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EAN : 9782204052054
125 pages
Le Cerf (15/03/1995)
4/5   2 notes
Résumé :
Allocation universelle : revenu social primaire distribué égalitairement de façon inconditionnelle. Il s'agit d'un véritable revenu de citoyenneté. Même si l'économie se ranime, elle n'apportera par elle-même aucune solution à l'exclusion sociale. La crise nous appelle à réfléchir sur un nouveau paradigme de la répartition : assurer un revenu de base à tous les citoyens, quelle que soit leur situation dans la production : riches ou pauvres, actifs ou chômeurs, étudi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
En 1995, Jean-Marc Ferry prévoyait que la chute de l'URSS ne faisait que devancer la chute du "système capitaliste, à l'ouest". L'élément déstabilisateur est cette "idéologie Dallas" du capitalisme qui résume l'activité économique à un processus de conquête et une pulsion dominatrice. Comment expliquer autrement que le chômage règne au nord tandis que le sud a besoin de tout ? Comment expliquer, sinon ainsi, l'exclusion du travail d'un nombre toujours plus important de personnes en conséquence de l'automatisation des processus industriels ? Pour résoudre les déséquilibres sociaux, la réduction du temps de travail repose sur l'idée irréaliste d'une interchangeabilité des salariés. A contrario, si l'on cherchait à concevoir l'économie au service de l'être humain plutôt qu'à celui des profits, il serait possible d'assumer la transformation sociale de nos sociétés sans briser l'augmentation de la productivité industrielle. Un tel partage aurait pour but une redistribution des richesses qui mettent le citoyen à l'abri de la précarité et de l'angoisse du lendemain tout en accompagnant la flexibilité du travail du monde moderne. L'"allocation primaire universelle" - primaire car imposable, universelle car valable pour tous les citoyens majeurs (et non tout résident) - liée à la création d'un secteur d'activité quaternaire permettrait de récréer un lien social effiloché et de reconnaître honnêtement l'impasse où mène un modèle capitaliste perverti car fonctionnant pour lui-même. L'instauration de l'AU engendrerait de profondes réformes de systèmes qui eux aussi sont à bout de souffle comme la Sécurité Sociale et le régime des retraites. D'une manière générale, toute la panoplie d'aides sociales dont bénéficient les sociétaires seraient fortement diminuées du fait de l'AU. Il faut encore ajouter l'économie réalisé par l'élimination des organismes de contrôles du juste versement de ces aides. le coût réel de l'AU pourrait bien ne pas être supérieur aux dépenses actuelles. Jean-Marc Ferry suggère que l'allocation soit financé par un report de la collecte de la TVA sur un impôt sur les transactions bancaires des ménages, ce qui allègerait l'administration des entreprises, actuellement en charge de la collecte de la TVA. Afin que le système limite une inflation prévisible, l'auteur préconise qu'elle soit mise en place à l'échelle européenne. Cela nécessite la mise en place préalable de l'Union économique et monétaire (nous sommes en 1995). L'allocation ne prend tout son sens que liée à la création d'un secteur d'activité quaternaire (le primaire s'est reporté dans le secondaire au cours de la révolution industrielle, le secondaire dans le tertiaire, maintenant surchargé et mélangeant des activités diverses), c'est-à-dire d'activités personnelles, non mécanisables et non standardisables. Ainsi, le travailleur se trouve en pleine autonomie pour créer son activité s'il ne souhaite, se réorienter professionnellement sans craindre une chute de revenu ; l'étudiant peut poursuivre ses études ; le SDF a de quoi survivre ; le chômage diminue et le marché du travail peut se flexibiliser. Les opposants à l'instauration de l'allocation se limitant en général à soulever leur certitude de l'arrêt de toute activité économique par les bénéficiaires potentiels et l'organisation de l'exclusion par l'Etat-providence (l'allocation pouvant enfermer ceux qui sont déjà exclus dans plus d'exclusion), Jean-Marc Ferry ajoute que le montant de l'allocation n'a pour but que de subvenir aux besoins essentiels, non de constituer un salaire, et que le renforcement du tissu social permis par l'instauration du secteur quaternaire a vocation à combattre l'exclusion.
Ainsi, une conception plus objective de l'évolution du monde permettrait, plutôt que de s'enfermer dans un conservatisme qui voit un droit du travail là où ne se manifeste qu'une obligation de trouver des revenus, de mettre en place un droit au revenu qui prenne en compte la réalité déjà avérée d'une dissociation entre revenu et travail et dégage une perspective d'avenir à un modèle économique en déclin.
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Recevoir une allocation universelle, un revenu citoyen d'un montant permettant de vivre dignement et cela sans avoir à justifier d'une quelconque activité professionnelle : voilà une idée qui apparaît comme révolutionnaire!
Cette idée fait pourtant son bonhomme de chemin: des tests ont été faits de part le monde, un référendum d'initiatives populaires en Suisse et une pétition européenne sont en cours...
Par ailleurs l'idée n'est pas si nouvelle que ça et l'intérêt de ce court essai de Jean-Marc Ferry est justement de revenir sur ce qu'il a pu en être dit par le passé.
L'essai a été publié en 1996 (au siècle dernier quoi! :-) ). L'union monétaire européenne n'était pas encore initiée (l'auteur parle d'un éventuel "écu" pour ceux qui s'en souviennent...) mais on parlait déjà de "crise" et l'auteur évoque une "troisième révolution industrielle" en marche bien avant Rifkin et avec un sens un peu différent. Il ne parle pas de l'aspect écologique de cette "révolution" (ce n'était pas encore à la mode!) mais malgré que l'internet n'en était qu'à ses tout débuts en France, il entrevoit déjà l'importance des nouvelles technologies et nouvelles méthodes de travail qui ne peuvent selon lui que générer du chômage bien qu'augmentant les richesses produites. Ceci justifie pour lui la mise en place d'un revenu citoyen permettant à chacun d'obtenir un revenu qu'il soit travailleur ou non. Mais au-delà de cet aspect contextuel rendant possible et nécessaire cette mise en place, l'auteur met en lumière le caractère émancipateur pour l'indivu de ce revenu citoyen qui permet de séparer les notions de travail et d'emploi et doit favoriser toutes les initiatives individuelles peut-être un peu dans le sens de ce que d'autres auteurs nomment 'individuation'. A lire donc pour nourrir votre propre réflexion sur ce sujet de plus en plus d'actualité.
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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
L'offre sur le marché de l'emploi (tout comme la communication médiatique) était et est toujours dominée souverainement par l'administration publique et les entreprises privées, tandis que l'individu, condamné pour le compte à la logique binaire du "oui-non", ne peut qu'accepter ou refuser ce qui est offert. Lui-même n'a pas (ou n'a que très peu) la liberté positive de dessiner les contours de son activité, autrement qu'en conformité avec des profils prédéfinis de postes à pourvoir. Et cela, au point que choisir une voie originale, en franc-tireur, apparaît presque comme un acte d'héroïsme. Voilà justement ce que pourrait banaliser l'Allocution universelle. Avec elle, la liberté positive de définir les contours de sa propre activité sociale cesse de ressortir à une sorte d'héroïsme social forçant l'admiration. Il suffit, pour banaliser cette liberté, de réduire le risque ; et, pour réduire le risque, d'asseoir l'autonomie substantielle sur un droit inconditionnel au revenu, un droit au revenu qui soit rendu indépendant d'un travail-emploi dont, le plus souvent, les contours sont définis par des puissances anonymes.
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D'une part, l'idée ou l'intention philosophique de l'Allocation universelle n'est pas seulement d'assurer un revenu d'existence. C'est encore moins de fonder une simple liberté négative : celle qui consiste à ne pas être obligé de travailler. Son intention philosophique est plutôt de former la liberté positive d'initier des activités socialement utiles, même si elles sont faiblement rémunérées par le système économique, et, par là, de restaurer les capacités autonomes d'insertion sociale. Autrement dit, il ne s'agit pas de se débarrasser des exclus, en leur assurant matériellement le nécessaire (ce qui serait déjà un progrès), mais de restaurer des perspectives pratiques, en les libérant de l'angoisse du lendemain. C'est pourquoi les soupçons insinuant que les défenseurs de l'Allocation universelle se soucieraient moins de réinsertion sociale que de flexibilité économique sont mal fondés, par manque de réflexion généreuse sur ce que la formation d'un droit au revenu, rendu indépendant de la contrainte de travail, représente pour la reconquête des motivations et la prise d'initiatives, qui irait de pair.
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Représentons-nous les choses concrètement. Imaginons, par exemple, des cadres moyens ou supérieurs qui ont été licenciés pour raisons économiques. Ils se retrouvent entre eux au chômage, et, disposant d’un savoir-faire, estiment avoir une bonne chance de trouver un marché pour l’« idée » sur laquelle ils souhaiteraient créer une entreprise associative. Ou encore : des étudiants ont mené leurs études jusqu’à la licence. Ils aimeraient engager un troisième cycle, mais doivent s’occuper dès à présent de trouver un emploi, sachant que le compte à rebours est commencé : plus ils tarderont maintenant, moins ils ont des chances de réussir. L’université, comme toujours, non seulement ne peut rien leur promettre, mais elle ne leur offre même pas un poste temporaire partiel d’assistant. Quant aux bourses d’études, elles sont insuffisantes, et l’on ne réunit pas nécessairement les conditions. Ces étudiants, normalement, renonceraient à poursuivre, si prometteurs soient-ils, si aptes, comme on dit, à mener loin des études supérieures, alliées à des activités de recherche et d’enseignement. Il est clair qu’une allocation universelle leur ferait réaliser leurs perspectives en profondeur, à tout le moins, pour les plus motivés d’entre eux - ce qui, d’un point de vue utilitariste, serait tout bénéfice pour la recherche, l’encadrement des étudiants… et les statistiques du chômage.
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En contraste avec l’économie mondiale (ainsi conçue), l’économie sociale (à concevoir) est stratégiquement ancrée dans le monde des personnes. C’est ce qui explique que le secteur quaternaire se définisse avant tout comme celui des activités personnelles.
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Je vois à cela deux raisons principales.
La première raison est d'ordre éthique : la malchance, le manque de débrouillardise, les aléas de la conjoncture mondiale, les erreurs de gestion, les mutations technologiques - tout cela peut justifier l'absence d'emploi, mais non pas la privation de revenu. Un revenu social primaire doit être inconditionnellement assuré aux citoyens, par-delà les absurdités dans la répartition actuelle de la richesse et du temps libre.
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Vidéo de Jean-Marc Ferry
Suite à la sortie de son ouvrage aux éditions du Cerf, Métaphysiques. le sens commun au défi du réel, le Collège des Bernardins invite le philosophe Jean-Marc Ferry à dialoguer autour de son livre avec la psychologue, Magali Croset-Calisto et le théologien, P. Olric de Gélis.
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