mère, refuse de parler avenir étude et pharmacie avec son père. Elle aime les filles. Et cela n'aurait sans doute pas poser problème dans un autre monde, avec une autre famille. Mais voilà, un dimanche lorsque ses parents l'entraînent dans une manifestation contre le mariage pour tous, elle craque. Non les familles ne sont pas obligées d'être une maman, un papa et une petite fille et un petit garçon. Non aimer ce n'est pas dégoûtant. Et oui, elle aime les filles. Mais ses parents sont aimants, compréhensifs, n'a t-elle pas des dizaines de clins d'oeil complices avec sa mère ? Alors quand elle voit la porte de chez elle se refermer sur sa silhouette, en pleine nuit, elle ne comprend pas tout de suite, espère qu'on va la rappeler.

Et commence ainsi le basculement de toute une vie. En l'espace de 191 pages, l'auteure arrive à faire évoluer son personnage de façon très rapide et à la fois très naturelle. de prises de conscience en discussions intimes avec son carnet, de disputes en réconciliation, Armelle grandit, observe le monde qui l'entoure avec peut-être plus d'attention, une acuité nouvelle.

La jeune adolescente met également en mot ce que l'on aimerait crier à la tête de tous ces idiots qui se prennent pour les rois (et les reines) du monde et qui dictent les comportements des uns et des autres comme s'ils avaient été élus par un quelconque pouvoir.

Après cela, Armelle oscillera entre adolescente égoïste et mature, grandie par tous ces événements, par l'endroit où elle a trouvé refuge (un couple d'homosexuelles), par les conversations qu'elle aura eues, mais également, toujours, au fond, une adolescente en chemin, qui avance mais cette fois-ci dans la bonne direction : celle de l'épanouissement et de l'acceptation. Et je souhaite ce chemin à tous et toutes celles se retrouvant dans cette situation. Surtout lorsque l'on se dit, qu'au final, Armelle a eu de la chance de tomber sur les deux femmes qui l'ont recueillie, mais que beaucoup restent dans la rue pendant des années, sont obligés de se prostituer et tant d'autres choses pour survivre.

En résumé

Ce roman a été un coup de coeur, qui m'aura arraché de nombreuses larmes, de nombreux cris intérieurs aussi, qui m'aura fait prendre conscience, un peu plus profondément, intimement devrais-je dire, de nombreuses choses. Et je remercie du fond du coeur Christine Féret-Fleury d'enfin mettre en lumière l'homosexualité féminine (la masculine étant beaucoup plus présente dans les romans adolescents, les films et la littérature), l'homoparentalité et d'envoyer ce message à toutes ces femmes et tous ces hommes homosexuel.le.s (et tant d'autres) : vous pouvez être fier.e.s de ce que vous êtes.

Aujourd'hui c'est un combat, j'espère que plus tard ce sera une joie, qu'on ne l'appellera même plus « sujet tabou », et que l'on y verra plus aucune différence, parce que non il n'y en a pas, ce sont toujours des êtres qui s'aiment.
Lien : https://lesdreamdreamdunebou..
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