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Louis XIV est mort depuis vingt ans, emportant avec lui ses guerres interminables, et sa fin de règne poussive, souffreteuse et bigote. le régent, Philippe d'Orléans gouverne désormais le royaume de France, en attendant la majorité du petit roi Louis XV. Drôle de régence ! Une période de défoulement, une période lumineuse, mais aussi une période licencieuse où les moeurs se débrident et où la foi se perd. Nous pourrions la rapprocher de celle des années folles…
Le financier Law y règne en Maître. Son invention du papier-monnaie et des actions bouleverse les échanges commerciaux et les états d'esprits. Des fortunes se bâtissent à une rapidité foudroyante ; elles s'effondrent aussi comme des châteaux de cartes.
C'est durant ce monde en gestation, en roue libre, que le Chevalier de Lagardère vengera la mort du Duc de Nevers assassiné vingt ans plus tôt et rétablira les droits usurpés de sa fille, Aurore… Il n'est plus qu'une légende du passé, un souvenir flamboyant, un revenant d'un autre temps. Lui si droit, si honnête, si désintéressé, si taiseux, ne ressemble en rien à ces hommes d'un âge nouveau, onctueux, frivoles, hâbleurs, âpres au gain… Son ennemi acharné, celui de toute une vie, le puissant Philippe de Gonzague est une incarnation de ce monde sans foi ni loi, cynique, clinquant et glouton.
Entre les deux ennemis jurés, nous assistons à une suite ininterrompue de coups-bas, de pièges tortueux, de chausse-trappes, de mensonges, de roueries, de courses-poursuites infernales. Mais, si le jeu de Philippe de Gonzague est pervers, celui du Chevalier de Lagardère est vertueux.
Bien sûr, comme dans tout roman de capes et d'épées qui se respecte, le bon finit toujours par triompher non sans avoir à de multiples reprises frôler les pires désastres.
Un pavé sublime, ardent, fort, et drôle aussi quand les deux compères Cocardasse et Passepoil se décident à en faire des tonnes. Pour les deux tiers…
Le dernier tiers est en revanche franchement gnangnan… Les mièvreries d'Aurore et de sa mère éplorée sont cucul la praline… Certains passages du « Bossu » sont très ridés, à la différence des « Trois mousquetaires » qui a conservé toute sa jeunesse. du moins est-ce mon humble avis.
Ce fut malgré tout une belle partie de plaisir que de lire ce livre.

Challenge XIXème siècle
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"Et, quand il sera temps, si tu ne viens pas à Lagardère, Lagardère ira à toi !" et c'est ce qui s'est passé par l'entremise de la magnifique critique de Tatooa.

J'avais bien aimé le film.. vu il ya quelques années, mais en aucun cas je n'aurais pensé qu'il était extrait d'un roman. Grande fan de Dumas je ne pouvais faire autrement que lire celui ci .
Et franchement une super belle découverte avec une écriture fluide et agréable . Mais surtout une histoire prenante de capes et d'épées comme je les aime.
Et le tout mitonné aux petits oignons avec une critique de la société a faire palir Voltaire mais a la sauce Féval.

Bref tout ce que j'aime et que je conseille vivement a tous les amateurs du genre
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Un bon moment de détente, d'aventures et de capes et d'épée, surtout de terreur car au seul nom de Lagardère, il y a de quoi faire trembler les murs, semer de la panique. A coté de Lagardère, il y a le prince Phillipe de Nevers qui se distingue dans sa technique de combat dite "la botte de Nevers", mais c'est un des plus grands fortunés de Paris, et ça suscite de la jalousie. Il est assassiné et Lagardère a attendu 20 ans pour revenir le venger. C'est la terreur qui va s'installer de part et d'autres. Aussi bizarre que cela peut paraitre, il y a en même temps, la présence d'un bossu qui sème la terreur avec rien que sa langue...
Dans le Bossu les combats ne se font pas à un rythme accéléré comme on le voit chez Dumas. Paul Féval prend son ton d'envenimer les choses d'abord avant de les faire éclore. Le rythme est long, le retour de Lagardère se fait d'une manière beaucoup plus réfléchie, il se venge aussi lentement et surement, le suspens entre son personnage et celui du bossu prête à confusion assez longtemps, et on prend le temps d'admirer les actions à venir...
Véritable joyau de capes et d'épées!
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Huit maîtres d'armes, tous experts dans l'art de l'escrime, ont projeté d'assassiner, dans les fossés du château De Caylus, Philippe de Lorraine, duc de Nevers et première lame de France et de Navarre.
Capédédiou !
C'est que le duc de Nevers est un gaillard qui vous taillerait des croupières.
Et c'est sans compter la fameuse botte dont il détient le secret : "engage en tierce, coup droit retenu, pare, coup droit, remets à fond, pare prime et riposte, passe sur l'épée et aux yeux".
Mordiou !
C'est aussi sans compter le "petit parisien", le chevalier Lagardère.
"Si tu ne viens pas à Lagardère, Lagardère viendra à toi" ...
En septembre 1862, un drame en cinq actes et onze tableaux est présenté sur la scène du théâtre de la Porte Saint-Martin : "Le bossu ou le petit parisien".
Il serait ici inutile, presque malséant d'en refaire un abrégé.
L'histoire en est universalement connue.
Un diabolique cousin, le duc de Gonzague, envieux d'un héritage arraché à un mort, et volé à une orpheline ...
Une mère qui pleure, et qui demande à dieu son enfant disparue ...
Un bossu tordu comme un tirebouchon ...
Ce petit opuscule, paru en 1958 à la Librairie Théâtrale, reprend le texte intégral de la pièce d'origine qui, en 1949, avait été amputée de son quatrème tableau lors de sa reprise par la compagnie de Madeleine Renaud et Jean-Louis Barrault sur la scène du théâtre Marigny.
Il y a de l'intrigue, de la cape et de l'épée, du mystère et de l'amour.
Mais il n'y a pas la fameuse tirade : -"Touchez ma bosse, Monseigneur !"
Elle ne figure pas dans le roman, ni dans la pièce ici présentée.
Elle fût prononcée plus tard, beaucoup plus tard, par Pierre Blanchar, puis par Jean Marais, Jean Piat et Daniel Auteuil.
Car Lagardère, comme tout grand héros de la littérature populaire semble avoir connu mille vies, mille interprétations et le théâtre lui offrit quelques unes des plus belles de celle-là.
Un excellent volume de la collection "Omnibus" des "Presses de la cité" en fait, de sa jeunesse à sa mort, d'ailleurs la somme :
"Le bossu, le roman de Lagardère par Paul Féval père et fils".
Et partout y rôde l'ombre de l'infâme Gonzague ...
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Au vu des longues années d'adulation exclusive que je vous ai vouées et de toute l'affection que je vous porte encore, vous me pardonnerez cette petite infidélité, m'sieur Dumas, si j'admets que le jour où j'ai tourné la dernière page du « Bossu » de Paul Féval, vous avez brutalement perdu à mes yeux le statut de meilleur auteur de cape et d'épée de tous les temps. Et oui, coiffé au poteau par un petit écrivaillon, un petit auteur de rien du tout dont presque toute l'oeuvre a sombré dans l'oubli… Mais vous m'excuserez surement, m'sieur Dumas, car j'ai une très bonne excuse : « le Bossu » ce n'est pas un roman de cape et d'épée parmi d'autres, c'est LE roman de cape et d'épée par excellence ! Jugez vous-même, il y a tout : des mercenaires aux épées aiguisées et aux coeurs de bronze, de belles jeunes filles enlevées en plein galop sur des chevaux écumants, des coups de lame dans le noir, des duels à un contre six, des vengeurs masqués, des gitans, des traitres, des bals costumés… Tout, je vous dis !

L'histoire débute en France à la fin du règne de Louis XIV par un assassinat. Philippe, duc de Nevers, possède tout : la beauté, l'esprit, la noblesse, la richesse, un talent d'épéiste hors-pair – toute la France ne parle plus que de la célèbre « botte de Nevers » capable d'expédier ad patres n'importe quel escrimeur d'élite en le touchant entre les deux yeux. Il a surtout l'amour d'une adorable demoiselle – la belle Aurore de Caylus. Mais, comme on pourrait s'en douter, tous ces privilèges attirent forcément la jalousie des envieux et particulièrement celle du cousin et meilleur ami du duc, le prince de Gonzague (moins riche, moins beau, moins noble, mais considérablement plus malin et dépourvu de scrupules…). Une nuit, le drame survient. Dans les fossés du château De Caylus, alors qu'il rendait visite à sa belle et la petite fille qu'ils ont eu tous deux en secret, Philippe de Nevers tombe dans un guet-apens et succombe sous les coups de ses assaillants après un combat héroïque. de cette sinistre tragédie, un seul témoin survit : Henri de Lagardère, jeune chevalier de dix-huit ans à la tête folle mais au coeur d'or, qui, faute de pouvoir sauver le duc, parvient à protéger sa petite fille des poignards des agresseurs et s'enfuit avec elle.

Vingt ans après, Louis XIV est mort, la régence bat son plein et tout le monde a oublié le drame des fossés De Caylus. Gonzague a prospéré, devenant l'homme le plus riche de Paris et épousant au passage la veuve éplorée de son défunt cousin, Aurore de Caylus. Quant au chevalier de Lagardère et à l'enfant enlevée, plus personne n'en a entendus parler depuis des dizaines d'années. Tout va donc à merveille dans le meilleur des mondes ? Peut-être pas… Car, un peu partout en Europe, des hommes sont retrouvés morts, le front transpercé d'un coup de lame entre les deux yeux. Et – comme c'est curieux – ces braves gens s'avèrent ceux qui avaient participé au guet-apens contre Nevers des dizaines d'années plus tôt. le fantôme du duc assassiné hanterait-il l'Europe en quête de vengeance ? Tremblez, traitres et meurtriers ! Car la justice est en marche, et si elle est tardive, elle n'en sera pas moins meurtrière, sans pitié et diablement ingénieuse.

Avis à tous les amateurs de cape et d'épée, ne manquez pas le passionnant chef-d'oeuvre de Paul Féval ! Vous y trouverez tout pour vous plaire : une intrigue trépidante alternant tragédie et comédie, un style vif et plein d'esprit, de la baston, de la romance… Contrairement à Alexandre Dumas (qui, malgré tout le respect que je lui dois, souffre d'une fâcheuse tendance aux digressions plus ou moins oiseuses), Féval mène son récit sans temps morts, entraînant son lecteur des bouges parisiens les plus immondes aux palais les plus prestigieux avec un dynamisme joyeux et contagieux. le style très souvent ironique et les dialogues enlevés ajoutent énormément à l'attrait de l'intrigue. Les personnages secondaires, un peu stéréotypés comme c'est généralement le cas dans ce type de roman, sont solidement campés et attirent aisément la sympathie ou l'antipathie : qui ne pourrait pas adorer les inénarrables maîtres Cocardasse et Passepoil, l'hilarant petit marquis de Chaverny ou l'immonde et grotesque Peyrolles ? Mais, parce que l'on ne se refait pas, j'avoue que c'est pour l'ignoble et manipulateur prince de Gonzague que mon petit coeur sensible bat très fort : un « magnificent bastard » dans toute sa splendeur que l'on adore haïr, tout en se retenant d'applaudir des deux mains aux succès de ses brillantes manigances. Rooooh, qu'est-ce que j'aime les méchants intelligents…

Hélas, il faut terminer sur un petit bémol, pas sur le roman lui-même mais sur les suites que lui a donné Paul Féval Fils la jeunesse du bossu », etc…). Honnêtement, ça vaut à peine le papier sur lequel c'est imprimé, donc ne gâchez pas votre plaisir : dévorez l'oeuvre original et tenez-vous en là. (Par contre, n'hésitez pas à mettre la main sur la très divertissante adaptation en mini-série de 1967 : c'est excellent et Jean Piat a une façon incroyablement sexy de hausser le sourcil gauche).
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Ouah !
Vous le savez, j'ai une petite faiblesse pour Dumas. Et dans Dumas, pour "Les trois mousquetaires".
Et bien c'est que je ne connaissais pas Féval. Car je dois avouer que là, Dumas trouve presque son maître.

Dans un style impeccable, on a ici un roman de cape et d'épées de grande envergure, sans oublier la satire aux petits oignons de la noblesse, le taillage de croupière au Régent, l'air de rien, et une jolie peinture du système des "agios" et des "actions", précurseurs de notre système boursier et tout aussi débile, que ces nobles s'arrachent à grand coup d'or comptant, et qui finissent sur une rumeur ruinés et désolés (voire suicidés)...

Quel bonheur de lecture ! Outre que les descriptions ne sont pas (trop) longues ni pénibles, les personnages hauts en couleur sont légions et les dialogues étonnants de modernité, sont très nombreux. C'est donc à travers un récit ultra-vivant et très amusant, ne serait-ce que quand on croise (souvent !) le chemin de Cocardasse et Passepoil, qui m'ont bien fait rigoler (Cocardasse usant d'expressions gasconnes que j'entends ici à chaque fois que je sors ! Ben si ! Comme quoi ! Encore que c'est pas "capédédiou", que j'entends, mais "coquididiou", ce qui va de paire avec son "lou couquin"! Bref, j'y étais, j'y fus, j'y suis !!!), qu'on suit les aventures de Lagardère, et surtout du Bossu.

Si je me suis un peu ennuyée sur la lecture du journal et de l'enfance d'Aurore, sur "la fille du Mississipi", si le dénouement est un brin "too much happy end", si "la princesse de Gonzague" m'a carrément gonflée (il en faut, il en faut...) la lecture de ce bouquin n'aura été qu'un énorme moment de divertissement jouissif !
L'ancêtre de mes romans préférés maintenant (la Fantasy, dont Gemmell) leur tient la dragée haute et ne démérite à aucun moment, c'est juste grandiose. Je lirai d'autres bouquins de Paul Féval, ça c'est sûr. Je ne suis pas sûre d'en trouver d'autre aussi bien, mais je tenterai !
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Un roman de cape et d'épée mais aussi historique, qui se passe sous le Régent au début du 17ème. Quelques personnages sont historiques, le Régent bien sûr, l'abbé Dubois, le financier Law, et quelques nobles auxquels Paul Féval prête une nouvelle biographie.
Le marquis De Caylus, dit Caylus Verrou, a déjà fait mourir d'ennui ses deux jeunes femmes, ce qui ne l'empêche pas de cadenasser sa fille Aurore. Mais cela ne fait pas obstacle au mariage secret de la jeune femme avec Philippe de Mantoue, duc de Nevers, dont elle a une fille. Ce duc de Nevers est l'un des trois Philippe qui avec le Régent, et le prince de Gonzague, constitue un trio d'amis depuis l'enfance. Mais parfois l'amitié ne résiste pas à l'intérêt.
Mais où donc est dans cette histoire le chevalier de Lagardère, celui auquel l'on pense en entendant ce titre le Bossu ? Eh bien cet enfant abandonné, a appris l'art de l'escrime avec les deux maitres d'arme Passepoil et Cocardasse, que l'on retrouve toit au long de cette histoire. Présent lors du meurtre de Philippe de Nevers qu'il a défendu, il a recueilli des mains de sa mère sa petite fille de deux ans. Lui qui jusqu'alors avait eu une vie assez peu édifiante va consacrer son existence à l'élever et la protéger.
Je n'en dirai pas plus pour le cas où vous envisageriez de lire ce roman pour la première fois.

Il fut publié tout d'abord en feuilleton, dans le journal le Siècle, au début de la seconde moitié du 19ème siècle. Il a peut-être le défaut de ces publications qui devaient tenir en haleine les lecteurs, et ceux de la littérature populaire avec un héros beau, invincible et pur malgré une jeunesse tumultueuse, une héroïne, belle elle aussi, et sans défense. Mais tous ces rebondissements, avec style très vivant, quelques descriptions bienvenues, font que l'on ne s'ennuie pas dans ce roman qui malgré ces 700 pages, se lit vite.

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Et, quand il sera temps, si tu ne viens pas à Lagardère, Lagardère ira à toi ! »

Je ne bouderai mon plaisir! je me suis régalée avec le Bossu de Paul Féval. le roman de cape et d'épée par excellence si merveilleusement interprété par Jean Marais et Bourvil , ce film des années 1960 qui fleure bon ma jeunesse...Publié en feuilleton en 1857, ce roman a traversé les âges . Tout y est le bon , le méchant, l'amour, la haine, l'appât du gain et de la gloire face à la pauvreté et à l'honnêteté . Bref de l'action, du plaisir de lecture à gogo, un contexte historique , La Régence et Law , une écriture fluide , des pages qui se tournent toutes seules et même si la trame de l'histoire m'était parfaitement connue, une lecture addictive qui apporte une bouffée d'oxygène . Bref du plaisir que demander de plus ?
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"Et, quand il sera temps, si tu ne viens pas à Lagardère, Lagardère ira à toi !"
C'est dans la pièce adaptée du roman pour le théâtre de la Porte-Saint-Martin que claque, en 1862, cette apostrophe, lancée comme un coups de fouet au visage de Philippe de Gonzague, l'assassin du père de la belle Aurore.
Et du Théâtre au cinéma, il n'y a qu'un pas. Qu'ont franchi pour nous plusieurs cinéastes dont François Hunebelle, en 1959, avec une adaptation dans laquelle Jean Marais et Bourvil rivalisaient de talent avec une pléiade de seconds rôles remarquables tel Jean le Poulain et Paulette Dubost.
Cependant, c'est en 1857, l'année de la mort d'Eugène Sue et de la parution de "Madame Bovary", à l'apogée du feuilleton, que triomphe "Le bossu" dans les pages du journal "Le siècle".
Lagardère, chevalier de vie légère et frivole, se fait soudain, par loyauté et amitié, le protecteur de la fille du duc de Nevers. Il jure de la protéger et de, lorsque l'heure en sera venue, lui rendre sa véritable identité, son titre et la place qu'elle devrait occuper dans la haute noblesse.
Usant d'une extrême souplesse, il se transforme en vieux bossu difforme pour mieux assouvir la terrible oeuvre de justice et de vengeance dont il s'est chargé.
Paul Henry Corentin Féval, né à Rennes, a écrit ce roman "Le bossu". Son fils, Paul Auguste Jean Nicolas Féval lui donnera une abondante progéniture dont les trois volumes que reprend ce recueil paru chez "Omnibus" - "La jeunesse du bossu", "Les chevauchées de Lagardère" et "Cocardasse et Passepoil" -.
Et même si par curiosité, vous vouliez savoir si la botte de Nevers est vraiment efficace, alors il vous suffirait de suivre les aventures du chevalier Lagardère dans ce superbe volume.
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Dressé sur un éperon rocheux sur l'âpre frontière des Pyrénées, c'est un vieux château sévère, comme fortifié contre tout ce que la vie peut avoir de léger, de souriant. Un château de conte de fées, un château de Barbe Bleue. Et le vieux baron de Caylus l'est un peu, Barbe Bleue, lui qui est venu à bout de deux jeunes et charmantes épouses, morte là d'ennui et sans doute de désespoir. Désormais, c'est sa fille, la belle Aurore, qu'il retient quasi prisonnière loin du regard des hommes.
Loin du regard des hommes, vraiment ? le jeune, le beau, l'irrésistible duc de Nevers ne serait pas de cet avis - et d'ailleurs le voici qui revient vers sa belle à grand galop, pour récupérer de ses blanches mains le bébé qu'ils ont eu tous les deux. Mais... attendez un instant ! Ces hommes à la rapière arrogante, à la moustache en croc, réunis à l'auberge du village, que font-ils là ? Ces ombres dans la nuit, ces mouvements furtifs... tout cela sent le guet apens à plein nez ! Est-ce le père indigné qui cherche à réparer l'honneur de sa fille ? Est-ce un galant jaloux ? Ou bien... un ami faux, un ami fourbe, qui pour hériter d'une grande fortune ferait n'importe quoi ? Tuer celui qu'il appelle son frère, éliminer son enfant... Ah ! Prends garde, Nevers, c'est la trahison et la mort qui t'attendent dans les fossés du château De Caylus !
La trahison, la mort, mais aussi un allié imprévu, le plus fougueux, le plus ardent de tous, un jeune chevalier à la tête un peu folle qui se fait appeler Lagardère. Et si Lagardère ne sauvera pas Nevers, il saura devenir sage, inébranlable, patient, le plus patient des hommes, pour protéger la fille et venger le père.
De Madrid à Paris, des campements gitans de la sierra aux boudoirs parfumés de la Régence, des auberges misérables aux ors du Palais Royal, par les chemins, par les rues et par les bals, bien des aventures vont advenir avant qu'il ne parvienne enfin à son but.

Côté suspense, il faut reconnaître qu'il est très fort, le père Féval, tellement fort qu'à force d'artifices narratifs et de retournements de situation, il arrive à tenir en haleine son lecteur même lorsque celui-ci, pour avoir vu un film ou deux dans son enfance, connait déjà plus ou moins la fin. Mais comment va-t-on y arriver, ça, c'est une autre paire de manches !
Côté ambiance, ses tableaux pleins de clairs-obscurs, d'ombres profondes et d'éclats de lumière, ont tout le pittoresque requis, aussi habiles à restituer le sinistre d'un vieux château de montagne que les folies décadentes de la Cour. Les dialogues sont vifs, enlevés, colorés et les personnages... bon, soyons honnêtes, la belle Aurore de Nevers est un peu trop pure et effarouchable pour me parler beaucoup, et à force d'être beau, loyal, indomptable et généreux, Lagardère serait parfaitement insipide s'il ne savait si bien se métamorphoser, se faire aussi fourbe et retors, pour parvenir à ses fins. Mais le plus enthousiasmant est indubitablement du côté des personnages secondaires.
Là, nous avons l'infâme Gonzague, certes bien peu nuancé mais tellement mauvais qu'on lui pardonne. Nous avons le beau trio tragique des trois Philippe, amis à la vie à la mort que la trahison va très tôt déchirer. Nous avons l'irrésistible duo comique des truands au grand coeur, le gascon Cocardasse et le normand Passepoil, dont chaque entrée en scène offre un sommet de truculence - et plutôt attachants avec ça. Nous avons, surtout, l'exquise dona Cruz, vive, riante, audacieuse, libre et le coeur sur la main, que pas grand chose n'effarouche. Nous avons surtout le délicieux petit marquis de Chaverny, joueur, buveur, charmeur, looser, charmant, dont les oscillations au bord du gouffre m'ont presque aussi bien captivée que l'intrigue principale et dont le mauvais esprit insolent n'a pas manqué de faire mes délices. Ces deux-là, avec leur goût de la vie, du plaisir, avec leur résolue insouciance, font un contrepied ô combien appréciable aux héros trop purs et trop ardents ! Dois-je encore dire que ce sont mes deux personnages préférés ?!
Lien : https://ys-melmoth.livejourn..
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