L'histoire de l'homme-tronc

Un conte de cirque pour adultes, drôle et absurde, mais pas que... On reconnaît bien là la patte de l'auteur d'Arthrite et Cataracte, sa tendresse pour ses personnages et leurs côtés "décalés".
L'ensemble (vif et enlevé) paraît ici beaucoup plus léger au premier abord, parsemé de tournures de phrases et scènes croustillantes, mais la fin surprend par son message poétique. Comme si toute cette "simple" comédie devenait un appel à l'espoir et à la solidarité.
À la lecture, j'y ai senti un côté Fred et ses "Philémon". Une bien jolie nouvelle.

(Voilà bien un manuscrit qui mériterait d'être édité un jour, illustrations à l'appui, au lieu d'alourdir les fonds de tiroir de cet auteur ami, qui me fait lire ses textes libres de droits.)

Vous avez demandé du grand spectacle, le cirque Bidon va vous l'offrir ! Mais plus qu'un show grandeur nature, c'est toute une civilisation qui est croquée dans ces pages, celle de la Sibérie et de son climat glacial. Ca sent le rhume à toutes les pages, la pneumonie à chaque paragraphe, gare aux coups de froid, sortez les antibiotiques, lecture à faire sous une couverture bien chaude !

Dans ces lignes farfelues, l'excentricité est de mise, la bizarrerie une norme. Ici, les géants sont légion, c'est un fait. Ici, les femmes portent barbe, c'est un choix. Les lions mâchent du chewing-gum et les « chats-clowns tournent les chapitres » (p. 6). Quoi de plus naturel que se laisser aller au monde loufoque de cet auteur fantasque ? Mickaël Feugray amuse et divertit autant qu'il sensibilise. Rien de bête, rien de gratuit, l'originalité au service de sa morale.

Un joli conte aux belles valeurs, parfumé à l'humour, saupoudré de positivité et d'espoir dans une vertu essentielle : la solidarité. Un conte à portée universelle, pour tout âge, évidemment, car ensemble, c'est mieux.

A l'image du « Conte de fées à l'usage des moyennes personnes » (1943) de Boris Vian (écrit pour divertir au jour le jour sa femme Michelle hospitalisée), ce conte s'adresse autant aux enfants qu'aux adultes. Peut-être même davantage encore aux adultes en connivence, plus enclins à mesurer toutes les facéties de langage de l'auteur…

Situé à Iakoutsk, « la bourgade la plus froide du monde », entre calembours, jeux de mots d'hiver et avariés, les clins d'oeil aux lecteurs et l'absurde sont Rois. La trame est claire : installé en Sibérie, le cirque Bidon gonfle du rire du public. Seulement attention, les spectateurs risquent de s'étouffer à force de s'esclaffer. Il faut un sauveur pour dégonfler tout ça. Seul l'homme-tronc peut endiguer le phénomène. A moins qu'il ne lui faille un peu d'aide…

Un univers à la Kokor, une bonne dose d'humour, de la solidarité à tour de bras et la bonne humeur sont les ingrédients de cette touchante compote. A déguster sans modération.

Conte ou anti-conte, saura-t-on vraiment ? En tout cas, voici une bien jolie farce pleine d'optimisme que nous offre Mickaël Feugray sur son blog : http://kael.hautetfort.com/media/02/01/395955124.pdf.

Entre Raymond Queneau et Pierre Gripari, « La Facétieuse histoire de l'Homme-tronc » est un bobard désopilant, pour garnements de tout âge. Pastiche réussi, cette sornette emprunte les codes du genre pour tendre vers une fable universelle. Une baliverne bien sentie qui nous ferait prendre des vessies pour des lanternes, mais n'est-ce pas là, tout l'art du conteur ?