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Critique de ivredelivres


Il est temps de reprendre la route et de remettre nos pas dans ceux de Patrick Leigh Fermor, nous sommes devenus un peu ami avec lui et je vous propose pour le reste du voyage de lui donner du Paddy, son diminutif pour les amis.

Ce deuxième volume va nous conduire de la frontière Hongroise à la Yougoslavie.
Vous savez maintenant que les recommandations ne manquent pas à ce jeune homme, il en a une pour le maire d'Esztergom « Veuillez être gentil avec ce jeune homme qui se rend à pied à Constantinople »
Voilà la recommandation reçue par le maire en ce jour de Pâques 1934, ce qui lui permet de finir la journée dignement
« un souper chez le maire avec du Barack pour commencer, des flots de vin tout au long, du Tokay enfin, et une brume finit par entourer ces silhouettes superbement vêtues. »

Le coup d'envoi est donné de cette deuxième partie du voyage, il a été un vagabond sans le sous, un peu mendiant même à Vienne, mais à partir d'aujourd'hui c'est la vie de château qui l'attend.
Toutes les familles de la vieille Europe rencontrées au fil des routes se sont données le mot pour lui ouvrir les portes des demeures suivantes.
Tenez à Budapest, sa halte se fait chez des amis balto-russes de ses hôtes de Munich, Tibor l'accueille et « la manière dont les hongrois entendaient l'hospitalité tenait du miracle à répétition ».
Il va donc en profiter, découvrir Budapest et la langue hongroise, suivre les traces des Turcs ou de Sissi.

Ses hôtes lui font un cadeau inestimable pour quelques jours de voyage : Malek un bel alezan, des étapes prévues pour assurer le gîte et le couvert au cheval et à son jockey !!
C'est ainsi qu'il appréhende la steppe hongroise, l'Alföld et ses bohémiens avec qui il chante auprès d'un feu de camp, ou partage un dîner de hérisson.
Il traverse des villages où« les oies surissaient de leurs mares pour se précipiter sur le chemin en sifflant »
il est de nouveau le vagabond qui se contente de peu « je m'assis sous un arbre, mangeai du pain et du fromage saupoudré de paprika, puis une pomme, en écoutant le coucou, la chanson du merle et le bis de les grive, pendant que Malek broutait l'herbe à un mètre de moi. »

Une fois Malek rendu à son propriétaire, la tournée des schloss reprend sauf que maintenant il s'agit de Kastély. Partout il est accueilli avec joie, invité à des bals, à des pique-niques, fume le chibouque et arrive ainsi doucement en Transylvanie où va se situer une des plus charmantes de ses aventures, elle porte un joli prénom Balasha Cantacuzene que pudiquement Paddy nommera Angela dans son livre. Il faut dire que la jeune femme est tout ce qu'il y a de plus mariée !!

Découvrir l'Europe et l'amour à la fois avouez que cela mérite quelques pages d'un journal.
Bien entendu le rythme de son voyage s'en ressent « Tout sentiment de durée s'était évanoui, et c'est seulement aujourd'hui, un demi-siècle trop tard que j'éprouve des remords soudains et rétrospectifs »

Mais tout à une fin même les plus jolies idylles et notre Roméo reprend la route direction les Carpates. Il se fera bûcheron pendant quelques jours, descent le Danube et ses Portes de fer « C'était de tout le cours du fleuve, la longueur la plus sauvage. » Les villes ont changées d'allure « Des maisons pourvues de balcons se regroupaient autour de la mosquée » et il passe une nouvelle frontière à Orsova.

Hélas trois fois hélas, là s'interrompt le voyage de Paddy. En 1935 il parviendra à Andrinople mais nous ne verrons jamais Constantinople sauf si un esprit joueur souffle sur les lignes écrites et jamais publiées de la suite du voyage.

J'espère que je vous ai donné l'envie de lire ses livres, son écriture enrichit par son expérience, est superbe, ses souvenirs sont magnifiés par l'âge de l'auteur, toutes les scènes de la vie quotidienne, toutes les anecdotes prennent un sens profond. C'est une civilisation au bord du gouffre qu'il nous décrit.

Cicerone curieux de tout, l'auteur nous fait le tableau d'une Europe qui va se déliter, par là il touche à l'universel.
L'érudition, la folle culture de l'auteur, amplifiées par les années, rendent ces livres indispensables à toute bibliothèque.
Cet homme que ces professeurs avaient qualifié de « mélange dangereux de sophistication et d'insouciance» se révèle un écrivain inoubliable.
Ce sont des livres que j'ai lu et relu , je ne les prête pas je préfère les offrir, ces deux livres sont selon Nicolas Bouvier : « à ranger au rayon des chefs-d'oeuvre de l'humanisme nomade.»
Lien : http://asautsetagambades.hau..
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