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EAN : 9782290307366
121 pages
J'ai lu (06/07/2000)
  Existe en édition audio
3.92/5   719 notes
Résumé :
Au rythme des faire-part de naissance et de mort, voici la chronique de destins féminins dans la société bourgeoise du début du XXe siècle. Fiançailles, mariages, enfantements, décès... le cycle ne s'arrête jamais, car le ventre fécond des femmes sait combler la perte des êtres chers. C'est avec l'élégance du renoncement que l'on transmet ici, de mère en fille, les secrets de chair et de sang, comme si la mort pouvait se dissoudre dans le recommencement.
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sur 719 notes
Valentine, Mathilde, Gabrielle, Clotilde et la petite dernière, la timide arrière-petite-fille de Valentine, qui se rapproche à petits pas de notre époque… Tout le vingtième siècle à travers le regard de ces cinq femmes… Tout change, tout bouge, les technologies, les paysages, les bruits, les moeurs, mais une chose demeure immuable : ce désir inébranlable, opiniâtre de donner la vie, de transmettre avant de tirer sa révérence.
« L'élégance des veuves » est un « livre de filles » qui parle de la magie vitale des enfants, de ce lien charnel, de ce fil invisible qui unit les mères à leurs enfants et qui parfois rend les pères jaloux ; un livre qui parle de ces hommes et de ces maris si forts, si résolus, si énergiques, qu'elles observent amusées, aimantes, vaguement désabusées… « Que les hommes peuvent être bêtes, parfois ! […] les femmes n'ont pas cette inconscience stupide, ou cet égoïsme. Elles savent que l'on a besoin d'elles ». D'ailleurs, les histoires d'hommes sont rarement évoquées. La guerre, par exemple, qui éloigne et tue les enfants, apparaît au détour d'un évènement.
En ce début du vingtième siècle, les gens bien nés (ceux qui le sont moins aussi d'ailleurs), ne se mariaient pas par amour, mais par devoir. le fameux coup de foudre n'était pas de mise… Valentine, Mathilde, Gabrielle et leurs maris apprirent à se connaître, à s'apprivoiser chaque jour un peu plus. On était alors marié « jusqu'à ce que la mort nous sépare ». L'omniprésent Dieu accompagnait le foyer dans la joie ou dans l'affliction.
Les femmes avaient cette triste habitude de finir leurs vies seules : le mari parti trop tôt, les enfants morts ou ceux qui ont pris un chemin qu'elles ne parviendront jamais à comprendre... Toutes chargées de chagrin et de regrets, mais avec encore tant d'amour à donner, elles continuaient malgré tout, vaille que vaille, leur route. Avec élégance. Beaucoup d'élégance.
Un livre sensuel, plein de respect et de pudeur pour nos aïeules dont les photos couleur sépia traînent encore dans nos tiroirs ou sur nos coins d'étagères.
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Petit par la taille, grand par le talent…

Dans la collection « Un endroit où aller » aux éditions Actes Sud, le roman d'Alice Ferney tutoie effectivement les sommets de la littérature. Comme on le devine en lisant le titre « L'élégance des veuves », certains personnages masculins du roman empruntent une voie trop directe menant tout là-haut vers le repos éternel, laissant sur le bord du chemin des femmes sans repère seules avec leurs enfants.

Ne connaissant pas cette auteure, je dois avouer que durant la première partie du roman, j'ai été plus subjugué par l'élégance de l'écriture d'Alice Ferney que par le récit de la vie de cette élégante femme nommée Valentine. Autant l'écriture travaillée et subtile me fascinait, autant l'histoire de cette femme qui perd son mari et d'autres êtres chers m'a laissée de marbre. Un marbre vraiment très froid, glacial…

Et puis, comme par miracle, la magie a opéré … non, non, le mari n'a pas ressuscité ! Non, je parle d'un effet sur ma personne. Dès que l'on a abordé le destin des nombreux enfants de Valentine et surtout de son fils Henri avec la belle Mathilde, j'ai savouré chaque phrase, chaque mot du récit jusqu'à la toute fin du roman. Un véritable bonheur de lecture malgré la dureté des propos et des vies endurées.

Loin de mes lectures habituelles, j'ai retrouvé l'émotion suscitée par ces sagas familiales bouleversantes comme le splendide « Soleil des Scorta» de Laurent Gaudé ou dans une moindre mesure le poétique «Contre l'art » de Tomas Espedal.

Pour terminer, au-delà de l'histoire émouvante de cette famille, ce roman m'a fait imaginer, comme par procuration d'une certaine manière, la vie incroyable qu'a pu endurer ma grand-mère qui a enfanté douze fois en une vie, douze combats pour donner la vie, perdant malheureusement son mari par la suite, tout cela avec des revenus beaucoup moins confortables que pour la famille bourgeoise du roman.

Rien que pour ce voyage (personnel) émouvant dans le passé, je dis merci à Alice Ferney pour ce court mais sublime roman. A découvrir absolument…


PS : Un petit coucou à ma grand-mère qui me lit peut-être là haut, qui sait !
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"Les pensées les plus délicates ne trouvent pas facilement la configuration de mots pour se dire avec délicatesse"...
Et pourtant, Alice Ferney a tout à fait réussi, elle, à décrire ce monde féminin du début du 20e siècle, ce monde où les femmes enfantent, aiment et assistent impuissantes à la mort de ceux qu'elles aiment, mari ou enfants, pour ensuite mourir dans la douleur des couches innombrables ou dans la solitude de la vieillesse.
Quelle humanité chez cette auteure ! Quelle symbiose avec cette vie dévouée entièrement aux autres qu'ont connue les mères de cette époque !
Moi-même suis incapable de trouver cette configuration de mots pour dire la délicatesse inscrite à chaque page; je ne peux que balbutier mon admiration, ma compassion, mon bouleversement face à cette chronique de femmes courageuses qui m'ont profondément marquée. Les trop nombreux enfants qu'elles mettaient au monde, les maris et les fils qui partaient à la guerre (les 2 guerres), les filles qui allaient s'enterrer au Carmel...Quel courage ont-elle dû avoir pour subir toutes ces épreuves !
Et je pense à mes ancêtres, à nos ancêtres féminines qui ont porté sur leur épaule, qui ont tenu dans le creux de leur coeur notre monde.
Pour cette écriture ciselée, pour cet écrin de douceur niché dans la Vie, je remercie Alice Ferney qui me donne la fierté d'être une femme.
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Avec l'élégance des veuves, me voici à mon troisième titre d'Alice Fernay.

Après quelques hésitations quant au thème, je me suis laissée aller tranquillement à cette lecture.

Au début, tout allait très vite fiançailles, mariages, naissances, mortalité infantile, enchainement des grossesses… le mot qui convient c'est expéditif, pour la suite aussi en quelque sorte ! Je me suis interrogée sur ce que ce rythme effréné allait donner mais l'auteur est rentrée plus précisément dans le sujet.

Dans un contexte de vie en pleines mutations, de guerre aussi, Alice Fernay nous parle majoritairement de deux destins issus de la Bourgeoise qui édictait les règles de vie à la lumière du Catholicisme et qui offrait peu de liberté aux époux de mener leur vie avec indépendance. Les parents arrangeaient les unions.

« Croissez, multipliez-vous, ne vous privez pas l'un de l'autre dit la Bible ».

Alors, les femmes enchainent les grossesses telles des poules pondeuses, elles n'envisagent pas autre chose malgré la mort de certains enfants, elles relèvent la tête pour leur nichée, leur mari.

Une femme ne vacille pas, elle pleure en cachette, mais est vite rattrapée par sa tribu et cet époux qui est un véritable étalon !

Cela conduit immanquablement à l'épuisement de ces mères qui n'ont pas de répit, morts et vies s'alternent souvent et c'est dramatique. Elles aiment leurs enfants mais ont si peu de temps pour chacun.

Le contrôle des naissances n'est pas encore intégré dans les habitudes, alors on se résigne et se révèle encore plus déterminée. Cette mort qui entraîne un sursaut de vie pour soi et ceux qui restent.
C'est là que se niche l'élégance des veuves.

La femme quoique soumise est le pilier de la famille.

Je ne suis pas allée dans les détails de ce récit, car il a été très bien mené par d'autres ami(e)s Babélio.

La fin de cette histoire est heureuse, l'amour est là, dans un couple où chacun respecte son passé et permet d'envisager une destinée commune avec résilience.
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L'élégance des veuves est ce mouvement de la vie sans relâche, qu'on pourrait presque considérer comme sans faille, ce mouvement de femmes, de mères, ce mouvement qui donne la vie, l'insuffle, la partage, la répète follement dans un désir presque sans fin malgré les trébuchements, les blessures et les deuils.
Et puis continuer d'enfanter, sans relâche...
C'est un court roman d'Alice Ferney, un peu plus d'une centaine de pages pour traverser une centaine d'années ou presque, elles suffisent à dire quelques vies, celles de Valentine, Mathilde, Gabrielle, Clotilde et les autres... Ces femmes d'une autre époque qui viennent vers nous, certaines au fil des générations qui finissent par ressembler aux femmes que j'ai aimées...
La vie est là, scintillante, parfois solaire, parfois tâtonnante aussi... Et puis la mort vient et transforme des femmes éprises d'amour et de désir en veuves inconsolables ou presque. Parfois c'est comme un trou au ventre. Parfois c'est un vide qu'on arrivera à combler sans peine.
Ce roman intime dit la mort qui vient, qui frappe sans prévenir, c'est le froid et le noir. Elle frappe souvent les femmes ici, des mères, c'est un destin qui se propage à travers les générations...
L'enchantement de la vie n'est jamais loin, avant et après...
Ce sont des gestes qui chassent les cauchemars au bord du sommeil, des gestes de mères...
Parfois tout est confus dans une existence, la vie que l'on donne, l'amour que l'on prend, la peur, l'effroi qui surprend, les joies, l'attente, les blessures...
La fatigue, la douceur extrême, l'abnégation...
À force, le malheur devient comme un goût qu'on finit par apprendre.
Se sentir trop vulnérable pour affronter le monde.
La mort d'un être aimé transforme à jamais celle qui reste, mais rester où ? Au bord de la berge comme une passante silencieuse ? Continuer d'avancer contre les vents parfois contraires ? Continuer de parler seule désormais, ou seule avec les enfants à élever...? Il faut rester pour les enfants qui continuent eux d'être gais comme des pinsons, ils ne comprendraient pas qu'on les abandonnent encore un peu, une fois encore...
Ce roman dit la promesse de vies aux trajectoires presque parfaites au début. C'est plus tard, après, que les routes finissent par ne plus ressembler à des droites très rectilignes.
Oublier que le sort de la vie peut parfois être injuste. Parfois la résignation ne suffit plus...
Et puis, parfois il faut crier comme une louve qui protège ses enfants, crier encore plus fort, dévastée par la douleur lorsque la mort en prend un, voir mourir un de ses enfants contre l'ordre des choses est tragédie insupportable. Car les veuves dans cette histoire perdent aussi des enfants...
Traverser les tourments. Questionner le sort. Pourquoi ?
Puis, il faut revenir du côté de la vie, des siens, et un jour se mettre de nouveau à pleurer, et cette fois, de bonheur... Car il y a des bonheurs dans ces histoires.
Accepter d'être déçu aussi par celles et ceux qui survivent. Se dire qu'on a peut-être raté quelque chose et que ce n'est pas grave.
Questionner la vie, nos vies, nos vies parfois froissées comme du papier ; pour tout cela les livres sont indispensables pour raconter ces vies qui nous hantent, nous regarder ou regarder celles et ceux qu'on aime au travers du miroir des pages, aider à trouver sa place dans ce dédale.
Le chemin de l'écriture,- et plus tard celui de la lecture, aide, est fraternel.
C'est à cela qu'on reconnaît le mystère profond des livres.
Les secrets de famille, les guerres, le poids de la religion, hormis le caractère bourgeois de cette famille, il me semble reconnaître le paysage de ce livre à chacune de ses pages, comme si je l'avais côtoyé...
Je me suis retrouvé dans ce récit qui est une invitation.
On pourrait se dire que ce roman est triste, évoque le chagrin, mais il est incroyablement façonné de joies aussi, de rires, de désirs... C'est un hymne à la vie...
Ainsi ce livre m'a rappelé une autre histoire, celle de ma famille, des veuves de ma famille, ma grand-mère tout d'abord veuve à trente-six ans. Mon grand-père mourut à la suite d'un accident de travail en 1926 en participant à la construction d'un pont en face de la rade de Brest. Il fit une chute a priori sans trop de gravité, son chef d'équipe lui dit de rentrer chez lui. Il prit son vélo, il lui restait quinze kilomètres à faire jusqu'au domicile devant lequel il s'écroula en entrant dans un coma irréversible durant huit jours. Il fut emmené à l'hôpital. Ma grand-mère entendit de nouveau frapper une semaine plus tard à la porte, cette fois c'était la nuit, elle ouvrit, il n'y avait personne ; le lendemain matin, en se rendant à l'hôpital on lui apprit que son époux était mort au milieu de la nuit à l'heure où elle entendit frapper à la porte... Ma grand-mère était enceinte de ma mère lorsque ce décès arriva. Ma mère à son tour devint veuve une première fois à l'âge de dix-huit ans si l'on considère que le jeune homme du même âge qu'elle, qui l'aimait et qu'elle aimait, qui lui avait fait un enfant, était le premier homme de sa vie, peut-être qui sait le seul, l'unique amour de sa vie... Elle s'était réfugiée chez une tante de Normandie pour fuir ce que l'on considérait alors comme une forme de déshonneur, devenir une fille-mère, elle était enceinte de ma soeur qui naquit trois jours après que le père de l'enfant fut fusillé par la Gestapo en 1944... Chose surprenante, ma mère devenait veuve tout comme sa mère, en portant un enfant... Et c'est en lisant ce livre, en écrivant ces lignes que je m'aperçois brusquement que personne n'avait jusqu'à présent dans ma famille clairement fait ce parallèle, mais peut-être est-ce une simple coïncidence...
L'élégance des veuves, c'est le silence, les non-dits, c'est se taire, terrer cette douleur dans le ventre, serrer les dents tandis que les enfants pleurent là-bas dans la chambre, ou peut-être rient, le bruit est parfois tellement confus dans les battements d'un seul coeur...
Dans un livre empli d'humanité, Alice Ferney dit ces histoires de femmes, de mères, de filles, dans une écriture très belle et très forte, avec grâce, sensibilité, justesse, comme si elle avait vécu tout cela, comme si Valentine, Mathilde, Gabrielle, Clotilde et les autres appartenaient à sa famille, comme si nous étions là parmi les femmes de cette famille...
Presque notre famille...
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Citations et extraits (113) Voir plus Ajouter une citation
Il disait les mots immémoriaux, ceux qui ouvrent aux hommes le cœur des femmes. Il disait vous êtes belle ma Valentine et je vous aime. Alors elle lui pardonnait. Car ça elle le croyait. Cet amour, il en était plein, et parfois vulnérable, et d’autres fois aveuglé. Elle y croyait si fort que jamais elle ne songeait qu’il pourrait venir à manquer. Jules avait quarante-six-ans. De lui on disait c’est un titan, une force de la nature, un caractère inflexible. A côté Valentine était si petite que, pour la souffrance et pour la mort, elle passerait forcément avant lui.
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Le septième enfant ne vécut qu'une journée, le temps de sourire aux anges et de partir les rejoindre.
Valentine pleura l'attente vaine, les longs mois de lrêve, cette idée que l'on a de l'enfant caché. Elle pleura d'épuisement, des larmes d'eau qui noyaient son visage, des larmes de lait comme remontées de ses seins lourds et vains. Il lui semblait avoir un creux dans les bras, un poids qui manquait, un trou de chaleur absente. (...)
Lorsqu'ils restaient seuls après le coucher des petits, Jules prenait Valentine sur ses genoux. (...) Elle ne parlait pas. Elle n'avait pas besoin des mots pour sentir qu'il l'aimait mais qu'en cet instant il ne la comprenait pas. qu'il n'était pas comme elle une chair capable de s'emplir et de créer, une chair volée de son fruit, ravagée de sang perdu.
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Elle écoutait ses paroles nues, ces aveux, émerveillée par cette transparence qui naissait de sa simple nudité, comme remontée du dedans vers le dehors, échappée de la chair découverte a un homme tel que celui-la, tendre et dévoilé, plein de pudeur et d'amour, elle voulait le recevoir, avec lui s'embarquer vers la terre sauvage. La terre des épanchements et des caresses, où l'on s'enlace se tend et s'alanguit, tour à tour. La terre où l'on germe soi-même, sa propre chair de femme enfin convoitée, honorée, fécondée. Alors Mathilde se déploya comme une corolle, peu à peu s'enflamma, fut une liane autour du corps d'Henri. Il prit garde à elle comme jamais il ne l'avait fait pour une autre. Il était ébloui, et presque surpris par sa beauté. (Car jamais il ne s'était repré- senté ce corps, ni même qu'elle en avait un.) II la sentit s'ouvrir sous lui, devenir son amante, son havre, son désir, ses longs bras de jeune fille lisse l'entourant puis se dépliant loin de lui, en un geste alterné d'accueil, de capture et de délassement. Et après ce don, après cette manière douce de se goûter, après cela qu'elle n'avait jamais connu, jamais imaginé, jamais craint, elle s'endormit comme une enfant...
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Il tomba comme tombent les animaux sauvages terrassés par un tir invisible : une chute brutale et silencieuse. Mais le coup venait de l'intérieur, la mort avait pris le cœur dans son filet glacé. Alors le sang se figea sur les chemins qu'il avait parcouru inlassablement. Gabrielle lui ferma les yeux. C'était la fin du regard pâle derrière les lunettes, dont les verres d'ailleurs étaient brisés. Agenouillée, elle ramassa les débris et elle ne pleura pas.
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Bien sûr Gabrielle ne parla jamais à Henri des enfants que Mathilde ne devait plus avoir. En quoi pouvait-elle se le permettre? Catholiques! ils l'étaient avec ferveur. Gabrielle n'avait quant à elle plus de mari, mais qui sait, si Dieu le lui avait laissé, combien d'enfants elle aurait portés. Ils s'en remettaient toujours à Dieu. Qu'un enfant fût conçu, qu'il arrivât à terme, que la mère ne mourût pas en couches, que l'enfant fût bien portant, ils priaient, récitaient des chapelets et des chapelets de Notre-Père, procédaient à des baptêmes précoces, des jeûnes et des célébrations.
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Découvrez l'émission intégrale ici : https://www.web-tv-culture.com/emission/alice-ferney-deux-innocents-53711.html Depuis son premier roman en 1993, « le ventre des fées », Alice Ferney s'est discrètement mais résolument installé dans l'univers littéraire français. Depuis, chacun de ses titres est attendu par un lectorat fidèle qui apprécie à la fois les sujets qu'elle traite mais aussi la qualité de son écriture, classique, allant à l'essentiel, sans artifice et néanmoins sensible et pudique, chargée d'émotion.
La maternité, la place de la femme, la famille, l'engagement, le sentiment amoureux et ses déchirements font partie des thème de prédilection de l'auteur qui signe aussi quelques chroniques dans Le Figaro littéraire.
Avec ce 13ème titre, « Deux innocents », publié chez Actes Sud, maison à laquelle Alice Ferney est fidèle, l'auteure nous emmène en septembre 2018. C'est jour de rentrée des classes, à l'Embellie, un établissement scolaire spécialisé qui accueille des enfants en difficulté, notamment des jeunes atteint d'un handicap mental mais dont on sait aussi que le coeur est deux fois plus gros et la sensibilité est exacerbée.
Et voici Gabriel Noblet, il a 16 ans. Il est nouveau dans l'établissement. Il va intégrer la classe de Claire Bodin, qui donne des cours de bureautique à ses jeunes à qui il faut bien dessiner un avenir.
Claire Bodin est la bonté même. Mère et épouse accomplie, le sourire aux lèvres, elle cherche à faire le bien. C'est ce qu'on lui recommande chaque dimanche, à l'église où elle est assidue. Claire ne cherche pas la lumière mais si elle peut apporter du réconfort, elle est heureuse. Et face au jeune Gabriel, en manque d'attention et de repère dans cette nouvelle école, Claire va faire ce qu'elle croit être utile. Lui donner de l'affection, de la tendresse. Oui, elle va le prendre dans ses bras, oui elle va lui donner son numéro de téléphone et répondre à ses messages. Quel mal y a-t-il ? Ces enfants ont tellement besoin d'affection… Oui mais voilà, jusqu'où est-elle allée ? Et l'ensaignante qu'elle est n'a-t-elle pas été trop loin ? Bien vite, la mère du jeune Gabriel s'invente une histoire, l'histoire se transforme en rumeur, la rumeur en vague, la vague en procès. La fatalité, l'inconséquence, le malentendu deviennent un crime. Claire est alors face à la justice. Sa vie s'écroule, les failles s'entrouvrent.
Choisissant une écriture résolument clinique, froide, insistant sur les dates, les lieux, les moindres détails, Alice Ferney nous raconte cette histoire, inspiré d'un fait authentique, comme une enquête, sans pathos, de façon très factuelle. Ainsi, chaque lecteur vit l'intrigue avec son propre regard, analyse lui-même les personnages, se forge sa propre opinion, tel un juré d'assise. Et c'est glaçant.
Par les sujets qu'il traite, par la fragilité des protagonistes, embarqués dans une histoire qui les dépasse, ce roman touche au coeur, interpelle, émeut et nous redit une fois encore combien Alice Ferney est une grande romancière, combien elle sait manier les mots pour aller au coeur de son histoire.
Ce livre est un coup de coeur
« Les innocents » d'Alice Ferney est publié chez Actes Sud.
+ Lire la suite
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