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3,56

sur 1957 notes

Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Ce livre me fait penser à celui de Mathias Enard, Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants, qui m'avait aussi puissamment ennuyée. Deux livres, deux auteurs érudits qui le font savoir de manière prétentieuse et maladroite, oubliant ce que dit Boileau dans L'art poétique « Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement, Et les mots pour le dire arrivent aisément. ». Une pensée claire exprimée simplement qui ne faisait pas défaut à Saint Augustin dans ses sermons sur la chute de Rome auquel ce livre se réfère pour expliquer comment un monde nait, grandit et meurt.

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D'où vient dès les premiers chapitres cet ennui soporifique qui me ramène inlassablement au tango Corse de Fernandel ?


Ferrari, rien qu'à ce nom : j'avais rêvé d'une belle balade ! Or très vite : Bardaf ! C'est l'embardée ! J'ai fait un tête à queue sur le parking d'un bar à putes. Jusque là ce n'était peut-être pas une si mauvaise entrée, on pourrait même trouver l'emplacement approprié, mais je n'y ai pris aucun plaisir. La fin d'un mythe ! Déjà !?


Allez, je dévoile : il y a dans ce bouquin plus de chute de reins que de chute de Rome et le bon St Antoine a bien du travail pour m'aider à trouver Saint Augustin. Pour une fois je résume : deux glandeurs reprennent, après bien d'autres qui se sont plantés, un bar en Corse dans un petit village en voie de désertification. Voilà, voilà, c'est un peu court. Il va falloir meubler. L'auteur aussi, en route pour l'album de famille et les petits cancans sur chacun, j'ai sûrement raté l'une ou l'autre tournées lors de la mise en perce d'un nouveau fût. Tellement à court qu'il ira jusqu'à utiliser le copier-coller d'un vieux sermon désuet sur lequel il ne doit plus y avoir de droits d'auteur.


J'aime suffisamment les sentences qui semblent s'éterniser semblables à ces sentiers secrets dont les lacets serrés me fassent passer par cent sentiments semés à mon insu attisant mes sens par divers artifices, aussi l'été, tout en serpentant sans soucis dans les sillons d'une vaste pensée issue des synapses d'un auteur instruit. Oui j'aime les phrases, qui locutionnent et circonvolutionnent. Et me bercer de tendre poésie m'assure parfois une symbiose instantanée, modifie en profondeur ma perception de l'univers. Ce n'est donc pas cela.


Alors peut-être que C. Jérôme ?


Je m'attendais à beaucoup mieux sur des thèmes aussi fort que l'homme face à la mort ou l'impermanence des civilisations. Déçu, déçu. Rien de nouveau, déjà dans la Rome antique ces thèmes étaient rebattus car j'ai lu sur une critique de Siabelle quelque chose comme : «Et pourtant, il n'y a pas de paix après les batailles durement gagnées, pas de repos, nulle réalité stable, seulement des espaces libres à la place d'amis, de l'air empoisonné et des vastes silences obscurs.» Sophocle Antigone


Je ne pense donc pas que ce livre va stopper les peuples ignorants de livrer démocratiquement l'Europe aux barbares. Comme dans toute décadence, les partages de larges richesses et les disputes internes accaparent beaucoup trop l'attention au détriment de graves menaces externes que nos regards veulent ignorer. Pensez-y avant les prochaines élections ou tout référendum. Car ce qu'ont fait certains hommes pour assurer une des plus longues périodes de paix en Europe peut être facilement défait par certains hommes (ou femme !), ne vous laissez pas détourner par votre intérêt court terme particulier. Entendez-vous le bruit des bottes s'approcher ?


Mais que cela ne vous empêche pas de bien profiter de vos vacances d'été et de ce présent éphémère qui nous est donné.
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Un avis un peu, beaucoup même, à contre-courant de l'opinion générale, mais peut-on s'obliger à aimer un livre si on le trouve extrêmement surfait ? Tout lecteur est un être imparfait dont la subjectivité est patente. N'est-il pas ? Quelques réflexions en vrac, donc, sur le sermon sur la chute de Rome.

- Beaucoup de prétention dans un livre qui prétend marier réalisme et lyrisme. Ce qui nous vaut des passages d'une trivialité extrême (on ne compte plus les "enculés" sur certaines pages) suivis de moments où le style fait dans l'emphase ampoulée (pléonasme ?)
- Une intrigue principale très légère et anodine qui oblige Ferrari à en développer d'autres (le passé du grand-père, les errances de la soeur) complétement déconnectés. Ne parlons pas de Saint-Augustin qui apparait in fine comme par enchantement. Façon de parler.
- Pas d'unité et, plus grave, pas d'humanité et une sorte de mépris de l'auteur vis-à-vis de ses personnages. Misanthropie ?
- La tragédie finale tient du mauvais mélodrame.
- Belles phrases, accents philosophiques. Certains s'écoutent parler. Jérôme Ferrari se regarde écrire.
- Une vision de notre monde pour le moins cynique. Toute entreprise humaine est vouée à l'échec ? Ce livre aussi.
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Déjà je suis heureuse de n'avoir pas eu à acheter ce livre, puisqu'on me l'a prêté... Depuis quelques années, je n'achète plus le Goncourt, quand on sait toutes les magouilles qui tournent autour de ce prix, destiné jadis à récompenser une oeuvre superbe.

Ici, on est encore dans la prétention littéraire, dans "le grandiose", dans le style "artiste", cher aux Goncourt, mais qui eux savaient écrire ! Il est si facile d'user d'un style qui "en fout plein la vue", pour les néophytes qui s'extasient à la moindre phrase un peu tarabiscotée, qui sonne "chic", qui se démarque des petits auteurs à la semaine (Ferrari, cependant, semble écrire de plus en plus de romans qui sentent le vite fait bien fait, avec toujours la "noirceur" ou "l'ambiance malsaine" qui est désormais sa griffe de prédilection !

Mais quelle emphase ! On a reproché les phrases qui tiennent sur deux pages, sans un point pour les aérer, pour reprendre son souffle. Cela fait chic, vous comprenez. Cela montre le prof qui a lu Proust et qui ne peut s'empêcher d'en laisser quelques bribes, pour épater son lecteur qui ne tarde pas d'ailleurs à perdre pied et haleine. Car la simplicité, c'est aussi un art, un GRAND ART, et puis laissons à Proust sa spécialité !

Mais s'il n'y avait que ces petits défauts de forme ! C'est que le fond, "le sujet" est complètement raté ! Allez chercher des comparaisons qui sont incomparables, comme la chute de l'empire romain avec un petit bar minable dans un petit village minable de Corse, comme il en existe tant - en Corse comme ailleurs - mais cela a plu à beaucoup de Corses, d'ailleurs, qui ne tiennent pas tous, fort heureusement, un bar qui est à la fois un "bordel" et tout ce que vous voudrez de détestable. J'ai trouvé les différentes histoires qui s'y passent tirées par les cheveux, invraisemblables !! Mais comparer la Chute de Rome en prenant l'emphatique discours de notre bon vieux Saint Augustin, avec la destinée de deux jeunes garçons ratés (qui abandonnent "la culture", autrement dit "la philosophie", qui est... l'art de la sagesse et de la raison, pour prendre en main un bar effondré et libidineux), en comparant ainsi un pauvre crime commis sur un pauvre bougre par un pauvre emplâtre puant le vin et décérébré, aux trésors des civilisations romaines, voilà qui frise toutes les figures de rhétorique de l'exagération et Dieu sait s'il y en a !

L'histoire en elle-même pouvait être "bien traitée", mais à condition de trouver la forme et le ton original et non convenu, rien de nouveau sous le soleil, mais le style à lui seul fait miracle ! Or Ferrari nous a ennuyés, nous a enlisés, nous a menés en bateau et fichu le mal de mer tout au long du bouquin. Mais combien je te remercie, l'ami, d'avoir fait court ! jamais je n'aurais pu arriver à la fin de ton histoire ! il est vrai que cela a dû être éreintant de tenir le rythme, quand tout est si difficile, si fouillé, si recherché ! Ma parole ! c'est qu'ils sont doués les petits profs de philosophie, aujourd'hui ! et que n'inventent-ils pas pour semer la terreur chez le lecteur ou provoquer chez lui ce sentiment de "sublime", cher au pseudo-Longin : « La nuit de la fin du monde était calme. Nul cavalier vandale. Nul guerrier wisigoth. Libero faisait la caisse, le pistolet posé sur le comptoir.» Non, les amis, vous ne rêvez pas, la fin du monde arrive, l'eschatologie approche, on va juste zigouiller un pauvre type, et puis tout recommencera comme au début des temps !

On s'attendait à quelque chose d'original, on aurait voulu s'enflammer pour les héros, les prendre en empathie, trembler, rire, vivre quoi ! Non ! on a baillé, comme toujours, on a ri aussi devant la pauvreté grandiloquente des moyens employés pour faire "grand siècle", on en a eu ras le bol !

Et qu'on laisse Augustin tranquille ! comment un tel titre a-t-il pu se présenter pour un ouvrage aussi puéril, aussi banal, aussi fallacieux et creux, et... emmerdant, allez, je l'ai dit !

Je vous en conjure : ne lisez plus le Goncourt, il vous fera perdre votre temps et votre argent. Ou alors, faites comme moi : vous vous le faites prêter, et puis, après, vous vous régalez à écrire un petit article, pour plaire à ceux qui auront partagé vos moments inoubliables !

Mais encore un dernier mot : il se peut bien que Ferrari ait compris la psychologie des lecteurs d'aujourd'hui : faire du convenu, de l'attendu, ne pas déranger les médias, être un reporter à la mode (à la mode corse, ça saute encore mieux !), ne pas faire des vagues (en Méditerranée, pourtant il y en a pas mal), jouer encore la carte "du tourisme", de cette île où "tout peut arriver", et en cela il est encore en adéquation avec la presse locale qui signale presque tous les quinze jours un assassinat !), le tout enrubanné d'un style grandiose et à la fois "vrai" et trivial, puisqu'il y a des passages où les expressions écrites sont familières, peu soutenues, voire très choquantes par rapport au "grand style" !

J'en ai assez dit ! Ce n'est pas demain que je lirai du Ferrari, qui pond régulièrement des livres, tranquillement installé au Qatar. Pas mal pour un petit prof de philo, qui a trouvé les gogos de France pour se faire une réputation et empocher du fric facilement, tout en RIDICULISANT, une fois de plus, la VRAIE LITTERATURE.
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En Corse, dans un petit village loin de la côte, il y a le bar de Marie-Angèle, Hayet y travaille comme serveuse. Un jour, elle s'en va sans prévenir. Mais, Marie-Angèle sait avec certitude qu'elle n'ouvrira plus le bar." Elle ne s'infligerait pas une seule fois de plus le spectacle de l'infecte soupe jaunâtre cristallisant dans les verres sales, l'odeur des haleines anisées, et les éclats de voix des joueurs de belote, au coeur d'hivers interminables dont le souvenir lui donnait la nausée, et les disputes incessantes avec leur rituel des menaces jamais mises à exécution, immanquablement suivies de réconciliations larmoyantes et éternelles.'
Elle décide de mettre son bar en gérance. Après deux tentatives plutôt ratées, deux hommes du pays qui ont fait des études vont prendre la relève.

Une lecture qui ne m'a pas accrochée et qui ne restera pas dans ma mémoire.
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J'écris très tardivement mon avis sur ce livre, qui a déjà rencontré un grand succès auprès du public - le prix Goncourt y étant peut-être pour quelque chose ! Oui, je veux bien: ce roman a des qualités. L'idée de mettre en scène ces deux apprentis philosophes choisissant d'ouvrir un bar dans leur village corse est a priori plaisante. Le récit des diverses étapes de leur (més)aventure est agréable à lire, dans l'ensemble. Les considérations sur les familles des deux héros m'ont semblé manquer un peu d'intérêt, mais c'est sans doute pour planter le décor. Le style de l'auteur est abusivement emphatique, ses phrases sont souvent trop longues et le lecteur sent bien que c'est très "fabriqué" mais, après tout, pourquoi pas ? cela donne une couleur particulière à ce texte.

Cependant, ce qui me semble être une vraie "escroquerie", c'est le titre du livre, ainsi que ses pseudo-considérations philosophiques sur la décadence de l'Empire romain… alors que le sujet est seulement l'ouverture d'un bar dans un coin paumé de la Corse ! Tout le monde - y compris ma concierge, par exemple - sait bien que, dans la vie, il y a des gens doués pour les affaires et d'autres qui "boivent le bouillon". Pour faire comprendre ça, il n'y a pas besoin de faire appel à Saint Augustin et à Leibnitz. C'est surtout cela, bien plus que le reste (y compris le style ampoulé de l'auteur) qui me semble insupportablement prétentieux - ce qui m'a empêché d'aimer ce roman
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Je suis assez perplexe après la lecture de ce roman. Nul doute que l'auteur a un grand talent d'écrivain, même si je n'apprécie pas forcément les phrases très longues qui appesantissent le style. Toutefois, je n'ai pas vraiment compris l'objectif du livre.
L'auteur semble vouloir montrer que le monde est mauvais et que nos deux personnages, Libero et Matthieu ont eu tort d'abandonner des études de philosophie pour renouer avec leur village. Matthieu prépare une thèse sur Leibniz et Libero sur Saint Augsutin, quand ils abandonnent Paris et le monde intellectuel pour tenir un bar en déshérence dans leur Corse natale. Ici, les hommes sont beaucoup plus "terre à terre" et il faut se méfier de tout.
Libero semble vouloir montrer que lui, enfant de paysan sarde peut être une personne respectée en Corse et Matthieu ne parvient pas à s'affirmer, tout comme son grand-père, Marcel qui fut sans cesse tenu à l'écart des grands évènements (famille, réformé pour les guerres, administrateur de seconde zone en Afrique).
L'auteur alterne des paragraphes sur la vie du bar, celle de Marcel et des épisodes sur la vie d'Aurélie, la soeur de Matthieu.
J'ai parfaitement perçu un malaise chez les personnages. Ils sont tous un peu désenchantés, ils bâtissent leur avenir sur de bonnes intentions mais la construction est chancelante. Pourtant, je n'ai pas réussi à cerner les origines de leur malaise.
Il me manque une réelle compréhension des personnages et un lien entre les différents personnages pour donner une cohésion à cette histoire intéressante de survie d'un petit bar de village.
Lien : http://surlaroutedejostein.o..
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On nous sait très peu épris des prix qu'on court : seuls les Femina trouvent généralement grâce à nos yeux et il y a tant à lire ailleurs.
Mais une bonne âme nous a mis dans les mains le Sermon sur la chute de Rome de Jérôme Ferrari(1).
Alors on s'est sentis un peu obligés de lire, hein ? Ça avait pas l'air bien long et puis faut pas bouder tout le temps.
Et ben si : on aurait dû bouder encore un peu.
Alors on va se permettre de grincer des dents, ça soulage et c'est pas si souvent dans ces colonnes qu'on s'autorise une critique inutilement méchante.
Mais franchement, quelle écriture prétentieuse !
Des phrases interminables qui, à grand renfort de virgules et de conjonctions, s'étirent sur plus d'une demi page, au bas mot, si je puis dire, virgule, et qui convoquent les dieux et les archanges à tout bout de champ, et puis ces références, assénées et répétées, au sermon de Saint-Augustin, virgule et virgule ... Aïe aïe aïe ...
Quand la prof de français expliquait les dialogues et leur syntaxe, le petit Jérôme dormait au fond de la classe(2).
Tout comme les coureurs qui s'entraînent consciencieusement pour leur marathon selon un programme bien établi, certains auteurs français pratiquent avec tout autant d'assiduité le programme imposé en vue des prix qu'on court. Un programme qui veut que les effets de style soient désormais indispensables à distinguer la vraie et grande littérature du reste des “livres”.
Le résultat est ennuyeux mais visiblement ça paye.
Bon, le bouquin de Ferrari aura au moins le mérite de nous obliger à (ré)viser nos classiques et le rôle de Saint-Augustin, évêque d'Hippone(3), rhéteur et polémiste, qui voulut répondre au désenchantement provoqué vers l'an 400, par la mise à sac de Rome(4) par les immigrés (qui à l'époque venaient du nord) : Rome n'était qu'une cité des hommes sur Terre, ce n'était pas la Cité de Dieu(5), il n'y avait donc pas de quoi se lamenter et surtout pas de quoi renier sa foi, dormez et priez en paix bonnes gens(6).
Pour conserver l'esprit d'Augustin, Ferrari prend soin de situer son roman dans son contexte historique : l'empire colonial prend l'eau, le monde vient de traverser deux guerres, ... tout fout le camp dans ce roman, même les corps en ruine.
Dans cette chronique d'une fin du monde annoncée, deux enfants du pays Corse abandonnent leurs études parisiennes de philo(7) et se mettent en tête de faire revivre le café du village. Ils ont pourtant étudié Saint-Augustin sur les bancs de la Sorbonne mais ils rêvent (même si leur café reste plus modeste que le forum romain) ils rêvent malgré tout de construire l'idéale cité des hommes sur Terre. Plus dure sera la chute.
Pour les prix qu'on court, on sait bien qu'il faut de la prose alambiquée et savante - histoire de montrer qu'on a des lettres et qu'on n'est pas du peuple - mais surtout il faut un peu de provoc racoleuse - histoire de montrer qu'on sait quand même tout de la vraie vie du peuple et qu'on sait chatouiller le bourgeois qui déjeune chez Drouant.
Fidèle à son programme de course de fond, Saint-Augustin-Ferrari, dossard n° 8 casaque grise, n'y est pas allé avec le dos de la main morte : castration des cochons pittoresque et symbolique, scènes de baise inutiles et nauséeuses (entre les humains pas entre les cochons, pfff !), avalanches de gros mots et de crudités, ...
Pire encore, aucune empathie de la part de Ferrari pour aucun de ses personnages, tous plus détestables et égoïstes les uns que les autres, car il sait bien que pour que la tambouille soit appréciée chez Drouant, il est d'usage également de cracher dans la soupe, d'y cracher une bonne giclée de pessimisme cynique et désabusé, façon : on est tous des cons abrutis (mais moi, je l'écris), notre monde pourri court à sa perte (mais moi, j'aurai au moins laissé un livre), rien à sauver de tous nos contemporains (sauf peut-être la littérature en général et mon livre en particulier) ...
Au début de son bouquin, Ferrari aura ces mots très justes, mais qu'il aurait dû relire :

[...] le monde avait peut-être encore besoin d'Augustin [...] mais il n'avait que faire de leurs misérables exégètes.

On avait prévenu que ce billet, pétri de mauvaise foi, serait inutilement méchant et férocement partial mais on se doit quand même de rester un (petit) brin honnête et objectif, si, si : allez, disons donc qu'on peut quand même lire ce prix, peut-être en sautant les 150 premières pages, pour arriver directement sur les cinquante dernières, celles qu'on a appréciées, celles où les phrases (le marathonien fatigue ?) celles où les phrases retrouvent le goût liquide, suave et sucré, de la belle et bonne littérature :

[...] Nous ne savons pas, en vérité, ce que sont les mondes. Mais nous pouvons guetter les signes de leur fin. le déclenchement d'un obturateur dans la lumière d'été, la main fine d'une jeune femme fatiguée, posée sur celle de son grand-père, ou la voile carrée d'un navire qui entre dans le port d'Hippone, portant avec lui, depuis l'Italie, la nouvelle inconcevable que Rome est tombée.

Ceci dit, Saint-Augustin n'avait rien vu venir lui non plus et n'a finalement écrit son machin que longtemps après la chute de l'Empire.
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(1) - des ingrats diraient que c'est le prix de déjà l'an passé, mais on n'est pas comme ça
(2) - il est d'ailleurs amusant de lire ici ou là combien chacun peut s'extasier devant ces longues et interminables phrases qui sont "finalement, plutôt faciles à lire, et qui ne gênent même pas la lecture" ! ben voyons, oui, on arrive même à lire, malgré le style ! comme si chacun pouvait se sentir fier d'avoir réussi à lire un livre ennuyeux et difficile, parce que ce doit être ça la vraie et grande littérature non ? Non.
(3) - aujourd'hui Annaba en Algérie, près de Tunis
(4) - un Empire récemment converti au catholicisme que l'on accusait de l'avoir conduit à sa perte
(5) - la Cité de Dieu : c'était le titre de l'oeuvre de Saint-Augustin
(6) - pour faire bonne mesure, il est également fait référence à la pensée de Leibniz pour qui le mal constaté sur Terre ne devait pas remettre en cause la bonté et la toute puissance de Dieu - dormez et continuez à prier en paix bonnes gens
(7) - Jérôme Ferrari est originaire de Corse et étudiera la philo à la Sorbonne, ...
Lien : http://bmr-mam.blogspot.fr/
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Le roman élabore une profonde réflexion sur le début, le déclin et la fin de l'homme, de son action et plus généralement du monde. Métaphoriquement, il compare cette chute à celle de la Rome antique. D'ailleurs, Saint Augustin avait déclaré « Tu es étonné parce que le monde touche à sa fin ? Étonne-toi plutôt de le voir parvenu à un âge si avancé. le monde est comme un homme : il nait, il grandit, il meurt ».

Il s'agit de l'histoire de deux amis parisiens, Matthieu et Libero, qui décident d'abandonner leurs études pour reprendre un bar dans le village corse de leur enfance. Anciens étudiants de philosophie, ils s'imprègnent de la théorie de Leibniz afin de faire de ce lieu « le meilleur des mondes possibles ». Se pose alors la question utopique de savoir s'il est possible d'imprégner le monde de philosophie ? Plus encore, a fortiori, l'entreprise de Jérôme Ferrari qui consiste à imprégner la littérature de la philosophie est-elle envisageable ?

Leur affaire tourne bien pendant l'été : ils embauchent du personnel, engagent un chanteur et l'alcool coule à flot. Malheureusement, comme le prévoyait Saint Augustin « ce que l'homme fait, l'homme le détruit » : l'été s'achève et il semblerait que leur affaire soit tragiquement interrompue au rythme des saisons. En quelques semaines, le meilleur des mondes possibles créé est réduit en cendres.

Dans ce roman gravitent des personnages qui tentent de lutter contre la prédiction de leur fin. Ils sont animés par une envie de vivre déchirante, mais il semblerait qu'ils soient prisonniers de leur destin.

Il y a Marcel, le grand-père de Matthieu, dont l'histoire débute en Algérie française, avant la guerre, quand l'espoir du meilleur des mondes était encore possible. Mais, Marcel se retrouve anéanti et meurtri par la guerre. Il est devenu aigri et méchant. Il est passé à côté de sa vie. Il n'a de cesse de se commémorer les absents. D'ailleurs, le récit débute sur la photographie d'une famille. Par la suite, le roman n'aura de cesse de montrer que tous les membres qui la composent sont voués à disparaître. Marcel qui n'était pas encore né à l'époque constate qu'il est absent, que personne ne semble s'en rendre compte et qu'il ne leur manque pas.

On retrouve également la soeur de Mathieu, Aurélie qui est archéologue, dont le métier est de fouiller pour faire ressurgir les souvenirs mais qui semble être le seul personnage assez libre pour arriver à s'en détacher et à leur donner un sens.

Et puis, de manière plus large, lui faisant parallèle, Jérôme Ferrari mêle ce récit à celui de la chute de Rome conduite par les Wisigoths d'Alaric en 410. Cette chute désignerait-elle métaphoriquement la fin de notre monde ? « Dieu n'a fait pour toi qu'un monde périssable » disait Saint Augustin.

L'auteur met tour à tour les différents personnages à l'honneur, leurs personnalités et sentiments. Il alterne les tons sans embuche : entre ironie et envolées quasi lyriques. Il maitrise avec perfection l'ellipse qui lui permet de résumer l'histoire du XXème siècle en la vie de Marcel en quelques chapitres seulement. Il use parfois de phrases très longues, puis parfois très courtes mais elles sont toujours très élégantes et percutantes.

Finalement, c'est avec un malin plaisir qu'on participe à la lecture de ces destins corses, sachant pourtant qu'ils courent inexorablement à leurs pertes.
Lien : https://littecritiques.wordp..
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Grosse déception. Je n'ai eu aucun plaisir à lire ce livre, le récit est bancal, les personnages tous aussi détestables les uns que les autres, et la trame est téléphonée. le parallèle entre la chute de l'empire et le déclin d'un bistro en Corse n'est pas très glorieux.
La morale de cette histoire? Quand deux étudiants décident de quitter Paris pour reprendre un bar au fin fond de la Corse contre l'avis de tous, que leur caissière vient d'un bar de nuit et que les clients ne viennent là que pour espérer coucher avec les serveuses, on se doute bien que ça va mal tourner. On leur donne bien quelques conseils mais il s'empressent de ne pas les suivre, se croyant au dessus du lot. Alors voilà ça finit mal, au moins il y a quelques pages qui sortent le lecteur de sa torpeur, et là-dessus un chapitre final sur saint Augustin histoire de mériter son titre.
Ah oui, la morale, c'est que l'on peut avoir un prix littéraire pour des raisons absconses.
Je suis consterné.
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