Je suis un malade mental, pas un imbécile.
Bonjour, je m'appelle votre potentiel. Mais vous pouvez m'appeler inexploité.
Je crois que les enfants croient ce qu'ils veulent bien croire.
Les adultes aussi, peut-être.
Le pire, dans cette maladie, ce n'est pas ce qu'elle me fait croire ni ce qu'elle me fait faire. Ce n'est pas l'emprise qu'elle a sur moi, ni même l'emprise qu'elle autorise les autres à avoir.
Le pire de tout, c'est qu'elle m'a rendu égoïste. La maladie mentale nous replie sur nous-mêmes. C'est mon avis. Elle fait de nous les prisonniers à vie de la douleur qui occupe nos têtes, tout comme la douleur d'une jambe brisée ou d'un pouce entaillé accapare l'attention et s'y cramponne au point que la jambe ou le pouce valides cessent d'exister.
On est égoïste ma maladie et moi. On ne pense qu'à nous. On façonne le monde qui nous entoure sous forme de messages, de murmures secrets prononcés à notre seule intention.
(...) le bonheur, c'est plus facile de le voir dans un plat qu'on a fait soi-même quand on a quelqu'un pour vous passer le ketchup.
Elle a connu la tristesse. C'est ça. Je n'en ai pris conscience qu'en l'écrivant. Et, ayant connu la tristesse, elle a découvert la bonté.
Quand votre grand frère vous appelle, quand le moment est enfin venu d'aller jouer, s'il faut s'échapper d'un service psychiatrique... la première chose à faire, c'est d'observer. Et ensuite de laisser aux autres le gros du boulot. (...) Je suis un malade mental, pas un imbécile.
Nanny Noo me gronde quand je suis comme ça. Elle me dit que ça ne sert à rien de ruminer, qu'il faut savoir apprécier les choses du quotidien, qu'il y a du bonheur dans un plat qu'on cuisine, dans une promenade au bon air. Je sais qu'elle a raison. Sauf que, le bonheur, c'est plus facile de le voir dans un plat qu'on a fait soi-même quand on a quelqu'un pour vous passer le ketchup.
A l'époque, je ne prenais pas encore cette putain de saloperie. Dans la glace de la salle de bains, j'ai vu les contours flous d'un jeune homme en bonne santé qui avait un nouveau travail, une nouvelle maison et la promesse d'une vie toute neuve. J'aurais dû essuyer la buée et regarder ce jeune homme pour de bon.
Aujourd'hui, j'aimerais m'être donné cette peine.
Mais je ne l'ai pas fait, et ce n'est pas vous qui pourrez.