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3,4

sur 1408 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dans le quartier de Rione Alto, Giovanna, à 12 ans, est une enfant choyée et aimée par des parents cultivés, au coeur d'un foyer bienveillant. Elle est professeure de latin grec et correctrice de romans à l'eau de rose, lui est professeur d'histoire et de philosophie. Ce dernier ne cesse d'ailleurs, depuis des années et sans raison aucune, de la complimenter sur tout et sur rien. Mais lorsque la jeune fille commence à avoir des difficultés à l'école, elle les surprend en pleine conversation et entend, notamment, des mots prononcés à mi-voix par son père, "elle est en train de prendre les traits de Vittoria". Une tante laide avec qui ses parents n'entretiennent plus aucune relation depuis des années. Pour Giovanna, ces mots blessants deviennent une obsession et elle n'a plus qu'une idée en tête, aller voir à quoi ressemble Zia Vittoria. À travers cette quête, elle va découvrir un autre monde mais aussi, grâce à cette dernière, regarder et considérer ses parents autrement...

Une phrase anodine entendue au détour d'une conversation, une phrase lourde de sens et non sans conséquence... "Laide", un mot brutal, qui plus est, prononcé par son père et à un âge où l'on est plus que jamais sensible. Giovanna veut à tout prix se rendre compte par elle-même si elle ressemble effectivement à Vittoria. Une rencontre qui va bouleverser la jeune fille et lui faire entrevoir une autre facette de ses parents mais aussi de son foyer et du monde. Un monde empreint de mensonges, d'hypocrisie, de secrets depuis longtemps cachés, de haine, d'amours contrariées... C'est dans ce contexte que Giovanna va peu à peu chercher à comprendre d'où elle vient et qui elle est, au contact de femmes excentriques ou soumises, de jeunes hommes, voyous pour certains. Une galerie de personnages riche et hétéroclite. Avec une écriture directe, Elena Ferrante traite, avec force, émotions et une grande finesse psychologique, l'adolescence et ses états d'âme, l'émancipation, l'image de soi... dans une société marquée par les rapports de classe. Un roman bercé de désillusions et d'espérances...
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Certains auteurs ont une imagination foisonnante dont jaillissent des univers, des créatures, des péripéties qui nous laissent abasourdis. Avec Elena Ferrante, c'est un peu le contraire : si je suis tout aussi abasourdie, c'est par sa capacité à construire une intrigue captivante à partir de ce qui pourrait sembler presque rien, grâce à sa capacité à entrer au plus profond de la psychologie de ses personnages.

Dans les beaux quartiers de Naples, une jeune fille à l'aube de la puberté surprend une phrase de son père qui souligne sa ressemblance avec Vittoria, la tante si mauvaise, si hideuse que tous les ponts ont été rompus avec elle. Cette remarque déclenche chez la protagoniste un flot de pensées dévastatrices, lève brutalement un voile, vient fissurer le monde enchanté de son enfance en lui montrant à quel point il change lorsqu'on l'éclaire différemment. Avide de tirer cette affaire au clair, elle décide de se faire sa propre idée sur la tante honnie…

Il ne m'en a pas fallu plus pour m'accrocher irrésistiblement aux pages de ce roman que j'ai dévoré presque d'un trait. Évidemment, j'ai brûlé, comme la narratrice, de connaître Vittoria et de savoir ce que celle-ci nous révèlerait des parents de Giovanna – dont la duplicité est suggérée dès les toutes premières pages. Une rencontre avec une femme, un autre milieu social qui brouille son petit monde bien ordonné et provoque des réactions en chaîne. À moins que tout cela n'agisse que comme un révélateur de forces qui étaient déjà à l'oeuvre chez Giovanna et ses parents ? Au fil des pages, on se rend compte que le coeur de l'intrigue a moins trait à la part de mystère qui baigne les adultes qu'à l'âge de l'adolescence – sa fragilité, son ébullition, ses questionnements douloureux et exaltants, ses révélations sur la vie et l'amour. Et le poids des mots qui créent des faits dans un monde confus et face auxquels la jeune fille en construction qu'est Giovanna se sent vulnérable : « Je suis fatiguée d'être exposée aux mots des autres. J'ai besoin de savoir ce que je suis vraiment et quelle personne je peux devenir. »

Ce caractère mouvant de l'intrigue va de pair avec une fin très ouverte qui m'a un peu frustrée. Mais je dois bien reconnaître que Elena Ferrante nous avait prévenus dès la première page : « Tout est resté figé – les lieux de Naples, la lumière bleutée d'un mois de février glacial, ces mots. En revanche, moi je n'ai fait que glisser, et je glisse aujourd'hui encore à l'intérieur de ces lignes qui veulent me donner une histoire, alors qu'en réalité je ne suis rien, rien qui soit vraiment à moi, rien qui ait vraiment commencé ou vraiment abouti : je ne suis qu'un écheveau emmêlé dont personne ne sait, pas même celle qui écrit en ce moment, s'il contient le juste fil d'un récit, ou si tout n'est que douleur confuse, sans rédemption possible. »

Un roman fort qui vit, de nouveau, de ces portraits de femmes si vivants qu'ils continuent à nous hanter une fois le livre refermé.
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«  Je n'ai fait que glisser ,et je glisse aujourd'hui encore à l'intérieur de ces lignes qui veulent me donner une histoire alors qu'en réalité je ne suis rien »

Extrait significatif du tout début de ce livre prenant , un écheveau emmêlé à dessein où tout n'est que douleur confuse, cyclone intérieur , sans rédemption possible où Giovanna, fille unique d'un couple de professeurs , qui vivait une enfance heureuse va voir sa vie bouleversée l'année de ses douze ans.

Eh oui! elle se croyait belle avec ses cheveux lumineux et doux , ———soudain , après une conversation étouffée pour rester basse——elle apprend par la voix de son père qu'elle était comme sa soeur Vittoria : «  Elle alliait à la perfection laideur et propension au mal » ...
Elle se sent frémir de honte, elle qui portait des vêtements roses comme l'aurore , subitement tout se désagrège , plus de notes brillantes à l'école , c'est la dégringolade et la désinvolture .

Voilà Giovanna prise entre deux classes sociales ——celle de ses parents universitaires —- et celle des origines de son père ——-populaire dans les quartiers très pauvres de Naples .....
Elle va chercher sans fin —- auprès de sa tante Vittoria , brouillée, avec ses parents, son père surtout , depuis avant sa naissance , une femme brutale, libre et blessée, dotée d'un franc parler propre aux êtres abîmés par une colère constante, personnalité dure, toxique, maléfique , en couple avec la femme de son amant défunt ...

Un livre fulgurant , addictif à l'écriture acérée , mordante au coeur du trouble émotionnel , physique et psychologique de l'adolescence ,aux embardées hallucinées, aux spontanéités tourbillonnantes qui entraînent Giovanna dans l'ivresse virevoltante et dangereuse de ses émotions au sein des apparences et de la réalité , du mal et du bien, de l'éveil décisif à elle même.

À l'intérieur d'elle - même elle réinvente la vie de sa tante:pour épater ses amies «  Dans une ambiance de cimetière , de torrents et de chiens féroces, de flammes de raffineries et de squelettes abandonnés » .

La jeune fille en allant à la rencontre d'un autre univers social , découvre un monde plus spontané , incitée par sa tante à ouvrir les yeux sur les mensonges, les non - dits, les hypocrisies qui régissent la vie de ses parents , ce monde policé ——sûr de lui, apparemment ,——- où le vernis du monde craque , Giovanna cherche sans cesse sa voie ...

Elena Ferrante mène un roman d'apprentissage brillant en décrivant à merveille ce point de bascule qui secoue une adolescente entre douze et seize ans , avec le cortège habituel des cachotteries et des turbulences de la vie.Elle va au delà avec son récit sinueux, tranchant , sans compromis ...parfois touffu à lire ...

Elle déroule quatre années cruciales de la vie de cette Napolitaine, qui apprend à soulever au fond d'elle «  La pierre sous laquelle est cachée une vie élémentaire », face aux sollicitations de ses amies, des hommes, de la famille , de l'école ...
Une superbe étude de caractère Vive et précise, intelligente , qui associe complexité et facilité de lecture à propos des rêves et de la vie de Giovanna ....
Un bon Elena Ferrante après la déception de «L'amour harcelant ».
On pourrait encore disserter sur la dernière phrase qui indiquerait une suite :
«  Nous nous fîmes une promesse : nous deviendrions adultes comme aucune fille n'avait jamais réussi à le faire ».....
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Le tout dernier roman du phénomène littéraire italien, auteure de la célèbre série L'Amie Prodigieuse. En toile de fond, le décor Napolitain du début des années 90.

Giovanna est une ado insouciante, protégée au sein du cocon familial, choyée par ses 2 parents, brillants professeurs à qui tout semble réussir. Tout irait pour le mieux si une simple phrase, d'un abord anodin, n'entachait profondément la confiance que Giovanna portait en son avenir et en ses proches.

Roman d'initiation par excellence, dans la veine de l'Amie prodigieuse, ce roman aborde avec justesse les affres de l'adolescence, étape cruciale où la jeune fille sera prise en étau entre attachement à la famille et quête d'identité, entre le sens du collectif et l'individualisme. de la pudeur sans faux-semblants, qui confirme le grand talent d'Elena Ferrante qui nous transporte dans un Naples, loin des images de cartes postales.

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Naples est une ville envoutante avec des lieux chargés d'histoire, une vue imprenable sur la mer et un funiculaire célèbre qui permet l'accès aux collines.
Dans les hauteurs du Vomero, un des quartiers chics vit une jeune fille de 12 ans : Giovanna ! Elle est la fille unique et choyée d'un couple de professeurs, elle adore son père mais un jour : elle le surprend à dire à sa maman "elle prend les traits de Vittoria "..elle est laide ! Elle est choquée par cette remarque, va chercher dans d'anciennes photos celle qui va lui montrer la zia Vittoria, cette tante sulfureuse et occultée par ses parents. Ne trouvant rien pour satisfaire sa curiosité, elle décide de descendre dans les quartiers populaires de la ville pour la rencontrer. La tante Vittoria est femme de ménage, elle est grossière, cruelle, parle le napolitain et commence par éreinter le père de Giovanna en l'accusant de l'avoir laissée sans nouvelles, d'avoir oublié ses origines populaires, de snober sa famille comme un " con " de bourgeois ! Elle incite sa nièce à découvrir le monde des mensonges, de l'hypocrisie de ses parents ! Giovanna va découvrir "l'univers" de cette tante qui vit avec Margherita l'épouse de feu son amant adoré, les enfants de cette dernière : Giuliania ( 20 ans ), Tonino : l'aîné et, le préféré : Corrado ! L'adolescente est fascinée par cette tribu qui vit chaleureusement, chaotiquement dans ces lieux pauvres et démunis : elle retourne souvent les voir .
Elle est déchirée entre ses 2 origines, ses 2 identités : celle du Haut de Naples et celle que son père rejette ! Mais, Giovanna va apprendre que ses parents divorcent, que son père va vivre avec Costanza et ses filles Angela et Ida qui sont ses meilleures amies au Vomero..
"C'est l'âge critique ou elle se sent vulnérable, elle a besoin de savoir qui elle est et, qui elle peut devenir". Elle fait sa crise d'adolescence avec les cachoteries, les mensonges, les méchancetés, les contradictions, les jalousies et l'éveil à la sexualité..mais aussi avec l'histoire d'un bracelet précieux qui traverse tout le récit comme un fil rouge aux bras des femmes pour marquer leurs mensonges, leurs duperies ! Giovanna se métamorphose et, en 3 ans elle va s'affirmer, se trouver désirable avec ses gros seins . Ce qui va l'amener à se faire dépuceler par un Rosario ordinaire alors même qu'elle est amoureuse du fiancé de Giulana : Roberto , un brillant étudiant de Milan ! Elle posera le bracelet au sol "comme un cadeau du mauvais sort " en se promettant dans le train qui la mène à Venise de " devenir adulte comme aucune fille n'avait jamais réussi à le faire " !
Dans ce roman, Elena Ferante analyse avec finesse et talent les états d'âme d'une adolescente, l'émancipation, l'image de soi !
L.C thématique de juin 2022 : les titres à rallonge.




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Aucun doute pour moi, elena ferrante est une conteuse hors pair ! Avec elle, je voyage en Italie, à Naples dans ses rues animées. .. J'en ressens la chaleur, les odeurs... Des personnages toujours aussi hauts en couleurs, des tempéraments méditerranéens... Bref un régal !
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Une ado qui grandit dans une famille dont la façade se lézarde progressivement au fur et à mesure de la prise de conscience des mensonges et non-dits qui la sapent. Ajoutée à la crise d'adolescence, ce récit allie la découverte de soi à celle de la vie, dans une famille dont les placards sont remplis de squelettes et qui renie ses origines.
La force du livre, au-delà du style, c'est de nous faire partager l'émotion de l'héroïne avec justesse et de nous faire rencontrer des personnages intéressants, dont les comportements sont analysés avec acuité !!
C'est peut-être un peu long et parfois un peu bavard, mais on y retrouve la finesse d'écriture de l'amie prodigieuse, dont ce livre semble un prolongement.
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Bien que j'avais eu du mal à rester enthousiaste lors de la lecture du 4e tome de la saga ”Une amie prodigieuse”, je me suis replongée dans l'ambiance napolitaine vue par Elena Ferrante.
La ville coupée en 2 : les quartiers riches où vivent des gens ”éduqués, instruits, aux bonnes manières ” et les quartiers où vit la ”populace”.
Une ado du quartier riche dont le père est issu du petit peuple à force de travail (intellectuel) veut en savoir plus sur la famille de son père qu'ils n'ont jamais côtoyée. Chemin faisant, elle va découvrir des mensonges, des non-dits, l'hypocrisie des adultes. Elle naviguera entre espoirs et désillusions .
Elena Ferrante est une excellente conteuse. Après avoir lu 5 livres , j'ai l'impression de connaître Naples (alors que je n'y ai jamais mis un pied) : c'est dire comment elle décrit cette ville dans ses ouvrages sans longueurs cependant. Ses personnages aussi font l'objet d'une analyse tout en finesse.
Seul bémol : on reste plus ou moins dans le même registre que dans "L'amie prodigieuse ": Naples, analyse de la société au fil des ans, point de vue d'une ado- adulte en devenir.
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Audio-livre
Fille unique d'un couple de professeurs, Giovanna a vécu une enfance heureuse dans les quartiers huppés de Naples. L'année de ses douze ans, elle surprend une conversation dans laquelle son père dit d'elle « qu'elle est laide comme Vittoria« . Qui est cette Vittoria? Une soeur de son père, sa propre tante, donc, dont elle n'avait jamais jusque là entendu parler. Giovanna fouille les affaires de son père jusqu'à trouver des indices et l'adresse de cette femme. Car elle veut comprendre la raison pour laquelle on la trouve laide , mérite t-elle qu'on la compare à cette femme mystérieuse, à la réputation maléfique? Giovanna se rend au domicile de Vittoria, dans un quartier pauvre de Naples et fait alors la connaissance d'une partie de sa famille dont elle ignorait jusque là l'existence.

Entendre de la bouche de son propre père une phrase blessante sur son physique et sa façon d'être n'est pas anodin pour une jeune adolescente. Comprendre que sa famille n'est pas ce qu'elle prétend être, que les apparences sont trompeuses à bien des égards est assez difficile à accepter lorsqu'on est en passe de devenir adulte, au moment où justement on a besoin de repères sérieux. En découvrant un univers différent de celui dans lequel elle évolue depuis son enfance, Giovanna est confrontée à l'hypocrisie des siens et ce monde soudain explose la laissant face à de multiples questions sur l'amour, la religion et l'amitié. L'adolescente, jeune femme en devenir, avide d'expérience, tente de se construire à la lumière de ce monde d'adultes qu'elle ne comprend pas toujours, mais elle va tout faire pour rester maitresse de ses choix.

J'ai découvert par ce roman l'écriture frénétique d'Elena Ferrante, dont l'imagniation me semble intarissable. La vie mensongère des adultes est un roman d'apprentissage moderne qui m'a beaucoup plu, pourtant ce n'était pas gagné car ce n'est pas véritablement le genre de littérature auquel je m'attache habituellement. J'avoue que je me suis parfois mélangé les pinceaux entre quelques personnages masculins, je n'ai pas non plus réussi à m'imprégner de l'atmosphère napolitaine, mais peu importe car l'écoute de ce récit m'a passionnée, et je le dois principalement à la voix « parfaite » de Rebecca Marder qui m'a séduite du début à la fin: impeccable dans son accent, sa tonalité et la force de conviction qui en émane. Ce roman est fait pour être lu à voix haute !
Lien : https://loeilnoir.wordpress...
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18 mars 2021
La Vie mensongère des adultes de Elena Ferrante
Quel plaisir de retrouver Elena Ferrante dans un roman du niveau de "l'amie prodigieuse". Une adolescente est prise entre deux classes sociales, celle de ses parents universitaires et celle de la famille de son père que ce dernier a rejeté.
Petits et grands mensonges , une véritable pluie ! E. Ferrante sait très bien décrire le monde avec les yeux d'une adolescente et elle réussit à faire partager au lecteur sa vie la plus intime. Une grande réussite.
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Elena Ferrante est le pseudonyme de Erri De Luca, le véritable auteur des romans.

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