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Critique de GribouilleChat


Gilles Bayonne (que l'on a déjà rencontré dans Un chien du diable) ronge son frein dans le Paris du début du règne d'Henri IV, alors que la guerre fait rage ailleurs. C'est que le chancelier l'exige. Il finit de contraindre par la force le chevau-léger d'entreprendre une double enquête dans la « Vallée de la misère », le quartier de la Grande boucherie et du Châtelet, surnommée ainsi à cause du passage des bêtes qui allaient finir leur vie dans la rue de l'Écorcherie. (Voir un site consacré à ce quartier au moyen âge)
D'un côté des vols mystérieux : la plupart des artisans et commerçants du quartier se sont vu dépouiller : les coffres ont été vidés, pourtant personne ne paraît être entré ou sorti ! Les voleurs connaissaient leur affaire, les lieux et les habitudes du logis.
De l'autre, un crime affreux : le père Vuillard, curé de la paroisse a été retrouvé dévoré vif par des rats dans une barrique de sa cave. Depuis des jours, il se barricadait chaque soir, avait engagé un veilleur… et pourtant l'assassin est entré et sorti sans laisser aucune trace !
Bref, tout cela ressemble bien à des diableries ou à l'intervention de fantômes!
Pour mener à bien sa quête, Gilles doit affronter les sbires du chancelier, les commissaires du Châtelet jaloux de leurs prérogatives, le conseil de la paroisse suspicieux, la méfiance générale des habitants du quartier mais surtout le fantôme de son frère qui le hante. Heureusement, il peut compter sur Pique-lune, le petit tire-laine qu'il a recueilli et qui fait preuve d'une inventivité qui n'est pas sans risque!
Donc, un roman policier historique de plus, qui nous entraine dans ce quartier de Paris dont Jean-François Parot a également fait le cadre de plusieurs chapitres de l'Honneur de Sartine, dernier volume à ce jour des aventures de Nicolas le Floch, commissaire au Châtelet près de 200 ans plus tard.
Le roman de Fabienne Ferrère est remarquable dans son genre : l'intrigue policière est bien menée et m'a gardée en haleine jusqu'au bout, les rebondissements, les réflexions sur la place de la mort dans notre vie (et surtout de la mort de ceux qu'on aime) et les descriptions à caractère historique sont remarquablement équilibrés et amenés tout naturellement.
Il est très difficile, je l'ai déjà dit, de réussir ce pari du roman policier historique : le danger est grand de développer le caractère historique au détriment du récit. L'auteur évite brillamment cet écueil. On ne s'attarde pas sur des informations générales sur le Paris du début du XVIIe siècle ou sur les démêlés d'Henri IV avec la pape - qui sont pourtant présents au second plan - mais le roman reconstitue la vie grouillante de ces quartiers pauvres où, à trois ans, un enfant doit déjà subvenir aux besoins des siens, où la misère animale – représentée par exemple par Mouche, la chienne aveugle – rejoint la misère humaine dans une fraternité émouvante, où la puanteur et la crasse envahissent le monde, où voler un agneau vous expédie aux galères pour dix ans, à la potence en cas de récidive…

Bref un très bon moment de lecture, « de la belle ouvrage » comme aurait dit ce petit peuple de Paris qui hante le roman.

Et, malgré tout, malgré surtout le drame atroce qui sous-tend tout le texte, une note d'espoir pour finir "Car voici que le jour vient"…
Lien : http://artetlitterature.blog..
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