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Critique de Bruidelo


Ouf! Pas déçue du tout, il est bon, le dernier Ferrante, très bon.

C'est très fort au niveau de la dimension psychologique, avec une plongée passionnante dans les zones troubles de l'adolescence - et de l'être humain, dans l'âpreté des désillusions, le mystère du mélange en nous de la pulsion de vie et du goût de l'auto-démolition, dans notre façon chaotique de nous frayer un chemin dans l'étrangeté du monde et de nous-mêmes. La projection dans un personnage-narrateur dont la lucidité est parfois assez rêche et décapante est intense et rend la lecture délicieusement addictive.
Giovanna est arrachée au doux cocon de l'enfance par une phrase prononcée à mi-voix par son père, persuadé qu'elle ne peut l'entendre: elle est, dit-il, en train de prendre les traits de Vittoria - Zia Vittoria, la tante dont Giovanna ne sait pratiquement rien, si ce n'est le dégoût et la peur qu'elle provoque chez ses parents, Vittoria dont le nom résonne en elle «comme celui d'un être monstrueux, qui souille et infecte quiconque l'effleure».
Elle décide alors d'aller voir à quoi ressemble réellement sa tante. Descendant des hauteurs de Naples pour aborder ses quartiers populaires, selon cette géographie sociale qu'Elena Ferrante sait si bien évoquer, l'adolescente découvre un autre monde, où l'on parle une autre langue, dialectale, langue interdite qui plus est, ses parents refusant de l'entendre prononcer ne serait-ce qu'une syllabe en napolitain. Elle y acquiert même un autre nom - avec la sensation d'y voir surgir une nouvelle dimension de sa personnalité, inconnue jusque-là:
«je commençai à penser que ce prénom attribué par Vittoria - Giannina - avait fait miraculeusement naître dans mon propre corps une autre personne, plus agréable, et en tout cas différente que celle que connaissaient mes parents»
On rencontre beaucoup de personnages bien intéressants dans ce roman d'apprentissage, comme cette tante face à laquelle on se tient en équilibre, perplexe, entre superlatifs admiratifs/critiques, des personnages qui ont plusieurs facettes, qui surprennent, et contribuent fortement à ce très gros plaisir de lecture que nous procure La Vie mensongère des adultes.
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