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Critique de Dionysos89


Une petite voix tendre m'a dit un jour : « Tu as commencé Scott Lynch ?! Alors maintenant tu vas lire Wastburg !! » Et moi… (*ton humoristico-épique à la François Rollin*)… pauvre fou d'amour… je me suis lâchement exécuté ! M'aurait-elle commandé de lire L'Épée de Vérité de Terry Goodkind, d'une traite, seul et en deux jours, que je me serais aussitôt lancé dans la bataille !

Dans tous les cas, je peux le dire maintenant : il fait bon vivre à Wastburg !... enfin, si vous aimez la bière, la vinasse et les catins… … … Vous êtes encore là ? Parfait, moi aussi j'ai choisi mon camp. En effet, avec Wastburg, autant le dire tout de suite, Cédric Ferrand se place nettement dans la nouvelle orientation à la mode, la « crapule fantasy ». Scott Lynch en est un de ses représentants les plus connus grâce à sa magique saga des Salauds Gentilshommes, Brandon Sanderson le suit de près avec le premier tome de sa trilogie Fils-des-Brumes, Cédric Ferrand complète logiquement la liste. Il s'agit, dans un monde de fantasy, de suivre des protagonistes en lien avec la vermine criminelle, les bas-fonds les plus crasseux et le quotidien des tire-laines des plus habiles aux plus insignifiants. Tout un programme donc !
On pourrait avoir l'impression, au départ, que nous sommes devant une accumulation de petites nouvelles, sous forme de chapitres, qu'on pourrait hâtivement juger indépendantes les unes des autres, mais, au fil de ces chapitres de plus en plus longs, l'histoire se met en place et on devine plus facilement les ressorts scénaristiques habilement utilisés par l'auteur. Celui-ci semble bien souvent s'éloigner de sa trame principale en voulant détailler moult aspects significatifs du monde qu'il crée sous nos yeux ébahis ; pourtant, de digressions en digressions, le récit se fait précis, voire calculateur, et tout devient utile. Je regrette la faiblesse des scènes d'action qui, sans être rares, vont souvent trop vite et j'ai dû relire les passages les plus importants au niveau du devenir de certains personnages.
En revanche, quel style ! Qui dit « crapule fantasy » doit s'attendre à visiter des endroits guère reluisants et c'est bien le cas ici : tout est crade au possible. L'auteur n'a pas son pareil pour rendre certaines scènes descriptives totalement infectes à l'imagination (à la vue comme à l'odeur, d'ailleurs…). Certains moments sont véritablement dantesques, notamment un affrontement indescriptible au fin fond d'une maison de passes aux toilettes plus que douteuses, et dont tous les détails nous sont donnés, à la texture et au fumet près ! Bref, c'est magique !
Je crois pouvoir dire que Cédric Ferrand a réussi son pari, comme le suggérait China Miéville dans sa préface, celui de ne pas dorloter son lecteur, mais bien de le confronter aux affres de la vraie vie, joyeuse et entraînante parfois, mais souvent crade et déprimante. C'est certain, nous ne sommes pas dans un conte à la Tolkien !

Wastburg, de Cédric Ferrand, s'affiche donc comme une nouvelle preuve que la fantasy française (et/ou francophone selon si on considère cet auteur comme français, canadien ou même franco-canadien, car il a grandi en France, il me semble, mais vit désormais pleinement à Montréal) n'a rien à envier à ses homologues anglo-saxons, bien loin de là !

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