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Citations sur La mauvaise graine (19)


*************** C'EST LA VIE ******************

La mer qui vient et puis qui va
La nuit qui fait gris tous les chats

Le jour qui traîne comme un chien
A la recherche de ton bien

Le Pape qui prend le Boeing
Le gangster qui prend les sterlings

L'auto qui rate son effet
L'avion qui n'arrive jamais

C'est la vie .....

La vierge qui attend l'amant
La putain qui vend ses serments

L'oiseau qui trouve son manger
A la barbe du boulanger

La loi qui met les gens au trou
Et celle qui te prend tes sous

La grève qui n'a rien donné
Le ministre dans le fumier

C'est la vie .....

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***********************LES ROMANTIQUES*********************

Ils prenaient la rosée pour du rosé d'Anjou
Et la lune en quartiers pour Cartier des bijoux
Les romantiques

Ils mettaient des tapis sous les pattes du vent
Ils accrochaient du crêpe aux voiles du printemps
Les romantiques

Ils vendaient le Brésil en prenant leur café
Et mourraient de plaisir pour ouvrir un baiser
Et regarder dedans briller le verbe aimer
Et le mettre au présent bien qu'il fût au passé

Ils ont le mal du siècle et l'ont jusqu'à cent ans
Autrefois de ce mal ils mouraient à trente ans
Les romantiques

Ils ont le cheveu court et vont chez Dorian Guy
S'habiller de British ou d'Italianeries
Les romantiques

Ils mettent leurs chevaux dans le camp des jaguars
En fauchant leur avoine aux prairies des trottoirs
Avec des bruits de fers qui n'ont plus de sabots
Et des hennissements traduits en stéréo

Ils mettent la nature aux pieds de leurs chansons
Ils mettent leurs voitures au pied de leurs maisons
Les romantiques

Ils regardaient la nuit dans un chagrin d'enfant
Ils regardaient L'ennui sur un petit écran
Les romantiques

Ils recevaient chez eux dans les soirs de misère
Des gens vêtus de noir qu'ils prenaient pour leurs frères
Aujourd'hui c'est pareil mais fraternellement
Ils branchent leur destin aux abonnés absents
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************ LE CHIEN *************

A mes oiseaux piaillant debout
Chinés sous les becs de la nuit
Avec leur crêpe de coutil
Et leur fourreau fleuri de trous
A mes copains du pain rassis
A mes frangins de l'entre bise
A ceux qui gerçaient leur chemise
Au givre des pernods-minuit .

A l'araignée la toile au vent
A biftec baron du Homard
Et sa technique du caviar
Qui ressemblait à du hareng
A Bec d'Azur du pif content
Qui créchait du coté de Sancerre
Sur les midnight à moitié verre
Chez un bistre de ses clients

Au spécialistes d' la scoumoune
Qui se sapaient de courants d'air
Et qui prenaient pour un steamer
La compagnie Blondin and clowns
Aux paumés qui la langue au pas
En plain hiver mangeaient des nèfles
A ceux pour qui deux sous de trèfle
Ca valait une Craven A ........
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******LE CONDITIONNEL DE VARIETES ******

Je ne suis qu'un artiste de variétés et ne peut rien dire qui ne puisse être dit de variétés car on pourrait me reprocher de parler de choses qui ne me regardent pas .

Comme si je vous disais qu'un premier ministre Britannique ou papou pouvait être déclaré incompétent.

Comme si je vous disais qu'un ministre de l'intérieur pouvait être une canaille .

Comme si je vous disais que les cadences chez Renault sont exténuantes .

Comme si je vous disais que les cadences exténuent les ouvriers , jamais les présidents .

Comme si je vous disais que l'humiliation devrait pourtant s'arrêter devant ces femmes des industries chimiques avec leurs doigts bouffés aux acides et leurs poumons en rade .

Comme si je vous disais qu'à Tourcoing et plus généralement dans l'industrie textile en ce moment ça licencie facile .

Comme si je vous disais qu'il pourrait peut-être exister un prisonnier politique qu'on aurait jugé pour la forme .

Comme si je vous disais que je pourrais suivre dans la rue ce procureur qui regarde , l'eau à la bouche , le ventre d'une enfant mineure .

Comme si je vous disais que ce procureur pourrait être celui qui aurait requis contre ce prisonnier politique qu'on aurait jugé pour la forme .............

Comme si je vous disais d'aller tous ensemble faire la révolution .

Comme si je vous disais que la révolution c'est peut-être une variété de la politique .

Et je ne vous dis rien qui ne puisse être dit de variétés , moi qui ne suis qu'un artiste de variétés
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******LE STYLE ******

J'étais dans le cabinet des métaphores , la loupe à l'œil , à regarder dans le mécanisme compliqué du style . Le style c'était une invention de l'âme pour distraire l'esthète que j'étais . Je trouvais du style à tout et préfigurais même une télévision odorante , une télévision à diriger l'économie olfactive . Nous y arrivons , patience !
Le style c'est cette partie du beau qui s'analyse , dans le repos , quand le spectacle flanche . C'est un arrêt dans la culture , pour mieux gouter . Le style , c'est cette dame qui descendait l'autre matin les Champs Élysées , plantée sur des aiguilles et dont le balancement se ressentait de cette position perchée et voulue telle . C'est ainsi que déambulent les hommes efféminés , me disais-je . Le style c'était la "Femme " , bateau à voile dérivant parmi la foule , tout envergué de chair gonflée et de préscience , l'œil en vigie à scruter le pirate . Le faux , la basse imitation gisait dans mon for intérieur quand j'échangeais les sexes . Le style meurt d'une intention frauduleuse . Le style c'est une prison dans un champ libre . C'est le baillon du superflu .
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******* LE CAMELEON *******

Le rouge me va bien
Le vert me fait l'espère
L'oranger me soutient
Le jaune me tempère
Le bleu me fait les yeux
Le violet me violente
Le blanc me va bien mieux
Que le noir qui me hante

J'aime tous les tissus
Mais l'écossais me tue
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********************** LA MUSE EN CARTE *******************

Je suis l'Apocalypse et tire à perdre haleine
Les sons ultra-diésés d'un cornet à chansons
Je suis le verbe chair , je suis l’huître marenne
Que l'on crève et qui verse une eau d'autre saison

Mes globules en week-end dans les vieux dictionnaires
Se sont caillés en lettres feu sur mon bouquin
Je suis la rengaine du sang qui désespére
Et qui draine l'amour d'un cœur européen

Je suis l'orgue de ceux qui n'ont plus de musique
Et mes trente deux pieds m'empêchent de marcher
Je suis l'homme sucré qui vient de Martinique
Une cane à la main et l'autre pour pleurer

Je suis l'enfariné dans le pétrin à rire
Je suis la poésie et je me bois cul sec
Et la goulée de Dieu que je pipe à ma lyre
M'empoumonne de rimes à dégueuler du bec

Je suis le paradis terrestre avec la pomme
Et vaginalement , je coupe tout à coeur
je suis l'intérêt d'août , foi d'animal et d'homme
Etant ventriculophagiquement d'ailleurs

Je suis le fleuve doux , le mors aux dents sans brides
Qui s'en va vers le Havre , en couleur de chanson
Je me prends pour la Seine et me retrouve humide
Au creux d'un lit crasseux , parmi des rêves cons .
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Ecoute , écoute ... Dans le silence de la mer , il y a comme un balancement maudit qui vous met le cœur à l'heure , avec le sable qui se remonte un peu , comme les vieilles putes qui remontent leur peau , qui tirent la couverture .

Immobile .... L'immobilité , ça dérange le siècle . C'est un peu le sourire de la vitesse , et ça sourit pas lerche , la vitesse , en ces temps .

Les amants de la mer s'en vont en Bretagne ou à Tahiti....
C'est vraiment con , les amants .
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****** C'EST LA VIE ********

La mer qui vient et puis qui va
La nuit qui fait gris tous les chats
Le jour qui traîne comme un chien
A la recherche de ton bien
Le pape qui prend le Boeing
Le gangster qui prend les sterlings
L'auto qui rate son effet
L'avion qui n'arrive jamais

C'est la vie ......

La vierge qui attend l'amant
La putain qui vend ses serments
L'oiseau qui trouve son manger
A la barbe du boulanger
La loi qui met les gens au trou
Et celle qui te prend tes sous
La grève qui n'a rien donné
Le ministre dans le fumier

C'est la vie .....

Les fruits que nous ne cueillons plus
Et le silence qui s'est tu
Les armes qui sont défendues
Les uniformes de la rue
Les urnes de la connerie
Les plébiscites qui nous plient
Le tyran qui mourra demain
Les pissenlits des lendemains

C'est la vie ......

Les jeunes que l'on dit perdus
Les parents qui ne parent plus
Les affections qu'on va faucher
Dans le champ des bars Elysées
Le macadam sur le pavé
Et les pavés d'publicité
Si monsieur Lévybref (*) pouvait
Il imprim'rait la voie lactée

C'est la vie ......

Ces cosmonautes de deux sous
Qui marchent dans les astres mous
Les cons qui boiv'nt du petit lait
Dans les boites de con-centrés
L'aveuglement de notre amour
Et la mort qui bat le tambour
L'enfant que je ne t'ai pas fait
Toujours un d'moins à s'emmerder

Dans la vie .....


( *)Lévybref : surnom donné par Ferré à un patron de presse .
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****** TU SORS SOUVENT LA MER *******

Tu sors souvent la mer , c'est mauvais pour ta voix
Tu devrais mettre un pull , t'as bien assez d'moutons
Et puis prendre ton carrosse et puis rentrer chez toi
Trois cent mille chevaux là-bas disent ton nom
Tu sors souvent la mer , fais gaffe aux inconnus
Avec leur pipe en l'air qui canarde le ciel
Et leur sarreau de fer et leur toiles perdues
Le vent n'a rien à faire avec ces criminels
Ca s'appelle bateau et ça marche au mazout
Ca sait pas marcher droit , ça flirte avec radar
Un espion , un poulet , un voyeur , un bavard

Tu sors souvent la mer , à ton âge il faut pas
Tu mets ta vague à l'air comme un' fill' dans les bois
Et ça donn' des idées à ceux qui n'en ont pas
Ca se met un' casquette et ça s'fout dans tes bras
Tu sors souvent la mer comm' les fill's de la rue
Qui montent sans raison avec un inconnu
Parce que c'est l'usage et qu'elles ont seize ans
Et qu'on peut fair' naufrage sans avoir tout's ses dents
Ca s'appelle l'amour et ça marche au chiqué
Dès la tombée du jour ça boucle ses paquets
Un voyage au long cours dans la rue Réaumur
C'est cinq à six minut's et encor..... c'est pas sûr ......
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