Jusqu'au onzième siècle et même jusqu'au douzième, on ne chanta qu'en latin, sauf certaines exceptions de contrées dont il sera question dans le premier chapitre de ce livre. Le progrès des langues populaires avait été lent, et plusieurs siècles s'étaient écoulés avant qu'elles fussent chantables et assez flexibles pour se prêter à la variété des rythmes et des formes. Au douzième siècle , elles avaient atteint, sous ces rapports, un certain degré d'avancement qui devint beaucoup plus marqué dans le treizième.
Jusqu'au règne de Charlemagne et après sa mort jusqu'au dixième siècle , l'influence ecclésiastique et monacale s'étendit sur toutes les populations de l'Europe : il était impossible qu'il en fût autrement, l'ignorance de la noblesse égalant celle du peuple et le clergé seul possédant la science de cette époque, car seul il savait lire et écrire. Les exercices pieux et le soin de pourvoir aux nécessités impérieuses de la vie remplissaient l'existence de chacun. Les chants du peuple, particulièrement dans les contrées occidentales et septentrionales, consistaient en cantiques et en complaintes.