AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,35

sur 1367 notes
Me voilà mitigée :
1/ Je trouve les dessins très très impressionnants. Je suis complètement bluffée par les qualités graphiques : la représentation des tableaux aux stylos, les personnages, les couvertures de magazines, etc... C'est très particulier, très soigné et personnellement j'ai trouvé magnifique.
2/ Les anecdotes de la vie, le cinéma, la mort de Martin Luther King, les références musicales, ses amitiés atypiques, le fait qu'elle se dessine en loup-garou, ses désirs, ses émotions, le passé très triste de Anka, la maladie de sa mère, le regard innocent dans un monde difficile, etc... Bref, un contenu plutôt touchant.

Mais alors pourquoi mitigée?

Il y a un côté un peu désordre qui m'a gênée dans ma lecture. C'est l'assemblage très unique qui m'a perturbé au point de me perdre. Ce qui en fait une oeuvre unique était en fait déstabilisante pour mon cerveau, trop habitué à un style carré et organisé.

Un très gros travail, une maîtrise artistique qui ne laisse pas indifférent.
Commenter  J’apprécie          9721
Osez ce livre!
Dépasser ses préjugés sur son titre, sa couverture, son genre peut-être, et se couler dans cet objet littéraire absolument fascinant, c'est la garantie d'une expérience sensorielle de lecture profonde, émouvante, déstabilisante, unique!
C'est d'abord pour ma part une nouvelle preuve que le roman graphique de qualité est un genre majeur, propre à susciter la même admiration et le même niveau de ressenti qu'une oeuvre littéraire classique; celle-ci est en l'occurrence une expérience de lecture augmentée de tout premier plan. le texte est très présent, impeccable, et parfaitement à sa place autour de dessins d'une inventivité incroyable et d'une charge émotionnelle rare. Je n'aurais jamais cru qu'un dessin au stylo bille fasse un tel effet!
De fait, le format du roman graphique est le plus efficient pour porter cette double histoire de la petite Karen qui, ouvrant l'oeil sur le monde et sentant les secrets qui oppressent sa famille, préfère être un monstre, et de son enquête sur la mort de sa voisine Anka et son passé douloureux de juive allemande pendant la guerre.
Car grâce au dessin, grâce aussi à l'explosion des codes narratifs que l'auteur s'autorise (tout en maîtrisant totalement son récit), ce sont une multitude de contre-plans et d'infra-mondes qui nous sont donnés à voir : celui d'un quartier de Chicago de la fin des années 60 ravagé par la misère et le racisme, celui du caractère monstrueux, bon ou mauvais monstre, qui se cache en chacun, celui de la vérité du monde qui s'expose dans les toiles des grands peintres, celui des peurs enfouies, des vérités cachées, des sentiments profonds exposés avec un mélange de violence et de pudeur qui sonne juste.
J'attends avec impatience le deuxième volet de cette oeuvre qui m'a totalement embarquée et ouvert des portes.
Commenter  J’apprécie          915
Ce roman graphique est un chef d'oeuvre ! Et pourtant, la première fois que je l'ai vu en librairie, j'ai été presque rebutée par la couverture et par les quelques pages feuilletées. Grosse erreur de ma part quand, après l'avoir emprunté à la bibliothèque, j'ai commencé à le lire, puis à scruter attentivement les planches. C'est époustouflant ! L'intrigue tourne d'une petite fille Karen qui vit à Chicago en 1968, elle partage sa vie avec sa mère et son frère qu'elle adore et qui lui a fait découvrir la peinture.
Elle adore les films et les magazines d'horreur, passe son temps à en redessiner les couvertures, elle est rejetée par ses camarades d'école, se rêverait en monstre pour pouvoir se rebeller, venger les humiliations qu'elle subit. Et puis il y a sa voisine du dessus : Anka silverberg, une juive allemande rescapée de la Shoah et qu'on retrouve assassinée. Karen se lance dans une enquête, grâce au mari d'Anka, elle écoute des cassettes enregistrées par cette dernière qui raconte sa vie en Allemagne : dominée, exploitée par des hommes pervers, humiliée, stigmatisée parce que juive et déportée… Une longue litanie de malheurs qu'écoute cette petite fille en cachette. Car derrière ses airs bravaches, c'est encore une petite fille confrontée à la tristesse de son grand frère, à la maladie de sa mère et à un secret familial.
Ce roman graphique développe plusieurs thèmes comme l'enfance, la violence de la société (celle vécue par Karen mais aussi celle vécue par Anka), la figure du monstre (pour Karen, tous ceux qui la blessent ou la rejettent sont des monstres) , la sexualité qui définit chacun d'entre nous (Karen aussi jeune soit-elle sait déjà qui elle aime), la famille (Deeze le frère est un personnage ambivalent, repère essentiel pour Karen, qui cache des secrets).
Visuellement c'est superbe, chaque planche révèle les multiples inspirations de l'auteur : j'ai beaucoup aimé les pages consacrés à la découverte d'un musée L'Art Institute dans lequel se promènent Karen et Deeze son frère. Ils s'arrêtent notamment devant le tableau de Georges Seurat « Un dimanche après-midi à l'île de la Grande Jatte » et quand on regarde de plus près, on s'aperçoit qu'Emil Ferris a dessiné les visages de Karen et Deeze à la manière de Seurat. Plus loin, l'auteur évoque la déportation des juifs et leur transport dans ces wagons infâmes : la double planche muette est à la fois tragique, empreinte de dignité et de résignation. Je pourrais évoquer encore d'autres planches mais ce serait dommage de tout dévoiler. Je vous conseille donc de vous précipiter sur ce roman graphique de 416 pages qui vous laissera pantois.
Je mets 5 chats car c'est un coup de coeur pour moi.


Lien : https://labibdeneko.blogspot..
Commenter  J’apprécie          681
Au vu de la note moyenne, « Moi, ce que j'aime c'est les monstres » semble faire l'unanimité. Je ne vais pas tout à fait me joindre au concert de louanges. Si la B.D d'Emil Ferris est une oeuvre intéressante et réussie à bien des égards, elle est à mon sens loin d'être parfaite et n'est pas exempte de défauts regrettables.

Le principal reproche que j'ai envie d'adresser à « moi, ce que j'aime c'est les monstres » c'est son manque de crédibilité. A aucun moment, je n'ai oublié que j'étais en train de lire, jamais je n'ai été totalement immergée dans l'histoire au point d'oublier mon statut de spectatrice. Je n'ai jamais vraiment cru à cette histoire. Cela est dû, à mon avis, à un manque de simplicité. L'oeuvre de Ferris aurait gagné à être plus simple et finalement plus humble. Il y a trop de pathos dans « moi, ce que j'aime chez les monstres ». Anka, Je ne dis pas que cela ne peut pas arriver, certains cumulent les malheurs, mais dans une fiction je trouve que cela fait trop, le récit perd en crédibilité. Ajoutez à cela Je trouve que ça fait trop pour sonner juste. Et puis du coup, le récit part dans tous les sens. J'aurais préféré qu'il soit centré sur le personnage de Kare au lieu de se disperser.

Mais ne croyez pas que j'ai détesté la B.D d'Emil Ferris. Pour une première oeuvre, c'est du très bon travail. « Moi, ce que j'aime chez les monstres » a beaucoup de qualités. Même si je n'ai jamais vraiment cru à l'histoire racontée, j'avais tout de même envie de connaitre la suite. Je ne me suis jamais ennuyée lors de ma lecture. le personnage de kare est intéressant et attachant. J'ai aimé cette jeune fille qui pour combler son manque de confiance en elle va s'identifier aux monstres de la culture populaire. J'ai adoré les passages dans lesquels son frère l'emmène au musée, la façon dont elle perçoit les oeuvres d'art.
Et puis il faut bien dire que le dessin d'Emil Ferris est très beau. Fait au stylo, tout en hachures, le trait de Ferris est intense. L'impact sur le lecteur est indéniable. La mise en page est souvent intéressante et dynamique. Visuellement, c'est vraiment superbe et on prend plaisir à s'attarder sur chaque planche. Ferris varie les styles et que ce soit en imaginant des couvertures de revues d'horreur ou en reproduisant des toiles de maître, elle fait preuve d'une belle virtuosité.

S'il m'a semblé que narrativement « moi, ce que j'aime chez les monstres » pêchait par manque d'humilité et était émaillé de défauts qui m'ont vraiment gênée, j'ai tout de même passé un bon moment de lecture. Même si j'ai trouvé que cette histoire manquait de vérité et que je n'ai jamais dépassé le sentiment d'être en dehors du récit, j'ai tout de même envie de connaitre la suite, je lirai donc le second tome. D'autant plus que ce sera un plaisir d'admirer à nouveau le dessin d'Emil Ferris. Si je ne suis pas entièrement convaincue par la Ferris scénariste, la dessinatrice m'a en revanche complètement séduite.
Commenter  J’apprécie          656
J'ai adoré Moi, ce que j'aime, c'est les monstres. Ce roman graphique est totalement époustouflant. Un récit écrit au crayon Bic 4 couleurs. Parfois on se demande l'utilité d'un tel crayon... Hé bien ici c'est totalement démontré.
Comment vous amener à ce récit ? Par quels mots ? J'aimerais à mon tour avoir un tel crayon magique pour vous le dire... Et surtout vous dire le talent de l'auteure, Emil Ferris.
L'histoire est presque banale. Il s'agit d'une enquête menée dans le Chicago des années 1960 par une petite fille de dix ans, Karen Reyes, à la suite du mystérieux « suicide » de sa voisine du dessus, retrouvée morte avec une balle dans le coeur dans un appartement fermé de l'intérieur.
Karen Reyes porte certes à merveille imperméable et chapeau façon Humphrey Bogart dans le rôle de Philip Marlowe, elle nourrit une passion dévorante pour les monstres et les BD d'horreur. Mais c'est une enfant qui souffre et de cette souffrance née l'idée qu'elle soit une montre. Oui, elle a choisi de sa propre volonté d'être une monstre. Une sorte de loup-garou... Sans doute son histoire personnelle la dicte vers ce choix...
Mais dans ce quartier plein de prédateurs, être un monstre protège plutôt qu'être une femme...
Karen Reyes a un frère, Deeze, et c'est à la fois pour elle un bien et un mal... Drôle de bonhomme...
Karen Reyes décide de mener elle-même sa propre enquête...
Lorsque Karen Reyes n'enquête pas, elle passe presque tout son temps à dessiner. Peut-être elle aussi avec un Bic 4 couleurs...
Passé le côté époustouflant de la narration, nous découvrons l'émotion qui se dégage du personnage principal. Je retiens cette scène où le frère de Karen insiste fortement pour que celle-ci se regarde dans un miroir. Alors le visage d'une monstre fait brusquement place à celui d'une adolescente ravissante... Sidérant...
J'ai été touché par les thèmes évoqués ici : l'enfance meurtrie, la Shoah, la violence de notre société, la figure de ce qu'est un monstre ou ne l'est pas dans cette société... Vaste sujet...
J'ai découvert le parcours atypique de l'auteure. Victime d'une méningo-encéphalite, c'est avec un stylo à la main, plongée sur un carnet à spirale qu'elle s'est collée à ce magnifique roman graphique. Cela rajoute au côté fascinant de cette histoire... Bravo !
Pour moi ce roman graphique est un véritable coup de coeur.
Commenter  J’apprécie          5617
J'ai pris mon temps, Emil, pour explorer et savourer Moi, ce que j'aime, c'est les monstres.
Comme j'ai hâte, ce premier tome achevé, de découvrir le second!
Vous arrivez,Emil Ferris,dans le paysage de la bande dessinée comme un phénomène inattendu.
Ce dessin ressort d'un croquis fichtrement élaboré, avec l'utilisation de ces trames de traits, plein de traits qui donnent la profondeur au graphisme.
Cela navigue du naïf à la gravure de maître, au service d'un récit qui explore le mal et les maux. Un fleuve puissant, dans ce Chicago des années 60 habité d'émeutes et de fantômes, d'hommes et de femmes souffrants.
Et il y a les monstres de Karen, réels, imaginaires, fantasmés...
Les couleurs, lorsqu'elles sont présentes, sont là où il faut: Au service du propos qui le nécessite. Juste comme il faut.
Le bouquin est énorme, dessiné sur fond de carnet ligné... Et ce n'est que le premier! Arrivé d'Amérique et objet d' une reconnaissance, d'un succès et d'une admiration méritée! Pour un premier ouvrage, c'est exceptionnel.
Vite,Emil, qu'arrive votre deuxième tome!
Commenter  J’apprécie          523
Fauve d'or 2019 du meilleur album de l'année écoulée à Angoulême.
Par quoi commencer ? Difficile d'être concis avec ce monument (800 pages) ! Les couvertures ? Art Spiegelman écrit : « Emil Ferris, est une des plus grandes artistes de bande dessinée de notre temps. »
Son parcours également est atypique. le jour de ses 40 ans, elle se fait piquer par un moustique qui l'a met KO trois semaines. Lui est diagnostiqué une méningo-encéphalite. C'est en se scotchant un stylo à la main, qu'elle parviendra à dessiner quand même. Six ans de travail pour ce roman graphique dessiné au stylo sur un carnet à spirale. Fascinant ! Envoûtant !

Une gamine vit entre sa mère pieuse, son frère coureur de jupons et amateur d'art qui l'emmène au musée, mais aussi par les monstres qu'elle s'invente, dont elle-même. Un peu gênée au début, dans le fait que Karen est représentée avec deux dents, façon vampire. La voisine, survivante juive de l'Holocauste, meurt. Est-ce un suicide ou un assassinat ? La gamine va enquêter.
Pourvu que la suite arrive avant six ans… J'ai bien conscience de tenir entre les mains une oeuvre magistrale.


Commenter  J’apprécie          520
Années 1960. Chicago. Quartier populaire.
Karen a dix ans et se passionne pour les monstres, fantômes et autres créatures diaboliques et fantastiques. Elle est abonnée à plusieurs magazines où ses héros ont la belle vie. D'ailleurs, elle aimerait se faire mordre par un monstre pour en devenir un elle aussi. Mais attention hein, il y a des bons et des gentils monstres. On ne va pas lui faire à Karen ! C'est que des méchants, elle en connaît un paquet. D'abord les élèves de sa classe, les bonnes soeurs qui dirigent l'école, puis celle ou celui qui a assassiné la voisine du dessus... et tout un tas d'autres. Parce que les G.E.N.S. (Grossiers, Ennuyeux, Nuls, Stupides) ne sont pas sympas.
La vie, la vie c'est pas simple. Surtout qu'on ne lui dit jamais rien. Heureusement, elle a son carnet pour tout noter et dessiner. Et quand ça ne suffit pas, elle enfile son imper de détective et prend son cartable et hop, elle part à la recherche d'indices...

C'est par une multitude de dessins hachurés (faits main, au stylo bille) que nous entrons dans le domaine de Karen. Une profusion de dessins plus époustouflants les uns que les autres, jusqu'aux reproductions de tableaux de maîtres : notre petite Karen adore l'art et aller au musée avec son grand frère.
Une galerie impressionnante de portraits et de décors qui montre l'étendue du talent et de l'imaginaire de l'artiste ! On passe son temps à scruter les détails de chaque planche.
Une histoire qui peut paraître décousue, mais n'oublions pas que la narratrice a dix ans et se passionne pour de nombreux sujets.
Des thèmes très variés donc dans cette histoire qui touchent au drame familial, au roman historique, au roman social, sans oublier le roman policier. Et des ajouts d'histoire de l'art et de mythologie qui agrandissent encore le récit.

Une mine, un trésor, ce roman graphique est hors-norme déjà par la personnalité de son héroïne, petite-fille qui étonne par son comportement si éloigné du conformisme ambiant, et par la mise en page et en dessin de l'histoire : cahier à spirales crayonné, parfois dans tous les sens.
Un bel objet !
Commenter  J’apprécie          517
AAAAaaahhhhh ! Quelle horreur, une histoire de monstres !
« Nous avons peur du monstre, notamment si ce monstre, c'est nous. Nous sommes monstres dans nos échecs, dans nos appétits, dans nos désirs. » dixit Emil Ferris, l'auteure de cette somme sur les monstres.
Inutile de vous dire qu'Emil Ferris en voit partout des monstres, dans ses corn-flakes le matin, sous son lit, dans la rue, dans une salle de classe. Emil Ferris, dans le livre c'est une petite fille qui s'appelle Karen Reyes. Karen adoore les monstres, d'ailleurs elle se voit comme un loup-garou avec de charmantes canines qui dépassent de sa petite bouche.
Mais qu'est-ce-que c'est que ce bouquin ? et puis surtout, je grince des dents rien que d'y penser, voilà un sujet qui n'est pas du tout pour moi ! en dehors de toute zone de confort !
Les zombies c'est ridicule non ? (je crois que je vais pas me faire que des ami.es là), les films d'horreur - je prends mes jambes à mon cou-, le gore - non mais ça va pas la tête ? y a pas assez de cinglés dans la rubrique faits divers, il faut en plus en accueillir dans son salon, sur son strapontin dans le métro ou dans son lit ? Ah désolée, mais ça sera sans moi !
Pas mal rebutée par le graphisme de la couverture, j'avais déjà dû lire une ou deux chroniques par ci par là sans que cet OLNI retienne mon attention, allez hop, les monstres, c'est par ici la sortie...
Et puis, il y a quelques jours, par le hasard d'un peu de surf sur babelio, je retombe sur ce roman graphique, sans vraiment en avoir entendu parler avant. En 2017, je ne savais même pas que babelio existait (euh, oui, ça y est vous savez maintenant, c'était moi … Pas taper hein ???)
Et puis là, tout de même, je me dis qu'il y a un truc pour mériter tous ces avis dithyrambiques. 4,36 étoiles de moyenne pour 1 155 notes, excusez du peu …
Alors ma curiosité l'emporte, et je décide de m'y frotter un peu à ces monstres, juste pour voir… Mazette quel poids ce truc ! c'est le Bottin des monstres ou quoi ?
Au premier abord, je ne suis pas plus convaincue que ça, ces grandes pages avec ces reproductions hallucinées de couvertures de magazine des années 60 aux couleurs psychédéliques, bof…
Mais bon, maintenant que je l'ai en main, ma curiosité est tout de même piquée par le coup de crayon bluffant… C'est trop tard maintenant, je ne vais pas me dégonfler, alors zou, j'embarque.
J'arrive chez moi, et regarde à nouveau le susdit pavé. Réflexion faite, là on n'est plus dans le pavé, on approche du piédestal, heureusement que je n'avais rien rapporté d'autre de la médiathèque, je me serais me cassée le dos...
Reprenons cette couverture, Bizarre, vous avez dit bizarre ? La couverture avec cette femme au visage bleu, quel sentiment de malaise … En plus l'auteur s'appelle Emil mais c'est une femme, ça aussi c'est louche…
Et puis surtout, damned ! l'éditeur n'a pas mis de numéros de pages ! Quelle horreur ! ça c'est bien pire que tous les monstres du bouquin ! Monsieur Toussaint Louverture, c'est carrément rédhibitoire, je NE PEUX PAS lire un livre s'il n'y a pas le nombre de pages ! C'est la première chose que je fais quand j'ouvre un bouquin, avant même de savoir de quoi ça parle, j'ai BESOIN de savoir le nombre de pages… Ben oui, après je fais des calculs presque savants (bon alors là j'en suis au quart, aux deux-tiers, … j'espère que vous êtes impressionnés par mon excellent niveau en calcul mental). Mais là comment je fais ?
Et puis d'abord, c'est quoi cette histoire de monstre ? Je n'ai plus 8 ans ! Quoique … tout le monde n'est pas de cet avis …
Alors j'ai regardé par le trou de la serrure ce que fabriquait Karen, la petite-fille loup-garou. En fait, ensuite la serrure s'est agrandie, et par un tour de passe-passe étrange elle s'est transformée en tableau. Et là, je ne comprends pas ce qui s'est passé, je me suis penchée en avant, encore et encore, et j'ai basculé à l'intérieur du tableau. Quand je vous disais que c'était bizarre, vous me croyez maintenant ?
De l'autre côté du tableau, j'ai rencontré une foule de personnages qui s'avèrent assez attachants ; Karen bien sûr, sa mère, son frère, son amie imaginaire, … et finalement il n'est pas compliqué de se couler dans l'histoire. Cependant, je ressors de cette lecture un peu éparpillée façon puzzle. C'est foisonnant, peut-être un peu trop de thèmes sont abordés, on ne sait plus bien où donner de la tête au sens propre comme au figuré. Quelques trouvailles graphiques sont remarquables, comme l'idée de reproduire un cahier avec des spirales et des interlignes, pour donner l'impression d'être en train de regarder les dessins de Karen sur son cahier d'écolière par-dessus son épaule.
J'ai trouvé particulièrement attrayantes graphiquement les grandes planches avec les portraits, et celles où l'auteure reproduit des oeuvres d'art permettant à Karen de littéralement entrer dans les tableaux, tout en nous permettant de glisser un regard nouveau sur ces oeuvres.
Les portraits croisés des deux héroïnes, Karen et Anka (la voisine qui habitait au-dessus de chez Karen mystérieusement décédée) sont très réussis et touchants.
Cependant, si je ressors de cette incursion au pays des monstres impressionnée par l'incroyable graphisme, l'histoire est assez alambiquée, extrêmement noire, tous les personnages filent le bourdon pour des raisons diverses et variées, et je suis parfois restée en marge de certaines horreurs, le curseur étant poussé parfois trop loin pour moi (en particulier les pages avec les pédophiles) et certains passages sont restés confus.
Après avoir ingurgité ces monstrueuses 416 pages (j'ai juste réussi à trouver l'info du nombre total de pages), je reste mitigée et paradoxalement sur ma faim puisque le tome 2 ne devrait pas sortir avant janvier 2024, sa sortie ayant déjà été repoussée à plusieurs reprises aux États-Unis (alors après le temps qu'il soit traduit…). Je me ferai bien un petit film d'horreur en attendant, pas vous ? (naaan, je blague…)


Commenter  J’apprécie          5013
"Bonjour les Babélionautes! Aujourd'hui, on s'attaque à du lourd avec Moi, ce que j'aime, c'est les monstres, d'Emil Ferris.

-Ah ça, pour être lourd, c'est lourd: il pèse quatre kilos le bouquin.

-Or donc, Karen, petite fille dans les années 1960, adore les monstres et les films d'horreur. D'ailleurs, elle en est un elle-même, de monstre, elle en est convaincue! Lorsque la voisine, Mme Anka Silverberg, est retrouvée morte, la fillette décide de mener l'enquête...

Pour commencer, quel objet original! Ouvrez-le: les pages sont striées de marges, de lignes, des trous figurent les orifices pour les ranger dans un classeur. Vous trouvez non dans un roman graphique, mais dans un journal intime graphique! Quelle idée brillante!

-Regarde-moi ce foutoir, c'est impossible de s'y retrouver! Pas de découpage bien net en cases, il faut retourner le bouquin pour lire certaines phrases, il y en a partout, ça part dans tous les sens! Et l'histoire aussi part dans tous les sens, je comprends rien!

-Ah, tu trouves? Moi, je dirais que c'est foisonnant... je n'ai pas trouvé cet éparpillement désagréable...

-"Foisonnant"? Non, on dit "bordélique"! Arrête un peu tes expressions Télérama, ça ne prend pas!

-Je reconnais que la lecture devient plus facile quand on arrive à l'histoire de Mme Anka.

-Parce que la narration se fait plus conventionnelle à cette étape-là! Comme d'habitude, j'ai raison!

-Oui, peut-être... et aussi parce que le suspense s'intensifie, avec tous ces mystères... J'aime beaucoup la ténacité et la lucidité de Karen à leur propos. Elle se montre consciente d'un fait authentique: entretenir les secrets se révèle plus douloureux que les révéler et vivre avec eux. de façon générale, l'une des plus grandes réussites de ce journal graphique réside dans le regard de Karen, sensible et juste.

-Et les autres réussites? Parce que moi, j'vois pas.

-Il y en a plein! J'aime beaucoup l'exploitation du sens de l'odorat, par exemple!

-Nan mais, Déidamie, dis-nous un truc qui n'intéresse pas que toi sur cette planète! Toulmonde s'en fiche, de l'odorat en littérature!

-Et bien... J'aime beaucoup l'aspect hommage aux magazines pulp et au cinéma horrifico-fantastique. J'adore aussi l'ouverture de la BD vers l'art plus classique! Et ce dessin incroyable! On peut ne pas aimer, le trouver laid, lourd, oppressant, et pourtant, je trouve qu'il dégage une puissance, une maîtrise indéniables! confus et précis en même temps! Je l'ai lu en me sentant...

-... souvent rebutée par la difficulté et dubitative sur le plaisir que j'en retirais...

-... et hypnotisée par la performance époustouflante de l'artiste!
Moi, ce que j'aime, c'est les monstres n'a pas volé sa récompense. C'est une grande oeuvre, devant laquelle je ne peux que m'incliner. Vivement la suite!"
Commenter  J’apprécie          468



Autres livres de Emil Ferris (1) Voir plus

Lecteurs (2769) Voir plus



Quiz Voir plus

Les personnages de Tintin

Je suis un physicien tête-en-l'air et un peu dur d'oreille. J'apparais pour la première fois dans "Le Trésor de Rackham le Rouge". Mon personnage est inspiré d'Auguste Piccard (un physicien suisse concepteur du bathyscaphe) à qui je ressemble physiquement, mais j'ai fait mieux que mon modèle : je suis à l'origine d'un ambitieux programme d'exploration lunaire.

Tintin
Milou
Le Capitaine Haddock
Le Professeur Tournesol
Dupond et Dupont
Le Général Alcazar
L'émir Ben Kalish Ezab
La Castafiore
Oliveira da Figueira
Séraphin Lampion
Le docteur Müller
Nestor
Rastapopoulos
Le colonel Sponsz
Tchang

15 questions
5222 lecteurs ont répondu
Thèmes : bd franco-belge , bande dessinée , bd jeunesse , bd belge , bande dessinée aventure , aventure jeunesse , tintinophile , ligne claire , personnages , Personnages fictifsCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..