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EAN : 9782204043717
470 pages
Le Cerf (04/09/1991)
5/5   1 notes
Résumé :
Volume 1 : Après la perte supposée d'un " sens commun ". les héritiers des modernes se tournent vers le " monde commun ". C'est le monde partagé par ceux qui, éprouvant quelque chose, peuvent comprendre ce qu'ils éprouvent, comprenant ce qu'ils éprouvent, peuvent dire ce qu'ils comprennent et disant ce qu'ils comprennent, peuvent s'entendre sur ce qu'ils disent. Aussi, face aux verdicts fin de siècle qui martèlent notre époque comme autant de soubresauts où s'essouf... >Voir plus
Que lire après Les puissances de l'expérience : Essai sur l'identité contemporaineVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Pour justifier que la mondialisation implique une redéfinition de l'identité humaine dans le monde qui passe nécessairement par la constitution d'une grammaire plus évoluée que celle que nous connaissons aujourd'hui, Jean-Marc Ferry s'attache dans ce premier tome consacré aux puissances de l'expérience à démontrer que la manière de définir les identités culturelles s'est faite par le passé par le biais de discours dont le registre n'est pas resté statique. le développement d'un nouveau registre ouvre désormais la voie au développement d'une communication intersubjective qui réconcilie les cultures entre elles et laisse la place à l'intrusion de la nature comme nouveau partenaire dans la recherche d'une identité contemporaine qui sache proposer à l'agir humain une éthique soutenable dans le monde désormais fermé où il vit.

Cette identité reconstructive doit s'appréhender sous la forme d'une communication qui place la vérité non dans son rapport aux faits (science) ou au juste (éthique) mais à l'expérience (esthétique). Tout discours en ce qu'il prétend porter une valeur de vérité doit être contextualisé et analysé prioritairement sous l'angle de ses structures de production avant son contenu formel. de fait, il s'agit de s'interroger sur l'authenticité de la parole énoncée plutôt que sur son critère de véracité, attendu que la raison n'est plus tenue que pour un moyen historiquement situé d'établir des vérités désormais achevé depuis que de hautes cultures ont occasionné des catastrophes atomiques. En conséquence, le sujet pensant est dépassé par le verbe par lequel il se donne une identité, éventuellement malgré lui par l'emploi instinctif - et donc dénué d'approfondissement réflexif - de celles qui se trouvent à sa disposition. Mesurer l'authenticité de la parole doit primer sur l'évaluation de sa valeur de vérité dans le rapport au monde extérieur de son contenu signifiant. Cette nouvelle réception du verbe implique le développement d'une théorie de la communication qui redéfinisse le partage communicationnel du monde par l'humanité où la nature devra prendre sa place, peut-être par l'invention d'un pronom personnel (après Je, Tu et Il) et un temps verbal qui lui seraient propres.

Dans le deuxième Tome, JMF recense les évolutions négatives des systèmes sociaux, socio-économique et socioculturel en pointant l'importance à accorder à la communication sous l'angle d'une triple expérience du monde vécu, celui du travail, de l'interaction et du langage, abordés sous l'angle du Il, du Tu et du Je, comme autant de manières de partitionner la sphère de la connaissance en dépassant le clivage science/culture vers une reconnaissance de modes différenciés de constitution du savoir. Il conclut par la nécessité d'une identité reconstructive morale et politique qui trouverait son emploi préférentiel dans le projet européen.
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Citations et extraits (132) Voir plus Ajouter une citation
On a peine à croire que nos identités puissent se stabiliser suffisamment avec les procédures argumentatives d'une discussion rationnelle éventuellement pourvue de la Publicité que procurent les grands médias de masse, tant que ces derniers intègrent mal le mémoire critique qui pourrait conférer une réelle profondeur à nos espaces publics.
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Celui-ci est un "provocateur". Il s'agit d'un type ou d'un caractère qui cohabite fort bien dans la même personne avec le type du neutralisateur. Le neutralisateur dénie les réclamations de l'indignation, lorsque toutefois ces appels se produisent. Cependant la lâcheté, la résignation ou le mépris sont des motifs d'extinction des signaux du côté des ofensés, exclus ou lésés : les signaux moraux s'éteignent un à un, et face au vide indiciel qui en résulte, le neutralisateur devient provocateur. Là, au contraire, il appelle la résistance ; il cherche celui qui barrera la route à son égoïsme. S'il trouve enfin l'adversaire à la hauteur qui pourrait le sauver, il luttera contre lui de toute ses forces. Ce résistant, en effet, il faut l'éprouver jusqu'au bout. Tout comme les vaincus du monde social, les animaux et les plantes ne résistent pas.
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[La confrontation du politique et du public] aurait toute son efficacité, si les organisateurs de tels débats publics adoptaient pour principe de donner suite à ce qui fut dit, jusqu'à ce que le contentieux soit vidé. C'est un principe, certes, nouveaux, dont la mise en œuvre requiert l'abandon des vieilles coutumes médiatiques : interruption permanente, minutage des interventions sous l'obsession de l'audimat et du zapping, indifférence aux obligations contractuelles nées des attentes justifiées de la discussion, et surtout, l'oubli de l'hier immédiat au nom de l'Aujourd'hui, de l'instant présent. L'événement toujours fantasmé comme le Nouveau et l'Inattendu tient lieu de religion, alors qu'il méconnaît ces aspect "religieux" d'une éthique de la discussion, qui honore la mémoire.
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"...après s'être acharnés sur les autres comme sur eux-mêmes, les hommes veulent écouter et regarder ce qui parle et vit de soi-même, sans que par les œuvres de la politique et de la technique une volonté impose sa propre téléologie à l'univers sensible et aliène la nature tant sauvage que sociale en la réduisant à l'état de simple "matière". Si l'attitude éthique du rapport communicationnel devient une valeur en soi, c'est pour cette raison historique fondamentale. La communication est "notre" idéologie postindustrielle, mais elle recèle en outre l'idéal d'une moralité à ressusciter et à élargir par la reconnaissance de ceux qui n'ont pas pu dire l'offense..."
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La reproduction culturelle des sociétés semble désormais assignée aux conditions artificielles d'une communication organisée dans des formes qui tendent à supprimer l'intersubjectivité naturelle. Ces conditions artificielles sont contraignantes, de sorte que nos exigences d'identité et d'autonomie ne peuvent plus être jouées dans es formules alternatives d'une hostilité globale au "Système".
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Vidéo de Jean-Marc Ferry
Suite à la sortie de son ouvrage aux éditions du Cerf, Métaphysiques. le sens commun au défi du réel, le Collège des Bernardins invite le philosophe Jean-Marc Ferry à dialoguer autour de son livre avec la psychologue, Magali Croset-Calisto et le théologien, P. Olric de Gélis.
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