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Critique de bdelhausse
J'ai appris à connaître et aimer les idées et les analyses de Marc Ferro sur ARTE. Aussi, quand j'ai appris l'existence de ce livre, je n'ai pas vraiment hésité. Le concept d'aveuglement appliqué à une nation, à une classe politique, aux dirigeants (même d'entreprises) -sinon pour expliquer L Histoire, du moins- pour décrypter des moments-clés de l'Histoire m'a semblé tout à fait pertinent.
D'ailleurs, je m'interroge sur le sous-titre du livre: "Une autre histoire de notre monde". Pour les fans de Marc Ferro, il n'y a dans ce livre aucune "autre histoire", il y a l'analyse à laquelle ils sont habitués. Une analyse fine, bien argumentée, solide, logique, montrant le "dessous des cartes" (autre belle émission d'ARTE, qui abordait les faits par un autre angle de vue).
Ce que Marc Ferro fait, c'est en quelque sorte refuser que L Histoire soit écrite par les vainqueurs. C'est montrer que, collectivement, des nations se sont fourvoyées et se sont maintenues dans des impasses pour ne pas voir les choses telles qu'elles étaient.
Il part de la première guerre mondiale et par un audacieux (et très osé) parallélisme, il aboutit à la seconde guerre mondiale. Il prolonge sur l'Indochine et sur l'Algérie. Puis fait une très brève incursion dans le XIXe siècle. C'est pour mieux revenir au XXe avec son thème fétiche, le cinéma.
Je l'ai dit, c'est brillant, convaincant, érudit et très bien écrit... La guerre d'Algérie, notamment, et le coup de poker de De Gaulle sont très bien décrits.
On sent le "mais..." arriver, non?
Il y a des petits soucis... inhérents à l'approche et à la spécialisation de Marc Ferro. le chapitre sur le cinéma n'apporte par énormément. Les propos qu'il y tient auraient tout aussi bien pu être disséminés au fil du livre. La transition du XIXe siècle vers le XXe siècle ne m'a pas semblé très bien agencée, même s'il fait un come-back sur la question en fin de livre. Enfin, il rate l'essentiel en n'abordant pas l'Etat d'Israël. Il discours sur l'antisémitisme, sur la Shoah, puis sur le racisme global contre les Juifs, en Algérie et même maintenant (via la montée de l'intégrisme musulman). Il aborde aussi la question via la dissolution de l'Empire ottoman et ses suites (via l'Egypte notamment)... mais à aucun moment il ne se penche pleinement sur Israël et sa politique. Est-ce un oubli, une volonté? Est-ce à dire que les dirigeants israéliens ne souffrent pas d'aveuglement, alors que cela a touché les plus grands dirigeants du XXe siècle? A de multiples occasions dans son livre, Marc Ferro a l'opportunité de dévier sur ce problème majeur de la fin du siècle précédent. Intifada, Daesh, Al-Qaeda, colonisation, nucléaire iranien... les entrées et implications sont multiples.
Là où Marc Ferro, par contre, redevient l'historien impeccable que nous aimons (il faut bien l'avouer) c'est dans ses 10 pages de conclusions qui lient tout et font la transition du XXe siècle vers le XXIe... Il évoque même Trump et le Brexit... en laissant entrevoir l'élection du premier et la survenance du second alors que le livre est édité en 2015... Marc Ferro aurait adoré l'année 2016... cette année de l'aveuglement par les sondages.
D'ailleurs, je m'interroge sur le sous-titre du livre: "Une autre histoire de notre monde". Pour les fans de Marc Ferro, il n'y a dans ce livre aucune "autre histoire", il y a l'analyse à laquelle ils sont habitués. Une analyse fine, bien argumentée, solide, logique, montrant le "dessous des cartes" (autre belle émission d'ARTE, qui abordait les faits par un autre angle de vue).
Ce que Marc Ferro fait, c'est en quelque sorte refuser que L Histoire soit écrite par les vainqueurs. C'est montrer que, collectivement, des nations se sont fourvoyées et se sont maintenues dans des impasses pour ne pas voir les choses telles qu'elles étaient.
Il part de la première guerre mondiale et par un audacieux (et très osé) parallélisme, il aboutit à la seconde guerre mondiale. Il prolonge sur l'Indochine et sur l'Algérie. Puis fait une très brève incursion dans le XIXe siècle. C'est pour mieux revenir au XXe avec son thème fétiche, le cinéma.
Je l'ai dit, c'est brillant, convaincant, érudit et très bien écrit... La guerre d'Algérie, notamment, et le coup de poker de De Gaulle sont très bien décrits.
On sent le "mais..." arriver, non?
Il y a des petits soucis... inhérents à l'approche et à la spécialisation de Marc Ferro. le chapitre sur le cinéma n'apporte par énormément. Les propos qu'il y tient auraient tout aussi bien pu être disséminés au fil du livre. La transition du XIXe siècle vers le XXe siècle ne m'a pas semblé très bien agencée, même s'il fait un come-back sur la question en fin de livre. Enfin, il rate l'essentiel en n'abordant pas l'Etat d'Israël. Il discours sur l'antisémitisme, sur la Shoah, puis sur le racisme global contre les Juifs, en Algérie et même maintenant (via la montée de l'intégrisme musulman). Il aborde aussi la question via la dissolution de l'Empire ottoman et ses suites (via l'Egypte notamment)... mais à aucun moment il ne se penche pleinement sur Israël et sa politique. Est-ce un oubli, une volonté? Est-ce à dire que les dirigeants israéliens ne souffrent pas d'aveuglement, alors que cela a touché les plus grands dirigeants du XXe siècle? A de multiples occasions dans son livre, Marc Ferro a l'opportunité de dévier sur ce problème majeur de la fin du siècle précédent. Intifada, Daesh, Al-Qaeda, colonisation, nucléaire iranien... les entrées et implications sont multiples.
Là où Marc Ferro, par contre, redevient l'historien impeccable que nous aimons (il faut bien l'avouer) c'est dans ses 10 pages de conclusions qui lient tout et font la transition du XXe siècle vers le XXIe... Il évoque même Trump et le Brexit... en laissant entrevoir l'élection du premier et la survenance du second alors que le livre est édité en 2015... Marc Ferro aurait adoré l'année 2016... cette année de l'aveuglement par les sondages.
