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Citations sur Les maîtres du IIIe Reich (11)

"Mise hors circuit de la pensée", "paralysie de la suggestion", création d'un "état réceptif de dévouement fanatique" : ces conditionnements affectifs et grégaires étaient la mise en scène préparatoire ; le discours lui-même n'avait pas d'autre but, tout y contribuait : style, argumentation, gradations calculées, modulation de la voix, ainsi que les gestes d'emphase, de menace ou de conjuration soigneusement préparés. "La masse est comme une bête, elle obéit à des instincts", assurait le futur maître du Reich. En vertu de ce principe, il demandait une pensée rudimentaire, des phrases simples, des slogans, des répétitions constantes ; il ne fallait viser qu'un adversaire à la fois, employer des formules apodictiques, refuser volontairement de donner des "raisons" ou de "réfuter d'autres opinions" : c'était là, selon Hitler, "une tactique fondée sur l'évaluation exacte de toutes les faiblesses humaines, et dont le résultat doit conduire presque mathématiquement au succès."
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Son antirationalisme était d'ordre intellectuel, de même que le nazisme constituait un mouvement d'intellectuels ratés et désespérant de la raison.
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"Croire, obéir et combattre, un point c'est tout !" Rudolf Höss se reconnaissait dans cette maxime de la SS qui correspondait parfaitement à ses besoins les plus profonds. Il se montrait tout à fait incapable de peser le pour et le contre, d'assumer personnellement des responsabilités et de prendre des décisions. Le seul doute qu'ait pu avoir cet homme disponible, c'était de savoir si l'ordre donné était couvert par une quelconque autorité compétente. Si sa destinée avait suivi d'autres voies, Rudolf Höss aurait étudié des dossiers, géré des affaires ou exploité la petite ferme dont il rêvait, avec le même soin et la même conscience qu'il mit à assassiner des centaines de milliers d'êtres humains. Höss était en effet le commandant du camp de concentration et d'extermination d'Auschwitz.
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Dans ses rapport dépourvus de nuances, Höss présente des ressemblances frappantes avec d'autres dirigeants nazis qui, comme lui, avaient reçu dans leur enfance une éducation sévère. Tout laisse à penser que Hitler profita largement des carences d'une époque qui allait chercher ses directives pédagogiques dans les cours des casernes et élevait ses fils selon les catégories rigides d'une école de cadet. Ce bizarre mélange d'agressivité et de servilité, qui caractérise souvent les anciens combattants, mais aussi ce profond besoin de dépendance, reflètent cet univers particulier du commandement militaire qui marqua leur enfance. Dans sa jeunesse, Rudolf Höss avait sans doute éprouvé des sentiments de révolte contre le pouvoir d'un père qui, sans tenir compte des désirs de son fils et de l'avis de ses professeurs, refusa, dans une dernière démonstration d'autorité, de le laisser poursuivre ses études, et l'obligea à embrasser la carrière commerciale, afin qu'il pût un jour lui succéder à la tête de l'affaire qu'il dirigeait à Alexandrie. Il chercha alors un succédané à l'autorité paternelle, n'importe où : il faut vouloir le Führer !
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On a dit qu'Himmler n'avait été que la créature d'Heydrich, et Goering affirmait que "c'était Heydrich le cerveau". Sans doute est-ce à Heydrich qu'Himmler est redevable des traits sinistres de son profil insignifiant de daguet. Mais quels qu'aient été les motifs de leur coopération, il est hors de doute que chacun ne voyait dans l'autre qu'un instrument de ses propres aspirations au pouvoir.
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Les souvenirs laissés par l'enfance et la jeunesse d'Hitler sont relativement minces. Hitler fut certainement un élève à l'esprit vif, moyennement doué, d'une inaptitude à la discipline personnelle qui se manifesta très tôt, avec des tendances à un style de vie insouciant et bohème. Ses bulletins scolaires, au début assez bons, indiquèrent ensuite que son assiduité au travail est "irrégulière", tandis que ses notes en mathématiques, histoire naturelle, français — et allemand ! — sont "insuffisantes". Même en histoire, où Hitler était soi-disant le premier de sa classe, le bulletin de septembre 1905 indique la note "passable". En gymnastique seulement l'élève obtint la mention "très bien". Hitler finalement quittera le collège.
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En réalité, les dirigeants du Troisième Reich n'étaient ni des hommes de valeur ni des brutes bornées, mais tout simplement des individus vides, prêts à devenir les instruments des visées d'autrui et à accepter toutes les compromissions : des ratés, de simples enveloppes humaines, dont la faiblesse constitua le plus grand atout d'Adolf Hitler.
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Sur des plans différents, la jeunesse, le style jeune, les mouvements de jeunesse puis, sous une forme politique concrète, le mythe des "peuples jeunes", ou encore les théories sur la jeunesse du fascisme italien, dont l'hymne — fait symptomatique — s'intitule précisément "Giovinezza" ne sont que l'expression d'un seul et même état de choses. La jeunesse avait pour elle le droit, l'espérance et l'avenir, et les "vieux", la mort. Comme la plupart des slogans du national-socialisme, celui de "jeunesse" offrait l'avantage d'une teneur indéfinie qui, selon les besoins de la cause, pouvait aussi bien se prêter à une opération de diffamation que de mise en valeur. On déclarait ainsi que le libéralisme, la bourgeoisie, le parlementarisme ou l'ordre démocratique appartenaient à une époque révolue. Par contre, au nom de la jeunesse, les nazis usurpaient en faveur de leur propre cause des valeurs d'un autre ordre : "Faust, la Neuvième Symphonie et la volonté d'Adolf Hitler, c'est l'éternelle jeunesse sur laquelle le temps n'a pas de prise", assurait Baldur von Schirach.
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Les régimes totalitaires des temps modernes ont ouvert sur la connaissance de l'homme nombre de perspectives nouvelles. Poussant l'épreuve de force jusqu'à ses extrêmes limites, ils ont mis en lumière non seulement tout ce dont l'homme est capable, mais encore tout ce que l'on peut faire de lui. L'institution des camps avait deux objectifs : d'une part la lutte contre les adversaires du régime, leur mise hors combat et leur anéantissement, et d'autre part l'éducation d'une « élite » soigneusement sélectionnée et entraînée à la dureté. Dans l'un comme dans l'autre cas, il s'agissait de la destruction systématique de toute substance humaine. A Chelmno, Treblinka ou Auschwitz ont disparu les derniers vestiges d'une image confiante et optimiste de l'homme, ainsi que les catégories de jugement et les systèmes de référence d'une psychologie fondée sur une argumentation « causale ». Les camps ont démontré que « le Mal absolu existe réellement, un Mal que l'on ne peut ni comprendre ni expliquer en fonction de mobiles pernicieux tels que l’égoïsme, la cupidité, l'envie, la soif de puissance, le ressentiment, la lâcheté ou quelque autre raison, et en face duquel, par conséquent, toutes les réactions humaines se trouvent réduites à l'impuissance ». (Cf Hannah Arendt – Les origines du totalitarisme)
Sous le IIIe Reich ce Mal absolu prend une forme rarement connue. Ce que l'on a appelé, d'un terme conventionnel qui exprime mal l'épouvantable réalité, l'aspect barbare du régime avait bien d'autres fondements que la brutalité naturelle de quelques individus, systématiquement exploitée par les dirigeants, ou la cruauté primitive et le sadisme. On rencontre certes dans toute société des hommes à l'aide desquels il est possible d'instaurer et de maintenir quelque temps un régime de terreur, et le national-socialisme s'est, lui aussi, servi de tels éléments, surtout au cours de la phase initiale du mouvement. Mais leur nombre est restreint et il y a des limites à la destruction provoquée par la haine, la brutalité ou le désir de meurtre. Par contre, pour le meurtre scientifiquement organisé et constamment perfectionné, comme ce fut le cas, la limite n'est plus qu'une question de technique. Aussi la mobilisation des sentiments ou des énergies criminelles ne suffit-elle pas à expliquer ce qui se passa dans les camps d'extermination du IIIe Reich. C'est précisément le fait que le nazisme n'ai pas eu besoin de faire usage de ces instincts, qui est nouveau et inquiétant. C'est l'appel à l'idéalisme, à l'esprit de dévouement, à une mission historique et au désir constamment présent d’œuvrer pour un univers utopique, qui ont permis au régime de disposer de ces énergies sans lesquelles la docilité, la discipline et la conscience du devoir n'auraient jamais suffi à appliquer avec autant d'ampleur et de froide perfection un tel système d'extermination. Malgré toutes les différences de détail, ce sont des hommes normaux, pleins de foi dans le régime, profondément convaincus du bien-fondé de son idéologie et militants fidèles, qui donnèrent à l'horreur ses traits caractéristiques. Ils ont ébranlé l'image de l'homme plus durablement que ne l'aurait pu faire même une explosion collective des passions les plus basses.
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De fait, [Rudolf Hess] était en train, à cette époque, de se livrer aux préparatifs d'une entreprise qui, le 10 mai 1941, plongea le monde dans l'étonnement. Dans un acte d’héroïsme confus, en pleine guerre, il s'envola secrètement pour l'Angleterre,afin de faire aux Anglais, de son propre chef, des propositions de paix ; il comptait s'entretenir à cette fin avec le duc de Hamilton, qu'il ne connaissait d'ailleurs pas et dont il ignorait l'influence réelle. Les propositions de Hess étaient à peu près les suivantes : l'Allemagne aurait toute liberté d'action pour sa politique d'espace vital sur le continent européen ; en échange, elle garantissait l'intégrité de l'Empire britannique.
Tandis que les Anglais prenaient connaissance de ces propositions et, sans autre commentaire, le firent prisonnier, Hitler, profondément bouleversé, proclamait que si Hess revenait en Allemagne, il l'enverrait dans un asile d'aliénés ou le ferait fusiller. Au cours d'une réunion qui eut lieu le 13 mai, Hitler apparut "les yeux pleins de larmes et vieillit de dix ans" ; il déclara à Goebbels que cette évasion était "plus grave que la désertion d'un corps d'armée".
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