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Carnets d'Orient tome 4 sur 10
EAN : 9782203388604
78 pages
Casterman (01/01/1994)
4.08/5   51 notes
Résumé :

La bande dessinée historique puise plus volontiers ses thèmes dans un lointain passé, peuplé de chevaliers et de princesses, que dans les brûlures de notre histoire contemporaine.

Jacques Ferrandez, fils et petit-fils de pieds-noirs, a lui entrepris, en 1987, de brosser une grande fresque de la colonisation en Algérie.

Les Carnets d'Orient, premier tome du cycle romanesque, se situaient dans les années 1830, à l'époque de la co... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Ces fêtes sont une insulte aux indigènes.
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Ce tome fait suite à Carnets d'Orient, tome 3 : Les fils du sud (1992). Il a été publié pour la première fois en 1994, après une prépublication la même année dans le magazine Corto Maltese. Il s'agit d'une bande dessinée en couleurs qui compte 63 planches en couleurs. Elle a été réalisée par Jacques Ferrandez, pour le scénario, les dessins, les couleurs. Ce tome a été réédité dans Carnets d'Orient – Intégrale 1 : 1830-1954. Ce tome s'ouvre avec une introduction rédigée par Benjamin Stora (1950-). Il évoque les festivités du centenaire glorifiant la conquête militaire et plus encore l'oeuvre coloniale. Il explique que les aspects sanglants, terribles de la conquête comme les enfumages de populations indigènes en 1845, sont soigneusement gommés dans cette célébration, ou, au mieux, minimisés. Il évoque l'accroissement de l'écart entre les secteurs de l'économie algérienne, le secteur moderne presque en totalité européen, et le secteur musulman traditionnaliste, marginalisé, et en déclin constant. Il conclut sur le refus de la citoyenneté pleine et la déception de la francisation dont naîtront les premiers courants nationalistes algériens.

Le 27 mars 1930, Paul est de retour à Alger et il parcourt les rues de la ville pour s'y réacclimater. Il y a des sensations qu'il n'éprouve qu'ici. Ça ne sent ni l'ambre, ni le jasmin, encore moins la rose. Plutôt la friture, les beignets de sardine, ou les gâteaux au miel, le poivre, les épices… Alors qu'il avance dans les rues et qu'il passe d'un quartier à l'autre, les odeurs changent. le fumier… L'égout… L'Algérie de quand il était petit, elle n'a pas tellement changé. Tiens, voilà qu'il reprend l'accent. Quand il était petit, il croyait que c'étaient les Français de France qui avaient un accent. Comme cet instituteur qui leur faisait la classe et qui voulait qu'ils parlent pointu. En arrivant en métropole, il y a des mois, il a fallu qu'il réapprenne à prononcer. Depuis la fin de la guerre, il vit à Paris.

Encore presque enfant, c'est sous l'uniforme des zouaves que Paul a vraiment connu ces rues. Il arrive dans le quartier chaud, le quartier des filles, la rue Kataroudjil, la rue Barberousse… Il se souvient de Naïma. À la fin des permissions, avant de retourner au front, il refaisait toujours un tour dans sa rue. Elle lui avait expliqué qu'elle avait fui un vieux mari qui lui avait été imposé et qui la battait. de son côté, dans propriété, Casimir termine ses ablutions matinales dans la salle de bain luxueuse de sa riche demeure de propriétaire. Il passe dire au revoir à sa femme Noémie lui indiquant qu'il part pour Alger, pour aller chercher son frère Paul et y passer quelques jours. En sortant, il dit également au revoir à son fils Octave. Puis il monte dans son automobile qu'il conduit lui-même pour faire la route.

Après un troisième tome extraordinaire, l'horizon d'attente du lecteur est assez élevé : il compte bien voyager dans différents endroits de l'Algérie, percevoir les éléments historiques, et s'attacher à des personnages aussi agréables que l'a été le jeune Paul de son enfance à l'âge adulte. Il est donc plutôt satisfait de le retrouver, ayant entamé la trentaine, étant devenu un journaliste pour un quotidien de Paris, en métropole. Il est devenu un bel homme, habillé avec élégance sans luxe ostentatoire, habité par des convictions humanistes, prenant leur source dans son éducation républicaine, et dans la société multiculturelle où il a grandi, parmi les pieds-noirs, les Espagnols, les Italiens, les Maltais, les Arabes et les Juifs, sans oublier quelques noirs africains. Paul commence par passer trois jours à déambuler dans les rues d'Alger pour raviver ses souvenirs, puis son frère arrive pour l'emmener dans différents congrès, puis dans son exploitation viticole, avant qu'il ne poursuive son périple dans le pays.

À la lecture, il apparaît possible de commencer cette série par ce tome, en emboîtant le pas à cet homme, avec la sensation qu'il y a parfois un historique de certaines relations, mais sans que cela n'obère les émotions ou la compréhension. le lecteur présent depuis le début voit se construire très progressivement une forme de saga familiale au sens large. L'auteur ne joue pas sur des liens complexes avec des répercussions à l'échelle de quatre ou cinq générations : il tire parti d'avoir des personnages qui sont le témoin de l'évolution de l'Algérie sur plusieurs années, ou de faire ressortir à ladite évolution par comparaison avec la situation d'un personnage d'un tome précédent. C'est ainsi que Paul apparaît bien éloigné du voyage aventureux et romantique du peintre Joseph Constant. de même les retrouvailles de Paul avec son frère, avec ses parents, avec son ancienne institutrice, avec le capitaine Broussaud produisent un effet de mise en perspective, de la manière dont les intentions d'apporter la civilisation se sont concrétisées à l'épreuve de la réalité. D'un côté, le lecteur peut estimer que ce dispositif romanesque ressort un peu trop, à la fois un mécanisme apparent, à la fois une forme du roman un peu datée avec des amours contrariés, un secret de famille, une rivalité latente entre frères, une séquelle physique subie lors de la guerre et considérée comme honteuse, etc. Dans le même temps, cette forme correspond aux caractéristiques des romans de l'époque et les personnages présentent une réelle épaisseur : Paul avec sa colère contre l'exploitation des Algériens, Casimir et sa façon de compenser, Octave et sa naïveté confiante, Estelle et sa jeunesse nourrie par deux traditions culturelles, Noémie et son pragmatisme quant à ce qu'elle peut espérer comme position sociale en tant que femme, etc.

Paul est de retour dans son pays natal, en tant que arrière-petit-fils de colon. Il retourne dans les lieux de son enfance, avec maintenant un regard d'adulte, capable de percevoir les changements, avec d'autant plus d'écarts que ses souvenirs sont teintés par les émotions de l'enfant qu'il était. le lecteur présent depuis le début de la série peut lui-même faire la comparaison avec les lieux d'Algérie représentés dans différents tomes. Les images de l'artiste gagnent en sensibilité et en diversité à chaque fois. La page d'ouverture comprend deux cases de la largeur de la planche : une vue générale en élévation d'Alger depuis le port, puis une vue de la Grande Mosquée (Djamaâ el Kebir), avec une élévation moins importante. le lecteur mesure l'ampleur du développement de la population et l'urbanisme depuis 1830. Paul déambule ensuite dans les rues de la Casbah, la Médina, quartier historique d'Alger. le dessinateur mêle des traits encrés de contour très fin, avec une mise en couleur à l'aquarelle, et quelques cases en couleur directe pour figurer le ressenti émotionnel du personnage. Ce passage constitue à la fois une visite touristique, et à la fois un regard personnel sur les lieux. Il en va de même pour les autres environnements : la magnifique demeure de Casimir et de son épouse Noémie, riches propriétaires viticoles, les vignes, le désert, ou plutôt les différentes zones désertiques, les lieux de réunion pour les congrès, une petite ville au bord de la mer, la voie de chemin de fer dans la campagne, la maison des parents de Paul & Casimir, calfeutrée pendant une nuit de simoun, le port d'Alger. le récit passe par Alger, Tipaza (ville côtière située à 61 km à l'ouest d'Alger), de Tizi à Mascara, Beni Ounif, Figuig (au Maroc). À nouveau, le lecteur prend un grand plaisir à ainsi pouvoir observer l'Algérie par les yeux des personnages, de l'auteur, en se rendant compte qu'il en voit également l'évolution. Ferrandez intègre avec parcimonie des éléments d'archive. Dans le tome précédent, il s'agissait de pages du catalogue d'armes et cycles De Saint Étienne. Dans le celui-ci, il en dispose sur la page de titre de chacun des six chapitres : des cartes postales, des horaires des bateaux, des pages d'un guide touristique, une carte des chemins de fer de l'Algérie, le plan et le guide de la Kasbah, un guide Conty.

Comme dans les tomes précédents, les éléments culturels spécifiques à ce pays s'intègrent de manière organique au récit : la Casbah d'Alger, les gâteaux au miel, Les Nouvelles Illustrées, une loubia (plat à base de gros haricots blancs), les ciris (enfants cireurs de chaussure à Alger), le simoun, l'Amenokal du Hoggar, etc. L'objectif du personnage principal est de rédiger un article sur la situation de l'Algérie, à l'occasion du centenaire de l'Algérie. Comme dans les tomes précédents, l'auteur se tient à son choix de présenter la situation du point de vue d'un Français, sans Algérien qui n'expose son avis. du fait de son histoire personnelle, avoir grandi en tant qu'enfant dans une école publique en Algérie accueillant tous les enfants indépendamment de leur origine, les inclinations de Paul intègrent la notion d'égalité et de fraternité. Il en découle que les inégalités lui sautent aux yeux, ainsi que la manière dont les Français blancs se sont accaparé les appareils de production et dominent l'économie, en profitant de la main d'oeuvre bon marché des autochtones. Il s'en suit un récit à charge dans lequel l'humanisme et ses bonnes intentions ont été supplantés par la réalité systémique du capitalisme qui renforce la position dominante de la nation colonisatrice, ayant fait disparaître toute intention d'accompagner un peuple vers l'autonomie. le point de vue de Paul et donc du récit est explicitement orienté : la plupart de ses interlocuteurs tiennent cet état de fait pour normal et répondent qu'ils ont permis au progrès de se diffuser, qu'ils ont participé ou réalisé des aménagements communautaires, sans en avoir l'obligation. Quelques autres continuent d'oeuvrer pour le bien commun, telle une institutrice, et d'autres enfin sont étreints de la culpabilité d'avoir participé à cette oeuvre de colonisation. La narration est à charge, parfois un peu appuyée (Paul vomissant littéralement après avoir constaté l'institutionnalisation de l'exploitation du peuple algérien), parfois subtile que ce soit l'instituteur algérien insulté par des métropolitains, ou en arrière-plan la condition féminine (avec cette phrase terrible d'Estelle : la tchiquette promise à la puberté des jeunes garçons).

Un personnage revient au pays après plusieurs années passées à Paris. Il dispose du recul nécessaire pour constater que le centenaire de l'Algérie est une mascarade, une opération de communication menée par le gouvernement et les capitalistes pour défendre leur vision du rapport colonial et leurs profits. le récit est à charge, ce qui n'obère pas la pertinence des propos, n'empêche pas des passages subtils, et une narration visuelle d'une richesse réelle sans être ostentatoire, avec un regard amoureux de l'Algérie. Extraordinaire.
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J'avais été enthousiasmée par la subtilité et la finesse des précédents volets, ce 4ème tome est une grande déception. le récit prend place au moment du centenaire de l'Algérie française et nous retrouvons Paul qui est devenu journaliste et qui couvre l'événement. Comme le contexte choisi le laisse deviner, ce tome est plus politique que les précédents. Hélas, j'ai trouvé que le récit était trop souvent caricatural. En gros, tous les français d'Algérie sont des gros cons qui méprisent les autochtones. Je trouve que cette vision manque cruellement de nuances. Il n'y a guère que Paul qui porte un regard différent sur les arabes. Mais le problème c'est que ce personnage est d'une fadeur inouïe. Il ne transmet aucune émotion. Comme le reste du récit d'ailleurs qui à force de se vouloir plus politique oublie de raconter une histoire, ou en tout cas la raconte mal. « le centenaire » m'a semblé totalement désincarné, sans réels personnages, sans enjeux intimes. Cela conviendrait à une B.D documentaire mais « Carnets d'orient » est une fiction historique.

Je lirai tout de même le 5ème tome mais si celui-ci est autant dénué d'émotions et aussi caricatural, je n'irai pas au-delà.
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1930. Pour les festivités du centenaire de "l'Algérie française", Paul, le fils du chef de gare, déjà héros du tome précédent qui racontait son enfance et son adolescence, est de retour sur ses terres natales en tant qu'envoyé spécial de son journal métropolitain.
Il va y retrouver son frère et ses anciens amis, en tout cas ceux que la première guerre mondiale a épargnés.
Si j'ai trouvé que ce quatrième tome souffrait du même problème que le précédent, à savoir un manque d'enjeu scénaristique, avec ce choix de rester dans la chronique du quotidien, il faut avouer que Ferrandez dépeint fort bien – et finement – l'arrogance du colon, les spoliations des Arabes, ainsi que le ressentiment qui en résulte.
On ouvre les yeux en même temps que le journaliste sur ces abus, et cela préfigure déjà les événements qui surviendront 25 ans après, sans que les autorités les aient vraiment vus venir, par le biais d'un aveuglement coupable symbolisé ici par le refus du journal de Paul de publier les articles tels qu'il les a écrits.
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Cette première partie de l'intégrale des carnets d'orient reprend les cinq premiers volumes de la série, chacun préfacé par un amoureux de l'Algérie.
Pour le quatrième tome ce sera Benjamin Stora, qui a grandi dans la communauté juive de Constantine où il a assisté à la guerre d'Algérie, exilé en France métropolitaine, ses recherches ont porté sur l'histoire de l'Algérie et sur la guerre et plus largement sur l'histoire du Maghreb contemporain, sur l'empire colonial français et l'immigration en France. Il nous rappelle ce qu'était « l'autre France ».
Le grand père de Jacques Ferrandez, Paul a toujours la parole, l'auteur évoque ses souvenirs familiaux.
Nous sommes à Alger en mars 1930, les fils du sud sont revenus mais la guerre a éparpillé leurs vies, Paul est devenu un journaliste parisien, il revient en Algérie pour couvrir les fêtes du centenaire.
Il veut décrire ce qu'il voit mais on lui suggère de regarder du bon côté.
Nous suivrons les cérémonies dans les différents lieux emblématiques visités par le cortège officiel où se pressent tous les profiteurs désireux d'être remarqués là où il faut être !
Nous quittons Paul sur les quais d'Alger avec des promesses de retour vers Noémie et Estelle … mais surtout un pays où il veut découvrir le vrai visage de ce qu'est devenu l'Algérie.
Le scénario devient beaucoup plus personnel, il ne nous raconte plus l'Histoire avec un grand H de deux pays où les tensions montent mais une histoire familiale avec ses amours et ses secrets …
La mise en couleur reflètent à la fois une atmosphère et un climat qui nous transporte de l'autre côté de la Méditerranée…
La précision et l'esthétisme des dessins est toujours un régal pour les yeux …
Direction le tome 5 … « le cimetière des princesses ».
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Le Centenaire raconte l'histoire controversée du centième anniversaire de la conquête de l'Algérie. Paul, qui depuis la fin de la Grande Guerre, vit à Paris, retourne pour la première à Alger. Il y retrouve l'ambiance de son enfance avant de retrouver son frère Casimir. Tous deux ont choisi une voie différente. Casimir, grâce à son mariage avec Noémie, est devenu un riche exploitant agricole vivant de l'opulence des revenus qu'il en retire. Paul lui, est devenu journaliste. du fait d'être originaire d'Algérie, il est envoyé depuis Paris pour couvrir les célébrations du centenaire. Ses traits mais aussi son caractère nous rappelle ceux d'Albert Camus qui lui est contemporain et, comme lui, est journaliste et défenseur d'une Algérie française plus tolérante envers les indigènes. On retrouve dans cet album les personnages du précédent. Tous ont pris des chemins différents et tous, désormais adultes, ont des rapports différents avec l'Algérie qui les a vue grandir. Aujourd'hui maître de leur destinée et acteur d'une Algérie que nulle désormais ne conteste d'être française, c'est dans les rapports qu'ils entretiennent avec les indigènes qu'on perçoit, bien plus encore les conflits à venir. Au-delà de la grande histoire, c'est également l'histoire de ces deux frères que tout sépare et que le secret entretient.
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Encore presque enfant, c’est sous l’uniforme des zouaves que j’ai vraiment connu ces rues. Le quartier chaud, le quartier des filles. La rue Katarouddjil, la rue Barberousse… Naïma… À la fin des permissions, avant de retourner au front, je refaisais toujours un tour dans sa rue. Elle était jeune, elle était saine et ferme comme un fruit. – Mon père, tu comprends, il a encore trois autres filles, il se débarrasse comme il peut. Il m’a mariée quand j’avais 13 ans à un vieux moche que j’avais jamais vu avant. Il me donnait des coups tout le temps. Alors un matin, j’ai fait la valise et je suis venues ici. Et voilà. Mais maintenant, je peux plus bouger d’ici. Si mes frères, ils savent ce que je fais, ils me cassent la tête.
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Me revoilà à Alger. Il y a des sensations que je n’éprouve qu’ici. La vibration de l’air, les sons qui se bousculent, le mélange des odeurs. Ça ne sent ni l’ambre, ni le jasmin, encore moins la rose. Plutôt la friture, les beignets de sardine, ou les gâteaux au miel, le poivre, les épices… Le fumier, l’égout… L’Algérie de quand j’étais petit, elle n’a pas tellement changé. Tiens, voilà que je reprends l’accent. Quand j’étais petit, je croyais que c’étaient les Français de France qui avaient un accent. Comme cet instituteur qui leur faisait la classe et qui voulait qu’on parle pointu. En arrivant en métropole, il y a des mois, il a fallu réapprendre à prononcer. Jaune, rose… Depuis la fin de la guerre, je vis là-bas, mais c’est quand je reviens ici que je sais que j’ai changé. La guerre a éparpillé nos vies.
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- Quand avez-vous connu l’Algérie pour la première fois ?
- En 1856, à 26 ans. Jeune officier, j’ai tout de suite aimé ce pays. J’ai voulu mieux e connaître la langue, la population, les mœurs. Je suis entré aux bureaux arabes. Même dans l’armée, il y avait déjà deux types d’hommes. D’un côté les amoureux du pays qui pensaient que nous pouvions apporter à la population le progrès et la civilisation. Et de l’autre, ceux pour qui le pays était un moyen de satisfaire les ambitions, le goût du pouvoir et de l’argent. Tout était possible à l’époque. […] En 1871, après le soulèvement de la Kabylie. Je me suis rendu compte que nous étions en train de faire aux populations ce que les prussiens nous avaient fait pendant la guerre de 1870. C’est là que j’ai compris que pour garder ma dignité de français et de soldat, je ne pouvais plus rester dans cette armée. Ce pays s’est construit comme s’il y avait eu une volonté secrète d’en exclure ses propres habitants.
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- Ici, en France Métropolitaine on connaît mal la question coloniale et il serait bon qu'un natif de là-bas comme vous puisse éclairer notre lanterne...Mais, attention, souvenez-vous que vos articles doivent être à la mesure de l'oeuvre coloniale française.
- Je décrirai ce que je verrai.
- Eh bien tachez de regarder du bon côté !
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Le centenaire de l’Algérie française – Quelle tâche plus belle et plus instructive que de célébrer le centenaire de l’Algérie, et d’évoquer avec émotion les souvenirs et les promesses de ces cent ans de présence française ? Nous allons, dans ces colonnes, pendant les quelques semaines de la commémoration, contempler la grandeur des résultats obtenus sur cette terre aux visages multiples, empreinte de grandeur et de beauté, tantôt souriante, tantôt austère. Le lendemain de la conquête, nous avons trouvé d’un bout à l’autre de l’Algérie, l’ignorance, la misère et l’anarchie, dans un pays où les tribus étaient périodiquement décimées par les épidémies, les famines, et les luttes intestines.
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Vidéo de Jacques Ferrandez
À l'occasion de la 33ème édition du festival "Etonnants voyageurs" à Saint-Malo, Jacques Ferrandez vous présente son ouvrage "Suites algériennes : 1962-2019. Vol. 2. Seconde partie" aux éditions Casterman.
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