La liberté de la presse tend à être assimilée (abusivement) à une liberté d'expression du journaliste.
Le "langage des médias" réalise comme par sédimentations une sémiosis artificielle [...] qui n'est pas engendrée dans la communication naturelle [...] D'une telle dégrammaticalisation on peut voir des manifestations dans la tendance à ne plus différencier les aspects de la validité. Par exemple, on ne distinguera pas expressément l'exactitude d'un fait énoncé de l'opportunité de l'énonciation ni de ses implications normatives, quant à ce qui est juste ou injuste ; on ne distinguera pas ce qui est vrai de ce qu'il convient de dire, ou encore, ce qu'il est déplaisant d'entendre, de ce qui mérite cependant d'être dit. Par cette voie les médias réalisent l'ex-communication d'événements mais aussi de personnes sur la base d'une assimilation grammaticale fusionnant les ordres distincts du vrai, du juste et de l'agréable.
On admet que le peuple s'incarne dans la nation, que la nation est le peuple en corps, et que l'Etat en est la personnalité juridique ainsi que l'élément de volonté, d'action et de responsabilité politiques, qui confère à la nation sa qualité d'"être-reconnu" dans le milieu des relations entre Etats souverains (p.116)
La télévision doit rester un service public, en un sens, même si toutes les chaînes sont privées. Cela signifie qu'elle a une mission de responsabilité sociale.
Les décisions politiques communautaires doivent être articulées sur les opinions politiques nationales, elles-mêmes structurées par des traditions culturelles et des sensibilités qui commencent à peine à s'ouvrir les unes aux autres p.80
[Les grands interprétants] suscitent l'impression ou la croyance que le public a besoin d'un référent charismatique pour comprendre et juger ce qui advient dans le monde.
L'opinion publique n'est plus [...] formée de façon réflexive. Elle est plutôt mobilisée sur des systèmes de reconnaissance et fidélisée par une offre de consommation.
"si, par un changement d'attitude, sort de conversion de l'état d'esprit des peuples européens, le 8 mai 1945, par exemple, était salué par les Allemands et par les Français ensemble ; si cette date était fêtée par les Français, non pas simplement comme leur libération de l'Allemand, mais comme une libération de l'Europe et, partant, de l'Allemagne elle-même à l'égard du fléau commun : le national-socialisme [...] alors les mémoires nationales cesseraient d'être exclusives les unes aux autres, elles commenceraient de former une communauté d'histoire, élément le plus profond d'une communauté morale, offrant un signe tangible d'appropriation concrète pour l'Europe de l'identité postnationale" p. 160
"Le problème de la déconnexion [celle de la procédure démocratique vis-à-vis de la substance politique] se pose de façon particulièrement aiguë au plan de l'Union européenne. On peut multiplier les mécanismes de consultation et de codécision au niveau des instances communautaires (Commission, Conseil, Parlement), cela ne changera pas fondamentalement la nature du problème, du fait que la substance politique fait défaut à ce niveau" p. 79
à propos de 1991 :
Dans le cas de cas de la guerre du Golfe, si l'intervention demandée par l'ONU contre l'Etat irakien était bien fondée au regard des principes du droit international, la sanction infligée à l'Irak était cependant fort en retrait par rapport à l'idée d'une justice cosmopolitique. Matériellement d'abord eu égard à son application prolongée, la sanction est disproportionnée par rapport au crime, au point de devenir elle-même un véritable crime, frappant démesurément et directement la population et non ses dirigeants. Formellement, ensuite, la sanction ne résulte pas d'un arrêt rendu par un tribunal international permanent, et ne peut donc apparaître pleinement comme une opération de police judiciaire, même si 'intervention armée en Irak, que l'on nome significativement "guerre du Golfe", fut conduite, comme il se devait, sous pavillon des Nations unies. Surtout, le droit invoqué pour justifier cette opération, dans le cas de l'Irak de Saddam Hussein, est loin d'avoir été, comme on sait, appliqué avec la même rigueur à d'autre Etats dont les actions pourrait légitimement relever du même type d'intervention.