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EAN : 9782917559871
198 pages
Editions Baker Street (05/10/2017)
3.44/5   8 notes
Résumé :
Nous avons tous rêvé de rencontrer un écrivain aimé, de lui parler ou de lui écrire, voire d’entrer dans sa confidence. Frédéric Ferney, lui, pousse l’audace un peu plus loin, en allant à la rencontre d’auteurs disparus. Mais un écrivain qu’on aime, disparaît-il jamais ?
Partant du principe que ces artistes – leur esprit, leur humour, leur univers – nous accompagnent en permanence, Ferney a conçu une série de rencontres imaginaires dans lesquelles il dialogue... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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J'avoue avoir été passablement dérouté par cet ouvrage. Non par son style rentre-dedans qui bouscule tous les usages et conformismes et qui, dans un des rares textes que l'auteur s'attribue sans prête-nom, avec sa bourrasque de franc parler, traite Rimbaud de sale petit con. Voilà qui plaira à tous les fervents de la comète la plus lumineuse mais aussi la plus fugace de la poésie française. Mais il est bien vrai qu'il en a fait baver à sa marâtre l'homme aux semelles de vent.

Pas dérouté par sa construction non plus. Elle qui fait fi de toute chronologie, à grand renfort d'anachronismes. Tel François Mauriac qui compare Marie-Antoinette à Diana, alors qu'il n'aurait pu connaître cette dernière que jusqu'à sa neuvième année, encore loin d'être la princesse qu'elle fut. Tel Delacroix, mort en 1865, qui évoque le naufrage du Titanic, ou encore Colette faisant référence à un homme politique dont on aura compris qu'il s'agit de Nicolas Sarkozy. L'espionne du coeur, cette mémoire au penchant voyeur, a aussi ses absences, ses incohérences et ses turpitudes dont elle joue tout au long de cet ouvrage. A moins qu'il n'y ait là quelque subtilité savamment orchestrée, propre à piéger l'érudition indigente du lecteur d'occasion que je suis.

Alors qu'est-ce qui a bien pu déboussoler mon cerveau de pigeon voyageur perdu dans des cieux habités par tant de génie convoqués dans ces pages. J'ai compris au final que je cherchais l'intention de pareil ouvrage, et donc celle de son auteur. Lui qui sait si bien se cacher derrière les propos prêtés aux uns et aux autres, autant de personnages illustres ou inventés, ces derniers affublés de noms taillés sur mesure, tels Cutendre et Beauséant qui échangent autour de la personnalité de Paul Claudel avec ses penchants disons "border line", pour écorcher l'oreille des puristes de notre belle langue.

Cette intention, je crois l'avoir décelée, trop tardivement donc, au gré de mes errances dans les arts et les siècles, après avoir compris que cet ouvrage peut se lire et se relire au hasard de ses chapitres, dans les propos que l'auteur met dans la bouche d'Edith Piaf. Convaincue par Jean Cocteau que Dante a le "don merveilleux de réapprendre à rêver", elle le prie de lui prêter La Divine comédie. Elle est donc là cette intention : accrocher l'intérêt de ceux qui ont jusque-là montré trop peu d'intérêt pour tout ce que notre patrimoine culturel comporte d'élévations intellectuelle, spirituelle ou artistique. Elévations qui en politique deviennent bassesses. Il en est ainsi lorsque notre président en exercice s'essaie, dans le chapitre qui lui est réservé, à une consolation ironique à l'adresse à son prédécesseur déchu.

Voilà donc une invitation originale à se précipiter sur les traces de tous ces semeurs d'humanités, de preuves de génie abandonnées en leur trépas à notre intention. Imaginant bien que leur propre survie était là, colportée dans les circonvolutions de la mémoire aussi longtemps qu'un coeur battra dans la poitrine des hommes. Porte ouverte sur ce qui demeure quand on a tout oublié nous dirait Edouard Herriot. Une forme d'index en notre siècle numérique ; artifice qui autorisera au plus démuni toutes les vantardises à faire étalage d'un savoir qu'il n'a pas.
Mémoire espionne du coeur, tu nous suggères des bribes de souvenirs qui n'ont pas vu le jour. C'est bien connaître les génies de notre patrimoine culturel que leur attribuer des propos qu'ils n'ont pas tenus.

Je me garderai bien de qualifier mon intervention de critique. J'ai bien lu le sort réservé à cette sous race dans le post scriptum attribué à Beaudelaire : "Une odeur de charogne vous précède." … etc…etc…. Disons donc que c'est seulement l'impression de lecture d'un ingénu qui croit avoir détecté une intention dans un ouvrage quelque peu atypique, repéré dans le catalogue de masse critique. J'en remercie Babelio et les éditions BakerStreet.
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Et de l'originalité, ce n'est pas ce qui manque dans cet ouvrage qui est tout autant un hommage qu'une récréation joyeusement impertinente.

L'accroche est extraite d'une conversation, ou plutôt d'un entretien entre Marcel Proust, le questionneur, et Oscar Wilde, placé sur le divan des confidences.

Invisible ou pas, l'auteur assiste à des entretiens, des échanges savoureux, pour le lecteur, entre des artistes, peintres, écrivains, qui sont la plupart du temps des joutes oratoires à fleuret moucheté. Ou il a connaissance de correspondances et celles-ci ne manquent pas de piquants. Les uns et les autres distillent leur fiel en enrobant de miel leurs propos, verbaux ou écrits.

Par exemple, les deux missives que s'échangent les deux Marguerite, Yourcenar et Duras, sont révélatrices de leur style littéraire, mais également de cet esprit qui les animait. Peut-être, rien n'est moins sûr car tout est possible. L'une est tout en retenue, l'autre a du mal à ne pas sécréter son venin.

Mais il interroge parfois certains grands noms, des hommes politiques, comme Churchill par exemple, qu'il a invité dans un grand restaurant parisien, et qui n'hésite pas à déclarer que la guerre était jolie, avec emphase et nostalgie. le vieux lion est mort mais il rugit encore.

Claude Debussy écrivant à Toulouse-Lautrec, alors que le peintre est décédé, affirme Vous êtes pour moi un peintre méconnu, un artiste colossal qui parait léger parce qu'il est humble, plein d'esprit, et qu'il ne se prend pas pour la fraise de Rubens ou la barbiche de Rembrandt. Et petite touche d'humour en forme d'éloge : Vous demeurez un intellectuel, c'est-à-dire un plaisantin, et un moraliste : vous ne conceviez pas l'art sans un soupçon d'ironie.

Le duel oral entre Picasso et Matisse, avec la complicité de Guillaume Apollinaire dans le rôle du bateleur et de l'arbitre, est réjouissant en diable et les réparties fusent comme autant de coups de pinceaux dégainés sur une toile vierge. Naturellement, les échanges tournent autour des représentations picturales, et Picasso, lorsque le sujet des femmes est abordé, déclare : Si elles ont le nez de travers, les miennes, c'est pour qu'on soit obligé de voir un nez, tu comprends ? Il n'y a rien d'arbitraire dans ma vision.



Lettre apocryphe mais qui aurait pu être écrite, et qui dit qu'elle ne l'a pas été : La lettre qu'Emmanuel Macron n'a jamais envoyée à François Hollande. Un style très piquant, un peu cauteleux, de l'art de pratiquer la raillerie sous une forme de persiflage et d'obséquiosité ironique. Cela commence par Monsieur le Président et cher François. Tout n'est pas de votre faute et vous n'avez pas eu de chance – jusqu'à la météo qui s'est invariablement montrée cruelle avec vous. Un petit coup de brosse à reluire et de commisération pour débuter et il enchaîne ainsi : Aujourd'hui je suis président, et souvent je repense à vous… Je ne ferai pas ici l'inventaire de vos échecs ni la chronique d'un désenchantement et d'un déficit que vous avez fait croître avec une persévérance admirable. Ah, la mémoire défaillante, l'oubli qu'il a participé activement au sein du gouvernement en étant secrétaire général adjoint puis ministre de l'économie, alors qu'aujourd'hui il rejette toutes les fautes comme s'il n'avait pas été présent lors de l'établissement d'un budget tant décrié. Et il enchaîne les paragraphes en débutant ainsi Vous Président,… L'art la manière de rejeter toutes les fautes commises sur les autres.

Autre intervention, celle de Fabrice Luchini adressant une lettre à Louis-Ferdinand Céline. En lisant cette missive, on voit très bien le comédien dans ses délires exprimés sous forme d'improvisation mais récitant un texte appris par coeur, comme lorsqu'il est invité sur les plateaux télévisés. le cabotin dans toute sa splendeur.



Dans un carnaval d'inventivité, tour à tour corrosif, songeur et tendre, Frédéric Ferey rend hommages à quelques génies qui ont illuminés nos vies, et qui continuent à cheminer, toujours aussi vivants, à nos côtés.



Ainsi l'éditeur présente-t-il cet ouvrage en quatrième de couverture. Une fois n'est pas coutume, je mets ces quelques lignes qui ne sont pas de mon cru, mais qui résument fort bien la ligne directrice de ce volume en tout point jubilatoire. Alors faire l'inventaire des toutes les personnalités qui s'expriment, par missives ou par entretiens, soit entre eux soit avec la complicité de l'auteur, serait peut-être rébarbatif, mais sachez que vous pourrez retrouver certaines personnages qui ont marqué l'Histoire, la vie culturelle de la France ou autre, dans une approche remarquable. Sachez toutefois que s'y côtoient Marie-Antoinette, D Artagnan, Proust, Colette…

Jean-Pierre Cagnat, qui signe la couverture, est également l'auteur de dessins intérieurs qui apportent la touche d'un caricaturiste de talent et forment de petits intermèdes plaisants entre deux textes.
Lien : http://leslecturesdelonclepa..
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L'un des plus séduisants animateurs d'émissions littéraires à la télévision,(Droits d'auteur, le Bateau Livre),auteur de plusieurs biographies orientées (Picasso, Rodin ,Oscar Wilde, Aragon ,Cendrars…) ,Frederic Ferney nous livre un drôle d'ouvrage. Drôle d'ouvrage parce que le titre revendiqué par son auteur dans un préambule reste très énigmatique. C'est son droit comme celui de Ionesco à intituler sa première pièce :La Cantatrice chauve, sans aucun rapport avec l'oeuvre dramatique…Tout le reste est comme le titre un peu décalé :des rencontres improbables par l'anachronisme,(Pasolini et Caravage), l'absence de lien logique ou prévisible (François Mauriac et Marie-Antoinette, Warhol et Sagan).D'autres sont plus attendues (Luchini et Celine, Macron et Hollande…) .°La rencontre se résume à une correspondance « inédite » ou à une petite scénette sur le mode conversationnel. Enfin une dernière partie est consacrée à des dialogues sur des peintres que l'on peut situer entre Bouvard et Pécuchet et les Diablogues (ainsi discutent Trébuchet et Malpartout…) .Tout cela animé par le goût de la littérature et des petites histoires dialoguées sans originalité du contenu ,et avec au passage des règlements de compte (Claudel) et des hommages émus (Gérard Philipe). On regrette un peu dans le style l'absence de vrais pastiches littéraires que l'on pouvait attendre de l'auteur, dans la même veine que Paul Reboul, Marcel Proust , Georges Perec ,Patrick Rambaud et tant d'autres qui s'expriment d'ailleurs plus souvent actuellement à la radio ou dans la presse que dans les livres Au total plaisantes pochades plutôt que pastiches attendus, ouvrage de potache plus que d'auteur dont on connait le talent.
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Dire que ce livre est étrange ? C'est peu dire !

Dire que je l'aurais acheté si je l'avais croisé en librairie ? Pas forcément !

Vous prenez des personnages célèbres, vous les faite se rencontrer, ils ne sont pas de la même époque donc impossible qu'ils puissent se croiser dans le réel, et pourtant, l'auteur l'a fait, et cela nous donne ce livre qui chamboule tout. Certains d'entre eux n'y vont pas de main morte envers leurs interlocuteurs, et cela m'a donné quelques sueurs froides mais également quelques fous rires en tentant de les imaginer assis en face de moi.

Pour aborder ce livre, il ne faut surtout pas y chercher un réel but, il n'y a pas de point de départ ni d'arrivée, il se lit dans le sens que l'on veut, comme un recueil de nouvelles. Mais il va vous falloir une bonne dose d'humour, parfois un peu noir et à prendre au 5ème degré. Pourtant le résultat final est, certes étrange et inédit, mais intéressant à découvrir. Pour ce point, je suis d'ailleurs ravie de l'avoir reçu en service presse, car j'aurais pû passer à côté sans m'arrêter, et cela aurait été franchement dommage.

C'est le genre de livre qui passe ou qui casse, on aime ou on n'aime pas, c'est l'un ou l'autre. L'auteur a son style bien à lui, et franchement reconnaissable, si je dois lire un autre livre de lui, je suis certaine de le reconnaître. Quand au fil conducteur, n'en cherchez pas, vous ne trouverez pas, mais je dis bravo pour une telle imagination en tout cas 🙂
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Livre dérangeant? Non
Livre déroutant? Oui
Merci à Babelio et aux éditions BakerStreet pour cette découverte originale
Je n'ai pas lu ce livre du début jusqu'à la fin,j'ai picoré d'un texte à un autre au gré de mes envies.
L'auteur à une très belle écriture,fine,précise, digne des plus grands auteurs qu'il cite,un humour corrosif,et quelle imagination!
Des textes,des lettres,des dialogues tous plus drôles les uns que les autres,plus absurdes les uns que les autres,plus surprenants les uns que les autres,plus inventés les uns que les autres,tout cela et plus encore sous une très belle plume
Bravo à Jean Pierre Cagnat pour ses dessins.
Quel talent et moi qui n'en ai aucun je me sens toute petite pour donner mon humble avis.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
La poésie est un miroir intérieur, vous n'y trouverez qu'un reflet de vous-même.
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Tu seras enterré au cimetière de Ramatuelle dans ton costume du Cid: "Perdican ne pouvait vieillir", se lamente Aragon. Et Mauriac: "Je ne le connaissais pas. Je n'en prends pas moins ma part de chagrin. " Étrange formule: le chagrin est un bloc, il ne se divise pas.
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L'illusion comique,c'est ce qu'on appelle:une heroic fantasy,quelque part entre Games of Thrones et la Princesse Mononoke dont mon petit-neveu raffole.On oublie que ce classique fut d'abord un baroque,et qu'il n'a jamais cessé de l'être.
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En poésie,Villon pleure.
La Fontaine cause.
Victor Hugo médite.
Racine parle,c'est le seul.
Nerval rêve.
Rimbaud parle en rêvant.
Baudelaire prie en rêvant.
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Monsieur, ou bien devrais-je dire: canaille.
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