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Critique de xst


xst
04 novembre 2014
Le monde de Shades of Grey est une contre-utopie cauchemardesque: un régime totalitaire impitoyable qui détruit tout esprit individualiste, toute créativité, réprime toute ambiguïté et contestation de l'autorité; un gouvernement monstrueux qui divise ses citoyens en castes basées sur la couleur qu'ils sont capables de voir. Capacité résultante vraisemblablement de déficiences physiques conséquence d'une grande catastrophe qui s'est produite quelques siècles plus tôt. Un endroit sans amour, où les mariages se négocient de manière à ce que la progéniture du couple ainsi formé puisse hériter de la capacité de distinguer une teinte plus pure que celles de ses parents. Un endroit où ceux qui ne distinguent aucune couleur, les Gris sont exploités pour leur travail et où la mort est le résultat final de l'inadapté ou de celui qui même sans remettre en question le système, se pose trop de questions.
À lire ce préambule le livre vous semble assez sombre, non? Eh bien, cher lecteur, détrompez-vous! Ce roman est un vrai plaisir à consommer du début à la fin. J'ai constamment souri et souvent éclaté de rire. le ton est vif et amusant. L'intrigue et les déboires du jeune héros, Eddie Russet, un rouge, sont merveilleusement absurdes: pour une insolence qu'il aurait commise, il est envoyé dans une petite ville frontière pour y effectuer un recensement de chaises, il doit se méfier des attaques de cygnes carnivores et y rencontre des personnages plus colorés (c'est le cas de le dire) les uns que les autres, dont un homme nu qui s'introduit partout, mange à tous les râteliers sans aucune gêne, dis tout haut des vérités que personne ne veut entendre et sans impunité puisqu'il a été décidé qu'il n'existait pas et donc que personne ne pouvait le voir. Au début du récit, la seule ambition d'Eddie est de retourner dans sa ville natale après avoir recensé les chaises pour marier Constance Oxblood, une rouge elle aussi, lui donner des enfants qui en voyant encore plus de teintes de rouges lui conféreront un statut plus élevé et pour s'occuper de la chaine de montage de son beau-père. Seulement voilà, pendant son séjour, il croisera Jane, une grise rebelle qui fiche des baffes à longueur de paragraphe et surtout à ceux qui la complimente sur son adorable nez retroussé. Eddie, curieux, se pose beaucoup de questions et Jane l'aidera à trouver quelques éléments de réponse, pour une finale assez brillante qui ne désappointe pas.
Fforbe maîtrise parfaitement la satire, il distille l'information avec humour, à petits gouttes, pour nous garder en haleine et suffisamment peu pour exacerber notre imagination au point que souvent je me suis demandé si je comprenais bien ce que je lisais. Car il ne nous décrit pas le monde de Shades of Grey . On le découvre par les yeux des protagonistes qui, eux, y évoluent depuis plusieurs générations. Déstabilisant et brillant. J'ai eu autant de plaisir à le lire qu'un livre de Neil Gayman ou de Haruki Murakami.
Et dire que la suite ne sortira qu'en 2016!!!
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