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sur 1956 notes
J'ai dévoré « Le Sermon sur la Chute de Rome ». C'est intelligent, c'est original, c'est rythmé, c'est magnifiquement construit. Je l'ai adoré. le Goncourt 2012 est un grand cru.
L'histoire de base est très simple. Deux amis décident d'interrompre leurs études en philosophie à Paris pour reprendre la gestion d'un bar dans un petit village Corse, là où leurs familles prennent racines, dans le but de créer le meilleur des mondes (leur monde à eux - jeunes utopistes). Cette histoire est entremêlée avec des références philosophiques, principalement les sermons de Saint Augustin sur la chute de Rome, et historiques avec le vécu des générations précédentes dans l'empire colonial français.
La réflexion centrale du roman porte autour de cette phrase de Saint-Augustin : « le monde est comme un homme : il naît, il grandit et il meurt. » le roman trace sa route sur le comment sortir d'un monde qui se meurt et trouver sa place dans un nouveau. Il aborde la finitude des choses, la naissance et la mort inévitables des différents mondes, personnels ou collectifs. Ainsi, dans le livre, le bar, Rome, les histoires d'amour et l'empire colonial vont naître, connaître la grandeur, puis mourir. le lecteur sait rapidement que tout est voué à la destruction, mais le livre porte sur les structures et sur les attitudes qui vont mener à cette chute inéluctable. On est proche de la philosophie de Camus, où vivre pleinement le présent constitue la révolte face à l'absurdité du monde.
J'ai également trouvé ce livre assez drôle et grinçant. de plus, l'écriture est magistrale. Il y a des phrases sublimes, parfois longues mais toujours équilibrées. J'ai relu plusieurs fois de nombreux passages, tellement j'étais intéressé tant par le contenu que par la forme de l'écriture.
Lien : http://evanhirtum.wordpress...
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En Corse, dans un petit village loin de la côte, il y a le bar de Marie-Angèle, Hayet y travaille comme serveuse. Un jour, elle s'en va sans prévenir. Mais, Marie-Angèle sait avec certitude qu'elle n'ouvrira plus le bar." Elle ne s'infligerait pas une seule fois de plus le spectacle de l'infecte soupe jaunâtre cristallisant dans les verres sales, l'odeur des haleines anisées, et les éclats de voix des joueurs de belote, au coeur d'hivers interminables dont le souvenir lui donnait la nausée, et les disputes incessantes avec leur rituel des menaces jamais mises à exécution, immanquablement suivies de réconciliations larmoyantes et éternelles.'
Elle décide de mettre son bar en gérance. Après deux tentatives plutôt ratées, deux hommes du pays qui ont fait des études vont prendre la relève.

Une lecture qui ne m'a pas accrochée et qui ne restera pas dans ma mémoire.
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Pas encore présent sur cette photo de famille de 1918, car pas encore né, Marcel sera le dernier à faire exister par « son regard fidèle les siens déjà partis »: La fin d'un monde.
Dans ce roman Jerôme Ferrari fait le parallèle entre l'histoire singulière de ses personnages et l'histoire des mondes: des mondes qui naissent, grandissent, s'entrechoquent et meurent.
Il pose aussi la question de comment passer d'un monde à un autre:
Marcel rêve de quitter ce monde de paysans miséreux et d'accèder par les études à un monde «  palpitant de vie dans lequel les hommes savaient faire autre chose que prolonger leur existence dans la souffrance et le désarroi ».
Mathieu, en revanche, abandonne lui des études de philosophie pour revenir au pays et reprendre le bar du village. Quitter un monde pour un autre semble pour chacun la clé d'une vie meilleure, mais la chute inexorable est là, en gestation, dans l' attente du moment venu.
Si le destin de Marcel, Mathieu ,Libero et les autres se déploie vers ce que l'on pressent comme une issue dramatique, il en va de même, à plus grande échelle pour les mondes: c'est la thèse que défend l'auteur. Il nous reste à espérer que de cette chute, il est encore possible de se relever encore et toujours ... recommencer...
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« Mais nous savons ceci : pour qu'un monde nouveau surgisse, il faut d'abord que meure un monde ancien. Et nous savons l'intervalle qui les sépare peut être infiniment court ou au contraire si long que les hommes doivent apprendre pendant des dizaines d'années à vivre dans la désolation pour découvrir immanquablement qu'ils en sont incapables et qu'au bout du compte, ils n'ont pas vécu. »

Deux amis, Matthieu et Libero, l'un par rêve et l'autre par rancoeur, abandonnent leurs études de philosophie à la Sorbonne pour prendre la gérance d'un bar dans un petit village de Corse. A la réussite initiale du bar, qui redonne vie au village, va succéder un échec en forme de pourrissement et d'écroulement interne, dans cette Corse à l'ambiance funèbre et désertée.

A l'inverse de son petit-fils Matthieu qui voulait devenir Corse, son grand-père Marcel a toujours rêvé, lui, de quitter l'île. Il a vécu l'effondrement sans bruit de la colonisation, la désolation de sa propre vie, en même temps qu'une lutte incessante avec les cellules attaquant son corps malade telles des hordes barbares. Il finit maintenant sa vie, dernier de sa fratrie, muet dans sa maison de Corse devant une photo de famille de l'été 1918, la photo d'avant sa naissance, annonce d'un monde à venir et maintenant sur le point de disparaitre pour toujours.

Le roman se boucle avec le personnage d'Aurélie, la soeur de Matthieu, partie elle pour fouiller le site d'Hippone, la soeur lucide qui tente de sortir Matthieu de ses fantasmes, de le ramener à la réalité, mais qui est elle aussi confrontée a la séparation hermétique de deux mondes, le sien et celui d'un archéologue algérien avec qui elle a une aventure.

« le sermon sur la chute de Rome » est comme une obsidienne, cette pierre noire et brillante ; des phrases rutilantes qui s'écoulent, lentes et sereines, au long des pages, le destin noir des hommes qui assistent impuissants à l'accomplissement de leur propre naufrage, à la naissance et à la disparition de leurs rêves, sous l'égide de Saint Augustin. Superbement écrit, c'est un roman presque trop brillant pour nous toucher au plus profond.

« Son professeur d'éthique était un jeune normalien extraordinairement prolixe et sympathique qui traitait les textes avec une désinvolture brillante jusqu'à la nausée, assenant à ses étudiants des considérations définitives sur le mal absolu que n'aurait pas désavouées un curé de campagne, même s'il les agrémentait d'un nombre considérable de références et citations qui ne parvenaient pas à combler leur vide conceptuel ni à dissimuler leur absolue trivialité. […] Libero ne pouvait plus en douter, et il était comme un homme qui vient juste de faire fortune, après des efforts inouïs, dans une monnaie qui n'a plus cours. »
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" le sermon sur la chute de Rome " de Jérôme Ferrari.
Prix goncourt 2012 pour cet ouvrage Jérôme Ferrari est né en 1968 ; peut-être en plein "évènements " ?
Mathieu est le descendant d'un combattant de la guerre de 14 fait prisonnier.
C'est pour celà que son grand-père ne figure pas sur la photo de famille de ses ancêtres ; même son père n'y est pas puisqu'il est né après, quand le prisonnier libéré est rentré au village en 1919.
Marcel a ainsi pu voir le jour et malgré sa santé fragile pu assurer sa descendance avec Mathieu, un enfant qu'il n'a pu élever mais qu'il a confié à sa soeur dans leur village d'origine en Corse.
Mathieu a commencé des études à Paris pour bientôt abandonner .
Il revient dans le village de son enfance reprendre la gérence du café avec son ami Libero. S'en suit une période de vie plus ou moins dissolue jusqu'à la chute dramatique, et... " le silence fût bientôt suffisant pour qu'on pût entendre le hululement mélancolique de la chouette dans la nuit d'été "
U n monde s'écroule ...un autre continu.
J'ai aimé ce livre.
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Mathieu et Libero, deux amis corses exilés à Paris pour suivre des études de philosophie à l'université, décident de tout plaquer et rentrent sur l'île de beauté pour reprendre le bar du village de leur enfance. L'endroit ne désemplit pas et devient un lieu festif où l'insouciance et la joie de vivre semblent régner en maître. Malheureusement, même dans ce « meilleur des mondes possibles », la bassesse de l'âme humaine va reprendre ses droits et tout engloutir…

Au-delà des mésaventures de jeunes écervelés emportés par leur triomphe commercial, Jérôme Ferrari relate la saga en accéléré d'une famille corse sur trois générations. de Marcel le grand-père à Mathieu son petit-fils, c'est une histoire placée sous le signe de la destruction qui est offerte au lecteur.

Sans forfanterie, l'auteur du sublime Où j'ai laissé mon âme entend élever la littérature face à la bêtise. Cette dernière est ici représentée par le troquet des deux amis. Pour eux, il importe de protéger leur paradis de tout contact avec l'esprit, d'ériger un monde dans lequel la pensée n'a plus sa place : « Mathieu et Libero étaient les seuls démiurges de ce petit monde. le démiurge n'est pas le Dieu créateur. Il ne sait même pas qu'il construit un monde, il fait une oeuvre d'homme, pierre après pierre, et bientôt, sa création lui échappe et le dépasse et s'il ne la détruit pas, c'est elle qui le détruit. »

Le sermon sur la chute de Rome montre l'effondrement des rêves les plus fous et des faux espoirs, cet effondrement qui sonne le glas des désirs insatisfaits, des croyances creuses et décevantes. En filigrane, le message est clair : point de salut dans le cynisme commercial qui ne pourra, à terme, qu'entraîner ceux qui le glorifient vers le pourrissement.

Comme toujours chez Ferrari, la langue est superbe, à la fois poétique et abrupte, et l'écriture, oscillant sans cesse entre un lyrisme maîtrisé et un vocabulaire des plus crus, reste d'une incroyable fluidité.

Cette réflexion sur la disparition d'un monde n'a rien d'une lamentation et encore moins d'une quelconque leçon de morale. Ce texte magnifique est surtout empreint de pessimisme et d'une bonne dose d'humour noir. Assurément pour moi le roman français de l'année.


Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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J'ai été très déçue par ce prix Goncourt.
Certes, la langue employée par l'auteur est belle, l'érudition dont il fait montre sur saint Augustin m'a intéressée. Cependant l'histoire ne m'a pas du tout plu, la mise en abyme avec l'histoire de Marcel pendant la guerre et le mariage des parents du personnage principal n'apporte rien à l'intrigue, si tant est que l'ouverture d'un bar avec hôtesses en Corse en soit une! de plus, les personnages - à l'exception peut-être de la grande soeur, Aurélie- sont désagréables au possible et suscitent peu d'intérêt.
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Microcosme corse, le bar de Libéro et Matthieu, deux anciens étudiants en philosophie, a des allures utopiques. Petit coin de paradis au sein même de l'île de beauté, le petit établissement regorge de joie de vivre, et s'impose comme une société parfaite assimilable à la grande époque romaine.
Mais tout Empire est voué à la chute, et le bar n'échappe pas à la règle. Au fur et à mesure, d'infimes grains de sable viennent perturber la mécanique si bien huilée de nos deux héros, et s'engage alors la spirale infernale de la décadence. Et c'est là que le roman sonne juste. On assiste à l'avènement d'un "Empire" qui naît de rien, à son apogée, puis à son implosion, pour qu'enfin ce merveilleux univers, isolé au fin fond d'un village corse, ne soit plus qu'un souvenir lointain et redevienne néant, et et le tout avec force et passion. Les références à Saint Augustin prennent alors tout leur sens, et l'analogie avec la chute de Rome également.
Le sermon sur la chute de Rome est une tragédie apocalyptique, réellement plaisante à suivre, bien écrite, et réalisée avec talent.
Un excellent roman, et qui a largement mérité son Goncourt.
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le Sermon sur la chute de Rome a reçu le prix Goncourt en 2012, soit l'un des prix littéraires français les plus prestigieux. C'est pour cette raison que je l'ai acheté les yeux fermés, sans même m'enquérir du résumé, chose que je regrette maintenant amèrement, car ce livre fût une totale déception. Je suis même surprise qu'il ait pu recevoir un tel prix.

Il n'y a rien de très historique dans ce bouquin, malgré ce que le titre pourrait nous faire penser. L'histoire principale se concentre essentiellement autour d'un bar corse, qu'une femme donne en gérance à plusieurs hommes d'affilé, qui la font ployer sous les dettes additionnelles. Finalement, ce sont Matthieu et Libero, amis d'enfance, qui reprennent le bar et le font vivre, laissant derrière eux leurs études parisiennes prometteuses.

J'ai trouvé ce livre d'un ennui mortel. Je suis passé totalement à côté de l'histoire : je n'ai absolument pas compris où l'auteur voulait en venir. La construction narrative est complexe, tarabiscotée, totalement mélangée, avec une alternance de narration dont on peine à suivre le fil. Des époques qui se mélangent, tout comme les personnages : je n'ai pas réussi à comprendre qui était qui, qui vivait où et à quelle époque, c'est pour dire. Il faut sans doute plus de sensibilité que moi et une dose d'imagination et de créativité artistique pour comprendre et apprécier à sa juste valeur ce texte plein de subtilités.

Je suis passée totalement à côté de ce livre, mais je ne doute pas que d'autres puissent l'apprécier, puisqu'il a quand même remporté le prix Goncourt (rien que ça !).
Lien : https://analire.wordpress.co..
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Matthieu et Libero, deux amis d'enfance, arrêtent leurs études de philosophie à Paris et reprennent un bar dans le village corse qui les a vus naître. Leur fraîcheur et connaissance des environs vont faire du lieu un endroit lucratif, mais petit à petit ce monde va les engloutir...

Dur de résumer ce roman qui oppose le devenir de deux jeunes hommes corses, les membres de leurs familles et les théories d'un philosophe chrétien du 5ème siècle... Vu les références historiques, religieuses et surtout philosophiques sur lesquelles le récit présent d'une famille est basé, le lecteur lambda qui n'aura pas fait une Licence de philo et/ou y connaîtra "que dalle" en matière d'histoire pré-Charlemagne (quand on fait le calcul, ça fait quand même une bonne partie de la population) aura beaucoup de mal à faire le lien. Tout seul ou tout court.
Ah donc en fait le récit de la famille de Matthieu est surtout là pour démontrer que toute chose naît et meurt ? Ah bon. Ok.
Même.
Bien que ceci soit visiblement le but du texte, si vous êtes un lecteur comme moi qui n'a pas décelé la morale à travers les faits et s'en fiche d'ailleurs pas mal, alors cela apparaît comme un roman inégal. Toutes les parties (y compris les petites phrases en ouverture de chapitres ou jetées pêle-mêle au fil des pages) qui comprennent des références du passé restent obscures ou sensiblement hors sujet, tandis que tout le reste du récit qui s'attarde sur les expériences des protagonistes, dans une écriture superbement travaillée, se révèle captivant et touchant, avec de très nombreux paragraphes bien sentis critiquant l'âme humaine et la société. J'ai personnellement été transportée plusieurs fois par la narration et la stylistique. Les phrases à rallonge gênantes au début révèlent en réalité petit à petit de très nombreuses qualités littéraires, devenant indissociables du contexte et du fond.
Si on reste un peu coi devant les parallèles dressés, alors on ressort de la lecture un peu perdu avec un avis mitigé. le processus de construction et la rhétorique du roman ne sont pas facilement accessibles et ont de grandes chances de laisser le lecteur perplexe à la fin. Comme moi, pour qui le fond philosophique et les références historico-religieuses me sont complètement passés au-dessus.
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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