Citations sur La loi du désert - Intégrale (13)
Il y a une leçon à tirer quand tes chaussures viennent à bâiller. Si tu sais pas où tu vas, tu sais au moins où t’es allé.
Ils sont bien peu à vouloir remettre en question l'ordre des choses, à manifester une ambition plus puissante qu'être au monde comme sont les cactus : plantés là sans faire d'ombre, se contentant de rien. Juste survivre, le plus longtemps qu'on peut.
Pour tout le monde, il est des endroits qui charpentent l’existence. Des lieux qui marquent la chair ou l’esprit et remodèlent la perception de la vie. Beaucoup citeront : la caserne où l’on change le gosse en homme. La prison où l’on fait du fauve une bête captive. Le dispensaire dans lequel on rallonge le temps qui reste.
La loi du désert. La seule qui tienne le coup quand tout part de travers : toi, ta peau, tes choix et c’est tout. La loi du désert, c’est la loi des hommes.
Vos lois permettent à vos villes d’exister. Elles vous autorisent à être faibles, lâches, impolis, sales, imbéciles, égoïstes, sans trop craindre de vous faire trancher la gorge en réparation. Ici, ce n’est pas le cas. Tout se paie, tout se résout vite.
Riot sait le chemin des sources, lire les pierres gravées. Mais pas vraiment la discussion. Elle dit qu’on ne marche qu’avec ses pieds et que c’est avant tout eux qu’il faut écouter. Que les pas sur le sol forment un rythme, un dialogue entre soi et le monde. Qui l’entend concentre ses efforts sur la marche, et sa survie, aussi. Qui ne l’entend pas s’use à disperser ses forces sur des futilités. Sur des cailloux en forme de crâne. Sur des fusils déguisés en serpents.
Je suis allé sur la tombe de ma femme. J’ai eu du mal à la trouver car elle est tout au fond du cimetière, délabrée, son nom est presque effacé. Voilà tout ce qui reste d’elle. Une pierre dans la poussière, toute bouffée par les ronces, avec personne pour s’en occuper. C’est ça la mort, et les amours dont on ne s’occupe plus, tu vois ? Des noms qui s’effacent sur les pierres…
Et puisque aucune arme ne dort éternellement, certaines qui avaient été conçues pour n’être jamais utilisées le furent, bien entendu.
Déjà abruti par les cahots de la piste, il se demande si celle-ci a quelque chose à leur faire payer. Un message à faire entendre. Mathian se dit : une route n’a sans doute pas d’autre manière de communiquer avec ceux qui l’empruntent qu’en leur imposant sa chanson à elle. Les accidents à sa surface, ses nids-de-poule, ses virages, ses côtes et ses pentes : voilà la voix de la route. Celle-ci n’a rien d’autre que sa branle d’enfer pour exprimer son message.
Foutaises ! Tout ça n’est qu’une brume pour mater les gens. Dissimuler la destruction de dizaines de vieux logements. Ici même, au quartier, sous prétexte de démolir les taudis, on aligne des rues neuves. Bien droites, bien faciles à surveiller. Et surtout, assez larges pour faire passer la troupe.