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EAN : 978B08HR99G7G
Plon (01/10/2020)
3.19/5   32 notes
Résumé :
« Bien placé par les circonstances pour suivre l’épopée de Jeanne, j’eus tout loisir, depuis la coulisse, d’observer cette jeune fille inspirée, de l’écouter, de la comprendre. De l’aider aussi, parfois. Par une chance inouïe, j’eus le réflexe d’enregistrer la teneur de quelques-uns de ses échanges avec toutes sortes d’interlocuteurs, célèbres ou inconnus. C’est la première fois qu’on les trouvera réunis en bon ordre, dans leur version intégrale – transcrits tout dr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
On peut trouver au moins contradictoire qu'un livre, rédigé par un écrivain d'expérience, qui fait valoir l'effort individuel au rang des vertus cardinales de l'humanité contre le confort même et pour redresser la France, témoigne par son écriture d'une telle négligence littéraire et d'un goût si manifeste pour la superficie et le divertissement.
Ce récit est l'équivalent d'une nouvelle grossière qu'un énième abus éditorial fait tenir en 272 pages en arrangeant chacune pour ne contenir que 26 lignes maximum d'en moyenne huit mots – encore les pages sont-elles peu remplies, beaucoup de blancs et de lignes passées. On peut supposer 35 000 mots, tout au plus. C'est lu en trois heures, et cela coûte 18 euros si on l'achète neuf – heureusement, on tint à me l'offrir, et même on me l'expédia. Autrefois, un éditeur sérieux aurait contracté cela en cent pages pour économiser du papier ; probablement, il eût même demandé à son auteur un second manuscrit de pareille langueur pour regrouper les deux : c'est bien la preuve que le matériau n'est pas tant un problème pour les éditeurs qu'ils le prétendent. Enfin, ici c'est Ferrand : on suppose que, comme pour Nothomb, les lecteurs ne s'en rendront même pas compte, tant ils auront faim d'une nourriture si… « spirituelle » !
Ferrand raconte comment Jeanne-Antide, fille investie en politique à la Greta Thunberg, parvient, par ses conseils « avisés », à sortir la France de la « Déconfiture », à une époque et en des circonstances similaires à la nôtre. L'auteur explique en post-scriptum que c'est surtout par conscience de vérité – en somme, pour ne rien taire ni mentir – qu'il s'est résolu à écrire ce « conte politique » : j'aurais préféré que ce fût par conscience de l'art, ç'aurait au moins abouti à un résultat appliqué. Ce n'est même pas brave, il n'y a pas une hardiesse là-dedans : c'est une synthèse de lapalissades de droite mais auxquelles les électeurs de gauche peuvent aux-aussi facilement consentir, d'un pompeux mal dosé, présentées en majorité sous la forme paresseuse d'interviews de Jeanne qui se contente d'asséner généralités et proverbes.
C'est, pour ne rien cacher, un livre qui m'a semblé avoir été écrit très vite par un lycéen, sans planification d'intrigue ni souci de style. On peut l'estimer parfait pour le Contemporain, parce qu'il ne réclame jamais de relire une phrase ou de considérer une pensée qui, avant de lire, ne se trouve déjà en lui. C'est un confirmateur : prêche inutile, parce qu'on peut supposer qu'à l'exception des situations singulières comme la mienne, seuls les amateurs de Ferrand, qui devinent et partagent déjà ses convictions, ont acquis ce livre, de sorte que l'auteur ne fait que pourvoir d'arguments – si médiocres ! – ceux qui défendent sa thèse et ses positions.
Il faut bien rappeler que je me désintéresse de parti politique s'agissant de critique.
Mais c'est objectivement, techniquement, philosophiquement, que ce récit est à peu près nul. Et je crois pouvoir le démontrer d'une manière qu'aucun lecteur ne saurait rendre réfutable.
D'abord, c'est un récit invraisemblable : du début à la fin, on ne croit rien de ce que la fille est parvenue à faire ; on est toujours forcé « d'admettre » et de « passer ». Même un conte devrait présenter un caractère de cohérence, mais un conte n'a pas pour cadre le monde réel : l'appellation fut certainement arrangée après coup pour excuser dans l'intrigue tout ce qui y est absurde et inapplicable.
Ensuite, c'est un récit sans une phrase, sans un travail, sans une ciselure, sans un effet, sans une construction admirable en quoi que ce soit ; ce ne sont rien que des mots alignés pour s'épargner toutes distinction, malgré l'espèce de fierté emphatique que Jeanne trouve à citer de la littérature. Peut-être ce texte impressionne-t-il par rapport à ce qui se publie de nos jours : c'est ce que j'ignore ; je sors, moi, du journal intime de Jean de Tinan, et irai après cela lire du Borges. Il me faut du nouveau ou du profond en littérature, quelque chose d'éloquent, de quoi prouver l'élaboration, un indice de grandeur. C'est, si l'on veut, mon « élitisme » ; néanmoins, personne d'attentif à la qualité d'un style ne voudra me contredire ; on dira simplement que ce n'est pas un livre « de style » ou que c'est un « livre sans ambages », un « livre sans fioritures », un « livre franc », un livre… Ferrand.
Enfin – mais c'est déjà trop –, beaucoup de facilités, d'abdications même, indiquent ce renoncement à l'art : nulle description fine (y a-t-il seulement une description ?), la psychologie méprisée, une narration grossière, résumée à grands traits, et qui ne sert qu'en transitions d'un dialogue à l'autre pour que le lecteur, sans rien visualiser, sache la progression chronologique et temporelle, dates et lieux, et c'est tout – et pour quels dialogues ? Toujours la même structure de caricature : d'imbéciles opposants outranciers, similaires et vils, aboient avec une mauvaise foi patentée contre la Jeanne qui, drapée de sa grande dignité, d'une belle noblesse de tableau, neutralise cette armée d'enfants capricieux avec du sermon à peu près généraliste, une moraline qui ne vaut guère mieux que la leur mais qui est seulement un peu mieux dite et plus longue. Positions sommaires et exagérées, et qui sont tristement celle d'un auteur de 56 ans demeuré à l'état d'enfance, malgré son goût pour des écrivains élevés : mais il faudrait prétendre un peu à y atteindre, à ces écrivains, au lieu de seulement les goûter avec déférence, dès lors qu'il s'agit d'écrire – les mériter, un peu, s'il faut abandonner à les égaler !
Ce qui manque en particulier à Ferrand, outre les facultés et, j'espère, la volonté d'être artiste, c'est de sortir des déclarations unanimes et de s'aventurer dans le domaine de l'inédit, de ce qui n'est pas déjà soutenu et appliqué dans tout le territoire politique où nous vivons, c'est-à-dire de quitter la complaisance qui, sans doute, l'a rendu célèbre : que ne voit-il pas que les opinions de Jeanne sont partagées, sont même majoritaires en France, que cependant rien ne change ; pourquoi ? Non parce que, comme il se l'imagine, il manque une « figure d'honneur » pour incarner une idéologie et susciter l'enthousiasme d'un peuple unifié et porté par une telle « Marianne inspirée », mais parce que tous ceux, tous ! qui prétendent avoir foi en ces proverbes simplistes, en ces dictons accessibles, en ces valeurs irréfléchies, sont incapables d'assumer, au premier changement venu, la dureté toute nietzschéenne de leurs conséquences… et bientôt il faudra transiger : « Oui, j'ai dit cela, mais je voulais plutôt dire : dans le respect de certaines chose… »
Quoi ? Ferrand en aurait conscience ? Il le signale d'ailleurs dans l'ouvrage ? Et Jeanne est dure, souvent ? Et elle assume parfois des positions polémiques ?
Oui, c'est juste ; et c'est bien exactement ce dont je parle : l'auteur signale la nécessité théorique ou principielle de faire passer l'effort avant le confort, il y insiste beaucoup et marque là, dans cette oeuvre, son engagement intellectuel le plus considérable… et il produit lui-même, sans s'en apercevoir, quoique indéniablement, un livre extrêmement négligé.
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Original !
Franck Ferrand utilise la trame de la trajectoire historique de Jeanne d'Arc (de 1429 à 1431) pour imaginer l'intervention, en 2023, d'une jeune fille aveugle Jeanne-Antide Autier ( "C'est la marque des aèdes, on dit qu'Homère était aveugle… Cette cécité confère à Jeanne une dimension vaguement prophétique" ), venue de Nouvelle-Calédonie (aux confins du pays comme la Sainte) pour sauver le pays en proie à tous les dérèglements et menacé de sécession. Cette trajectoire est narrée par l'amie, et ancienne conseillère du Président de l'époque, de Jeanne-Antide, 50 ans après les événements.

La nouvelle Jeanne rencontre le Président, l'aide à régler ses problèmes les plus urgents avant d'être lâchée par celui-ci et d'être livrée à la vindicte de l'Union Européenne lors d'un procès inique et à l'ostracisme des GAFAM.

L'auteur en profite pour mettre face à leurs incohérences tous les acteurs de la France d'aujourd'hui sous la forme de dialogues entre Jeanne-Antide et ces divers protagonistes.
Baby-boomers, politiciens de tous bords et conseillers, médias, Français de fraîche date, européistes, économistes, nationalistes et souverainistes, gilets jaunes (les vrais), élus locaux, pédagogues et parents d'élèves, dirigeants européens, tous se voient mis devant leurs contradictions, leurs mensonges, leurs lâchetés ayant menés la France au bord du gouffre et sommés de préférer l'effort au confort, de faire enfin preuve de "coeur et de courage" seules vertus qui permettraient de redonner à la France son aura mondiale.
On peut-être plus ou moins en accord (ou en désaccord) avec les propos que Franck Ferrand prête à Jeanne-Antide, la grande qualité de ce livre est de tous nous amener à réfléchir et à nous dire tel J. F. Kennedy : « Ne demande pas ce que ton pays peut faire pour toi, demande ce que tu peux faire pour ton pays. »
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Plus habitué à nous conter la vie de ceux et celles qui ont fait la France, Franck Ferrand nous plonge dans un futur pas si lointain avec ce "conte-roman" (flirtant avec l'essai), tant excellent que déconcertant.

Déconcertant, car nous serions tentés de deviner si les idées véhiculées par ce personnage de Jeanne-Antide (Jeanne d'Arc contemporain, on peut le dire sans divulgâcher quoi que ce soit), loin des carcans habituels du discours politique dominant sont celles de l'auteur...mais là n'est pas le propos.

Ce conte a plusieurs mérites du point de vue des idées véhiculées : la première, et pas des moindres, c'est que l'auteur (contrairement à ce que font beaucoup d'essayistes politiques (qu'il n'est pas)), donne libre cours aux différents courants d'idées (officiels et plus officieux) qui ont cours en France. En effet, il a l'art, avec beaucoup de justesse, de confronter (à chaque fois dans une forme littéraire particulière), l'idée de Jeanne-Antide avec des idées antagonistes, donnant donc naissance au débat d'idées, même au-delà du roman en lui-même.

Deuxième point positif : Franck Ferrand prend soin de n'émettre les différentes idées que dans des "dialogues" brefs composés de brèves phrases, ce qui a le mérite de rendre ces idées visibles et percutantes.

Du point de vue du récit lui-même, les amateurs de romans politiques seront comblés par les aventures de Jeanne-Antide et le destin de la France face à la "perfide UE" (référence à la "perfide Albion"). Les amateurs et connaisseurs de l'authentique Jeanne d'Arc ne s'empêcheront de voir des similitudes. Quant aux amateurs des émissions de l'auteur, eux, ils seront absolument comblés.

En résumé, un très bon roman, passionnant et bien construit dont les amateurs d'histoire, de politique...et de Franck Ferrand se délecteront.
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Une dystopie sous forme de Mémoires ? Un exercice culotté, qui m'a donné envie de lire ce roman.
L'auteur le présente comme un conte politique ; j'y vois plutôt un manifeste. Et Franck Ferrand assume le risque de développer des idées "inconfortables".
Côté écriture, le style est un bel exercice de pastiche des comptes-rendus du procès de Jeanne d'Arc mais il crée une barrière entre le lecteur et l'héroïne (que j'ai clairement eut envie de claquer à chaque page). Et coupe cet ouvrage du plus grand nombre. Dommage : les ovnis littéraires sont si rares que celui-ci mérite d'être lu, ne serait-ce que pour découvrir des types de romans différents.
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Le confinement a permis à Franck Ferrand, écrivain et animateur dans le champ audiovisuel, d'écrire L'année de Jeanne, livre qui n'ajoute rien à sa notoriété. Conte politique selon ses propres termes, il y joue de la fiction, alterne futur et présent dans un opuscule qui n'est guère qu'un divertimento léger relevant du roman et de l'essai.
Roman, parce que nous suivons les épisodes qui jalonnent la vie de l'héroïne grâce à qui la France reconquiert son indépendance et la maîtrise de son destin. Grandeur et décadence d'une fille du peuple qui n'est pas sans rappeler notre Jeanne d'Arc nationale, tant les similitudes sont évidentes, lourdement appuyées parfois par un auteur qui craint sans doute de n'être pas assez clair.
Mais c'est aussi un essai, sous forme de débat la plupart du temps, puisque l'héroïne, en quinze dialogues, s'y confronte aux différentes composantes de la société française et aux courants de pensées qui la parcourent. Radioscopie d'une certaine France où fait florès le politiquement-socialement-linguistiquement correct. Avec un appel au redressement aux accents gaulliens grâce à un pastiche digne d'un discours grandiloquent comme on n'en entend que trop.
Avec une ambiguïté certaine : y exprime-t-il ses idées ou ne sont-ce que celles de son héroïne ? Quoi qu'il en soit, on peut ne pas partager toutes les opinions d'un auteur-orateur qui pose au maître dispensant ses vérités à ses lecteurs-disciples.
Le résultat s'impose : un bon animateur ne fait pas forcément un bon écrivain.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Le policier : Lorsqu'une manifestation est interdite et qu'au lieu de faire évacuer les lieux on nous donne l'ordre de protéger des manifestants violents, porteurs de drapeaux de toutes sortes, je vous avoue que cela me perturbe. Surtout quand ça intervient une semaine après qu'on nous a obligés à disperser un rassemblement pacifique d'anciens combattants, bardés de médailles...

Jeanne : Il est vrai que la police est souvent intraitable avec les bons citoyens. C'est le signe d'un État décadent : on prie les forces de l'ordre de détourner les yeux des vrais délinquants, pour verbaliser d'autant plus le contribuable et empoisonner la vie de l'administré. Se montrer dur avec les Gilets Jaunes, doux avec les Black blocs... (p. 216)
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Je vois une foule innombrable d’hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme. Chacun d’eux, retiré à l’écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres : ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute l’espèce humaine ; quant au demeurant de ses concitoyens, il est à côté d’eux, mais il ne les voit pas ; il les touche et ne les sent point ; il n’existe qu’en lui-même et pour lui seul, et s’il lui reste encore une famille, on peut dire du moins qu’il n’a plus de patrie. » Voici les dirigeants qui conviennent à de telles natures : « Au-dessus de ceux-là s’élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l’âge viril ; mais il ne cherche, au contraire, qu’à les fixer irrévocablement dans l’enfance ; il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu’ils ne songent qu’à se réjouir. Il travaille volontiers à leur bonheur ; mais il veut en être l’unique agent et le seul arbitre ; il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leur industrie, règle leurs successions, divise leurs héritages ; que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre ? » Et la terrible conséquence de ce qui précède : « C’est ainsi que tous les jours il rend moins utile et plus rare l’emploi du libre arbitre ; qu’il renferme l’action de la volonté dans un plus petit espace, et dérobe peu à peu chaque citoyen jusqu’à l’usage de lui-même. L’égalité a préparé les hommes à toutes ces choses : elle les a disposés à les souffrir et souvent même à les regarder comme un bienfait. »
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Tu sais ce qu'avait répondu Churchill à ceux qui, en 1940, lui proposaient de rogner, au titre de l'effort de guerre, sur le budget des arts : "Sacrifier la culture...Mais alors, pourquoi nous battons-nous ?" (p. 220)
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Ne confonds pas vivre et survivre ; exister et végéter. On endort peu à peu la société à coups de précautions ; c’est devenu comme une drogue, l’équivalent pour le corps social de cette morphine que l’on donne aux malades qui souffrent trop…
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Pour autant, n'oublie jamais la politique ! Oui, Jeanne, la politique : tu sais, cette grande kermesse sombre, avec ses simulacres plus vrais que nature et son terrible cortège de fausseté. (p. 186)
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Videos de Franck Ferrand (16) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Franck Ferrand
Le 7.04.19, Franck Ferrand évoquait Chaval dans une émission consacrée à Sempé, dans "Vivement Dimanch"e (France 2).
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