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EAN : 9782752911711
192 pages
Phébus (16/08/2018)
3.8/5   15 notes
Résumé :
« Elle avait gardé toute la nuit Nadja serré entre les cuisses - comme si elle avait attribué à ce livre un pouvoir magique. Mais le petit volume à présent lui comprimait le ventre. Elle l'avait toujours à la main quand elle s'est levée pour aller aux toilettes. Elle a pris au passage, sur la table, un Bic noir appartenant à l'auberge. Dans le cabinet, elle a ouvert Nadja sur ses genoux à la page de titre et écrit méticuleusement J'aimerai au-dessus du nom de l'aute... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Merci à Babelio étaux éditions Phebus de m'avoir fait découvrir ce livre de Serge Filippini dont j'avais déjà lu Rimbaldo. Après Rimbaud, il insère sa fiction dans les derniers jours d'André Breton.
Serge Filippini nous narre le parcours de Chance Salvage - prénom bien mal porté - qui après avoir été violée par son compagnon Virgile, décide de s'échapper; elle met un compas sur une carte et aboutit à Saint-Cirq-Lapopie, un village du Lot, où elle rencontre le poète Radovan Ivsic qui lui apprend qu'y réside André Breton et lui offre un exemplaire de Nadja, oeuvre culte de cet auteur.
Avant même de le rencontrer, elle décide de l'aimer, ajoutant sur la couverture de Nadja, juste avant le nom d'André Breton, les mots « J'aimerai ».
Leur rencontre sera intense mais brève car André Breton décédera peu après.
Après quelques errances (désir de suicide, les événements de mai 1968, tentative d'assassinat de Virgile, aventures avec d'autres hommes, naissance de sa fille et son abandon, prison), Chance ne retrouvera la quiétude qu'en devenant ermite dans la bergerie de Monfort-Désert, près d'une chapelle qu'elle contribuera à restaurer.
La fiction est enracinée dans le réel, elle plonge l'héroïne imaginée par l'auteur dans le vécu d'André Breton et de nombre de ses contemporains.

Elle est intéressante par le portrait de Chance, femme déterminée qui croit pouvoir être sauvée par André Breton et le sauver, femme que l'entourage de Breton refuse d'admettre et même de remarquer.
Elle est intéressante par le parallélisme mais aussi les différences entre les destins de Nadja et de Chance.
Toutes deux sont remarquées par Breton, l'aiment mais ne peuvent être sauvées par lui.
Elle est intéressante par les multiples thèmes abordés : questionnements quant à Dieu et à la Chrétienté, difficulté d'être femme dans un monde d'hommes, violence, suicide, importance de la révolution.
le livre se clôt par le parcours de la fille biologique de Chance et l'incendie de Monfort-Désert et ainsi de l'effacement de toute trace de la vie de Chance.
Tout nous est conté par un témoin dont on ne saura pas grand chose, sinon qu'il habite à Saint-Cirq-Lapopie.
L'écriture est fluide mais pour véritablement apprécier ce roman, il m'a fallu une seconde lecture, tant il est riche.




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Ce livre est un petit bijou dont la lecture m'a régalé de bout en bout. Non seulement, le plaisir était complet mais Serge Filippini m'a donné envie d'en savoir plus sur André Breton (1896 – 1966) et le surréalisme.
Pour nous permettre d'approcher l'artiste, l'auteur a créé Chance Salvage, jeune femme qui a fui Virgile, un amant violent, pour se rendre à Saint-Cirq-Lapopie, superbe village du Lot où, celui qu'elle admire a acheté une maison en 1951 : la maison des Mariniers. Il y a reçu les célébrités de l'époque : Max Ernst, Picasso, Dali, Miró, Man Ray
Elle arrive à Saint-Cirq le 24 septembre 1966 et rencontre d'abord Radovan Ivsic (1921 – 2009), un poète croate, intime d'André Breton qui a 70 ans et souffre d'un emphysème pulmonaire. Radovan lui offre Nadja, fameux livre signé André Breton, sorti en Livre de Poche cette année-même. C'est ce livre que Chance lit afin de guérir du viol qu'elle a subi à Paris. Puis, elle écrit sur la page du titre : J'aimerai André Breton.
La fiction est bien lancée, toujours étayée sur la vie réelle de celui qui fut désigné comme « le Pape du surréalisme ». Chance réussit à le rencontrer, à assouvir son amour malgré la méfiance et l'hostilité d'Elisa Breton, sa troisième épouse. Lors d'une conversation avec celle-ci et Ivsic, l'auteur précise le sens qu'il donne au mot magie : « Breton usait de ce mot comme d'un synonyme de poésie : modifier le réel pour en libérer le merveilleux. »
C'est cette définition qui me semble le mieux résumer ce livre qui nous fait rencontrer aussi le père Barbera, curé du village qui va jouer son rôle dans la face religieuse, trop importante à mon goût, du roman de Serge Filippini.
Chance veut vivre son amour, libérée de toute entrave sans sombrer dans la folie comme Nadja, de son vrai nom Léona Delcourt (1902 – 1941). Elle suit donc André Breton rapatrié d'urgence à Paris où Chance aperçoit Aube, née en 1935, la fille de celui qu'elle aime, puis croise Virgile, haineux, qui lâche : « J'ai toujours su que tu étais une petite réactionnaire cachée sous des airs affranchis. »
L'auteur, suivant les pas de Chance, nous amène dans L'Hôtel des Grands Hommes (Ve arrondissement) où, en 1919, André Breton et Philippe Soupault écrivirent Les Champs magnétiques, ouvrage marquant de début du mouvement surréaliste.
Hélas, nous le savons, André Breton est mort le 28 septembre 1966, quelques jours après sa rencontre hypothétique avec Chance… C'est là que l'auteur révèle talent et imagination pour mener son roman à bien, nous plongeant dans les turbulences de mai 1968 après des événements qu'il ne faut pas révéler.
Prise entre folie et foi, Chance revient dans le Quercy et l'auteur nous entraîne dans une partie mystique qui n'empêche pas de voyager faisant de J'aimerai André Breton un roman original, triste, émouvant, instructif, une histoire mâtinée de religiosité avec, toutefois, suffisamment de scepticisme pour que le tout soit bien mené et bien bouclé.
Merci à Babelio et aux éditions Phébus pour ces délicieux moments de lecture.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Avec « J'aimerai André Breton », Serge FILIPPINI et les Editions Phébus gagnent leur pari ! La vraie nature de cet auteur est la fiction. Avec bonheur, il crée donc et donne vie à Chance Salvage, une égérie s'offrant à André Breton pour l'inspirer et surtout lui apprendre à aimer. Dans ce récit, la relation charnelle ne dure pas. Peu importe, la mise en perspective de la vie d'André Breton, de son entourage, de son époque, de ses combats, ses engagements, sonne particulièrement juste et se trouve être en adéquation parfaite avec la force et la fragilité, la détermination et les doutes, les rêves et les peurs attribués à Chance Salvage, l'héroïne en quête d'absolu et de surréalité.
Ce roman révèle, une fois encore au public, ce pape du Surréalisme qu'a été André Breton. L'auteur y manifeste une grande maîtrise du sujet et le lecteur, en quelques 185 pages, peut pénétrer dans ce monde dépassant le réel et s'immerger dans la poésie de ce mouvement artistique ayant émergé après la première guerre mondiale.
Marqués par le rejet de toute construction raisonnée de la pensée, les surréalistes aiment la déraison, l'absurde et le rêve. L'existence doit se vivre dans la révolte, le désir et le dépassement de tout ordre moral. C'est exactement de la sorte que Chance vivra la dépossession de son corps, à ses yeux, violenté par l'homme avec qui elle partage pourtant sa vie et son lit. de la même façon, dans l'absolu de la déraison, elle s'offrira au Katangais, s'imposera au pape et à son entourage, donnera la vie, en reprendra une autre, partagera l'excessif de Mai 68 et consacrera finalement le reste de sa vie à une quête mystique, surréaliste, elle aussi !
Ce roman, comme bien d'autres mais de manière unique, tente de réponse à la question originelle du « Qui suis-je ? »
Pour chacun des personnages, cette quête d'identité est le fil rouge de ce récit. Et jamais Serge FILIPPINI n'emmêle ses idées et n'entortille ses fils. Aisément, le lecteur suit cette écriture au vocabulaire riche et pointu tant est captivante l'histoire, l'époque et cette soif d'absolu qu'il partage au fond de lui.
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Joli texte, jolie biographie de la dernière et éphémère amante d'André Breton. le pape du surréalisme voit l'arrivée de Chance, une jeune femme d'à peine plus de vingt ans, dans son village du Quercy comme une dernière chance d'aimer. Elle lui rappelle si fort Nadja, son amour de jeunesse, celle justement, qui l'a fait devenir André Breton l'écrivain poète le plus important de la première moitié du XXe siècle.

Chance Salvage, maitresse oubliée, femme meurtrière, prise dans les tourments de l'amour et le tumulte de mai 68. Mère défaillante d'une petite fille, dont le père pourrait-être l'écrivain surréaliste mais aussi une femme abimée, une femme exclue de la société qui entreprend une quête mystique et devient ermite dans le petit village de Saint-Cirq-Lapopie au bord du Lot.

Captivante et sensible balade sur les pas de Chance, pendant moderne de Nadja, pour qui vivre ne fut que questions. « J'aimerai André Breton » est un livre inclassable, une ode aux femmes muses négligées et effacées.

Serge Filippini, dans une prose poétique et limpide, nous conte une vie violente et chaotique, une vie vraiment surréaliste.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Les éditions Phébus, à la demande de Babelio m'ont envoyé ce court roman - moins de deux cents pages. C'est une belle oeuvre de fiction qui s'inspire de la vie d'André Breton à son terme : il a soixante-dix ans, est gravement malade : il souffre d'un emphysème pulmonaire. Il vit ses derniers jours dans une maison à Saint-Cyr Lapopie dans le Lot. Sa seconde épouse Elisa Bindorff ainsi qu'un poète et auteur dramatique surréaliste croate, Radovan Ivsic, partagent son quotidien. L'état du poète surréaliste empirant, ils l'emmènent en taxi sur Paris à l'hôpital Lariboisière où il meurt le 28 septembre 1966.
Le fil conducteur est son livre, Nadja, sorti en 1966 qu'a lu l'héroïne, Chance Salvage, un personnage inventé de toute pièce par l'auteur, Serge Filippini, et dont la rencontre fortuite – un peu amenée par l'auteur - avec André Breton vers la fin de sa vie donne un éclairage tout particulier à cette belle histoire qui sert de faire valoir au Surréalisme. « J'exige de la jeunesse' qu'elle enchante la vie. Qu'elle change la vie. » André Breton, le seul collectionneur à avoir métamorphosé la sensibilité artistique mondiale, souhaite un « monde enfin immature où les poètes auront officiellement disparu, mais où la poésie sera au pouvoir en tant que magie ». Dans un ouvrage intitulé « L'Esprit comme agent de la folie », Philippe Jeanjean, un psychologue, «y montrait ou démontrait qu'André Breton et ses amis avaient utilisé la force de l'esprit à des fins détournées en inoculant aux femmes, aux artistes du monde entier et à la jeunesse radicalisée un désir qui n'était rien d'autre qu'un premier pas vers la déraison collective ».
Si la première partie du roman brode autour du poète disparu, dans la suite, après les funérailles du poète au cimetière de Batignolles où était présente la vieille garde surréaliste : Philippe Soupault, Marcel Duchamp, Jacques Prévert, Jean-Louis Barrault, Luis Buñuel ainsi qu'une multitude « de femmes attristées, jadis épouses, jadis maîtresses », et Aube, la fille unique née de Jacqueline Lamba, le narrateur se focalise sur l'histoire fictive de Chance Salvage, cette jeune femme de vingt-et-un ans séparée de son compagnon, Virgile. Son parcours avait débuté à la rencontre du poète fatigué dans le Lot, il se poursuit pendant la révolution de Mai 68 et son aura sur la capitale, il se continue à New York où elle échappe de justesse à l'attentat du World Trade Center le 11 septembre 2001 et se clôt à Saint-Cirq Lapopie où elle devient une sorte de recluse dont le chemin mystique, le chemin de dissolution n'était rien d'autre qu'une quête amoureuse. Etrange sort que celui de cette femme un peu dérangée. «Chance avait dérangé en ayant une liaison avec » André Breton, « puis en incarnant un type humain opposé à tout autre pouvoir que celui de la pure liberté intérieure » (page 184). La boucle est bouclée et le livre aussi. Une lecture très sympathique qui m'a fait me remémorer les éléments-clés de la vie du poète disparu qui est avec Antonin Artaud, une des lumières de ce siècle passé. Merci encore aux éditions Phébus pour l'envoi de ce plaisant ouvrage.
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Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
Mais nous ne lui adressions pas la parole. Nous avions bien trop peur. Non d'elle en tant que personne. Mais de son message, si la discussion fût venue à s'ouvrir. Le message, nous le connaissions déjà. Une intuition nous l'avait dicté. Il tenait dans une maxime : "Aime et fais ce qui te plaît." Or, ce programme nous semblait beaucoup trop exigeant. Etudier, partir pour Toulouse, Paris ou même l'étranger, trouver un emploi confortable, fonder une famille, tout cela était à la portée du premier venu. Mais aimer vraiment, gratuitement, au péril de sa santé et même de sa vie ! Vivre libre ! Transgresser les règles sociales ! Qui aurait jamais ce courage, parmi ceux qui composaient notre bande sur la causse ?
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Après l’acte sacré, il a murmuré qu’il voulait être seul, qu’il avait besoin de se reposer. Chance voulait-elle bien être gentille de s’en aller, maintenant ? Quand elle a rouvert les yeux, il insistait d’un ton autoritaire sur ce mot : maintenant, tout en reboutonnant sa braguette et en gigotant pour rajuster son grand corps dans les jambes de son pantalon.
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Elle pensait que l'amour terrestre était une idiotie romantique et que l'amour, le vrai, se destinait à Dieu et à Dieu seul, le seul être, raillait-elle, capable de vous promettre l'extase sans vous obliger à chercher ensuite une pharmacie.
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Retournée plus tard à l'hôtel, elle s'est abandonnée à des rêveries maussades, à de brèves mais effrayantes visions, à ces hallucinations dont elle avait parlé sous la glycine et qui remontaient à l'enfance, quand on la trimbalait d'une pension à l'autre avec moins de considération que si elle fût une pierre -une pierre que nul magicien ne ramasserait jamais pour la rendre précieuse.
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Chance est arrivée dans notre village le samedi 24 septembre, amenée à cette destination par le hasard puisqu'elle l'avait choisie en plantant la pointe d'un compas dans une carte. Son voyage était la conséquence d'un dépit humiliant : Virgile, l'homme dont elle partageait la vie à Paris, un peintre minimaliste, l'avait violée la nuit du 23. Au petit jour, alors qu'il dormait encore, rêvait peut-être, elle avait ressenti des douleurs et dû aller dans la bibliothèque prendre un Spasfon. Les médicaments du couple étaient dans le tiroir d'un secrétaire où s'entassaient des livres, du papier à dessin, de l'encre de Chine et le fameux compas abandonné grand ouvert sur une carte en couleurs des vieilles provinces de France.

J'aimerai
André Breton

soit bien unifiée, et que ses propres caractères paraissent eux-mêmes sortir de l'imprimerie."
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