Acte I, fin de la Scène III
Les Mêmes, DE CHENNEVIETTE.
...
Marceline.
Dame !… (Indiquant d’un clignement d’œil significatif la chambre à coucher de Lucette.) ça m’en a tout l’air !
De Chenneviette, s’asseyant sur le canapé.
Ah ! ma pauvre Lucette, quand elle cessera d’être une femme à toquades… ! Mon Dieu, son Bois-d’Enghien, c’est un charmant garçon, je n’y contredis pas, mais enfin, quoi ? ce n’est pas une situation pour elle… il n’a plus le sou !
Marceline. (2)
Oui, oh ! je sais bien !… mais ça, Lucette vous le dira. (Confidentiellement.) Il paraît que quand on aime, eh bien ! un garçon qui n’a plus le sou, c’est encore meilleur !
De Chenneviette (1), railleur.
Ah ?
Marceline, vivement.
Moi, je ne sais pas, je suis jeune fille. (Elle s’assied à droite de la table.)
De Chenneviette, s’inclinant d’un air moqueur.
C’est évident ! (Revenant à son idée.) Eh bien ! et le rastaquouère, alors ?
Marceline.
Qui ? le général Irrigua ? Dame, il me paraît remis aux calendes grecques !
De Chenneviette, se levant.
C’est malin ! Elle a la chance de trouver un homme colossalement riche… qui se consume d’amour pour elle ! un général ! je sais bien qu’il est d’un pays où tout le monde est général. Mais ça n’est pas une raison !…
Marceline, surenchérissant, — elle se lève.
Et d’un galant ! avant-hier, au café-concert, quand il a su que j’étais la sœur de ma sœur, il s’est fait présenter à moi et il m’a comblée de bonbons !
De Chenneviette.
Vous voyez donc bien !… Enfin, hier, elle était raisonnable ; c’était définitivement fini avec Bois-d’Enghien, elle avait consenti à répondre au millionnaire, pour lui fixer une entrevue pour aujourd’hui, et alors… parce que ce joli cœur est revenu, quoi ? ça va en rester là ?
Marceline.
Ma foi, ça m’en a tout l’air !
De Chenneviette.
C’est ridicule !… enfin, ça la regarde ! (Il gagne la droite.)
(On sonne.)
Marceline
Qui est-ce qui vient là, encore ?
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