Succession d'images, ou plutôt de photos, différentes, belles, et on est dans le rythme de cette succession, sujets, traitements, noir et blanc ou couleurs, tailles, mises en page – une grande beauté, celle même des poèmes en relation.
Toujours, image et mots, un regard qui scrute la réalité, qui la regarde, y entre, la creuse, la ressent, quête le réel.
Images de la vie citadine, d'immeubles, de reflets, de grues, mais aussi, et surtout, arbres, pierres en gros plans qui découvrent leur structure, si près de leur vérité qu'ils en deviennent irréels, qu'ils sont le regard posé sur eux, découpant, mouvant.
Images aussi de page et d'écriture, et en écho, en réflexion du regard en image, le regard, la chose en mots, et la pensée.
Le geste de l'écriture ou dessin, de créer, de capter le réel, même si c'est peu, si peu que l'idée du peu, et toutes les silhouettes qui passent, dont on ne connaît que cela, leur passage, et la vue que nous en avons, leur trace fugace....
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aux murs se projettent
images que crée son rêve
le rythme toujours même
le rythme autre à jamais
systole-diastole
un ensemble bat aux tempes
le vivre
brèves formes fuguées
qu’on ne sait d’où venues
et tenues pour un temps
le jeu de ce qui s’écrit
dramaturgie
fluide ou plus âcre
le poème se pose
ou son refus
2 /ERBAUT
Dessiner dans la rue
Un bloc à la main
assise à même le sol
au qui-vive l'œil
elle dessinait au crayon
des motifs d'insaisissable
ne se devinait
rien de ce qui s'esquissait
gestes ou la rue
à figurer clairs
en traits précis l'inconnu
d'un jour trop banal
son corps dans l'indifférence
à quoi n'était pas regard
et le sien seul
elle invisible aux passants.
p.24
2 /ERBAUT
En gare
Les quais le matin
un désert dans la lumière
un jeune homme assis
seul sur son banc dos tourné
contemple ce qu'il ne voit
l'horizon figé
derrière lui on se presse
mais il n'entend pas
part son train manqué
il ne pouvait le savoir
aussi éperdu
l'œil rivé à la mémoire
et son œuvre souterrain.
p.23
1 /OUVERTURE
Hasard de voyage
Il est couché
immobile
dans la chambre noire
close sur lui
où commence le vrai voyage
en lui demeurent deux mouvements
seuls perceptibles
un souffle un pouls
chacun donne mesure
vitale
expirer
en contrepoint
inspirer
sur la basse continue
systole-diastole
ces formes liées
…
p.11