Gossart dit Jean de Mabuse.
« Le premier qui partit fut Mabuse vers 1508 ».
L'autorité de Fromentin a maintenu la croyance que Gossart, le premier, s'imprégna de l'idéal italien. D'autres pourtant étaient partis avant lui et l'italianisme avait pénétré l'art flamand avant cette date de 1508, toujours citée. Faut-il rappeler les Madones à la guirlande attribuées à Memlinc, les amorini et les décorations mantegnesques de Gérard David, les architectures méridionales d'Albert Bouts, les fonds de paysages
alpestres aux perspectives bleuâtres empruntés aux maîtres lombards dès la fin du XVe siècle, enfin le portique brunellescien, les types raphaëlesques introduits par Metsys dans une oeuvre qu'il achève en 1509, l'année où Mabuse rentre d'Italie? La nécessité de s'assimiler l'esthétique nouvelle s'était imposée au peintre de la Légende de sainte Anne. Il n'en prit qu'à la mesure de son sentiment. Gossart consentit à tout absorber et c'est pourquoi la date de son voyage en Italie est tenue, non sans quelque raison, pour un terme fatidique.
Jérôme Bosch.
Son art est unique. Un siècle après que les sculpteurs hollandais, wallons et flamands rassemblés à Dijon eussent ouvert l'ère nouvelle du naturalisme, Jérôme Bosch ressuscitait les formes symboliques de l'art et apparaissait comme l'interprète ultime des croyances, des visions, des terreurs du moyen âge. L'irréalité fantastique de ses peintures frappe d'abord. Bosch reste pour la masse ce qu'il était pour Vasari : « l'auteur de vrais cauchemars ». Le chroniqueur Descamps, avec ce fond d'ingénuité admirative qui fait absoudre les écarts célèbres de son imagination, termine la vie de Jérosme Bos par ces mots : « C'est bien dommage qu'il n'ait jamais conçu que des idées monstrueuses et terribles : ce qui surprend, c'est que ses tableaux ont été fort chers.