Dans cette maison je suis seul avec mon corps, je me souviens très bien du temps où nous étions deux en un et nous allions créer tout l'univers, comme cela était notre obligation. (...)
Aujourd'hui j'aimerais savoir exactement ce que nous étions. Nous possédions toute la vérité puisque nous ne voulions rien d'autre. Et nous possédions la beauté puisque nous étions contents, mais nous ne savions pas bien de quoi. C'était un moment excessif où peut-être Dieu nous apparaîtrait. Un de ses instants où tout vacille à force de démesure et où la seule solution plausible est de se tuer. Sans doute n'étions-nous pas assez humains. Nous étions effroyablement proches l'un de l'autre, comme jamais, et cela était terrible. Il n'y avait personne à proximité qui eût sa part de nous.(p. 13)
Dans cette maison je suis seul avec mon corps, je me souviens très bien du temps où nous étions deux en un et nous allions créer tout l'univers, comme cela était notre obligation. Nous sortions d'un bal, par une nuit d'été, je ne sais si tu t'en souviens. Nous marchions le long de la rivière et nous étions immenses...(p.13)
La vérité de toute chose apparaîtra clairement dans l'éternité. Mais nous devons nous montrer raisonnables pour pouvoir continuer à vivre. Admettons pour l'instant que le coupable est celui qui fait feu.
Car la vie de la personne que nous aimons n'est pas seulement celle qui est en elle mais aussi celle que nous mettons en elle de façon à pouvoir la dépenser ensuite peu à peu. (p. 16)
Car un mouvement sans morts ne fait pas sérieux. Un mouvement commence avec une idée mais finit avec des morts pour justifier son existence. Car comment une idée pourrait-elle avoir une valeur sans une vie pour la lui donner ? La puissance d'une idée se mesure au nombre de types étendus sur le carreau.
Vergilio Ferreira :
Lettres à SandraOlivier BARROT présente le livre de
Vergilio FERREIRA, "
Lettres à Sandra", depuis le
cimetière PRADO Reposo de Porto. Il en lit quelques extraits ; images de femmes,
portraits.