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3,56

sur 1957 notes
Un avis un peu, beaucoup même, à contre-courant de l'opinion générale, mais peut-on s'obliger à aimer un livre si on le trouve extrêmement surfait ? Tout lecteur est un être imparfait dont la subjectivité est patente. N'est-il pas ? Quelques réflexions en vrac, donc, sur le sermon sur la chute de Rome.

- Beaucoup de prétention dans un livre qui prétend marier réalisme et lyrisme. Ce qui nous vaut des passages d'une trivialité extrême (on ne compte plus les "enculés" sur certaines pages) suivis de moments où le style fait dans l'emphase ampoulée (pléonasme ?)
- Une intrigue principale très légère et anodine qui oblige Ferrari à en développer d'autres (le passé du grand-père, les errances de la soeur) complétement déconnectés. Ne parlons pas de Saint-Augustin qui apparait in fine comme par enchantement. Façon de parler.
- Pas d'unité et, plus grave, pas d'humanité et une sorte de mépris de l'auteur vis-à-vis de ses personnages. Misanthropie ?
- La tragédie finale tient du mauvais mélodrame.
- Belles phrases, accents philosophiques. Certains s'écoutent parler. Jérôme Ferrari se regarde écrire.
- Une vision de notre monde pour le moins cynique. Toute entreprise humaine est vouée à l'échec ? Ce livre aussi.
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Une fois de plus, un prix Goncourt me laisse dubitatif. Faut-il y voir l'acrimonie d'un auteur édité en mode alternatif parce que son travail ne retient pas l'attention des maisons d'édition prestigieuses ou le ressenti d'un humble lecteur qui a eu l'occasion de s'enthousiasmer tellement plus pour des romans jamais récompensés ? Je ne connaissais pas cet écrivain, qui certes a une très belle plume, mais elle abuse des phrases interminables à la Proust. le sermon sur le chute de Rome ne m'aura pas emballé. J'ai trouvé l'histoire assez creuse, les ponts tendus avec Saint Augustin pas convaincants. Peut-être est-ce de la dissonance cognitive parce que j'attendais plus d'un prix Goncourt, et que mon appréciation aurait été plus positive si je l'avais lu sans le savoir !
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Même la plus grosse bille en Histoire a forcément entendu parler de l'Empire romain, et il ne lui aura pas échappé la grandeur de cette appellation.
Jérôme Ferrari, en parallèle, nous parle de l'empire de chacun au travers de la famille Antonetti. Ce petit monde où l'on croise en majorité les mêmes personnes, et où des organigrammes, des règles et des convictions se sont imposés d'eux-mêmes. Ce petit monde où ceux qui cèdent à la tentation de la paresse intellectuelle n'obtiennent qu'une forme de pouvoir factice.
Chaque empire, grand ou grandiloquent, a une chute, une fin.

Comme à son habitude, les écrits de Jérôme Ferrari sont loin d'être dénués de sens.
Ça infuse, ça cogite, j'en redemande.
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Dans un village corse, deux enfants du pays tentent de transformer le bar à la limite de la fermeture, en un monde parfait. Matthieu et Libero ont passé une partie de leurs étés ensemble et abandonnent la Sorbonne et de brillantes études de philosophie pour réaliser leur idéal, sur un coup de tête. Si la chance semble d'abord leur sourire, la réalité de la vie ne tardera pas à les rattraper, avec son lot de malheurs, et comme la chute de Rome était prévisible, celle du rêve des deux jeunes hommes sonnera à son tour.
Au Vème siècle déjà, alors que Rome est prise, Saint Augustin devait réconforter ses fidèles, désespérés de la fin de l'empire qui semblait éternel. Tous les mondes passent, Rome tombe après des siècles de domination, et le petit bar n'avait aucune raison d'échapper à la marche fatale du temps qui passe.

C'est le coeur lourd que je referme Le sermon sur la chute de Rome. Jérôme Ferrari nous invite, à travers ce court roman, à une intense réflexion sur le sens de la vie et de nos actions, face à l'effondrement inévitable des constructions des mortels. Qui sommes-nous pour espérer bâtir quoi que ce soit de durable? Bien loin des ouvrages philosophiques imbuvables, tout cela est au contraire amené à point, au fur et à mesure que l'intrigue se déroule.
L'écriture est, quand à elle, comme le dit si justement la quatrième de couverture, somptueuse ! Les longues et mélodiques phrases me rappellent celles d'Albert Cohen et de Marcel Proust, et ce style m'a véritablement charmée !
Coup de coeur !

Challenge ABC 2015/2016
Challenge Petits plaisirs 2016
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Jérôme Ferrari écrit bien, très bien même. Il est rare à notre époque, de retrouver un auteur de ce style.
D'où, je pense, les avis mitigés sur ce livre, ce que je comprends aisément.
J'ai dû relire plusieurs fois certaines phrases dont je perdais le sens tant elles étaient longues, jusqu'à deux pages quand-même!

Le passage d'une histoire à l'autre, celle de Marcel d'une part, celle de Mathieu, son petit-fils, de l'autre, est fait intelligemment. On peut comprendre, en partie, la vie et le caractère de ce dernier grâce au vécu du grand-père. On découvre aussi la vie des autres membres de la famille.
C'est assez subtilement qu'est annoncée la chute, mais tout à fait prévisible finalement.
Malgré tout, j'ai eu du mal à comprendre vraiment la comparaison avec la chute de Rome et les récits de Saint Augustin. Ou peut-être ai-je cherché la difficulté là où il n'y en avait pas. Parce que la chute de Rome, c'est, en somme, un éternel recommencement...

A lire par les amateurs de belles lettres...
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Je ne savais pas vers quoi j'allais en choisissant cette lecture.
Le titre mystérieux avec sa référence qui n'apparaîtrait que tard sous les yeux contenait des mots interpellants, le souffle chrétien dans celui de sermon et l'élévation de souvenirs de prêtres en haut d'une chaire, celui de chute et l'abîme qu'il contient et Rome, la Rome antique païenne et chrétienne. Un méli-mélo de souvenirs mythologiques, religieux... souffle dans le titre des images de péplum.

Non, la référence est « augustinienne » du nom du sermon qu'il prononça en 410.
« Le ciel et la terre passeront ».

Nous voici donc dans un roman « philosophique » qui dans un déroulement phraséologique d'une longueur étourdissante nous conte une histoire humaine des 20 et 21è siècles.
Phrases incantatoires, brutales parfois, précises toujours qui bondissent et rebondissent à travers plusieurs vies.
Du grand-père, dernier bastion d'une famille disparue (mise en abyme remuante de la photo contemplée, de l'absence primale (il n'était pas encore né), de la présence en sursis (tous sont morts sauf lui), en passant par l'amour incestueux de son fils pour sa cousine, jusqu'aux petits- enfants entravés par les ténèbres de la vie et par leurs propres ténèbres, tout est disséqué. Sans oublier ceux qui entourent les héros dont part l'histoire : amis, consommateurs du bar dans lequel l'auteur décrit la mouvance des âmes, l'enfer Jérôme Bosch qui s'y déroule, petites femmes sans avenir si ce n'est celui de Marie-Madeleine, autres que l'on verra bien dans le rôle de saintes, pauvre innocent humilié et toute la violence qui en ressortira aboutissant à « La chute... ».

La Corse et Rome, Libero et Matthieu (Leibnitz et Saint-Augustin), autant de parallèles sous-jacents tout au long de la lecture jusqu'au mysticisme du dernier chapitre qui m'a agacée, désarçonnée...

Des moments d'humour et des moments d'une brutalité extraordinairement vivante rendue par ce style incomparable dont Jérôme Ferrari a le secret.

Ce roman qui montre et démontre combien la vie est difficile, combien les ténèbres l'entourent et met en exergue que, quel que soit le chemin choisi (le frère qui échappe à toute responsabilité, la soeur qui fuit dans l'archéologie et un « autre » sol natal – , etc... autant de leurres).

« Ce que l'homme fait, l'homme le détruit ».
Roman démoniaque et ... divin. Dualité.
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"Rome n'existait plus, elle avait été détruite depuis bien longtemps, ne demeuraient plus que des royaumes plus barbares les uns que les autres."
Grandeur et décadence!
Dans ce roman éblouissant comme un grand feu dévastateur, bouleversant comme une supplique, blanc et noir à la fois comme le drapeau d'une Corse entre ferveur et violence, ou peut-être bien même comme le paradis indissociable de l'enfer depuis des temps immémoriaux, celui du pêché primordial, le sermon sur la chute de Rome revisite le thème de la chute de l'empire romain à travers mondes, mondes intérieurs ou univers créés par l'âme, pure ou impure, elle-même, qui édicte ses choix de vie.
L'action se situe en Corse, cette Corse sauvage se teinte parfois de barbarie lorsque quelque ver étranger s'immisce dans ses fruits.
Jérôme Ferrari alterne le passé de Marcel, enfant corse d'après guerre (de 14-18), qui attrape tout,survit, guérit, épouse une jeune-fille corse de bonne famille à "la stupidité angélique" qui meurt en couches en Afrique, où il est rédacteur et dont le fils Jacques, élevé par sa soeur, épousera sa cousine, dans un parfum d'inceste; avec le présent de son petit-fils Matthieu et le monde qui gravite autour de lui, celui du bar de village corse crée avec son copain sarde Libero, ayant abandonné comme lui de brillantes études, pour vivre un bonheur quotidien; celui de bergers frustres dont la vie oscille entre alcool au comptoir et solitude dans "les vestiges des murs écroulés", comme Virgile qui émascule lui-même ses bêtes d'une main experte avant de partager entre hommes leurs testicules grillés; celui de Pierre-Emmanuel au chant envoûtants et à la main trop baladeuse; celui des serveuses faciles à emballer. Mais ces mondes, qui s'interpénètrent, gérés par Libero, avec un pistolet préventif sous le comptoir en guise de semonce, ne forment-ils pas un empire fragile prêt à s'écrouler à tout instant?
Jérôme Ferrari, d'une plume étincelante qui s'éternise parfois dans de longues gerbes d'étoiles filantes, aussi longues qu'une douloureuse agonie, met en parallèle (avec talent) le pourrissement du corps physique (cancer, septicémie..) suivi de mort, la destruction psychique lorsque l'esprit disjoncte par manque de maîtrise d'une situation donnée, la corruption de l'âme dans la débauche...la mort de la Corse d'antan....Mais n'est-ce pas dans ce roman un parcours initiatique qu'il nous donne à voir? Celui de la mort à l'enfance de Matthieu "exaspérant et vulnérable", qui s'éloignera d'une relation quasi incestueuse avec Izakun pour grandir, prendre conscience de sa propre réalité et être capable de faire de bons choix?
Emaillé (en titre de chapitres) de citations extraites des sermons de Saint-Augustin, le sermon sur la chute de Rome, tout en puissance signe une excellente rentrée littéraire à visée philosophique.
L'auteur, dont Où j'ai laissé mon âme? a été couronné de moult récompenses ne faillit pas à sa réputation d'écrivain talentueux! Bravo!
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Oui, ce roman est un chef d'oeuvre. Oui, j'ai eu beaucoup de mal à rentrer dedans, et puis à la centième page, c'était parti. J'étais entraînée dans les vies désespérées de ces anti-héros modernes. En s'appuyant sur les textes et les pensées de Saint Augustin, Ferrari s'est approprié une atmosphère, une complexion, qui donnent aux personnages ce fameux destin qui les mène vers leur propre chute. On attend la chute, jusqu'au bout du roman, on sait que si le destin est écrit, que même si Dieu existe, qu'il s'est sacrifié pour sauver les hommes, il n'en est rien, tous les hommes feront de même, ils seront des sacrifices, des points de chute, d'interminables ratages de vie, des déceptions inéluctables, et puis la vie, les joies, le bonheur, la tristesse, et un jour de toute évidence, la mort, une civilisation éteinte, une génération terrassée, une famille oubliée, des morts il y en aura toujours, alors, comme pour Saint Augustin... pourquoi lutter, pourquoi donner du sens à tout cela, mais il le faut bien, c'est humain...

Les vies de Libero et Matthieu, du bar qu'ils décident de tenir, des serveuses et des amis ou des membres de la famille qui gravitent autour d'eux, je me souviendrai d'eux jusque dans le moindre détail, parce que c'est la force de Jérôme Ferrari, poète, intello subtil, sculpteur du romanesque, certes une lecture exigeante et peu reposante pour des vacances, mais une lecture obligée. Pour la beauté des mots qu'il fait jaillir de sa plume magnifique.
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Le Sermon sur la chute de Rome est mon deuxième roman de Jérôme Ferrari en ce mois de mars, après le très prenant Où j'ai laissé mon âme, tourmenté, haletant, poétique et d'une beauté brute...

Les adjectifs employés dans ma précédente critique peuvent à peu de choses près être transposés pour ce roman qui a valu le Goncourt à son auteur.

Le « style Ferrari » est toujours présent dans celui-ci, fait de très longues phrases où les virgules font la nique aux points finaux.
C'est qu'il en faut de la concentration et du souffle pour lire cet homme !
Heureusement, la poésie qui parcourt ses phrases sonne comme un voyage où Jérôme Ferrari parvient à nous maintenir en permanence sur le flux de ces mots comme sur une rivière qui se dévoile tantôt tranquille tantôt torrent.

Dans ce livre, contrairement à Où j'ai laissé mon âme, certains chapitres apparaissent en effet plus légers, pour permettre au lecteur de se reposer entre deux chapitres plus forts, plus prenants... ce qui fait du bien dans cette lecture parfois difficile.

Jérôme Ferrari s'attache ici à nous narrer les destinées de divers personnages, les éléments de la vie qu'ils subissent et les choix qui leur appartiennent, sur un fond de massif corse malheureusement peu mis en valeur...

Mais c'est bien davantage les méandres de l'Esprit que les chemins tortueux du GR20 qui intéressent l'auteur avec ce roman. Ce qui peux pousser deux amis à revenir vers leur Corse natale après avoir renier une vie toute tracée qui les attendait dans la Capitale, ce qui les fait grandir et ce qui les fera déchanter... Comme un parallélisme – quelque peu exagéré – avec la grandeur puis la décadence de Rome.

On notera également un parallélisme entre ce roman et Où j'ai laissé mon âme, à travers le personnage du capitaine Degorce qui en fait le lien, ce qui m'a permis, à la lecture du Sermon sur la chute de Rome de mieux comprendre le passage que j'avais cité dans le premier livre ici :

https://www.babelio.com/auteur/Jerome-Ferrari/38387/citations/1683683

Si les mots de Jérôme Ferrari sont toujours aussi prenants dans le Sermon sur la chute de Rome, et malgré le Prix Goncourt obtenu pour ce livre, je lui ai préféré Où j'ai laissé mon âme, où la tortuosité des Âmes m'a davantage emporté.
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J'ai longtemps attendu avant de lire ce roman, retenu par la méfiance que le Prix Goncourt m'inspire, et par le désir de lire le plus de romans possible de l'auteur avant de passer à celui-ci, le primé. Il diffère de tous les autres, parce que tous les autres, antérieurs ou postérieurs, boitent un peu, ont une plaie au flanc ou à la jambe, bref, un défaut de composition ou d'une autre nature. Celui-ci est équilibré, file la référence augustinienne du début à la fin, avec finesse et parfois secrètement, et présente des qualités de composition et d'équilibre narratifs qu'on ne trouve pas dans les autres. C'est un beau roman, presque un trop beau roman, car j'ai fini par aimer les défauts des autres (jamais content ...) Il mérite des relectures attentives, un découpage de textes choisis (c'est commencé, la page de la photographie de famille figure déjà dans un manuel scolaire), une méditation, un anathème théologique absolu à lancer sur Saint Augustin (qu'il faut aussi remercier éperdument, avec Philippe Sellier dans son "Pascal et saint Augustin", d'avoir ainsi fécondé la littérature française depuis quatre siècles), des études stylistiques, etc ... Les personnages, Corses balzaciens, apparaissent et réapparaissent d'un roman à l'autre selon le principe de la récurrence, et le principal personnage de l'oeuvre, l'île de Corse, est évoquée splendidement. Si, avec Philippe Muray, Lakis Proguidis, Milan Kundera et tant d'autres théoriciens du roman, on s'accorde à penser du roman qu'il est la mise en scène narrative du négatif, Jérôme Ferrari est un vrai romancier.
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