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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Joli texte, jolie biographie de la dernière et éphémère amante d'André Breton. le pape du surréalisme voit l'arrivée de Chance, une jeune femme d'à peine plus de vingt ans, dans son village du Quercy comme une dernière chance d'aimer. Elle lui rappelle si fort Nadja, son amour de jeunesse, celle justement, qui l'a fait devenir André Breton l'écrivain poète le plus important de la première moitié du XXe siècle.

Chance Salvage, maitresse oubliée, femme meurtrière, prise dans les tourments de l'amour et le tumulte de mai 68. Mère défaillante d'une petite fille, dont le père pourrait-être l'écrivain surréaliste mais aussi une femme abimée, une femme exclue de la société qui entreprend une quête mystique et devient ermite dans le petit village de Saint-Cirq-Lapopie au bord du Lot.

Captivante et sensible balade sur les pas de Chance, pendant moderne de Nadja, pour qui vivre ne fut que questions. « J'aimerai André Breton » est un livre inclassable, une ode aux femmes muses négligées et effacées.

Serge Filippini, dans une prose poétique et limpide, nous conte une vie violente et chaotique, une vie vraiment surréaliste.
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Avec « J'aimerai André Breton », Serge FILIPPINI et les Editions Phébus gagnent leur pari ! La vraie nature de cet auteur est la fiction. Avec bonheur, il crée donc et donne vie à Chance Salvage, une égérie s'offrant à André Breton pour l'inspirer et surtout lui apprendre à aimer. Dans ce récit, la relation charnelle ne dure pas. Peu importe, la mise en perspective de la vie d'André Breton, de son entourage, de son époque, de ses combats, ses engagements, sonne particulièrement juste et se trouve être en adéquation parfaite avec la force et la fragilité, la détermination et les doutes, les rêves et les peurs attribués à Chance Salvage, l'héroïne en quête d'absolu et de surréalité.
Ce roman révèle, une fois encore au public, ce pape du Surréalisme qu'a été André Breton. L'auteur y manifeste une grande maîtrise du sujet et le lecteur, en quelques 185 pages, peut pénétrer dans ce monde dépassant le réel et s'immerger dans la poésie de ce mouvement artistique ayant émergé après la première guerre mondiale.
Marqués par le rejet de toute construction raisonnée de la pensée, les surréalistes aiment la déraison, l'absurde et le rêve. L'existence doit se vivre dans la révolte, le désir et le dépassement de tout ordre moral. C'est exactement de la sorte que Chance vivra la dépossession de son corps, à ses yeux, violenté par l'homme avec qui elle partage pourtant sa vie et son lit. de la même façon, dans l'absolu de la déraison, elle s'offrira au Katangais, s'imposera au pape et à son entourage, donnera la vie, en reprendra une autre, partagera l'excessif de Mai 68 et consacrera finalement le reste de sa vie à une quête mystique, surréaliste, elle aussi !
Ce roman, comme bien d'autres mais de manière unique, tente de réponse à la question originelle du « Qui suis-je ? »
Pour chacun des personnages, cette quête d'identité est le fil rouge de ce récit. Et jamais Serge FILIPPINI n'emmêle ses idées et n'entortille ses fils. Aisément, le lecteur suit cette écriture au vocabulaire riche et pointu tant est captivante l'histoire, l'époque et cette soif d'absolu qu'il partage au fond de lui.
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Il faut bien l'avouer, quand j'ai eu ce livre entre les mains, je me suis interrogée. Mais dans quelle lecture allais-je m'embarquer?? André Breton, pour moi comme pour beaucoup, c'est Nadja. Livre lu il y a des années mais pourtant toujours en mémoire. Dans ce livre, la référence y est grande, comme un fil conducteur . J'avais donc peut-être une chance de ne pas me perdre dans cette lecture somme toute très littéraire...
Les premières pages m'ont tout d'abord déconcertée. Chance Salvage, jeune femme malmenée par la vie, débarque par hasard dans celle d'André Breton. Cette rencontre va sceller à jamais son destin. A peine un mot échangé entre les deux et voilà que l'amour leur tombe dessus comme la foudre sur le clocher d'une église...C'est rapide, intense et quelque peu...surréaliste!! Mais il faut dire que Chance possède tous les atouts pour séduire le poète, pourtant dûment marié à Elisa. La jeune femme voit la vie en poésie, accepte l'irréel de l'existence et s'y jette à corps perdu.
Passés ces premiers instants d'incrédulité, je me suis surprise à ne pas pouvoir lâcher ce livre. L'histoire de Chance et André nous est conté par un mystérieux narrateur dont nous saurons seulement qu'il habitait le village des deux protagonistes. Ce dernier nous entraîne dans le tourbillon de la vie de Chance, maîtresse "veuve", muse du poète, rejetée par ses pairs.
C'est ici l'histoire d'un destin hors norme qui se déroule sous nos yeux. La frontière entre la folie, le génie y est ténue. L'amour est porté à son paroxysme, peut-être dans sa forme la plus pure mais aussi la plus destructrice. L'emprise du poète sur sa muse nous apparaît comme une malédiction dont il est impossible de se défaire mais dans laquelle on plonge avec délectation.
Il m'est impossible de classer ce roman dans un genre particulier. Seul le sentiment d'avoir lu quelque chose d'hors-norme, d'envoûtant demeure. Et c'est peut-être là l'essentiel.
Surréaliste? Certainement. Et,ce, pour mon plus grand plaisir !
Un grand merci à Babelio et aux éditions Phébus pour cette superbe découverte.
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Pour s'attaquer à une figure telle que celle de Breton, « pape du surréalisme », il faut avoir une bonne connaissance du personnage et de ses oeuvres, car tout pourrait très vite sonner faux. Dans son roman J'aimerai André Breton, Serge Filippini se risque à cet exercice, et il s'en sort avec brio. Il invente une nouvelle Nadja, une certaine Chance Salvage, qui débarque par hasard à Saint-Cirq-Lapopie (elle a ouvert un compas sur une carte de France) après avoir subi un viol conjugal. On est en 1966, le 24 septembre : le célèbre écrivain André Breton se repose dans sa maison d'été, en compagnie de sa femme Élisa : il est très mal en point. Sa rencontre avec Chance réveille son désir. Là, le lecteur se dit qu'il va être difficile de faire la différence entre le réel et la fiction, mais il y aura du charme à se laisser porter entre le vrai et le faux : l'essentiel est le vraisemblable.
Sur son exemplaire poche de Nadja, Chance écrit « J'aimerai » au-dessus du nom de l'auteur. Ainsi, elle se prédestine à cette rencontre, sujet si cher à l'écrivain surréaliste qui l'a développé dans L'Amour fou, où il raconte cette merveilleuse nuit parisienne qui le conduit sur la route de son nouvel amour, et qui se termine par ces mots à sa fille Aube : « Je vous souhaite d'être follement aimée ». Chance veut aimer follement. Très vite, Breton l'étreint. le moment n'a rien d'une extase… Elle capture quelques poils pubiens du poète, qu'elle glisse dans une enveloppe cachée entre les pages de son livre-fétiche, une manière de ne pas perdre la trace de la rencontre surréelle…
Car le hasard a voulu cette rencontre. Des années auparavant, en sortant de l'église Saint-Sulpice, Chance a croisé Breton, accompagné de Man Ray :

« André Breton fixait sur elle un regard impérieux, comme s'il voulait faire d'elle sa favorite » (p.15)

Et l'expérience de la rencontre est poétique :

« Elle entendait la poésie comme un chemin dont le tracé se révélait dans son cours même. (…) Quel tribunal n'avait sa beauté ? Quelle prison ? » (p.23)

L'entourage de Breton ne voit pas d'un bon oeil ce soudain désir de l'auteur septuagénaire. D'abord son épouse, Élisa, puis Radovan Ivsic, poète croate proche de lui. On fait comprendre à Chance qu'il vaudrait mieux qu'elle parte. Mais Breton a écrit dans son exemplaire de Nadja son adresse et ces mots : « NE M'ABANDONNE PAS. » Quand il sera hospitalisé à Paris, Chance le suivra, même si elle semble être un fantôme : tous refusent de la voir (la voient-ils, seulement ?).
André Breton meurt le 28 septembre 1966. Les quatre jours durant lesquels Chance l'a connu seront décisifs pour elle : après avoir rencontré cet homme, la vie est transformée. « Modifier le réel pour en libérer le merveilleux » (p.27), tel est le testament littéraire du poète. Quels sont ces pouvoirs magiques qui bouleversent et rendent folles les femmes ? Nadja a fini à l'asile ; à la mort d'André Breton, c'est un autre roman qui commence. Que va devenir Chance, désormais contaminée par le poète ?
Ce récit, bien écrit, nous conduit jusqu'au XXIème siècle. le narrateur a connu Chance Salvage : c'était une vieille femme, une rebouteuse, qui vivait dans une chaumière à Montfort-Désert, et qui s'était vouée à Dieu. Comment Chance, éperdue et folle d'André Breton, est-elle devenue cette « sauvage » cachée dans les bois? En effaçant toute trace de son passage près de Saint-Cirq-Lapopie, Serge Filippini rend probable son existence, ce qui donne sa force au roman. le texte, qui ose même donner à lire des poèmes inventés, nous raconte ce qu'est un destin et nous rappelle que le poète est aussi un messie : « La Révolution sera faite, et elle aura raison de nos scrupules. » (p.114), a écrit Breton dans un texte oublié ou perdu, à la veille de mai 68…



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La poésie est à fleur de pages dans ce beau roman qui a deux vertus, celle de nous faire passer un agréable moment de lecture, puis celle de nous rappeler l'existence du grand mouvement artistique, en littérature et peinture, qui a marqué le vingtième siècle: le surréalisme. Des peintres tel que Salvador Dali, Pablo Picasso, Joan Miro, Renè Magritte, des poètes, et écrivains, Robert Desnos, Paul Eluard, Louis Aragon, Philippe Soupault en étaient les membres autour de celui que l'on nomme le pape du surréalisme, André Breton. En 1966, ce dernier, est un poète malade, dans sa maison de Saint Cirq Lapopie, prés de Cahors, il est entouré de sa femme Elisa, et d'un ami Radovan Ivsic. Dans l'auberge du village celui-ci remet à une jeune femme, Chance Salvage, atterrit là par hasard, un exemplaire de Nadja , le grand roman que le poète a écrit sur sa liaison avec une femme de rencontre Léona Delcourt et dans lequel il a placé la quintessence de son art. Lorsque Chance a le livre en main, elle en fait sa bible, ajoute au dessus du nom de l'auteur les mots "j'aimerai", elle se passionne pour l'auteur, au point d'entrer dans son intimité, de se livrer à lui, de vouloir prendre auprès de lui, la place de Nadja. Mais la disparition du poète, la laisse désemparée, car elle est refusée par son entourage. Elle va combler ce vide en errant dans la mouvance de mai 68, qui s'est appuyé en partie sur des pensées des surréalistes. Puis elle se marginalise en retournant dans des lieux qu'elle a découverts avec André Breton et devient une sorte d'ermite dans une bergerie. L'histoire et les personnages fictionnels sont vraiment dans la lignée du surréaliste. Notamment, Chance, qui tombe là, grâce à la pointe d'un compas, pour une raison qu'il ne faut pas révéler, elle incarne parfaitement cette jeunesse des années 60, libre, sensuelle, qui rejette la société ancienne, tout en refusant ses propres responsabilités, et aspire à vivre autrement. Ce roman montre une fois de plus la force de la fiction par rapport à l'essai, je ne suis pas certain que j'aurais eu envie de lire un essai sur les surréalistes , mais la lecture de "J'aimerai André Breton" m'incite à me replonger dans l'histoire de ce courant artistique. Les éditions Phébus ont bien eu raison de le publier et je les remercie ainsi que Babelio de m'avoir permis de le lire.
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Chance Salvage, une jeune femme des années 60, a ôté la particule de son nom et vit une sorte de bohème avec un artiste dont elle subit un jour un rapport sexuel forcé. Elle se sent violée. Sa route croise le personnage de Nadja le jour où elle rencontre André Breton, alors qu'il est gravement malade. Ils ont une très brève liaison qui lui donne un goût d'absolu, comme tamponné d'éternité car le poète meurt peut après. Après quelques jours d'errance et de désespoir, Chance retourne au village où elle a vécu cet amour...

Voilà un livre qui, pendant les premières pages, m'a laissée dubitative. Je ne comprenais pas le personnage, pas non plus ses ressentis. Son exaltation devant les oracles, l'attitude libidineuse et la brutalité d'André Breton me paraissait peu crédible, contradictoire.

J'ai persisté, et bien m'en a pris : de partie en partie, des morceaux entiers de mystère se résolvent, jusqu'à l'origine du récit, qui ne nous est livré qu'à la fin. A ce moment-là, c'est l'habileté de la construction de ce récit étrange qui séduit, qui fait adhérer. On admet le parcours de Chance, dite La Salvaga, on veut bien même croire qu'il ne s'agit pas d'un roman et on sourit pendant que le narrateur lisse ses pas sur le sable des faits réels.

Il me reste à lire d'André Breton plus que son Manifeste du surréalisme... Nadja, par exemple, qui m'a toujours fait peur !
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