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Critique de EvlyneLeraut


Lire en plein été dans le midi des pages, « Ce bel été 1964 » c'est fusionner avec l'idiosyncrasie d'une époque pas si lointaine, avec la teneur chaleureuse de ce récit regain régénérant. Attachant, tendre comme du pain frais, le temps s'arrête. Nos regards sont tournés vers la lumière des années 1960. L'histoire accroche les wagons. Nous sommes en partance en août 1964. Pierre Filoche conte la vie d'un adolescent, Paul Esnault, en vacances chez ses grands-parents à Lahaye en Touraine. Nous sommes en transmutation dans cet antre familial. le jeune narrateur de 14 ans pose ses valises. Nous sommes son ombre, ses émois, ses doutes, ses mutations et tourments. le style est doux. On imagine la fraîcheur des dallages dans cette maison, les rais de lumière au travers des persiennes. Rite estival pavlovien. L'enfant revient chaque été. Grandissant, altier, secret, il est ici. Il délivre ce temps entre deux rives. Métamorphose. « Ce bel été 1964 » est un paysage changeant au gré des êtres, des questionnements, des éveils et des faiblesses. En osmose avec les hôtes qui gravitent autour de Paul Esnault. L'oncle Dédé, emblématique. Une grand-mère confiture, intuitive, malicieuse et secrète. Son grand-père est une parabole, celle du matérialisme. Posséder des appareils ménagers, (lave-vaisselle) entre autres en 1964, c'est une gageure, une preuve de modernisme, de stabilité financière. La télévision est là. Mythique et souveraine, regardée comme une divinité, une pierre précieuse. Elle est le symbole du changement qui s'opère dans les campagnes. Les veillées orales sont abolies. Cet adolescent observe. Sent son corps vibrer, s'éveiller dans l'aura sulfureuse de Marie-Claire, sa belle-soeur, trop proche, trop sûre d'elle, mante-religieuse. Paul bat les moissons de ses désirs dévorants. Se baigne dans les interdits, s'enivre de quintessence et d'amour. « Ce bel été 1964 » est une carte postale, nostalgique et mélancolique parfois. Elle signe l'initiation à la vie de Paul Esnault. Ce récit est également sociologique. Il peint un siècle en touches imagées subtiles et fines. Taire ce qui va advenir. Rester dans cette formidable ambiance en plongée. Les souvenirs sont vivaces, encore troublés et beaux. La fraîcheur de « Ce bel été 1964 » est à l'instar d'une cascade glacée en pleine montagne. Mémoriel, chaleureux, régénérant, il est un film à ciel ouvert. Lisez-le à l'ombre, dans l'herbe des retours. Il fera écho en vous. Rencontrer alors, l'adulte devenu, et lui dire que ses vacances étaient une chance. Publié par les majeures Editions Serge Safran éditeur.
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