AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de fanfan50


Les éditions Phébus, à la demande de Babelio m'ont envoyé ce court roman - moins de deux cents pages. C'est une belle oeuvre de fiction qui s'inspire de la vie d'André Breton à son terme : il a soixante-dix ans, est gravement malade : il souffre d'un emphysème pulmonaire. Il vit ses derniers jours dans une maison à Saint-Cyr Lapopie dans le Lot. Sa seconde épouse Elisa Bindorff ainsi qu'un poète et auteur dramatique surréaliste croate, Radovan Ivsic, partagent son quotidien. L'état du poète surréaliste empirant, ils l'emmènent en taxi sur Paris à l'hôpital Lariboisière où il meurt le 28 septembre 1966.
Le fil conducteur est son livre, Nadja, sorti en 1966 qu'a lu l'héroïne, Chance Salvage, un personnage inventé de toute pièce par l'auteur, Serge Filippini, et dont la rencontre fortuite – un peu amenée par l'auteur - avec André Breton vers la fin de sa vie donne un éclairage tout particulier à cette belle histoire qui sert de faire valoir au Surréalisme. « J'exige de la jeunesse' qu'elle enchante la vie. Qu'elle change la vie. » André Breton, le seul collectionneur à avoir métamorphosé la sensibilité artistique mondiale, souhaite un « monde enfin immature où les poètes auront officiellement disparu, mais où la poésie sera au pouvoir en tant que magie ». Dans un ouvrage intitulé « L'Esprit comme agent de la folie », Philippe Jeanjean, un psychologue, «y montrait ou démontrait qu'André Breton et ses amis avaient utilisé la force de l'esprit à des fins détournées en inoculant aux femmes, aux artistes du monde entier et à la jeunesse radicalisée un désir qui n'était rien d'autre qu'un premier pas vers la déraison collective ».
Si la première partie du roman brode autour du poète disparu, dans la suite, après les funérailles du poète au cimetière de Batignolles où était présente la vieille garde surréaliste : Philippe Soupault, Marcel Duchamp, Jacques Prévert, Jean-Louis Barrault, Luis Buñuel ainsi qu'une multitude « de femmes attristées, jadis épouses, jadis maîtresses », et Aube, la fille unique née de Jacqueline Lamba, le narrateur se focalise sur l'histoire fictive de Chance Salvage, cette jeune femme de vingt-et-un ans séparée de son compagnon, Virgile. Son parcours avait débuté à la rencontre du poète fatigué dans le Lot, il se poursuit pendant la révolution de Mai 68 et son aura sur la capitale, il se continue à New York où elle échappe de justesse à l'attentat du World Trade Center le 11 septembre 2001 et se clôt à Saint-Cirq Lapopie où elle devient une sorte de recluse dont le chemin mystique, le chemin de dissolution n'était rien d'autre qu'une quête amoureuse. Etrange sort que celui de cette femme un peu dérangée. «Chance avait dérangé en ayant une liaison avec » André Breton, « puis en incarnant un type humain opposé à tout autre pouvoir que celui de la pure liberté intérieure » (page 184). La boucle est bouclée et le livre aussi. Une lecture très sympathique qui m'a fait me remémorer les éléments-clés de la vie du poète disparu qui est avec Antonin Artaud, une des lumières de ce siècle passé. Merci encore aux éditions Phébus pour l'envoi de ce plaisant ouvrage.
Commenter  J’apprécie          40



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}