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Le premier tome d'une longue série qui retrace l'aventure coloniale française en Afrique du nord. Tout commence en 1830 par la prise d'Alger. Quinze ans Après Waterloo, il fallait bien une petite victoire à se mettre sous la dent…
Il y a beaucoup de « far west » dans cette aventure. Une affaire d'Hommes, de colonels ambitieux, de fanatiques de tous bords, et de pauvres bougres affamés venus des bas-fonds de la méditerranée. Une ruée chaotique, misérable, et sanglante. Tout comme les visages pâles des Amériques, nos pieds noirs, plein d'espoirs et de morgue, s'installent sur ces nouveaux territoires, repoussant d'un revers de main les indigènes qui vivaient là depuis toujours.
L'éternel, l'insaisissable orient… Un fantasme aussi bien pour les riches que les miséreux et les poètes. Un mirage qui se dérobe à ces assoiffés dès qu'ils pensent enfin l'atteindre.
Dans ce premier tome, le mirage en question s'appelle Djemilah. Joseph, un de ces orientalistes dont les salons parisiens raffolent, débarque à Alger en 1836. Il tombe fou amoureux de Djemilah, et accompagne l'armée française pour tenter de la rejoindre. Un amour impossible, presque contre-nature… Joseph ne cessera jamais de s'approcher d'elle avant de la perdre encore et toujours…
Nous découvrons les débuts tumultueux de la conquête française en suivant les aléas de cette fièvre amoureuse. Une conquête poussive de va-nu-pieds, sans planification, qui se fait à la « va comme je te pousse » en fonction des circonstances ou des opportunités. le rusé et impitoyable Abdelkader, que côtoiera Joseph, se prépare à sa grande guerre contre les mécréants.
Très bon premier tome, où l'on retrouve les couleurs exaltantes des orientalistes. Accompagnés de croquis, nous lisons les notes de Joseph jetées à la hâte sur un carnet. J'ai eu vraiment l'impression de suivre ce désespéré au cours de sa longue errance.
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La série « Carnets d'Orient » s'intéresse à l'Histoire de l'Algérie française. L'action de ce 1er tome prend place vers le milieu du XIXème siècle. le contexte est donc celui de la conquête, contexte qui est ici vu à travers le regard d'un peintre orientaliste. C'est une période historique, à ma connaissance, peu traitée en B.D et Ferrandez propose une oeuvre très intéressante. Si l'Histoire avec un grand H l'intéresse, il ne délaisse pas la petite histoire pour autant. Ses personnages sont vivants et on s'intéresse vraiment à ce qui leur arrive. le côté historique est traité de façon intéressante, en évitant le simplisme. Quant au dessin, il est très agréable à l'oeil et offrent un joli voyage plein de couleurs.

Ce 1er volet put se suffire à lui-même mais je vais volontiers poursuivre la lecture de cette série.
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L'Orient est une femme qui nous échappera toujours.
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Ce tome est le premier d'une série indépendante de toute autre. Il a été publié pour la première fois en 1987, après une prépublication en 1986 dans le magazine Corto Maltese. Il s'agit d'une bande dessinée en couleurs qui compte 58 planches en couleurs. Elle a été réalisée par Jacques Ferrandez, pour le scénario, les dessins, les couleurs. Ce tome a été réédité avec les quatre suivants dans Carnets d'Orient – Intégrale 1 : 1830-1954. Ce tome s'ouvre avec une introduction rédigée par Jean Daniel (1920-2020), écrivain et journaliste français, fondateur (1964), directeur et éditorialiste du Nouvel Observateur. Il loue la narration de l'auteur qui propose une chevauchée qui facilite l'explication de choses qui ne sont pas très simples.

Le 24 mai 1836. Joseph Constant ose à peine le croire, le voici en Afrique. Voilà le triangle d'Alger dit le capitaine. Forts, murailles crénelées, minarets des mosquées. El Djezaïr, comme l'appellent les Arabes. Des canots viennent à leur rencontre. Maltais, Mahonnais, Provençaux, des canailles de tous les pays du monde. Une cohue de tous les types de la Méditerranée qui s'agitent sur le débarcadère et se disputent les bagages des voyageurs en vociférant dans un langage qui est comme le détritus de toutes les langues. Rencontrer dans la réalité ce qui jusqu'alors n'a été pour lui que costumes d'opéra et dessins d'album est une des plus vives impressions qu'on puisse éprouver en voyage. Il est accueilli par Mario Puzzo, sur le quai. Celui-ci est habillé à la mode arabe. le chaouch du port Omar ben Kada se charge de trouver des porteurs pour les affaires de Joseph, à grands coups de bâton. Les deux amis quittent le port et montent dans la ville, avec une magnifique vue du port derrière eux.

Joseph Constant vient de parcourir la ville. Il est tout étourdi de ce qu'il a vu. Il a débarqué au milieu du peuple le plus étrange. Mario est bien installé. Belle maison mauresque. Il fallait être fou comme lui pour installer un cours de dessin à Alger. Il craint qu'à part quelques officiers et administrateurs français, il n'ait pas beaucoup de clients. Il craint même qu'il ne soit difficile de rapporter d'ici beaucoup de dessins de ces Maures. Il lui faut faire ses croquis au vol à cause de la mauvaise opinion qu'ils ont sur les images. Depuis son voyage à Rome, il n'avait plus revu Mario. Il semble prendre fait et cause pour ce peuple, allant jusqu'à vivre à l'orientale. On jurerait un Turc. Constant rencontre quelques officiers français dans l'atelier de son ami peintre. Il découvre que Mario a des liaisons avec la plupart des femmes d'officiers dont il fait le portrait. Un soir, Mario emmène son ami visiter la ville : d'abord un café bondé, puis une maison close, où une petite femme l'entraîne dans une alcôve. C'est un moment d'une tendresse extraordinaire pour Joseph. Quelques jours après, les deux amis partent à cheval : ils se rendent dans la plaine de Mitidja, chez un colon, un ancien officier de Napoléon. Celui-ci évoque les attaques menées par les Hadjoutes.

Même sans l'introduction de Jean Daniel, le lecteur se doute bien qu'il ne s'agit pas d'une série banale. Publier des bandes dessinées en France sur l'histoire de l'Algérie relève d'une ambition, ne serait-ce que pour la sensibilité du thème. Il veut bien croire que l'auteur ne prend pas parti et se montre impartial. Il comprend dès les premières pages qu'il s'agit d'un roman, l'histoire d'un artiste qui s'éprend d'une belle autochtone inaccessible car promise à un autre, et qui va voyager pour la retrouver, se retrouvant emporté par les événements de l'Histoire. Il apprécie incontinent la narration visuelle : descriptive, avec des traits encrés bien nets et propres sur eux, un investissement visible pour reconstituer l'époque, et une mise en couleurs de type aquarelle, très agréable à l'oeil, rehaussant le relief des vêtements, des visages, des paysages, des décors, et rendant compte des différentes ambiances lumineuses. Cela donne un récit romanesque très agréable à lire, focalisé sur les aventures d'un peintre blanc venant de la métropole française.

Bien évidemment, le lecteur n'est pas dupe : l'annonce de la neutralité du point de vue constitue une promesse fallacieuse, même si ce n'est pas fait sciemment. Aucun auteur ne peut rendre compte de la complexité de l'histoire d'un pays : il doit choisir les événements qu'il va évoquer, il doit choisir les points de vue par lesquels il va les aborder. Pour autant, il peut aussi entendre cette promesse comme la volonté de ne pas être manichéen. Avec le recul des années passées, le lecteur sait également que Jacques Ferrandez a consacré dix tomes pour la période allant de 1830 à 1962, publiés de 1987 à 2007, dont la moitié pour les années 1954 à 1962. Il sait également qu'il a déjà entamé la suite : Suites algériennes, tome 1 : 1962-2019, première partie de ces années, publié en 2021. L'auteur s'est donc investi dans cette oeuvre en la considérant comme un projet de longue durée. En effet la couleur locale ne se limite pas à des tenues vestimentaires exotiques et des balades touristiques, avec quelques termes locaux saupoudrés pour faire couleur locale. L'auteur sait utiliser le bon mot à bon escient de manière organique et le lecteur pourra éprouver l'envie de se renseigner plus avant sur des termes comme chaouch, plaine de Mitidja, les Hadjoutes, le bey de Constantine, Coulougli, la tribu des Beni Zitouna, Aïn Mahdi, les oukils (avocats fondés de pouvoir), ksar, sarouel, etc.

Bien sûr, il n'existe pas de témoin encore vivant de l'année 1836 dans cette région du globe, et la photographie n'avait pas encore été inventée. Pour autant, il est visible que l'artiste a effectué des recherches conséquentes pour pouvoir représenter avec précision et exactitude les tenues vestimentaires, les constructions d'Alger, les aménagements intérieurs. Sur ce plan, cette bande dessinée est un délice, car ses cases constituent des descriptions détaillées qui donnent à voir cette époque et ces lieux, les civils comme les militaires, les navires, les armes à feu et les armes blanches, etc. le lecteur peut se projeter en confiance dans chaque scène et prendre le temps de savourer chaque détail représenté. Il se promène au milieu de la foule dans les rues d'Alger. Il accompagne Joseph dans une maison close.il chevauche dans le désert à ses côtés, à plusieurs reprises. Il aperçoit l'intérieur d'un riche harem, et il participe à une réception donnée par le gouverneur français avec les militaires en tenue d'apparat. Il rôtit au soleil, et il grelotte de froid sous la neige. Il campe dans le désert et il séjourne dans la ville de Constantine. Il séjourne dans une geôle et il regarde Joseph peindre confortablement dans son atelier orientalisant à Paris.

L'auteur a choisi une approche romanesque pour rendre compte de la situation de l'Algérie en 1836 : la conquête du pays par la France a débuté par le débarquement de l'armée d'Afrique à Sidi-Ferruch en juin 1830, et elle s'achèvera lors de la reddition formelle de l'émir Abdelkader au duc d'Aumale, le 23 décembre 1847. Au cours de sa quête pour retrouver sa bien-aimée, Joseph Constant va apprendre l'Arabe (une idée de graphie très ingénieuse dans les phylactères), va s'habiller comme un autochtone, va devenir l'interprète particulier d'Abd el Kader (Abdelkader ibn Muhieddine, 1808-1883), puis va être considéré comme un traître par ce dernier et réintégrer l'armée française. du fait de la pagination limitée, Jacques Ferrandez doit effectivement faire des choix. Comme l'annonce l'introduction, le manichéisme n'est pas de mise : Joseph Constant est le protagoniste, mais il n'est pas un héros. Les Français ne sont pas un grand peuple civilisateur. Les Algériens ne sont pas un peuple unifié d'un seul tenant. L'auteur choisit de mettre en scène la première expédition de Constantine qui aboutit à une opération qui est un échec, en novembre 1836. Il évoque la suffisance du gouverneur français, la bêtise de certains militaires venus imposer les us et coutumes français parce qu'ayant une valeur universelle, mais aussi la férocité des Hadjoutes, les compromissions politiques de part et d'autre, les pertes en vie humaine lors des batailles militaires. La tonalité du récit n'est pas celle de la fatalité qui vient avec la connaissance après coup du déroulement de l'Histoire, plutôt celle du constat d'une situation complexe, de conflits inéluctables.

Ce premier tome se termine avec les mots de Joseph Constant : L'Orient est une femme qui tantôt s'offre, tantôt se refuse. L'Orient est une femme que nous voulons prendre et posséder en allant jusqu'au viol. L'Orient est une femme qui nous échappera toujours. Cela peut sembler une formulation un peu simpliste et romantique de la situation de ce pays à cette époque. Il faut avoir à l'esprit que cette formulation est celle du personnage, et pas le jugement de valeur de l'auteur. Ce dernier fait démarrer son récit alors que la France est bien engagée dans la conquête de l'Algérie, un territoire qui n'est pas le sien. La reconstitution historique s'avère remarquable, et la narration visuelle riche et précise. L'intrigue constitue un fil directeur permettant de voir plusieurs aspects de la situation au travers des yeux du personnage principal. le tout forme un récit d'aventures adulte, et un point d'entrée accessible pour le profane, à cette période de l'Histoire de l'Algérie.
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Au début du XIXe siècle, les jeunes conquérants rêvent tous d'Orient. C'est ainsi que le jeune peintre Joseph Constant débarque à Alger, plein de rêves exotiques. Son ami, Mario Puzzo, portraitiste de son état (dans un pays où l'image n'est pas du tout appréciée), l'attend au port et l'emmène illico visiter d'abord un bordel et ensuite le harem du Chaouch. Il y croise le regard énigmatique de la jeune Djemilah et tombe éperdument amoureux...


Disons-le tout net, l'accroche de ces carnets d'Orient ne m'a pas plu du tout. Pourquoi ? Parce que la découverte de ce pays, vu par le scénariste, commence avec les femmes. Et tant qu' à faire, avec des prostituées. Parce que bien sûr découvrir un nouveau pays (pour le mâle de l'époque, semble-t-il) passe par le découverte de la femme, avant celle du pays et de ses traditions...

Allez, messieurs, allez-y de vos commentaires : encore une féministe ? Pas du tout ! Mais avouez que commencer l'histoire de la colonisation de l'Algérie par...
- non, non, tu ne vas pas oser le dire quand même !
- Si je vais le faire parce que moi ça m'agace ce regard sur un pays.
Donc commencer une histoire par le trou du... moucharabieh est bien une idée de mec ! Romantisme ? Mon oeil oui !

Bref, la colère passée, j'ai quand même découvert le début de la colonisation de l'Algérie par la France, l'arrivée des colonisateurs très imbus d'eux-mêmes et plein d'arrogance, supposés apporter la bonne parole et proposer la bonne gestion du pays pour mettre au pas cette population de « sauvages ».
J'ai également remarqué que la rouerie fonctionnait des deux cotés, chacun essayant de défendre ses valeurs.
Enfin, le dessin ne m'a pas déplu mais j'ai surtout apprécié les couleurs aux tons sépia.

Bon, mes premiers pas sur cette terre tant convoitée semblent hésitants. Mais je compte bien dénicher d'autres lectures qui me permettront de lire une version de l'histoire moins édulcorée. Et on dit que « L'art de perdre » d'Alice Zeniter offre une belle page de ce pan d'histoire si peu connu et reconnu. Alors...
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A travers les yeux d'un jeune artiste français, nous découvrons l'Algérie des débuts de la colonisation.
Cette BD tient, par moment, du carnet de voyage avec de très belles aquarelles et c'est ce que j'ai trouvé de plus réussi dans cette BD qui ne me marquera pourtant pas plus que ça.
si le contexte, peu exploité en BD, est attractif et intéressant, l'histoire à laquelle il sert de décor n'a pas vraiment éveillé mon intérêt et m'a semblée peu originale.
Ce tome se suffit à lui même mais il existe plusieurs suites. Je ne sais pas encore si je vais me laisser prendre au non.
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Jacques Ferrandez nous propose une aventure passionnante : la lecture des dix tomes de ses "Carnets d'Orient", une oeuvre courageuse par son ambition, et disons-le dès ce premier tome : j'ai énormément appris en lisant ces dix tomes en un temps volontairement court pour ne pas perdre le fil d'une histoire terriblement complexe. le coeur de l'histoire est le drame de la colonisation en Algérie, de 1830 à 1962. Je rends hommage à l'auteur d'avoir su avec talent retracer le conflit de ses racines à son dénouement, en mettant en scène tous les acteurs du déchirement, avec le plus d'équité possible. La lecture n'est pas aisée, car les données du problème sont tellement complexes que, même arrivée à la fin, j'ai bien conscience de ne pas avoir tout compris. La réussite,et le seul moyen il me semble d'appréhender cette histoire dont chacun a déjà sa vision tant elle fait partie de nos vies (et notamment de la mienne, puisque je suis méditerranéenne), est de mettre en parallèle la "grande" et la "petite" histoire. Ainsi, c'est une saga que nous offre Jacques Ferrandez, des histoires de familles, avec des personnages attachants, ambigus, des histoires d'amour, à travers des couples plus ou moins classiques, et surtout une histoire de guerre, et qui dit guerre dit absurde, tant l'on finit par se dire que la race humaine n'évolue jamais, dans sa soif de possession, son orgueil démesuré, son obsession communautaire... Cette histoire m'a profondément déprimée, d'autant que j'ai la particularité (le défaut pour certains) de n'avoir jamais eu le désir de possession de quoi que ce soit, terre, maison, personne, animal, de ne m'être jamais sentie enracinée si ce n'est dans un élément liquide, la méditerranée justement, ni affiliée à quelque communauté que ce soit. Mais je crois que je suis comme les autres, puisque ce fait n'est pas un choix mais le résultat de mon arbre généalogique éclaté, de géniteurs inconnus, de cette multitude de composantes qui me dépassent. Tout juste ai-je au moins l'illusion d'en être consciente et d'essayer de ne pas revendiquer une légitimité imbécile. Car, arrivée au bout des dix tomes, j'ai pensé à la fin du film "La règle du jeu" de Jean Renoir, "Le problème, c'est que tout le monde a ses raisons". Pour finir et avant de commenter chaque tome, je pense bien sûr à Camus, au silence de Camus qui lui a été tant reproché, Camus présent dans l'oeuvre de Ferrandez comme un repère pour chacun des protagonistes du conflit : ce silence dénoncé comme une marque de lâcheté fut sûrement davantage le silence d'un homme impuissant et meurtri s'interdisant de condamner les uns ou les autres, pour trop bien les comprendre. le silence de Camus résonne comme une interrogation que tout homme devrait se poser avant d'émettre tout jugement, et me paraît d'une actualité aveuglante en nos temps de "petites phrases", "commentaires", "buzz". Rien n'a changé, chacun manipule comme chacun est manipulé, tout le monde veut sa petite reconnaissance et sa part du gâteau, chacun est tour à tour bourreau ou victime. Se taire est peut-être le seul moyen d'arrêter un instant le temps qui passe pour tout le monde, de prendre le temps de regarder la terre algérienne d'une beauté pérenne et inaccessible, cette terre qui restera quand les générations de combattants y seront tous réduits en poussière. L'homme meurt de se croire immortel.
Dans ce premier tome, nous faisons la connaissance d'un peintre Orientaliste, Joseph Constant, débarquant en 1836 sur une terre algérienne qui va l'ensorceler peu à peu, à l'image d'une jeune et sensuelle Djémilah dont il tombe amoureux passionnément. Djémilah est l'Algérie, mystérieuse, belle, envoutante, dangereuse aussi. Cet amour fantasmé, symbolisé par un tableau qui va se transmettre de générations en générations puis de carnets, fil rouge des dix tomes, sera aussi l'illustration des racines du conflit. Déjà sont présentes les humiliations, la notion d'"exotisme", mais aussi le mélanges des langues, les expressions qui s'interpénètrent, le poids des religions...
Il faut un peu s'accrocher pour suivre le récit un peu trop didactique, tant les données présentées sont nombreuses, les références historiques pas très connues, du moins par moi. le dessin de Ferrandez est foisonnant, les couleurs chatoyantes, et les paysages sont ses tableaux les plus beaux. Les hommes ne feront jamais le poids face à la nature.
Lien : http://parures-de-petitebijo..
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Djemilah est le début de la saga fleuve de deux cycles de 5 albums que le pied-noir Jacques Ferrandez a consacré à son pays d'origine.
Un artiste qui compte parmi les rares vivants (à ma connaissance, avec Gibrat, Jarbinet et Tardi) à faire absolument tout... seul. Scénario, dessin, couleur. Rien que cela mérite un sacré coup de chapeau, même si, il faut être honnête, Ferrandez n'a sans doute pas le coup de crayon d'un Jarbinet ou d'un Gibrat, mais pour donner le change, c'est un immense conteur d'histoire(s).
J'ai eu le privilège de le rencontrer l'an dernier : un homme d'une grande gentillesse et d'une grande simplicité, qui pour ainsi dire aurait presque rougi à mes compliments. Vraiment, on peut être connu et sympa, tout d'ailleurs comme on peut être inconnu et un vrai c..., mais je m'égare sans doute.
Nous voici donc contée l'histoire de Joseph Constant, un peintre qui vient en Algérie nouvellement colonisée pour trouver l'inspiration, mais qui y trouve surtout le choc culturel, au point de décider de rentrer en France... Sauf que juste avant d'embarquer, vlà t'y pas que ce diable de Cupidon lui tire une flèche en plein coeur. Djemilah est le nom de la belle, mais notre joli coeur n'a pas choisi la simplicité : la donzelle est enfermée dans un harem, donc pas touche. Et comme l'amour nous fait parfois faire des choses un peu folles, Constant va s'arabiser, et même devenir le confident de l'Émir Abd el Kader, premier résistant d'envergure aux colons français, pour pouvoir poursuivre son idylle.
Une belle histoire, donc, qui parvient à nous faire bien souvent oublier certaines perspectives un peu approximatives, ainsi qu'un lettrage et des messages manuscrits parfois un peu "pattes de mouches".
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1836 en Algérie. Les débuts de la colonisation. Les troupes françaises chassent peu à peu les Turcs. Les peintres arrivent pour s'imprégner d'orientalisme. Parmi eux, Jacques Constant qui retrouve Mario Puzzo, peintre également. Il peint surtout des portraits. Ceux des soldats, des officiers, de leurs femmes aussi. Il donne des cours. Il va initier Jacques Constant aux beautés de l'Algérie.

Pour Jacques, les beautés, ce sont les paysages, les détours d'un rocher, le soleil, cette luminosité que les orientalistes vont venir chercher en Algérie.

Mais Jacques va aussi tomber amoureux de Djemilah. Hélas, elle est promise à un autre. Elle fait partie d'un harem. Jacques va alors apprendre l'arabe. Il va passer d'un camp à un autre. Tantôt français. Tantôt avec l'émir. Tantôt avec Abd El Kadr, chantre de la résistance algérienne. Il participe aux avancées de l'armée française, déjà aux prises avec la résistance des populations. de batailles en emprisonnement, Jacques Constant rêve son Algérie en pensant à Djemila.

On notera que c'est un peu tôt pour l'orientalisme, qui est plus souvent situé dans la seconde moitié du XIXè siècle. Jacques Constant, qui illustre la couverture, n'a pas existé, du moins pas à cette période. Il est calqué sur François Jean Baptiste Benjamin Constant, peintre orientaliste né en 1845 et qui s'établira quelques fois à Tanger au Maroc.

La BD ne parle en fait pas de peinture, même si on a droit régulièrement à des dessins comme s'ils étaient réalisés par Jacques Constant. Mais la BD parle de la construction de l'Algérie, de son développement. Ce tome n'étant que le premier d'une série.

La BD est très classique dans sa conception. le dessin évolue à mi-chemin entre Corentin de Paul Cuvelier et Corto Maltese de Prat.
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Joseph est un jeune peintre qui suit les troupes françaises en Algérie. Il souhaite pouvoir peindre - tout comme Delacroix - l'intérieur des maisons et va rencontrer Djemila, tomber amoureux de la jeune femme et de ce pays.
Des personnages touchants, c'est le premier tome d'une véritable saga qui raconte avec simplicité la conquête de l'Algérie, l'installation des colons et les "troubles intérieurs" post seconde guerre mondiales. de beaux personnages plein d'humanité. Des dessins précis, parfois un peu rigide mais riche et plein de vie.
C'est une très belle histoire, avec un auteur impliqué mais qui essaie de rester objectif malgré tout.
A lire.
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Cette première partie de l'intégrale des carnets d'orient reprend les cinq premiers volumes de la série, chacun préfacé par un amoureux de l'Algérie.
Pour le premier tome ce sera Jean Daniel, issu d'une famille berbère judaïsée de Blida en Algérie, créateur et directeur du Nouvel Observateur.
Nous découvrons avec Joseph Constant le triangle d'Alger le 24 mai 1836 …
La situation est confuse … Les français ont chassé les turcs … ils ont favorisé l'émancipation des arabes … la cohabitation s'annonce difficile … deux mondes vont s'affronter … « un esclave croyant est mieux qu'un incrédule libre » … L'émir a signé la paix pour préparer la guerre sainte.
La rencontre entre Joseph devenu temporairement Youssef et l'Algérie est une belle histoire d'un amour meurtri … Les émigrants arrivent … « ils vont aimer ce pays, non pour ce qu'il est, mais parce qu'ils y apportent leurs rêves » …
Nous quitterons l'album le 24 mai 1846 … « l'orient est une femme … ».
Le scénario écrit avec détail les événements de ces années …
Les dessins reflètent à la perfection les hommes et les lieux nous immergeant dans ces contrées …
À suivre le tome 2 « L'année de feu ».
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