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EAN : 9782707185853
216 pages
La Découverte (14/05/2015)
3.75/5   4 notes
Résumé :
La protection de l'environnement devient un marché particulièrement juteux. On connaît déjà le business du développement durable et de la croissance verte. Un pas supplémentaire est toutefois en passe d'être franchi : désormais, les terres, les forêts, les animaux et les végétaux sont transformés en produits bancaires et financiers. De fait, selon le vieil adage " tout ce qui est rare est cher ", les espèces vivantes en voie de disparition, les terres et les écosyst... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
« La protection de l'environnement est la nouvelle frontière pour faire des profits. Des espèces en voie d'extinction, des forêts sont traitées comme des produits bancaires ». Bienvenue dans notre monde des fondamentalistes du marché, « les affaires ont déjà commencé ».

Sandrine Feydel et Christophe Bonneuil analysent les biobanques et les titres qu'elles commercialisent, (par exemple : titres-zones-humides, titres-forêts, titres-cactus, titres-chien-de-prairie, titres-lézard…). Marché de la conservation-spéculation, du futur de disparition… Gagner de l'argent sur la raréfaction ou la disparition de ressources naturelles, d'espèces vivantes…

Les auteur-e-s ancrent leurs présentations dans des analyses de la contre-révolution néolibérale, la fantasmatique concurrence-libre-et-non-faussée, le marché-régulateur, la libre-entreprise et autres formulations d'une idéologie de combat antidémocratique.

Elle et il parlent, entre autres, de biens non-tangibles, de spéculation foncière, de contre-feu anti-environnemental… « Cette offensive antienvironnementale se joue sur cinq fronts principaux : attaquer en contentieux les régulations environnementales ; constituer face aux environnementalistes, un contre-mouvement social ; répandre le doute sur la réalité scientifique des problèmes écologiques ; questionner les coûts économiques des régulations environnementales et imposer un regard économiciste sur la nature ; diffuser des mots d'ordre et des savoirs promouvant les mécanismes du marché (et non les pouvoirs publics ou les associations environnementales) comme les meilleurs outils de gestion de l'environnement ».

C'est qui en cause, c'est à chaque fois le statut de bien commun, l'absence de propriété privé, la non-marchandisation…

Dans leurs offensives, les fondamentalistes du marché ont en premier lieu développé le marché « des droits à polluer ». Instruments de marché sur les émissions polluantes, puis sur la conservation des forêts, la protection de la nature… Les auteur-e-s montrent comment l'environnement fut un des laboratoires de la thérapie néolibérale de choc sous Reagan.

Sandrine Feydel et Christophe Bonneuil détaillent l'extension des « marchés de la nature » (marché de droits à polluer et marché d'actifs « naturels »), l'invention du « capital naturel » ou des « biens et services écosystémiques », les appropriations du vivant, l'appropriation par brevet, la valorisation marchande des intangibles, le négationnisme du changement climatique, le marché mondial du carbone, les nouveaux intermédiaires financiers…

Elle et il parlent aussi de l'extension des monocultures, d'érosion de la biodiversité, de l'artificialisation des espaces, de l'extension de la marchandisation des stocks aux flux (« les soit-disant « services » rendus par les écosystèmes), « Ce nouveau modèle de gestion de la biodiversité entend calculer la valeur monétaire des services rendus par la nature en vue de les internaliser dans le calcul économique des acteurs qui en bénéficient ».

Au fil des différents chapitres, les auteur-e-s présentent le développement des plantations en « échange » des forêts anciennes, des projets inutiles, la place en France de la Caisses des dépôts et des consignations (CDC), la « compensation » comme masque du droit à détruire, les multinationales et leurs prétentions à laver « plus vert que vert », la rentabilisation des pseudo-investissements dans la protection de l'environnement, les mensonges de « l'économie verte », les marchés carbone et leurs conséquences sur les forêts et les peuples, l'accès à l'eau, les liaisons entre ONG et multinationales, la spéculation sur la biodiversité…

Je souligne l'intérêts des chapitres sur les nouveaux produits financiers, la transformation de la nature en actif de financiarisation, la reconceptualisation de « la nature comme un réseau fluctuant d'espèces, de gènes et d'individus « autoentrepreneurs ». », la titrisation non seulement des entités mais également des fonctions, l'extension de la logique comptable, le nombre croissant de produits dérivés…

Dans un épilogue plein d'humour « noir », et en se projetant en 2029, Sandrine Feydel et Christophe Bonneuil parle de crash, des conséquences pour les sociétés humaines « désormais réduites à vivre dans une biosphère étriquée », de souffrances, de violences et de barbaries géopolitiques… Et face aux « Après moi, le déluge ! », elle et ils concluent sur « Maintenant nous sommes prévenus »…
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Admirablement documenté et argumenté, Prédation est un réquisitoire implacable contre la récupération par le capitalisme extractiviste qui ravage la Terre des désastres qu'il a lui-même causés. Ou comment faire encore de l'argent en misant sur la raréfaction des paysages, de certaines espèces vivantes ou bien des ressources vitales... telle que l'eau, et bientôt l'air. Sorti un bon semestre avant l'ouverture en fanfare de la COP21, grande kermesse pour le climat (à quand un "we are the world" pour dire que la montée des eaux, c'est mal ?), ce livre démasque les pompiers pyromanes que sont les multinationales des ressources minières, de l'énergie, et celles de la finance qui les soutiennent. Ainsi que l'ensemble des régimes politiques à leur botte. Et, effectivement, on n'est pas déçu par le type de mesures "écologiques" proposées par ces malfaisants: toutes aboutissent à mettre à prix le vivant et faire en sorte de pouvoir poursuivre les ravages en toute légalité. Les exemples sont légions, effarants, parfaitement vérifiables. On peut être légitimement effondré par ce qui est rapporté ici, et craindre pour l'avenir de l'humanité... même pas à long terme. En général, ce genre d'ouvrage se termine par un chapitre optimiste qui, de manière plus ou moins forcée et saugrenue, donne des pistes pour s'en sortir. Les auteurs ont la bonne idée de prendre le contre-pied de cette irritante coutume ; il terminent leur ouvrage par le déroulé d'un scénario catastrophe prophétisant un double effondrement, boursier et écologique, logiquement produit par les dispositions terribles actuellement en cours d'élaboration dans les salons feutrés accueillant discrètement think tanks et autres groupes d'influence gavés de dollars. Au secours.
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Cette offensive antienvironnementale se joue sur cinq fronts principaux : attaquer en contentieux les régulations environnementales ; constituer face aux environnementalistes, un contre-mouvement social ; répandre le doute sur la réalité scientifique des problèmes écologiques ; questionner les coûts économiques des régulations environnementales et imposer un regard économiciste sur la nature ; diffuser des mots d’ordre et des savoirs promouvant les mécanismes du marché (et non les pouvoirs publics ou les associations environnementales) comme les meilleurs outils de gestion de l’environnement
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La protection de l’environnement est la nouvelle frontière pour faire des profits. Des espèces en voie d’extinction, des forêts sont traitées comme des produits bancaires
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