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Critique de MarianneL


Auteur de romans et d'essais, Michael Ferrier vit à Tokyo depuis 1994, où il enseigne la littérature. Ce petit livre, ce petit bijou oserais-je dire … mais je vais encore me faire engueuler pour usage de vocabulaire perverti :-), est paru en 2004, réédité en 2010 aux éditions Arléa. Michael Ferrier a aussi publié en 2012 le remarqué «Fukushima, récit d'un désastre», dans ma pile à lire.

Après l'introduction – un départ vers Tokyo, à l'aube bien sûr -, ces quatre nouvelles nous conduisent dans les revers de la ville nippone, au gré de ses pulsations. le narrateur, guidé par ses amis japonais, déchiffre la syntaxe de Tokyo, en particulier entre crépuscule et aube, décrivant les endroits ou les gens que l'on rencontre dans les interstices de la ville : une femme rendue folle par sa compréhension intime du Japon, et son impossibilité à la faire partager ; les nuits avec Yo, le linguiste le plus célèbre de Tokyo, animal nocturne qui lui fait découvrir une ville souterraine inattendue, scientifique, agricole ; l'immense agitation, la féerie nocturne puis la rencontre d'un bloc de silence, un maître en calligraphie, trésor national vivant.

Des souvenirs remontent, la résolution des incompréhensions linguistiques par le saké, ou une nuit dans un bar minuscule sous la voie ferrée.
J'aimerais revoir l'aube à Tokyo en compagnie de Michaël Ferrier.

«Les fantômes de Kwaidan et de Kurosawa tournoyaient dans la pièce au-dessus de ses cheveux, les ombres noires des marionnettes et du folklore, les masques rouges du nô. Depuis qu'elle était venue dans cette ville – connaissance par les gouffres – elle avait été happée par sa tonalité particulière, cette qualité de noir, cette couleur si spécifique de bitume calfeutré. Maintenant, la capitale de l'ombre la broyait sans retour : issues de son délire dans un étrange assemblage de mangas et d'estampes, munies d'antennes et de mandibules, coiffées de casques cybernétiques prolongés de tentacules métalliques, toutes les bêtes de Tokyo venaient lui manger la cervelle. Elle affirmait qu'elle se voyait vivante dans ce célèbre tableau d'Hokusai où un poulpe géant violente une jeune femme sur le tatami. Ce n'était plus qu'un corps aveugle, aux prises avec l'éclatement, la dispersion.»
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