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EAN : 9782846823425
144 pages
P.O.L. (05/01/2010)
3.22/5   237 notes
Résumé :
Quelques missions ponctuelles pour des travaux routiniers d'entretien, mais surtout, une fois par an, à l'arrêt de tranche, les grandes manoeuvres, le raz-de-marée humain. De partout, de toutes les frontières de l'hexagone, et même des pays limitrophes, de Belgique, de Suisse ou d'Espagne, les ouvriers affluent. Comme à rebours de la propagation d'une onde, ils avancent. Par cercles concentriques de diamètre décroissant. Le premier cercle, le deuxième cercle... Le d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (59) Voir plus Ajouter une critique
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sur 237 notes
« Garantir le bon fonctionnement de 58 réacteurs implantés dans 19 centrales nucléaires réparties dans l'Hexagone… C'est le défi que relève EDF en programmant les arrêts de tranche, ces arrêts périodiques des centrales nucléaires qui permettent de renouveler le combustible et de procéder à des opérations de contrôle et de maintenance. Et cela sans impact pour les clients. »

Ca c'est le texte qu'on trouve sur le site EDF dédié à l'entretien des centrales nucléaires destinées à la production d'électricité. Bien entendu le site est à l'usage des consommateurs, on n'y parle donc pas de l'impact sur les ouvriers de maintenance…
Avec La Centrale, on pénètre un monde étrange, marginal, dans lequel évoluent de jeunes types (peu de femmes semble-t-il dans cet univers...) qui, à l'instar des Compagnons du Devoir ou des Compagnons du tour de France, sillonnent le territoire français en suivant l'implantation des centrales nucléaires : ce sont les ouvriers de la sous-traitance dans le nucléaire qui nettoient les réacteurs des centrales lors des « arrêts de tranche », ces périodes ou les centrales s'arrêtent pour des missions d'entretiens. Cette population ouvrière travaille dans des conditions qui laissent rêveur. Soumis aux rayonnements radioactifs lors de leurs activités, ils subissent en plus une pression énorme : chaque journée d'arrêt de tranche d'une centrale coûtant un million d'euros à EDF, tout doit aller très vite. Les contraintes liées à la sous-traitance sont énormes. Certains d'entre eux sont nomades et se déplacent au gré des chantiers. Les doses radioactives ingérées sont importantes…
Au-delà des risques directs liés au métier (absorption élevés de doses radioactives) qui font des ces ouvriers des espèces de kamikazes, Elisabeth Filhol expose ce système qui consiste à sous-traiter l'emploi des ouvriers de maintenance par des agences d'intérim : une manne pour des jeunes types peu diplômés ayant connu des périodes de chômage, à condition de pouvoir se déplacer et se loger à ses frais dans toute la France, de supporter les conditions de logement précaires, et surtout de garder son sang-froid en toutes circonstances sous peine de s'exposer à la dose de trop qui les exclut du circuit ; pas d'émotion dans ce récit, des faits, des faits glacés soulignés par une écriture sèche et percutante, dans des phrases au long cours qui deviennent tout à coup très courtes.
Ce roman d'un monde très masculin écrit au féminin m'a rappelé et par le thème et par l'écriture, le roman de Maylis de Kerangal, « Naissance d'un pont » et j'ai beaucoup apprécié l'écriture d'Elisabeth Filhol.
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Je crois que c'est un des livres les plus forts que j'ai lu cette année.
Avec une langue neutre, froide et distanciée, ce roman nous fait pénétrer dans l'univers glacé de la Centrale. ses multiples sas et ses très strictes procédures mènent quelques hommes en son coeur bleu.
Cette Centrale fascine et effraie, attire et révulse, mais sa puissance est multiple et implacable. Elle en impose par sa stature, sa dangerosité, sa haute technicité, et sa beauté vénéneuse.
Elisabeth Filhol nous la décrit avec assez de poésie pour nous faire mesurer l'ambivalence des émotions qu'elle produit chez ceux qui pénètrent en son sein.
L'essentiel du livre n'est pourtant pas dans cette prouesse d'écriture qui nous parle de technique et qui nous décrit par le menu l'environnement des centrales nucléaires en produisant des images et des atmosphères dans une gamme subtile d'émotions.
L'essentiel se trouve dans les mots du narrateur qui raconte lors de flash-back judicieusement agencés, son expérience d'intérimaire en tant qu'agent DATR;
Entendre : Agent Directement Affecté Aux Radiations.
Il fait partie de cette sorte de compagnonnage des années 2000, faisant le tour de France des Centrales au rythme de contrats à durée déterminée et subissant à la fois, nomadisme, précarité et haut risque permanent.
Nous découvrons cet univers fermé et masculin, solidaire et en souffrance, d'hommes tiraillés par le choix de vie qu'ils ne comprennent pas toujours.
Ils sont pris au piège.
La violence qui leur est faite est extrême et certains semblent y répondre en redoublant de courage pour affronter les missions...
Une colère froide émane de ce texte cinglant.
C'est sans aucun doute un livre qui marque, une oeuvre littéraire qui met à jour sans fards la condition d'ouvriers "brûlés", de ceux qui font le sale boulot auquel les statutaires ont échappé, et qu'EDF est contente d'avoir "délocalisé".
Un des passages que j'ai trouvé particulièrement émouvant sur cette condition est celui qui évoque la formation payante pour le personnel intérimaire.
Elle est nécessaire et obligatoire pour obtenir le poste, mais elle est à la charge du futur employé.
A lire, vraiment!
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De Chinon au Blayais, du fleuve Loire à l'estuaire de la Gironde, voici le parcours de Yann, un travailleur précaire, qui nous est conté. Un travailleur bien particulier, identifié par des initiales : DATR ou « directement affecté aux travaux sous rayonnements » (p. 15). Yann travaille en effet dans des centrales nucléaires à l'occasion des arrêts de tranche :

Sur les deux mille salariés qui entrent ce jour-là dans la centrale de Chinon, « la moitié seulement a le statut EDF d'agent ». Yann poursuit : « Les autres, comme moi, ne sont là que pour les trois à cinq semaines que dure un arrêt de tranche, maintenance du réacteur et rechargement en combustible, de mars à octobre les chantiers se succèdent à travers la France et les hommes se déplacent d'un site à l'autre, tous salariés des sociétés prestataires » (p. 11).

L'accident nucléaire de Fukushima a récemment marqué les esprits. Il y a 25 ans, le 26 avril 1986, se produisait la catastrophe de Tchernobyl. La lecture de « La Centrale » d'Elisabeth Filhol, écrit en 2010, prenait ainsi pour moi tout son sens. Ce qui m'intéressait également, quand j'ai lu la quatrième de couverture, c'était de découvrir une facette singulière du travail précaire. Je n'ai pas été déçue par la lecture de ce roman.

J'ai tout d'abord particulièrement apprécié l'écriture de l'auteure : une écriture tout en objectivité mais derrière laquelle j'ai ressenti des émotions, une écriture en retenue qui laisse filtrer une sensibilité. Une écriture poétique, précise, travaillée à la virgule près. Une écriture qui se laisse emporter par des digressions (cela m'a d'ailleurs rappelé quelques caractéristiques de l'écriture de Maylis de Kerangal dans « Corniche Kennedy » ou « Naissance d'un pont »).

J'ai apprécié les descriptions des centrales nucléaires (l'intérieur : j'ai été marquée par la description de la qualité de la couleur bleue des piscines -, l'extérieur) : elles sont à la fois magnifiques sur le plan esthétique et peuvent faire penser à un univers de science-fiction, mais aussi terrifiantes : cet univers est bien réel et nous questionne à de multiples niveaux. J'ai beaucoup appris concernant le fonctionnement des centrales nucléaires. J'ai retenu quelques mots-clés : nécessité d'un refroidisseur (rivière, mer ou aéroréfrigérant), circuit primaire fermé, circuit secondaire fermé, barres d'arrêt d'urgence, barres de contrôle… Derrière ce discours très objectif, très neutre, l'auteure a-telle voulu dénoncer une réalité ?

J'ai aimé suivre le parcours de Yann, un travailleur précaire. Yann s'interroge à demi-mots sur ce qui pousse un homme à devenir travailleur DATR : la facilité à décrocher et renouveler les contrats ? le goût du risque ? L'aventure est en effet dangereuse et l'Homme a essayé de contrôler au mieux les risques. Yann explique ce que signifie DATR : « Directement affecté aux travaux sous rayonnements » à la fois d'un point de vue objectif (comment les dirigeants ont rationnalisé ce sigle) et d'un point de vue subjectif (ce que cela implique concrètement pour les salariés et comment ils le vivent) :

« Avec un plafond annuel et un quota d'irradiation qui est le même pour tous, simplement certains en matière d'exposition sont plus chanceux que d'autres, et ceux-là traversent l'année sans épuiser leur quota et font la jonction avec l'année suivante, tandis que d'autres sont dans le rouge dès le mois de mai, et il faut encore tenir juillet, août et septembre qui sont des mois chauds et sous haute tension, parce qu'au fil des chantiers la fatigue s'accumule et le risque augmente, par manque d'efficacité ou de vigilance, de recevoir la dose de trop, celle qui va vous mettre hors jeu jusqu'à la saison prochaine, les quelques millisieverts de capital qu'il vous reste, les voir fondre comme neige au soleil, ça devient une obsession, on ne pense qu'à ça, au réveil, au vestiaire, les yeux rivés sur le dosimètre pendant l'intervention, jusqu'à s'en prendre à la réglementation qui a diminué de moitié le quota, en oubliant ce que ça signifie à long terme. Chair à neutrons. Viande à rem. » (p. 15-16).

Le style se veut objectif, distancié, présentant de multiples descriptions techniques que je n'ai jamais trouvé lassantes. Ce roman est court (un peu moins de 150 pages) et se lit d'une traite. Un livre salutaire avec le récent accident nucléaire au Japon qui permet de réfléchir aux implications du nucléaire, sur le plan humain et environnemental. Un vrai coup de coeur !
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La Science et la Technique envahissent chaque moment de nos vies et pourtant elles semblent peu présentes dans l'univers romanesque contemporain (ou sinon, sous la forme très peu réaliste d'une certaine science fiction). Celles qui, bien réelles et naturalisées par nos sociétés de consommation, s'imposent sans qu'on les voit, sont peu sujet de fiction. Pourtant, elles matricent nos existences et parfois sans vergogne peuvent les détruire. Il fallait toute l'audace d'un premier roman pour faire d'une centrale nucléaire et de ses salariés intérimaires les héros clandestins d'un véritable roman.

La menace des rayons ionisants est impalpable. le film sur la poitrine sera ultérieurement lu et il est impossible de sortir sans cesse le stylo dosimétrique que l'on a dans sa poche. L'ingénieur radio protection, qui se cache derrière le pilier en béton lourd, a dit que nous avions vingt minutes chacun pour démonter le convertisseur électrons positrons. Les collègues, qui en ont tant vu, semblent ne pas hésiter et pourtant tous ceux de l'équipe avant nous sont morts de cancer. Eux aussi mouront d'une tumeur mais ils ne le savent pas encore. La direction technique hors de la tranchée où se trouve l'accélérateur de particules, les nombreux et impatients chercheurs qui ne sont jamais même venus jusque là, tous exigent que la machine soit réparée. Ce sont là mes premières expériences de travail. La répulsion, l'engagement, la peur, la tension permanente, l'obsession de la dose, tout ce que ressentent ces ouvriers clandestins de la centrale et qui est si justement décrit par Elisabeth Filhol, ne m'est donc pas complètement étranger. L'auteur n'explique pas les personnages, il les montre. Il fait preuve d'une grande précision documentaire et c'est pourquoi – contrairement à la critique littéraire – il est toujours si juste. Comme le chantait Ferrat « ce n'est pas par plaisir que le torero danse… ». Les salariés des entreprises de sous-traitance qui s'approchent du coeur du réacteur n'ont bien entendu aucune attirance pour ce travail et ils ne forment nullement une fratrie (sic). Lorsque nous faisons le sacrifice que le monde moderne exige de nous, nous sommes le plus souvent lâches et très peu solidaires, à moins que nous ne soyons carrément inconscients ou idiots. Si le travailleur du nucléaire est en effet si attentif à l'autre c'est qu'il le renvoie à lui-même et à sa peur. Lorsqu'un collègue refuse une intervention, il vous met violemment en face de vos responsabilités ; lorsqu'un radio protectionniste vous autorise à prendre une dose de rayonnement, il minimise aussi celles qu'il a déjà prises. L'aveuglement n'est-il pas toujours préférable dans ces cas là ?

« La centrale », bien ancrée dans le monde contemporain, est une oeuvre littéraire à part entière et surtout pas un documentaire. C'est pourquoi elle est si juste et si passionnante. le récit y est très savamment architecturé. La chronologie disloquée nous permet de passer du dehors au dedans de l'inquiétante centrale. La phrase est longue, jalonnée d'incises lorsqu'elle décrit un paysage ou une situation. Elle est au contraire courte et nerveuse lorsqu'elle dit l'effroi, l'anxiété. Ce livre servit par un style très efficace met à jour tout un monde. Il est à lire de toute urgence.
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La centrale, un essai sur le nucléaire.

Pour avoir côtoyé le nucléaire dans ma vie professionnelle, je reconnais que ce livre peut paraître froid et difficile à tout lecteur qui n'a pas reçu une (in)formation sur cette forme d'énergie.

Cependant, cet ouvrage se décompose en deux sujets. Un sur le nucléaire, son emploi à des fins domestiques, et le fonctionnement d'une centrale. Alors que le deuxième thème abordé, que je ne connaissais pas, est celui des ouvriers du nucléaire. Pas ceux qui travaillent chez EDF, ceux qui sont en sous-traitance ou sous statut d'intérimaires et qui parcourent la France toute l'année pour participer aux chantiers de maintenance des centrales.

C'est sur ce point que, à mon sens, qu'il y a un apport de ce livre, par son thème sociologique. On y découvre des personnes techniquement expérimentées, qui vont de site en site, tels des compagnons du devoir. Leurs compétences et leurs formations rares assurent à ces hommes, car c'est un secteur très masculin, de trouver toujours un emploi. Soumis aux contrôles permanents, ils acceptent le risque de l'exposition aux rayonnements. Ils vivent avec cette épée de Damoclès, traduite en millisievert. La majorité aime ce risque car ils ont le sentiment de vivre dans un groupe à part, travailleurs de l'extrême. C'est le salaire de la peur.

Je pense également que cet ouvrage peut se lire différemment selon sa vision sur l'énergie nucléaire. Que l'on soit pour ou contre, la prouesse de l'auteure est de pouvoir nous donner l'occasion de confirmer nos convictions sur ce sujet, à tel point que finalement je n'ai pas réussi à savoir si l'écrivaine, elle-même, était favorable ou non. A vous de jugez !
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critiques presse (1)
Telerama
02 novembre 2011
Elisabeth Filhol réussit à maintenir une distance parfaite entre la précision documentaire et l'écriture originale pour décrire la vie de ces précaires, de cette « chair à neutrons ».
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Le vent souffle dehors, des images muettes défilent sur l'écran. La dessus la voix de Jean-Yves prend toute sa place, à sa mesure, puissante, chaleureuse, sans risque pour moi de devoir combler les silences. J'aime l'écouter, le regarder, ça me repose. Quand chez d'autres c'est un monologue qui n'en finit pas et ne vaut que par le flux continu qui se répand et soulage celui qui parle, ou alors simplement il s'en régale et celui d'en face qui l'écoute et qui a la même faim n'a qu'à faire abstinence, quand d'autres font irruption et déversent à vos pieds les tonnes dont ils sont excédentaires comme devant les grilles de la sous-préfecture, les revendications en moins, quand ils vous parlent et vous pourriez être n'importe quoi de vivant ou non, n'importe quelle surface réfléchissante, ils parleraient pareil, Jean-Yves lui a une façon d'occuper le terrain qui vous soulage de savoir le faire, et en même temps vous interpelle, et bizarrement toujours ce qu'il dit vous concerne, et quand l'intérêt baisse, d'instinct il redresse la barre, il a un savoir pour ça, si bien qu'au final c'est le compagnon idéal des timides, des taiseux, et des jours de blues.
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Avec un plafond annuel et un quota d’irradiation qui est le même pour tous, simplement certains en matière d’exposition sont plus chanceux que d’autres, et ceux-là traversent l’année sans épuiser leur quota et font la jonction avec l’année suivante, tandis que d’autres sont dans le rouge dès le mois de mai, et il faut encore tenir juillet, août et septembre qui sont des mois chauds et sous haute tension, parce qu’au fil des chantiers la fatigue s’accumule et le risque augmente, par manque d’efficacité ou de vigilance, de recevoir la dose de trop, celle qui va vous mettre hors jeu jusqu’à la saison prochaine, les quelques millisieverts de capital qu’il vous reste, les voir fondre comme neige au soleil, ça devient une obsession, on ne pense qu’à ça, au réveil, au vestiaire, les yeux rivés sur le dosimètre pendant l’intervention, jusqu’à s’en prendre à la réglementation qui a diminué de moitié le quota, en oubliant ce que ça signifie à long terme. Chair à neutrons. Viande à rem.
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Réveiller les consciences, alerter l'opinion. Chez ceux à qui on demande d'aller toujours plus vite et au moindre coût, qui font leur boulot et encaissent les doses, la prise de conscience est déjà faite : la durée d'un arrêt de tranche divisée par deux en quinze ans, la sous-traitance en cascade, les agents d'EDF coupés de l'opérationnel qui perdent pied, et cette pression morale sans équivalent dans d'autres industries. Donc oui, les dangers du Nucléaire. Derrière les murs. Une cocotte-minute. Et en attendant d'en sortir, dix-neuf centrales alimentent le réseau afin que tout un chacun puisse consommer, sans rationnement, sans même y penser, d'un simple geste. Solidaires, nous sur les sites, de ceux qui y pénètrent et font le spectacle ? Le sont-ils seulement de nous ? Ils descendront comme convenu dans le calme pour le direct des journaux de vingt heures, escortés par les chasseurs alpins, après avoir déployé la banderole aux couleurs de leur association – la même banderole prévue un mois plus tard, jour anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl, comme chaque année, le 26 avril, aux grilles de la centrale.
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Un bleu intense, quasi surnaturel, qui pourtant ne doit rien à la science et n'emprunte rien à la fiction, le bleu du ciel au dessus des casbahs, illuminé, transfiguré de l'intérieur, un bleu d'artiste inventé puis breveté sous sa formule chimique, mais dans une transparence et un rayonnement que seule la nature dans ce qu'elle a de plus intime est capable de rendre sensible à nos yeux, et pour cause, certaines particules dans l'eau battent en vitesse le record de la lumière. Avant de décharger et recharger les assemblages d'uranium, on remplit la piscine d'eau borée, une barrière de bonne qualité et peu coûteuse contre les radiations. Est-ce que le bore provoque une coloration dans l'eau ? Non. ... ... Alors bleu ? Pourquoi un bleu d'autant plus intense que le taux de radioactivité autour de la cuve est élevé ? "
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Partir et tout emporter. Ou ne rien laisser derrière soi, ce qui est l’autre point de vue. Ne rien laisser d’autre que la trace de son passage à valoir pour ceux qui suivent, et parfois en arrivant, découvrir la marque laissée par ceux qui nous ont précédés, qu’on imagine suivre la même trajectoire que nous selon la même ligne de fuite, alors que non, dans la pratique ça ne se passe pas comme ça ; nomade, ce n’est pas l’exploration continue de nouvelles terres, c’est une façon d’être en boucle, mais alors sur un territoire suffisamment vaste, et dans des intervalles de temps avant de retomber sur ses propres marques suffisamment longs, pour que l’impression d’être en boucle ne vienne pas, même si le temps se referme et que les années s’empilent, même si tous les lieux se superposent, et les saisons, et les visages des rencontres, il reste le mouvement, cette certitude jusqu’au bout d’être en mouvement.
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"Bienvenue aux éditions P.O.L", un film de Valérie Mréjen. Pour les 40 ans des éditions P.O.L, quelques un(e)s des auteurs et des autrices publié(e)s aux éditions P.O.L écrivent une carte postale et laissent un message aux éditions P.O.L. Avec par ordre d'apparition de la carte postale: Violaine Schwartz, Jean-Paul Hirsch, Lucie Rico, Emmanuel Lascoux, Jacques jouet, Philippe Michard, François Matton, Frédéric Boyer, Catherine Henri, Suzanne Doppelt, Lamia Zadié, Marianne Alphant, Suzanne Duval, Laure Gouraige, Emmanuel Carrère, Jean Rolin, Elisabeth Filhol, Célia Houdart, Nicolas Fargues, Nicolas Bouyssi, Louise Chennevière, Frédérique Berthet, Marie Darrieussecq, Jocelyne Desverchère, Jean Frémon, Kiko Herrero, Julie Wolkenstein, Emmanuelle Bayamack-Tam, Liliane Giraudon, Frédéric Forte, Pierric Bailly, Valère Novarina, Hélène Zimmer, Nicolas Combet, Christian Prigent, Patrice Robin,, Emmanuelle Salasc, Alice Roland, Shane Haddad, Mathieu Bermann, Arthur Dreyfus, legor Gran, Charles Pennequin, Atiq Rahimi, Anne Portugal, Patrick Lapeyre, Caroline Dubois, Ryad Girod, Valérie Mréjen / Dominique Fourcade, Marielle Hubert, Robert Bober, Pierre Patrolin, Olivier Bouillère, Martin Winckler, Jean-Luc Bayard, Anne Parian, Nathalie Azoulai, Julie Douard, Théo Casciani, Paul Fournel, Raymond Bellour, Christine Montalbetti, Francis Tabouret, Ryoko Sekiguchi,
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