Les amants du Mont-Blanc

Elle était stupéfaite par la réactivité des gendarmes. Pour une fois, ils se bougent, se dit-elle.

Mathis emmena la jeune femme sur la terrasse qui dominait la vallée. Elle fut surprise par le nouveau visage du plus grand glacier de France : ce n’était plus une mer de Glace, mais une mer de cailloux. Les immenses séracs qui l’avaient émerveillée quand elle était enfant n’existaient plus.
C’était triste à mourir, même si les montagnes – aiguille Verte, Drus, Grandes Jorasses – restaient sublimes.

Quand on dort mal, on se réveille tard. Un classique. (Il fallait le trouver, et oser l'écrire !)

Ça remonte en moi tout à coup, à l’instant, dans la chambre, alors que je regarde la forêt au loin. La grande forêt qui escalade le Mont-Blanc, ces milliers d’arbres serrés à l’assaut de la montagne. Ces conifères tassés les uns contre les autres est la forêt des premières années de ma vie. La forêt originelle. Je l’avais oubliée. Cachée dans ma mémoire. Mise de côté. Censurée. J’habitais avec mes parents près de Nevers, et le dimanche, on allait marcher dans le Morvan, ces collines à l’allure de montagne.

Au pied du Mont-Blanc, dans une sapinière.
Un jour de printemps. Les montagnes ruisselaient de neige,
le soleil grignotait ce que l’hiver avait déposé au cours des mois précédents : une épaisse chape de flocons qui, pour certains, s’étaient transformés en glace pure et bleutée. Les saisons passent, le paysage change, les montagnes demeurent, invincibles.

Lac Blanc.
Belvédère incomparable.
À cette époque de l’année, la neige couvrait le sol, le lac était gelé, d’où son nom.
Léa s’y rendit seule. Elle avait emporté une carte détaillée de la vallée. Le lac se trouvait dans le massif des aiguilles Rouges, face à la mer de Glace et l’aiguille Verte. De là, on voyait quasiment tous les sommets de la chaîne, du Mont-Blanc aux Grandes Jorasses.

La vallée était recroquevillée sur elle-même, ensevelie sous une avalanche de silence.