« Ni puces, ni soumises », ça vous dit quelque chose ?
Indice : cheptel, respect des animaux...
Solution de l'énigme : slogan d'éleveurs qui militent contre le puçage de leurs animaux, parce que ça leur arrache l'oreille et que la plaie risque de s'infecter, parce que ça sert à rien, parce que c'est du flicage qui risque d'être étendu aux humains (déjà utilisé dans certaines maternités et crèches), parce que ça fait le jeu d'un business dans l'électronique, parce que la gestion des déchets de ces puces n'a pas été prévue, etc.
Bref, vous l'aurez compris, il est question d'élevage de chèvres et d'écologie dans cet album. Cécile et Nico ont décidé de s'installer comme éleveurs, à partir de rien, ou quasi - ils n'avaient que leurs expériences respectives de travailleurs saisonniers en agriculture. La route est longue pour réaliser ce rêve, même dans des endroits hostiles et reculés : acquérir un diplôme, obtenir un prêt, trouver l'endroit idéal, vaincre la méfiance de ceux qui ont des terres à vendre, satisfaire aux normes imposées, faire face aux dépenses imprévues alors que le budget est déjà très serré...
Excellente BD documentaire dont la couverture n'est pas forcément très engageante. On apprend beaucoup sur le parcours de ceux qui veulent s'installer comme éleveurs 'bios' (respectueux du bien-être des animaux, de l'environnement, de la qualité du produit final - viande et fromage), bien sûr, mais aussi sur les chèvres, le quotidien des chevriers, l'hypocrisie et l'opportunisme des élus, l'absurdité des politiques agricoles.
J'ai longtemps trouvé cet album froid, didactique certes, mais trop factuel. Je comparais sans doute à 'Rural' d'Etienne Davodeau, plus émouvant (peut-être parce que l'auteur se met en scène avec ses "sujets"), ou au 'Retour à la terre' de Manu Larcenet, largement plus déconnant. J'ai changé d'avis à la fin, notamment en suivant le combat collectif des éleveurs, et en découvrant l'auteur discret de l'album, ses échanges avec Cécile et Nico.
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Cécile et Nicolas sont séduits par la vie au grand air et aimeraient vivre des produits de la terre et de l'élevage. Quand ils se décident à réaliser leur rêve, un parcours du combattant commence. L'installation est d'autant plus difficile qu'il leur faut d'abord se former, et qu'ils n'ont pas hérité d'une exploitation agricole. L'optimisme, la motivation, et le courage sont nécessaires ; heureusement ils en ont… Ils optent pour l'élevage de la chèvre de Rove - race rustique qui produit un lait de grande qualité mais qui a failli disparaître au milieu des années 1980 (1 300 individus alors) - et pour un système d'élevage extensif (chèvres en pâture plutôt qu'en stabulation) respectueux de l'environnement, de l'animal et du consommateur. Les politiques agricoles ainsi que des contraintes commerciales et administratives leur réservent de désagréables surprises, heurtant leur conception du métier et rendant plus difficile son exercice.
Cette bande dessinée présente de manière concrète le travail de certains agriculteurs (celui d'un céréalier de la Beauce n'est manifestement pas le même…). Elle explique aussi des enjeux environnementaux et sociétaux de l'organisation économique de filières de l'élevage (ici celle de l'élevage de chèvres mais des problématiques similaires sont rencontrées dans l'élevage bovin). La lecture de cet ouvrage confirme l'idée selon laquelle la sécurité sanitaire régulièrement invoquée par les pouvoirs publics et par certaines organisations professionnelles sert parfois de prétexte pour promouvoir une forme d'agriculture intensive dont les méthodes sont pourtant néfastes à la santé publique, car nécessitant le recours accru aux antibiotiques dans les élevages et aux produits dits « phytosanitaires » (fongicides, pesticides, insecticides) sur les cultures.
Je recommande vivement la lecture de cet ouvrage, qui traite très bien de problématiques qui nous concernent tous, en tant que consommateurs.
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Un couple de jeune décide de se lancer dans l'élevage de chèvres.
Ils n'ont pas de famille dans l'agriculture ni de moyens financiers.
Ils vont devoir se battre pour mener à bien leur projet. de leur formation à la constitution du dossier, de la recherche de financement à celle du lieu, nous suivons les deux jeunes adultes.
Les illustrations réalistes accompagnent avec justesse le récit. Avec un bonus pour la page avec le portarit de chaque chèvre.
Sans occulter les multiples difficultés rencontrées, l'auteur nous présente une trajectoire positive de ce qui constitue un saut dans l'inconnu, un changement de vie.
Ce parcours est un choix positif.
Une bd à découvrir !
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Si le travail des chiens est nécessaire, le troupeau fonctionne également à la hiérarchie qui y est établie.
Au sommet, la chevrière et le chevrier.
Suivis par la meneuse.
Ensuite, vient le groupe des dominantes.
Puis celui des dominées, qui tentent régulièrement de devenir dominantes, remettant constamment en cause la hiérarchie au sein du troupeau.
Et enfin, les marginales qui restent en dehors des conflits.
La garde, c'est la base du métier, elle représente 4 à 8 heures par jour passées dehors avec le troupeau.
C'est un moment d'observation des chèvres très important.
Où l'on détecte un animal qui boite.
Un autre qui ne mange pas.
Ou qui se comporte de manière anormale.
Le chevrier sait aussi mettre son temps à profit pour se cultiver. [lecture]
Ce qui est important, c'est de conserver un réseau d'amis. Car la vie sociale dans le monde agricole s'est effectivement énormément appauvrie.
Avec la mécanisation, maintenant le paysan passe ses journées dans son tracteur sans voir personne. Avant, il y avait les foins, les récoltes qui brassaient beaucoup de monde.
Aujourd'hui l'industrialisation transforme l'animal en objet et le paysan n'est plus qu'un opérateur. On le déshumanise aussi d'une certaine manière, en tout cas on l'isole.
Ça pose déjà une question éthique : pucer le vivant n'est pas anodin.
Ici le puçage obligatoire des chèvres et des brebis permet de faire un test grandeur nature avant de l'appliquer aux écoliers, collégiens ou autres salariés d'entreprise ... Certaines maternités et crèches ont déjà été équipées de bracelets électroniques.
On confie donc à des ordinateurs le soin de veiller sur nos tout-petits.
Début septembre 2014, 11h30, sur la place d'un petit village drômois.
- Et voilà, bonne journée.
- Merci, à vendredi prochain.
- Salut, mets-moi quatre faisselles, deux demi-frais et deux secs.
- Ça marche.
- Tiens ?
- C'est quoi ça ?
- C'est des stickers pour soutenir le mouvement contre le puçage.
(Au sujet du puçage des bêtes.)
L'argumentaire officiel vante une meilleure traçabilité des produits et une meilleure sécurité sanitaire. Or la notion même de traçabilité est purement industrielle : on peut facilement perdre la trace d'un produit qui passe entre les mains de plusieurs opérateurs. Mais sur nos petites structures, ça n'a aucun sens puisqu'on a directement affaire au consommateur. Et les crises sanitaires sont générées par l'industrie agroalimentaire.